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Un ancien bénévole de l’Arche de Zoé témoigne 12022010

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Publié le vendredi 12 février 2010

Alain Péligat, s'il a oublié les coups des policiers tchadiens, garde en mémoire

les regards et les rires des 103 enfants que l'Arche de Zoé souhaitait ramener

en France.

DES missionnaires américains sont incarcérés pour avoir tenté de sortir illégalement des enfants haïtiens. Quel est votre sentiment ?
ALAIN PELIGAT : Je pense qu'ils ont agi avec leur cœur, avec des intentions louables même s'il y a, en arrière-plan, un aspect religieux qui me gêne. La différence avec nous, c'est que les autorités américaines agissent dans la discrétion et que ces personnes vont être libérées incessamment.
Dans le livre que vous venez de publier, vous êtes très dur avec Rama Yade, à l'époque secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme.
Oui, parce qu'elle connaissait nos intentions avant que l'on parte pour le Tchad et qu'elle nous a ensuite traités de « commando de mercenaires partis enlever des enfants ». Cette phrase a été reprise partout. Les médias se sont engouffrés dans la brèche sans discernement. Le directeur de la prison au Tchad a eu très peur pour notre sécurité. Il a doublé les gardes. Nos avocats ont été caillassés. L'un d'eux a dû mettre sa famille à l'abri au Cameroun…. Les propos de Nicolas Sarkozy - « Quoi qu'ils aient fait, j'irai les chercher » -, ont aussi eu un effet dévastateur sur place.
Votre récit s'appuie sur votre mémoire ou sur des notes ?
Dès notre arrestation, le 25 octobre 2007, j'ai pris des notes. Jusqu'au jour de ma libération, le 31 mars, j'ai tenu un journal. L'écriture du livre m'a ensuite servi de thérapie. Cela m'a évité d'aller voir les psys.
Quel a été le pire moment de cette triste aventure ?
Quand nous avons repris l'avion pour la France. L'avion espagnol dans lequel nous devions ramener les enfants était sur le tarmac. Encore aujourd'hui, quand j'y repense, l'émotion est intense. Je revois ces enfants entassés dans les camions qui repartaient je ne sais où.

Menaces de mort

Et le meilleur moment ?
Quand ma famille est venue me voir à la prison de Fresnes.
Pourquoi rendez-vous hommage aux gendarmes de Mourmelon ?
Parce qu'ils ont toujours soutenu ma femme et mes enfants. Il y avait eu des menaces de mort. C'était important que des officiels effectuent des visites de courtoisie régulières. Il faut aussi remercier toutes les familles qui s'apprêtaient à accueillir les enfants. Sans leur aide, ma femme n'aurait pas pu garder la maison et nourrir nos enfants.

« Tout était surréaliste »

Racontez-nous l'histoire rocambolesque de votre billet de train Mourmelon - Paris qui est devenu un élément à charge lors de votre procès au Tchad ?
Ce procès était surréaliste. Les Tchadiens montraient ce ticket pour prouver que j'avais déjà emmené en France 73 enfants tchadiens pour les revendre à des réseaux pédophiles. Un député tchadien a même écrit à Sarkozy à ce sujet. Tout était délirant dans ce procès. Je crois que je n'ai jamais autant ri tellement c'était grotesque. Tout était surréaliste. Notamment quand l'ambassadeur du Soudan a été viré manu militari alors qu'il venait récupérer les enfants.
Vous en voulez aussi à la justice française ?
Je savais que la justice française, en raison d'un traité, n'avait pas le choix. Mais le procureur n'était pas obligé de dire que la justice avait été rendue dans les règles à N'Djamena alors que nous avons été maltraités, frappés.
Malgré la grâce, nous avons fait appel de ce procès. La Cour de Cassation vient de nous donner raison et a demandé à la justice de réexaminer ce volet de l'affaire.
Vous parlez d'enfants soudanais mais il y a de fortes probabilités pour que vous ayez été trompés par les chefs de village et qu'il s'agissait d'enfants tchadiens.
Personne ne le sait. Et les journalistes qui voudraient enquêter ne peuvent pas avoir de visa.
Où en est la question des amendes réclamées par la justice tchadienne ?
On n'a aucune nouvelle. La grâce tchadienne a mis un terme à la procédure. Nous attendons désormais de savoir si nous serons renvoyés en correctionnel en France.
Si c'était à refaire ?
On est tous partis en pensant que nous étions dans la légalité. Je ne repartirais sans doute pas avec Eric Breteau, mais si la cause me paraît juste, carrée.
Quelles limites mettez-vous au droit d'ingérence ?
Quand des enfants sont en danger, il n'y a pas de limites à avoir. Pour moi, l'ingérence n'existe pas. La notion de droit d'ingérence est une notion politique, qui permet de vendre des armes derrière les palettes d'aide alimentaire. Ce n'est pas une notion humaniste. Les Justes, qui sauvaient des juifs pendant la guerre, ne se posaient pas ce genre de questions.

Propos recueillis par Christophe PERRIN avec S.V.


Traduction

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