Publié le mardi 20 avril 2010
Poursuivi pour des faits de « violences suivies de mutilation ou infirmité permanente », Makoto Mochizuki, sergent instructeur au 2e régiment étranger de parachutistes de l'Armée de terre de Calvi, est appelé à comparaître, cet après-midi, devant la chambre spécialisée Militaires du tribunal correctionnel de Bastia.
Cette chambre a vocation à juger des délits militaires, comme la désertion, mais aussi des délits de droit commun commis par des militaires (vols, abus de confiance, usage de stupéfiants notamment). Elle ne se réunit que rarement, deux à trois fois par an en moyenne.
Il est ainsi reproché à Makoto Mochizuki, d'origine japonaise, d'avoir grièvement blessé, le 12 janvier 2008, le caporal Jozef Mraz, âgé de 23 ans, et de nationalité slovaque, au cours d'une séance d'entraînement qui avait pour thème « la reconnaissance d'un point particulier ».
« Un fusil d'assaut équipé d'un bouchon »
Ce dernier ainsi qu'un autre militaire avaient pour mission de simuler deux ennemis face au restant de la troupe qui progressait vers eux. Ordre aurait été donné de ne pas tirer mais Jozef Mraz n'ayant pas compris cette consigne, avait ouvert le feu avec des munitions d'exercice. Quelques instants plus tard, le sergent instructeur aurait emprunté l'arme d'un militaire, un fusil d'assaut équipé d'un bouchon de tir à blanc, et tiré deux cartouches « à bout portant » ou « à bout touchant », selon les témoignages. « En visant les parties génitales du caporal », selon certaines versions. « Seulement entre les jambes », selon le prévenu.
La victime avait alors été transportée à l'hôpital de Bonifacio, puis à Porto-Vecchio, et à Toulouse pour y subir des interventions chirurgicales. Souffrant d'importantes séquelles, le jeune légionnaire devait être placé en congés maladie de longue durée. Makoto Mochizuki, qui aurait reconnu partiellement les faits devant les autorités militaires, a été l'objet de poursuites disciplinaires, soit 40 jours d'arrêt pour « faute professionnelle très grave ayant occasionné de graves blessures ». Il aurait en effet tiré à moins de cinq mètres de sécurité, distance imposée par le règlement. Il est passible, au titre « des violences volontaires suivies de mutilation », d'une peine d'emprisonnement de dix ans assortie d'une amende de 150 000 euros.