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Le repos du guerrier

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Publié le 04/10/2007

« Si la solidarité commence à l'instruction, elle se finit à l'institution des invalides. » Le lieutenant-colonel Hildebert possède le sens de la formule. Ce solide officier qui a trente ans de régiment derrière lui dirige un lieu à part dans l'armée française. Ici, les anciens képis blancs ont posé les armes. Quand ils se lèvent, le matin, en ouvrant leurs fenêtres, ces petits retraités ont face à eux des vignes à perte de vue. Avec, au loin, le Garlaban, fier-à-bras qui fait du gringue à la Sainte-Victoire.


Chaleur, solidarité... et discipline. Une centaine de pensionnaires vit dans ce cadre apaisé. Le doyen des lieux a 86 ans. Au domaine du capitaine Danjou, ces anciens légionnaires retrouvent l'impression d'exister, de compter à nouveau pour quelqu'un, de ne plus être seul, isolé, presque transparent aux yeux des autres. Un peu de chaleur et de solidarité. De discipline, aussi. Car s'ils ne sont plus dans l'active depuis longtemps, la discipline reste militaire. Quand le directeur procède à une inspection générale, les saluts ponctués de « respect, mon colonel » montrent que les vieux principes n'ont pas été oubliés avec l'âge. Tout ça reste « bon enfant », assure Eric Hildebert. Ce qui ne l'empêche pas de convoquer au rapport, généralement sur le coup de 18 heures, ceux qui pourraient se laisser un peu aller.

Longtemps, les pensionnaires de Puyloubier ont été des éclopés qui venaient soigner au soleil les blessures de la guerre. Quand le centre a ouvert, dans les années 50, la Légion étrangère comptait 36 000 hommes. Et la canarde faisait bien des dégâts sur les terrains d'opération. Aujourd'hui, la Légion ne recense plus que 7 600 hommes et les anciens ont d'autres blessures à panser. « Nous sommes passés des invalides de la guerre d'Indochine et d'Algérie à des accidentés de la vie », résume le directeur de l'institution.

Ces retraités vivent simplement. Souvent chichement. Ils logent dans de petites cellules d'une douzaine de mètres carrés, équipées d'une douche et d'un WC. La plupart possèdent quelques effets et se contentent d'une vie monacale. A Puyloubier, le travail est une valeur qu'on cultive. Pour ceux qui le peuvent. La tâche ne manque pas sur ce beau domaine de 220 hectares, entre les 40 hectares de vignes, la ferme, les 600 pieds d'olivier, les travaux d'entretien, le musée de l'Uniforme, le réfectoire et les ateliers, où les vieux soldats réparent des livres usagés, créent des reliures pour d'autres, font de la sérigraphie ou fabriquent des cendriers en céramique. A la boutique, on trouve l'essentiel de la production de ces petites mains, qui touchent un pécule pour ce travail : du vin, évidemment (classé en côtes-de-provence), toutes sortes d'objets aux couleurs de la Légion, et même une BD dessinée par Louis Perez y Cid, le chef de l'atelier de céramique.

Légionnaire un jour, légionnaire toujours. L'ancienneté des pensionnaires sous les drapeaux est en moyenne de douze ans, donc sous le seuil des quinze années nécessaires pour toucher la retraite militaire. Beaucoup sont d'origine allemande. Comme M. Popp, qui a servi cinq ans, de 1957 à 1962. Arrivé au domaine du capitaine Danjou il y a dix ans, il a travaillé au musée, au réfectoire et au foyer. Il gère un petit vestiaire où sont entreposés des vêtements reçus en dons. Libérée récemment avec le décès de son ancien titulaire, la place évite à M. Popp des mouvements qui lui sont pénibles. Avec son appareillage qui lui distille de l'oxygène, il ne peut plus trop se déplacer. Du coup, les visites qu'il rendait à l'extérieur à ses quelques amis sont devenues rares.

Tous les résidents ont une histoire. Souvent douloureuse, marquée par les difficultés en tout genre. Ils viennent finir leur vie parmi les leurs, avec qui tant de souvenirs partagés créent des liens pour toujours. Ils constatent que l'esprit de corps (et de sacrifice) valorisé par la patrie commune ne s'arrête pas une fois le bruit sourd des fusils retombé. A Puyloubier, on a le culte des anciens. Et on se fait un honneur de prendre soin de ceux qui ont fait le don de leurs plus belles années. Histoire de rappeler, simplement, que la Légion reste une famille à part. « Légionnaire un jour, légionnaire toujours », lâche encore Eric Hildebert. Le sens de la formule, décidément.

Olivier-Jourdan Roulot


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