Mardi 10/02/2015
L'hôtel de Bausset, bâti entre 1515 et 1525, est un édifice important qui témoigne de l'architecture Renaissance provençale. Il est particulièrement remarquable par le décor des fenêtres en gypseries dont il est encore orné aujourd'hui après un demi-millénaire.
Cependant, le temps a fait son ouvrage et une réhabilitation de cette façade patrimoniale devient impérative. C'est pourquoi, dès 2011, l'association des Amis du vieil Aubagne avait fait une première démarche auprès du député de la 9e circonscription, Bernard Deflesselles, afin qu'il puise dans sa réserve parlementaire pour faire réaliser une étude préalable par l'architecte du patrimoine Mathieu Perrin. En 2012, le maire Daniel Fontaine, membre du conseil d'administration du propriétaire, 13 Habitat, avait informé les AVA qu'ils étaient désignés comme maîtres d'ouvrage. Le bailleur social participant aux travaux à hauteur de 40 % du coût.
Dès 2013, les démarches auprès des institutions et des mécènes s'intensifiaient. Le Conseil général accordait une subvention de 7 800 €, le Lions club et le Crédit mutuel participaient à raison de 1 500 €, et les actions des AVA (vente du timbre, du tee-shirt, des affiches et des brochures) rapportaient 1 500 €. Enfin, en 2014, le spectacle "Les deux Bausset", présenté au Comoedia par la Compagnie des Amis des Arts, permettait d'engranger 2 000 €. Sans oublier l'investissement des Amis de 8 000 €. "Considérable pour une association loi 1901 !", souligne Claude Valentin, le président des AVA. Et surtout les 15 000 € octroyés par la communauté d'agglomération du Pays d'Aubagne et de l'Étoile. Reste maintenant à la municipalité d'apporter le complément pour boucler le budget de 80 000 €.
Si pour la partie financière le parcours du combattant touche à sa fin, c'est l'aspect administratif qui coince un peu. "Aujourd'hui, les freins à l'avancée du projet sont les démarches lourdes inhérentes aux marchés publics. Le cadre administratif nécessaire à la signature d'une convention entre 13 Habitat et l'association pour les travaux est complexe, insiste Claude Valentin. Mais nous travaillons dans le sens de la résolution de ces problèmes".
L'énergie déployée par les Amis du vieil Aubagne a pour principal moteur l'intérêt patrimonial et touristique de la réhabilitation de la Maison du complot. L'hôtel de Bausset est en effet un témoin de l'histoire et de l'architecture du XVIe siècle. "La situation de l'immeuble du 3 rue Laget, en coeur de ville, doit constituer un pôle d'intérêt fort pour les visiteurs et pourrait devenir le relais de l'Office intercommunal de tourisme en matière de mise en valeur du riche patrimoine historique de la ville d'Aubagne. Le rez-de-chaussée de l'immeuble, actuellement vacant, ne pourrait-il pas devenir le lieu privilégié de la présentation de ces richesses ?", argumente le président des AVA.
Pour l'heure, le projet est donc en bonne voie et les travaux, d'une durée estimée à deux mois, pourraient débuter au printemps. Car l'objectif avoué des Amis du vieil Aubagne est d'inscrire l'hôtel de Bausset au programme des Journées européennes du patrimoine qui ont lieu au mois de septembre. Après presque quatre années d'investissement, ce rendez-vous pourrait être le couronnement de tous les efforts consentis par chacun.
Rendez-vous dans quelques mois pour faire le point sur l'avancée du dossier.
La tradition situa à Aubagne l'organisation du complot qui ouvrit les portes de la ville "rebelle" de Marseille à Henri IV. Il fut fomenté par Geoffroy Dupré, Pierre Libertat, capitaine de la Porte Réale, et Nicolas de Bausset, propriétaire d'un domaine nouvellement constitué à Camp Major qui porta, à partir du XIXe siècle, le nom de La Demande (La Légion étrangère aujourd'hui). Mais ce fut dans une autre propriété appartenant à Nicolas de Bausset, une maison bourgeoise de la ville basse, l'hôtel de Bausset, que la légende situa la conspiration. On remarque encore les lieux dans la rue Laget, par la présence de deux fenêtres superposées, représentatives des décors de la première Renaissance provençale. Le 17 février 1596, les conjurés mirent leur plan en action et assassinèrent Charles de Cazaulx. Le Roi Henri IV récompensa la loyauté de la ville d'Aubagne à la couronne de France en offrant deux fleurs de lys à son blason. Celui-ci fut ainsi définitivement constitué au XVIe siècle : D'azur aux lettres A et V surmontées de deux fleurs de lys de même posées sur une mer d'argent en pointe. Le A signifie Aubagne (Albanea) et le V : Huveaune (Vvelna).
Sources : archives municipales.