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Cosaques : la grandeur en exil

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28 février, 2012

De gauche à droit : Alexandre Bobrikov, conservateur du musée, Gérard Gorokhov, le trésorier de l’Association du régiment de la Garde impériale cosaque. Crédits photo : Natalia Kopossova

 

Le musée du régiment cosaque de la Garde impériale russe se situe à Courbevoie, près de la Seine, non loin de La Défense. Malgré son âge respectable (il existe depuis 1917), il vient tout juste d’ouvrir ses portes au grand public.

Un passé sous le signe de l’aventure

Toutes les pièces conservées dans le musée proviennent de la collection des officiers de la Garde impériale cosaque de Saint-Pétersbourg. Ce régiment, crée en 1775 par Catherine II, était une unité d’élite avec son histoire, ses héros, ses traditions. Et c’était un grand honneur que d’en faire partie.

Alexandre Bobrikov, descendant cosaque et conservateur du musée, décrit la façon dont les cosaques étaient sélectionnés : « Une fois sorti de l’école de cavalerie, chacun pouvait exprimer la demande d’intégrer l’escadron, mais encore fallait-il passer l’examen. Le candidat était invité à déjeuner avec le conseil des officiers, qui observaient avec minutie sa façon de se tenir à table et de boire – tenait-il bien l’alcool ? Lors du deuxième entretien, on faisait venir également les femmes des officiers et on observait son comportement avec la gent féminine. Et c’est seulement après que la décision était prise ».

Une fois entré au régiment, il était de coutume de faire un présent. C’est ainsi que s’est constituée cette collection exceptionnelle, qui compte parmi ses plus belles pièces une sculpture de Lanceray, le fameux sculpteur russe d’origine française, une coupe d’argent de Radziwill par Fabergé, et beaucoup d’autres objets de valeur. Bien sûr, la majeure partie de la collection reste composée de pièces militaires : étendards, uniformes, armes, portraits des commandants du régiment.

En février 1917, dès le début de la Révolution, le général Grekov ordonna de faire les cartons et, sous la garde de deux officiers cosaques, fit amener le tout à Novotcherkassk. De là, le contenu du musée fut envoyé en Turquie, puis en Serbie.

« En 1924, le régiment cosaque signa un contrat avec la France et vint s’installer ici », raconte Alexandre Bobrikov.  « Les cosaques chargeaient et déchargeaient les wagons de marchandises à la gare du Nord. Ils vivaient dans des taudis. »

Les ressortissants de la première vague d’émigration blanche ne finissaient donc pas tous chauffeurs de taxi ? « En général, ce sont les officiers qui conduisaient les taxis. Le général Pozdeev et le général Opritz étaient chauffeurs. » En fait, ce n’était pas si simple de devenir chauffeur de taxi. La plupart restait travailler comme chargeurs, ouvriers dans les usines automobiles ou dans les mines. D’autres rejoignaient la Légion étrangère.

Pour faire venir le musée en France, il fallait trouver des moyens. En se serrant un peu la ceinture, la somme nécessaire fut atteinte en 1929. Un général américain ainsi qu’un sénateur français apportèrent également leur soutien financier. Et le général Opritz put enfin louer l’endroit où fut installé le musée, où il se trouve encore à ce jour.

L’accalmie fut de courte durée. En 1936, le Front populaire prit le pouvoir. La gauche considérait les cosaques blancs comme un foyer d’opposition dont il fallait se débarrasser. C’est alors que, dans un souci de conservation, les plus belles pièces furent envoyées « pour un certain temps » au Musée Royal de l’Armée et d’Histoire militaire, en Belgique.

Un présent sous le signe de la survie

« Ces objets nous appartiennent, précise Alaxandre Bobrikov. Nous pourrions les récupérer mais nous n’avons pas assez de place ici. De plus, c’est un lieu d’habitation tandis qu’en Belgique, il y a une salle spéciale. Aujourd’hui, les deux tiers des pièces présentées dans cette salle nous appartiennent. »

Durant toute cette période, à Paris, il y avait très peu de moyens pour entretenir le musée. Il fallait se débrouiller : location du lieu pour des bals ou des mariages. Aujourd’hui, le musée accueille l’Assemblée des cadets, la fête de la garde nationale le 13 décembre et ,en été, est organisée une réception en plein air dans le jardin. Tous les revenus sont destinés aux travaux de rénovation.

Un don délivré par Vladimir Poutine en 2008 a servi à la rénovation des plafonds. La municipalité locale a également participé. Le maire de Courbevoie a fourni une aide qui a permis d’installer du matériel de vidéosurveillance. Aujourd’hui, le loyer des étages supérieurs sert à payer les charges. Quant aux réceptions, grâce auxquelles vivent nombre d’associations françaises, les cosaques ne les organisent que pour leurs invités.

« Pour notre fête du régiment, nous préparons nous même le banquet, racontent Alexandre Bobrikov et Gérard Gorokhov, le trésorier de l’Association du régiment de la Garde impériale cosaque, écrivain et spécialiste des médailles et des uniformes militaires. Pour cette fête, se réunissent les membres de notre régiment, et d’autres organisations militaire françaises. Nous avons de très bonnes relations avec le Musée des Invalides, de la Légion d’Honneur, la Malmaison et le Musée Chateaubriand. »

Mais même à cette fête, les organismes représentant la première vague de l’émigration russe se font de plus en plus rares. Les tentatives de Moscou pour unir la communauté russe en France donnent peu de résultat.

«  Il y en a de moins en moins. Beaucoup d’organisations ont disparu », remarque Alexandre Bobrikov. La raison est-elle économique ? « Non, c’est la « russitude » qui se perd. Pas de descendants. Les jeunes ne sont plus intéressés, ne s’impliquent pas, ils sont francisés. »

Le jour de son ouverture au grand public, le musée a reçu la visite de plus d’un millier de personnes. Malheureusement, ils n’ont pu voir les pièces  les plus intéressantes, celles-ci se trouvant en Belgique ou n’ayant pas pu être restaurées faute de moyens.


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