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Wattrelos : Loockas, le sans-abri du Leclerc, ne sera pas mort dans l’indifférence

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Publié le 16/05/2015

Il s’appelait Loockas et vivait dans la rue depuis 1982. Il était connu et apprécié au point que l’hypermarché Leclerc, à côté duquel il était installé, lui avait aménagé un petit cabanon. Il est décédé mercredi des suites d’une maladie. L’annonce de sa mort a suscité une grande vague d’émotion.

 La mort d’un SDF a ému les Wattrelosiens qui étaient nombreux à lui donner une pièce ou des cigarettes. Toute la journée, ils ont déposé des fleurs et des petits mots à côté du feu tricolore où Loockas avait ses habitudes. Photo Hubert Van Maele  VDN
La mort d’un SDF a ému les Wattrelosiens qui étaient nombreux à lui donner une pièce ou des cigarettes.
Toute la journée, ils ont déposé des fleurs et des petits mots à côté du feu tricolore où Loockas avait ses habitudes. Photo Hubert Van Maele

Toute une famille arrive, des roses à la main. Les enfants en laissent quelques-unes au feu tricolore au coin des rues de Stalingrad et Stephenson. Ils gardent les autres pour le petit cabanon. Une automobiliste remarque cette scène habituelle, elle se gare et demande : « Quelqu’un est mort ? C’est Loockas ? » C’est bien lui. Ça lui fait un choc.

Loockas, ou Jean-Luc Gondeau pour l’état civil, était connu comme le loup blanc à Wattrelos. Il vivait dans la rue, juste à côté de l’hypermarché Leclerc. Les employés du magasins, les clients, les passants... Ils le connaissaient tous, s’arrêtaient pour discuter, lui offraient à manger. « C’était notre ange gardien », dit Cathy Delhaye, la responsable de la station service, sa « voisine ».

Mort à 50 ans

Depuis quelques jours, Loockas, qu’ils savaient atteint d’un cancer, ne sortait plus beaucoup de son « ch’ti cabanon », cette cahute que l’hypermarché lui avait aménagée quand le parking avait été en travaux. Alors lundi, les vigiles sont allés frapper à sa porte. Comme il ne s’est pas montré, ils ont appelé les pompiers, qui ont dû forcer sa porte. Il était affaibli mais toujours en vie. Il a été conduit au centre hospitalier de Tourcoing.

« On a eu des nouvelles par la dame qui lui ramenait son RSA. Le mardi, elle nous a dit qu’il avait été placé en coma artificiel, raconte Kévin Verspeeten, le directeur de l’hypermarché. Et jeudi, on nous a annoncé qu’il était décédé. Il n’a pas souffert. » Wattrelosien lui-même, il avait toujours connu Loockas. « Il était vraiment très gentil, ça a suscité une vive émotion parmi les employés. »

Et même bien au-delà. Une page Facebook pour lui rendre hommage a été créée par Cathy Delhaye. Vendredi soir, elle rassemblait plus de 1 700 personnes. Toute la journée, donc, des anonymes sont venus déposer des fleurs. Les salariés de Leclerc ont aussi nettoyé les abords du cabanon et installé un panneau pour que chacun puisse laisser un mot. L’enterrement aura lieu lundi à 15 h, dans le carré des indigents du cimetière du Pont-de-Neuville à Tourcoing. Une urne a été installée dans le magasin pour recueillir des dons. L’argent permettra d’acheter des plaques et des fleurs. Enfin, un rassemblement est prévu dimanche, à 14 h, sur le parking du Leclerc pour se souvenir de Loockas. L’homme faisait mystère de son âge, disait parfois qu’il avait plus de 60 ans. Selon les registres d’état civil, il n’avait que 50 ans.

«Je préfère vivre l’instant présent»

Parler du passé, ce n’était pas trop son truc. Quand nous l’avions rencontré en août 2011, Loockas avait coupé court : « Je vis dans la rue depuis le 7 janvier 1982. Je préfère vivre l’instant présent. Regardez, aujourd’hui, il fait beau. » Ancien militaire – on dit qu’il est passé par la Légion étrangère –, il a bourlingué à Belfort, La Rochelle, Dijon et Saint-Étienne avant d’arriver à Wattrelos « il y a longtemps ». Il avait eu peur de perdre son petit coin de rue avec les travaux du parking de l’hypermarché. Il avait finalement obtenu une cabane qui semblait suffire à son bonheur. Au final, les travaux, il en était plutôt content. « D’où je suis, maintenant, je peux voir l’horloge de l’église », nous avait-il confié.

Il était taquin, Loockas, et ne manquait pas d’humour. « T’es à la retraite, c’est pour ça que t’es un râleur, lançait-il à un copain un peu trop grincheux. Heureusement qu’il n’y a pas de retraite pour les clochards ! » C’était une figure de Wattrelos, on pourrait dire une célébrité. Aussi connu que le député-maire ou presque. Dominique Baert lui aurait d’ailleurs demandé, sur le ton de l’humour, de ne pas se présenter aux municipales face à lui.

Wattrelos était devenu sa ville. « Je vais finir ici, prophétisait-il. Les gens sont tellement sympas. » Il va leur manquer, à tous ces gens sympas. Y. M. (AVEC SIMON CAENEN)


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