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Comment - et pourquoi - Sarkozy a finalement choisi le général Benoît Puga 09032010

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Publié le 09/03/2010

Le général Benoît Puga et le général Pierre de Villiers © Montage lepoint.fr

Le mardi 23 février, nous annoncions à nos lecteurs la nomination du nouveau titulaire de l'un des plus hauts postes de la hiérarchie militaire française, celui du chef d'état-major particulier de la présidence de la République. Nous donnions un nom, celui du général Pierre de Villiers. Et pour cause : une source officielle nous avait confirmé que Nicolas Sarkozy avait entériné ce choix des armées pour ce poste. Mais il y a eu un couac... Après douze jours d'attente, c'est un autre nom qui est paru au Journal officiel du samedi 6 mars, celui du général Benoît Puga. Que s'est-il passé ? Quelles sont les clés de cette nomination ? C'est ce que nous avons cherché à comprendre. Car cette petite affaire est tout sauf anodine. Elle révèle tant de choses sur les rapports complexes entre le politique et le militaire ! Explications.

Depuis plusieurs semaines, nos lecteurs savaient qui étaient les candidats à la succession de l'amiral Édouard Guillaud , nommé chef d'état-major des armées (CEMA). Ils savaient que Pierre de Villiers était le favori, sans ignorer que des considérations complexes entraient en ligne de compte. Les épisodes que nous avons identifiés, et qui demandent sans aucun doute à être complétés, commencent longtemps avant la nomination. À ce moment-là, le général Jean-Louis Georgelin est encore CEMA. Pour des raisons tenant à l'équilibre entre les armées, il a choisi de ne proposer que des candidats de l'armée de terre, avec un nom en tête de liste : Pierre de Villiers. Le directeur du renseignement militaire, Benoît Puga, est son deuxième choix. Ces deux hommes sont différents : de Villiers possède un profil assez proche de celui de Georgelin et de Guillaud, aux carrières brillantes et épanouies à l'ombre du politique. Puga est plus opérationnel, plus rugueux aussi, et ses talents ont été mis à l'épreuve dans des postes discrets, mais exposés. Il a ainsi été, ces dernières années, le patron du commandement des opérations spéciales (COS), avant de devenir sous-chef "opérations" à l'état-major des armées, et de prendre ensuite la direction du renseignement militaire. La liste des opérations extérieures auxquelles il a participé depuis Kolwezi en 1978 est un raccourci des missions militaires françaises des trois dernières décennies. Les mauvaises langues disent que ce sont précisément ces raisons qui avaient conduit le général Georgelin à ne point pousser sa candidature, et même à gommer certains épisodes de sa carrière lorsque sa "fiche" a été transmise à l'Élysée...

La volte-face de Sarkozy

Et nous arrivons à la journée cruciale du 23 février. Ce jour-là, peu avant la cérémonie d'adieu aux armes du général Georgelin, qui doit se tenir à 12 h 30 aux Invalides, Nicolas Sarkozy reçoit Pierre de Villiers quelques minutes à l'Élysée. Visite formelle, destinée à entériner son "choix". Il est si ferme que, selon des sources crédibles, le Président aurait annoncé à son visiteur qu'il prendrait son poste dès son retour d'une tournée-éclair en Afrique. Aux ordres du Président, Pierre de Villiers organise alors son pot de départ de l'hôtel Matignon, où il occupe le poste de chef du cabinet militaire du Premier ministre. Mais à vingt heures, patatras ! Selon nos sources, Villiers reçoit un appel de l'Élysée, qui l'informe que Nicolas Sarkozy a changé d'avis, et qu'il ne sera pas appelé à ses côtés. D'autres interlocuteurs évoquent une décision élyséenne plus tardive, annoncée à l'intéressé le 25 ou le 26 février. Traduction d'un officier d'état-major dans la confidence : "Sarkozy a fait face à une bronca anti-Villiers dont la violence l'a surpris, et s'est dit que le jeu n'en valait pas la chandelle." Selon nos informations, la réalité est un peu plus complexe.

En fait, après sa rencontre avec le général de Villiers, Nicolas Sarkozy aurait entendu des arguments contre la nomination du militaire. Le plus convaincant aurait été la trop grande proximité des profils du général et de l'amiral Guillaud, le nouveau CEMA. Plutôt qu'un "clone", ou un "deuxième Guillaud", le premier collaborateur militaire du chef des armées doit être un "complément". Or, le général Puga, ancien légionnaire et ancien patron du prestigieux 2e REP (2e régiment étranger parachutiste), font valoir ses défenseurs auprès du Président, "a des heures de vol". D'aucuns soulignent même que le placard de décorations qui orne sa poitrine sera du plus bel effet lors des visites officielles à l'étranger, auxquelles le chef de l'état-major particulier participe systématiquement. De manière moins anecdotique, Benoît Puga est un praticien, un spécialiste du renseignement dit "d'intérêt militaire".

L'obsession de Sarkozy : "Pas d'attentat !"

Or, la première priorité du chef de l'État, son "obsession", insistent même certains cadres du renseignement, n'est autre que la protection du territoire français et des troupes en opérations extérieures contre le terrorisme. Maître-mot du chef des armées : "Pas d'attentat !" Or, souligne une source proche des milieux du renseignement, "notre problème aujourd'hui est global". En clair : les djihadistes qui frappent nos troupes en Afghanistan sont susceptibles de recevoir et d'entraîner des militants, y compris venus de France, qui pourraient commettre des attentats dans l'Hexagone. Dans ces conditions, renforcer la compétence "renseignement opérationnel" avec Benoît Puga est logique et cohérent. De source proche de l'Élysée, on indique d'ailleurs que la confiance en Pierre de Villiers demeure inchangée, et que le poste de major général des armées qui devrait lui être attribué lors du prochain Conseil des ministres, le 10 mars, est porteur de responsabilités considérables.

Et puis, il y a la politique. On entend très souvent dans les milieux militaires que Nicolas Sarkozy ne s'intéresse pas aux nominations dans les armées, qui seraient le cadet de ses soucis. Et que donc, il entérinerait systématiquement les propositions de la technostructure. La nomination de Benoît Puga atteste l'inverse. Un bon connaisseur de la décision présidentielle confirme : "Puga avait été gommé par Georgelin, qui propulsait de Villiers. Le Président démontre qu'il ne traite pas les affaires militaires par le mépris, et qu'il ne se fait pas enfumer. Il a fait son choix. C'est malin."
Peut-être. Il n'empêche qu'un peu plus de respect des formes aurait été apprécié par des militaires qui n'aiment pas que l'un des leurs, fût-il cavalier donc accoutumé par définition aux manoeuvres à la hussarde, soit traité... cavalièrement ! Mais n'exagérons tout de même pas l'importance de l'incident : il devrait cicatriser assez vite... 


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