Publié le 10/05/2015
L’héroïne franco-anglaise, espionne britannique, dont la famille maternelle était pont-rémoise, a été célébrée dans le village vendredi 8 mai.
Devant la stèle consacrée à Violette Szabo, Tania, sa fille (avec l'écharpe verte) avait pris place entre le maire
Annie Roucoux et Aimé Peltier, ancien combattant de la Résistance, qu'elle tenait par la main.
C e fut le moment le plus émouvant de mon enfance. Je n’avais pas 5 ans. Le roi m’a dit : tu porteras cette médaille souvent, mais tu la porteras à droite, parce que c’est ta mère qui aurait dû la recevoir, et elle l’aurait, elle, portée à gauche ». Tania s’est souvenue, vendredi 8 mai, devant la stèle dédiée à la mémoire de sa mère, l’héroïne Violette Szabo, de cet émouvant jour de 1947.
Avec la municipalité, les musiciens, le représentant de la gendarmerie, les anciens combattants, les Pont-Rémois, la fille de Violette Szabo s’est souvenue. Avec Annie Roucoux, maire, elle a retracé les grandes lignes de la vie de sa mère, héroïne franco-anglaise de la dernière guerre.
Violette était née à Paris en 1921, fille de Reine Leroy, une Pont-Rémoise, et de Charles Bushell, un soldat anglais de la Grande Guerre, qui avait cantonné dans le Pas-de-Calais. Le couple avait vécu quelques années en France avant de retourner au Royaume-Uni. En 1940, Violette épouse Étienne Szabo, un lieutenant français de la légion étrangère qui avait rejoint les « Français Libres ». Violette, connaissant parfaitement le français, avait intégré, dès 1941, les services secrets britanniques. Tania naissait à Londres en 1942 ; son père mourait à la bataille d’El Alamein, sans jamais l’avoir vue. Après un investissement dans la Résistance et le Renseignement, Violette Szabo était arrêtée et torturée par les Allemands de la sinistre division Das Reich, puis déportée à Ravensbruck, où elle fut exécutée à l’approche des troupes russes.
La George Cross
Il y a vingt ans, une stèle a été élevée devant la maison de Reine Leroy, la grand-mère de Violette, et où Violette a passé une partie de son enfance. Et c’est là que, vendredi, Tania, qui habite aujourd’hui au Pays de Galles, s’est souvenue de cette remise de décoration à titre posthume, le 28 janvier 1947, à Buckingham. Le roi George VI lui avait épinglé la George Cross, décernée le mois précédent à sa mère.
Vendredi, avait pris place à côté d’elle, Aimé Peltier, qu’elle tenait par la main. Aimé Peltier est à Pont-Rémy le dernier combattant de la dernière guerre. Entré aux premières heures du conflit dans la résistance armée, il connaît bien l’histoire de Violette, et est en relation avec sa fille depuis près de 30 ans. Veuf depuis peu, affaibli par les ans, il avait tenu à être là, comme il avait tenu, en 1944, que Pont-Rémy soit libérée, pour se marier avec Rolande, et que l’acte de mariage fût écrit sur un registre à l’en-tête, non pas de l’État français, mais de la République revenue. Une délégation du Queen’s Royal, anciens combattants de l’armée anglaise, accompagnait cette cérémonie, au cours de laquelle ont été entendus les hymnes des deux pays, devant leurs couleurs respectives.
De notre correspondant Jacques DULPHY