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Marseille : a-t-on vraiment tiré les leçons du feu de Carpiagne ?

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Publié le lundi 25 avril 2011

Le 22 juillet 2009, un feu part de Carpiagne, où se déroule un exercice de tir, et progresse jusqu'aux quartiers Sud-Est de Marseille. 1070 hectares sont brûlés, un soldat mis en examen. L'heure est à la repousse de la forêt et à la vigilance.

Les 22 et 23 juillet, plus de 1000 hectares étaient partis en fumée lors de l'incendie dévastateur de Carpiagne.

Les 22 et 23 juillet, plus de 1000 hectares étaient partis en fumée lors de l'incendie dévastateur de Carpiagne.

Photo Franck Pennant

C'est l'histoire d'un terrible incendie né au coeur d'un été brûlant dans un camp militaire, durant lequel des milliers de Marseillais de La Panouse, des Trois-Ponts, La Valbarelle, ont craint pour leur maison et leur vie. C'est l'histoire d'un ministre de la Défense, d'un maire et de bien d'autres clouant au pilori un légionnaire comme seul responsable. C'est l'histoire d'une enquête plus difficile que prévue qui n'est pas encore bouclée. C'est l'histoire d'habitants sinistrés et relogés qui demandent des comptes à l'État.

C'est l'éternelle histoire de la difficulté pour les marins pompiers de protéger les maisons accrochées sur la colline, aux confins des calanques. C'est l'histoire d'un parc, celui des Bruyères, dont le visage a changé mais qui, à force d'aménagements menés par l'Office national des forêts et l'armée pour la municipalité, retrouve ses attraits. C'est l'histoire d'habitants qui se sont battus pour la préservation d'un site, aux côtés des soldats du feu. C'est une histoire qui mêle un destin individuel et un avenir collectif qui s'inscrit désormais dans un nouveau cadre, celui du futur parc national des calanques. La protection contre les incendies sera une de ses missions.

"Gérons nos collines"

Philippe Yzombard, infirmier libéral et président du CIQ des Trois-Ponts, est de ceux qui veillent sur la santé des collines. De sa maison, il désigne ces crêtes enflammées qui enserraient les villas, le 22juillet 2009. "Nous étions sur le terrain pour assister les soldats du feu mais, après l'urgence, il faut penser à une gestion à long terme." Alors, en concertation avec les gestionnaires de la carrière Perrasso sur l'autre versant, dans le vallon de Toulouse, et les marins pompiers, il propose la mise en place de deux pistes DFCI (Défense de la forêt contre les incendies) à partir du parc des Bruyères et du site d'extraction pour un meilleur accès au secteur en cas d'incendie. Avec des citernes au sommet fournies par Perrasso. Une initiative intéressante qui peut contribuer à dessiner un paysage plus sûr dans ces confins marseillais blessés. "Tous les aménagements futurs s'inscriront dans le cadre du futur parc des calanques mais il faut avancer. Gérons nos collines. Pour moi, le parc a l'intérêt de bloquer toute urbanisation aux Bruyères."

Avancer et réglementer donc car, côté justice, la "faute originelle" qui a bouleversé le paysage sur 1070 hectares n'est pas encore définie. Comme la responsabilité exacte, si elle est retenue, de l'adjudant Philippe Fontaine, qui dirigeait le tir à "balles traçantes", à Carpiagne, l'après-midi du feu. Le juge Philipon a succédé au juge Fontaine pour boucler l'instruction. De son côté, l'armée de Terre n'a pas indemnisé les sinistrés qui avaient engagé des démarche à l'amiable, ne voulant pas attendre la fin de cette longue procédure. Ce dossier est entre les mains de la direction des affaires juridiques (Daj) du ministère de la Défense. Dès le lendemain du feu, l'armée de Terre rappelait que les exercices à Carpiagne en période sèche étaient réglementés et encadrés. Elle développe aujourd'hui de nouvelles coopérations avec les services de lutte contre les incendies, par exemple en unifiant les systèmes d'alerte. Mais pour les soldats qui s'entraînent dans le massif côté Cassis, comme pour les habitants de Marseille, demeure l'obligation de gérer le risque. Les enquêtes de la municipalité n'ont, à deux exceptions près, pas noté de manquements au code d'urbanisme.

Reste sur ces collines boisées l'obligation de débroussailler faite aux habitants. "Nos émissaires parcourent le secteur pour une piqûre de rappel aux habitants généralement bien acceptée, explique José Allégrini, adjoint à la sécurité. Ils doivent débroussailler 50 mètres autour de leur d'habitation, même s'ils ne sont pas propriétaires du terrain." Il trouve la proposition d'aménagement de nouvelles pistes intéressante mais explique "qu'il ne faut pas qu'elle se transforme en parcours de trial". Et il martèle, par rapport aux précédentes propositions des habitants d'être dotés de moyens incendie "qu'il faut laisser cette lutte aux professionnels en parfaite forme physique".

En fait, sur la lutte contre les feux comme la réglementation sur les constructions, déjà restrictive dans un secteur où on a par le passé construit dans des vallons difficiles d'accès, il faudra penser globalement, dans le cadre du futur parc des calanques, dont Carpiagne et une partie du secteur sinistré feront partie. "Ce sera une des missions fortes du parc national, indique Lionel Royer-Perreaut, conseiller communautaire en charge de la concertation au sein du Groupement d'intérêt public des calanques et suppléant du député UMP Guy Teissier. Il ne s'agira pas seulement de coordonner la lutte mais de protéger et valoriser un territoire naturel avec tous les acteurs civils et militaires."

Le légionnaire s'est relevé

L'adjudant Philippe Fontaine était le légionnaire paria, celui que, comme il le confiait à La Provence dans une interview exclusive le 11 septembre 2009, "les hommes politiques désignaient comme un paria, d'un seul coup, après avoir servi pour la France pendant des années". Sa hiérarchie militaire parlait d'une "faute individuelle" après sa mise en examen pour avoir dirigé à Carpiagne le tir à balles traçantes censé avoir provoqué l'incendie qui a progressé vers Marseille.

Seulement voilà, l'analyse des douilles retrouvées sur les lieux a montré que ce sont pas ces balles traçantes qui sont en cause dans cet incendie. Un lien de causalité directe entre le sinistre et son exercice n'a pu être établi. L'adjudant Fontaine n'est pas homme à se défiler. Conscient des conséquences de l'incendie, il disait simplement "avoir de gros doutes". Il a reçu énormément de soutien et pas seulement de camarades militaires.

Aujourd'hui, après une suspension et une "sanction militaire à minima", selon des proches qui le soutiennent, il s'est relevé et a repris son métier de soldat. Il a quitté le 1er Régiment étranger d'Aubagne, la "Maison mère", pour une affectation au 2 e Régiment étranger de parachutistes de Calvi. Actuellement, il est en mission à Djibouti. Il s'est remarié et a eu la douleur de perdre son père qui gérait un superbe "jardin des épices et des senteurs", à Saint-Joseph, à La Réunion.

Philippe LARUE ( Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )


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