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Benoît Gysembergh, gentleman reporter

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06.05.2013

Benoît Gysembergh au Tchad, en 1990.

 

Benoît Gysembergh avait le don d'apparaître sans qu'on le voit venir. Cela tenait à sa culture du scoop, du mystère dont il entourait certains reportages, de l'exclusivité chère à sa publication, Paris Match. Cela tenait aussi à une attitude, une élégante discrétion, celle d'un gentleman reporter qui déambulait le Leica en bandoulière, à l'écart de la meute.

Benoît Gysembergh, mort le 3 mai à Paris, parcourait le monde, l'oeil pétillant, depuis 1974. Parti couvrir la Révolution des oeillets au Portugal, puis les guerres du Liban et d'Erythrée, il est recruté par Paris Match à 22 ans, en 1976, après une série d'images en Dankalie.

"Les photographes vivent pour deux choses, écrit-il dans La photo en première ligne (Filipacchi, 2001). La première, c'est l'instant où le doigt appuie sur le déclencheur. Le bon moment, l'alchimie de l'ombre, de la lumière, des couleurs, d'un geste, d'un regard. La seconde, c'est d'être publié. Publier une double page dans Paris Match est prestigieux. Une image de trente centimètres par quarante-six, pleine page, a un sacré drôle d'impact." Depuis cette photo d'Erythrée, Gysembergh a publié plus de cinq-cents double pages dans Match.

Né le 13 août 1954 à Dinard, en Bretagne, puis élevé en Normandie, Benoît Gysembergh a découvert la photographie d'abord grâce au Leica d'un surveillant du lycée qui le laissait sécher les cours afin qu'il prenne ses premières images, puis au Relais de Montmartre, un restaurant-galerie parisien où il faisait le barman pour écouter les conversations de clients qui s'appelaient Cartier-Bresson, Doisneau ou Sieff.

L'ÂGE D'OR DE PARIS MATCH

Une fois entré à Paris Match, à un âge d'or où le directeur, Roger Thérond, voulait avoir à chaque bouclage le meilleur de la production mondiale, et où les photographes de la maison pouvaient voyager partout sans regarder à la dépense, il enchaîne les conflits : Salvador, Nicaragua, Liban, Tchad, Somalie, Ex-Yougoslavie, Rwanda, Cambodge... Entre les guerres, il dresse le portrait de politiques, couvre un fait divers, ou disparaît pour un voyage au long cours dans une région inexplorée de la planète. Il n'y a guère que les stars qu'il évite. "J'étais trop timide, écrit-il, pour demander des positions invraisemblables à des célébrités, trop impatient pour régler des éclairages, et de toute façon trop fainéant pour les transporter."

Aucun endroit de la planète ne lui est étranger. Il connait tous les fronts, toutes les ambassades, et les palaces autant que les bistrots les plus improbables. Il se lie avec deux générations de la Légion étrangère, qu'il accompagne souvent en opération, devient ami avec Jacques Chirac, qui adorait l'entendre raconter ses histoires, et, entre deux actualités, il monte des "coups". C'est lui qui exfiltre la fille de Fidel Castro de Cuba, assurant l'exclusivité à Match, ou qui retrouve, dans un village du delta du Mékong, de vieilles photos de Huynh Thoai Lé, L'Amant de Marguerite Duras, dont nul ne connaissait le visage et qui se vendent encore en cartes postales à Saigon.

Les journalistes de Match adorent faire équipe avec lui. "Ce qui me frappait était sa rapidité, raconte Patrick Forestier. Il parcourait Beyrouth en guerre avec son Leica à l'épaule, puis tout d'un coup il prenait l'appareil et il avait LA photo. C'était instantané. Il prenait rarement plusieurs clichés." Gysembergh n'aurait jamais songé à acquérir un téléobjectif. Il était au plus près, toujours. "C'était un seigneur, témoigne Michel Peyrard. Et comme il n'ignorait pas que la guerre ne laisse pas indemne, il pratiquait la rupture. D'Erythrée ou du Nicaragua, il s'envolait pour des destinations plus avenantes, derniers trains de rêve ou cailloux plantés au coeur du Pacifique."

Ces dernières années, il revenait aussi sur d'anciens territoires, fidèle aux histoires et aux gens. Il avait retrouvé les muchachos de la révolution sandiniste au Nicaragua, et parcouru la Bosnie sur la trace des jeunes rencontrés pendant la guerre à Bihac ou Sarajevo.

Rémy Ourdan


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