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Afrique : le tremplin de la reconquête 03102010

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Publié le dimanche 03 octobre 2010 à 11H00 

Pour éviter que des informations tronquées leur parviennent, le général de Gaulle choisit d'adresser un compte rendu de l'échec de Dakar aussi bien au vice-amiral Muselier demeuré à Londres qu'au général de Larminat à Brazzaville, au gouverneur Félix Eboué à Fort-Lamy et au colonel Leclerc à Douala. Il s'agit de rappeler à chacun que l'action des Forces françaises libres n'a eu comme but que de rallier Dakar sans provoquer de combats entre Français. Le fait que les autorités de Vichy aient ordonné de tirer d'emblée sur les forces à la croix de Lorraine est dénoncé avec la plus extrême vigueur. Pour fustiger les mensonges concernant l'attitude britannique, de Gaulle réaffirme que les Anglais n'ont ouvert le feu qu'après avoir supporté pendant plus d'une heure des tirs nourris causant des victimes.

Le général justifie le retrait de ses forces : « Les FFL se sont repliées dès qu'il m'est apparu certain que l'opération tournait à la bataille ». S'il soutient que l'état moral reste bon, c'est d'abord pour s'en convaincre et éviter qu'un sentiment de désillusion s'enracine parmi ses hommes. Cette phrase est destinée à gommer tous les doutes : « Quoi qu'il en soit, l'attitude de tous a été parfaite et, malgré la désillusion, éphémère, l'espérance renaît et se propage ». Il inventorie les éléments qui laissent espérer à terme d'un revirement : « Tous les renseignements parvenus de Dakar après l'affaire montrent un grand mécontentement dans la population contre les autorités de Vichy : arrestations en masse, renvoi de la municipalité, service funèbre pour les morts célébré sur un navire de guerre et non à la cathédrale, proclamation de l'état de siège, mesures de répression et de rigueur multiples ». Ce qui conforte de Gaulle dans sa volonté de continuer l'action tout en s'attendant à des représailles vichystes. Il tient aussi à réaffirmer aux Français de Dakar déçus par la réaction pétainiste qu'ils ne sont pas oubliés : « Nous n'avons pu cette fois délivrer Dakar pour éviter un massacre, mais nous délivrerons Dakar et punirons les coupables. Courage et confiance, bons Français de Dakar » conclut depuis Freetown le général, le 1er octobre 1940.

Le général veut s'établir en Afrique équatoriale française et y renforcer ses moyens. Ses objectifs sont clairement établis : « Je viserai ensuite : d'une part à constituer en Egypte un véritable corps expéditionnaire destiné à combattre les Italiens et à faire impression sur nos camarades du Levant, d'autre part à régler la question du Gabon puis à étendre le ralliement vers l'ouest sans perdre Dakar de vue ». De Gaulle tient à mettre en place un organisme central de direction de la France libre à Douala ou à Brazzaville qui aura une compétence intercontinentale mais il ne tient pas à quitter la Grande-Bretagne : « Il est nécessaire que nous gardions à Londres une forte et active représentation pour laquelle je désigne le lieutenant-colonel Fontaine, chef d'état-major des Forces terrestres françaises libres ». De fait, il est impensable qu'il n'existe pas une passerelle permanente avec le gouvernement anglais ne serait-ce que pour accueillir les arrivants et constituer des unités nouvelles. De Gaulle souhaite que le vice-amiral Muselier le rejoigne en Afrique après avoir vérifié l'armement effectif de nouveaux navires comme le « Triomphant » avant de lui confier une mission déterminante. Il n'omet pas de définir l'intérim à Londres confiée au général de brigade Eon, commandant des forces en Angleterre.
Pour faciliter la communication et l'acheminement des ordres, de Gaulle recommande l'emploi du service régulier d'hydravions mis en place par les Britanniques entre le Royaume-Uni et l'Afrique occidentale. Cette liaison aérienne n'exclut pas l'utilisation du télégraphe. Le général tient à recevoir la presse anglaise et à disposer de rapports réguliers sur la situation en Grande-Bretagne. Pour ce qui est de l'acheminement des nouvelles troupes, le chef de la France libre adresse depuis Lagos, le 4 octobre 1940, une note à l'amiral Cunningham. Il lui précise que la Légion étrangère, l'aviation, le groupe de transport, l'artillerie, le génie et les chars doivent rejoindre le quartier-général de Douala. Il s'agit d'une première étape avant un transfert en Middle-East en liaison avec le gouvernement de Londres et le général Wavell. En outre, les fusiliers marins sont prévus pour être débarqués à Pointe-Noire, un port du Congo. Déjà à bord du « Westernland », il suffit que le bâtiment soit escorté jusque dans les eaux congolaises. Il envisage aussi l'envoi sur Pointe-Noire du « Chevreuil » et si possible du « Président-Doumer ».

Dans le même temps, le général de Gaulle rédige une 2e note expédiée de Lagos le 5 octobre et destinée au chef d'état-major britannique. Elle concerne l'organisation d'un commandement commun interallié en Afrique centrale et occidentale. S'il se dit en phase avec les suggestions anglaises, il émet des réserves. Les troupes françaises doivent être placées sous les ordres d'un commandant en chef français qui recevra pour les opérations partagées des ordres du commandant en chef interarmées commun. Il admet cette subordination pour les opérations conduites contre les ennemis communs et pose cette restriction : « Pour toutes les opérations de police que les Force françaises libres pourraient avoir à exécuter contre les forces de Vichy, il ne saurait y avoir subordination du commandement français au commandement britannique ». Enfin, il estime qu'il : « sera nécessaire que le commandant en chef interallié soit personnellement agrée par le général de Gaulle ». Bref, le chef de la France libre pose les limites d'une coopération sans renoncer à l'exigence d'une coordination militaire des actions à venir.

Soucieux de ne vexer personne et afin qu'il n'y ait pas d'interprétations négatives sur ses options, le général adresse le 9 octobre depuis Douala au Cameroun un télégramme au Premier ministre Winston Churchill : « De terre française libre du contrôle de l'ennemi, j'adresse à vous-même et aux vaillants peuples de l'Empire britannique, le témoignage d'ardente confiance et de fidèle amitié de quatorze millions de Français ou sujets français déjà unis à moi pour poursuivre la guerre aux côtés des Alliés jusqu'à la victoire finale ». A Douala, de Gaulle est impressionné par l'enthousiasme manifesté : « Au Cameroun, le moral magnifique des officiers, des administrateurs, des troupes et de la population est un puissant encouragement pour tout ce qui est entrepris. Si cette espérance se développe et se renforce partout alors nous gagnerons des batailles ».

Hervé Chabaud


Traduction

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