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Nicolas de Staël, duel avec la vie et la matière 08092010

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08/09/2010

L'exposition consacréeà Nicolas de Staël fait vibrer près de 80 huiles sur toile dont Agrigente, (1954).

La Fondation Gianadda rend hommage à ce peintre de l'abstraction sensuelle, né à la cour du tsar en 1914 et mort prématurément en 1955. 

Le peintre, longiligne et altier, est beau comme un danseur du Bolchoï rompu de discipline et qui reprend instinctivement la 5 e position dite de repos. Nicolas de Staël est né Baron Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein à Saint-Pétersbourg, le 23 décembre 1913 (soit le 5 janvier 1914 du calendrier grégorien).

Alors vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul où furent prisonniers Dostoïevski et Bakounine, son père, le général Vladimir de Staël, y habite avec sa famille, aristocratie toute de cols durs et de chantilly noire, de décorations militaires et de dormeuses en diamants. La révolution chasse ces fidèles de la cour impériale en Pologne en 1919. Exil mortel. Après le décès de son père en 1921, puis de sa mère en 1922 - d'un cancer, à seulement 47 ans -, les trois enfants Staël sont recueillis par une famille d'origine russe à Bruxelles. Orphelin, exilé, Nicolas parle russe, allemand et polonais, mais il doit apprendre le français en arrivant en Belgique. Il a 8 ans.

Une pareille enfance ne peut s'effacer d'un coup de baguette magique. Il reste quelque chose d'étrange et de proprement étranger chez cet artiste fêté et incompris dont la vie commence par un drame historique et finit par un suicide en 1955, à Antibes.

Avec une fougue de pélerin, la Fondation Gianadda rend, pour la seconde fois, hommage à cet aventurier de l'Ecole de Paris qui a étudié les auteurs français, allemands, grecs et latins, découvert la peinture en Hollande à 19 ans, fait les Beaux-Arts à 20 ans et la Légion étrangère à 25 ans quand éclate la guerre de 1939. Un couloir de photographies d'époque raconte en noir et blanc son odyssée d'apatride. Images à la fois pudiques et éloquentes, des riches années à la cour du tsar jusqu'au studio de l'artiste solitaire, cellule de travail au dépouillement solaire. Après cette plongée dans le monde silencieux de Nicolas de Staël, le peintre éblouit par sa puissance, mais le mystère de l'homme demeure.

La peinture, maîtresse des illusions 

«Toute ma vie, j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, me libérer de toutes les impressions, de toutes les sensations, de toutes les intuitions auxquelles je n'ai trouvé d'autre issue que la peinture», écrit Nicolas de Staël, à New York en 1953, à quelques saisons de son brutal crépuscule.

La peinture, maîtresse des illusions, joue de tous ses sortilèges dans cet accrochage que n'arrive pas à desservir l'architecture alambiquée d'un lieu très post-moderne. «Fidèle du tableau», de Staël fait vibrer près de 80 huiles sur toile, pour la grande majorité sorties de collections privées. Petits formats magnifiques, tout en nuances (Le Soleil, 1953). Grands formats composés avec force, tension et économie (Parc des Princes, 1952). Abstrait et pourtant émouvant comme un paysage connu, de Staël appartient, selon André Chastel, au «dernier âge de la peinture qui reste traitement de la pâte et recherche d'épiderme». Il la traite en sculpteur.

«Utilisée en épaisseur, la peinture à l'huile est une matière modulable qui glisse et garde sa souplesse. Nicolas de Staël joue avec cette matière qui peut se triturer “dans le frais”. Pendant dix ans, de 1945 à 1955, il manipule cette pâte sur-nourrie d'huile, l'alourdissant ou l'allégeant, à l'aide de couteaux, de truelles ou même de taloches à mortier», expliquait déjà l'exposition ­Nicolas de Staël, 1914-1955 au Centre Pompidou, en 2003. Il suffit de s'arrêter devant La Lune, grande huile sur bois de 1953, qui semble n'être qu'une seule même couche de peinture au suave gris perle. Une mince fente ­rouge évoque une blessure. Le reste est pure contemplation.

«Nicolas de Staël, 1945-1955», Fondation Pierre-Gianadda, Martigny (Suisse), jusqu'au 21 novembre. Catalogue sous la direction de Jean-Louis Prat, commissaire de l'exposition (45 CHF, soit 30 €).

Valérie Duponchelle


Traduction

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