Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 131295
Notre artillerie, retardée par les mauvais passages, arrive et se met en mesure de riposter avec efficacité. C'est merveilleux de voir des obus éclater au-dessus des positions ennemies.
L'infanterie recommence à marcher, et dès maintenant l'ennemi est en déroute Il est 2 heures. Quelle journée fatigante, les hommes n'en pouvaient plus, rien que des hauteurs et des ravins, les Hovas ont eu des pertes sérieuses, les malgaches ont 1 tué et quelques blessés, un de nos blessés est mort le lendemain ; nous couchons sur les positions conquises.
Le 16, marche et poursuite, quelques coups de canon et de fusil, sur des traînards. Arrivée à l'étape à 4 heures.
Le 17, même opération, l'avant-garde engage le combat vers 11 heures du matin. Au bout d'une demi-heure, tout est fini et les Hovas continuent leur fuite, on fait une dizaine de prisonniers.
Aujourd'hui nous faisons séjour, le2°groupe (marine) passe devant nous, pour exécuter un mouvement tournant ; le soir à 5 heures nous (le bataillon) prenons les avants-postes à environ 6 kilomètres d'ici.
Le 18, nous arrivons aux avant-postes à 7 heures du soir. Une altitude de 900 mètres.
De là on découvre les plus fortes défenses, qui aient été vues jusqu'à ce jour.
Partout des montagnes hautes, hérissées de retranchements.formidables.
Toutes les crêtes sont blanches de Hovas.
Le Général en chef donne ses ordres pour le lendemain.
Le 19, dès 4 heures du-matin, les colonnes, s'ébranlent. La brigade Voyron fait un mouvement tournant. Les Tirailleurs Algériens au centre, en réserve ; la Légion, sans sac, fait un mouvement tournant par la gauche.
En approchant nous sommes accueillis par des obus qui tombent, devant nous ; le tir est trop court.
En nous dérobant, nous grimpons toujours et nous arrivons en face, ou plutôt au-dessous de la plus formidable position, 1463 mètres d'altitude, on distingue une multitude de défenseurs, des canons, un drapeau.
Il est 0 heures, on entend la fusillade de la 2e brigade, on avance !
Un feu nourri ne nous empêche pas de marcher. Les Hovas tirent de trop loin.
Quelques balles (de fusils à tir rapide sans doute) passent au-dessus de nos têtes.
L'artillerie de chez nous tire quelques coups par dessus nous ; nous nous attendons à une résistance sérieuse, à une journée terrible. Tout à coup on voit de toutes les crêtes, l'ennemi battre en retraite.
Ce n'est pas étonnant : la brigade Voyron s'approchait insensiblement et allait les envelopper. Ce voyant, les Hovas avec leur lâcheté habituelle on cru devoir battre en retraite (pas par échelon ni en bon ordre).
Résistant, je ne sais pas combien nous aurions perdu de monde.
C’étaient les plus hautes, les meilleures et les plus formidables positions de Madagascar.
Les Hovas étaient plus de 8000 et avaient 30 canons, on en a capturé 2, il y â eu 1 blessé chez nous. A 10 heures du matin, tout était fini.
(A Suivre)