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Le 29 mai 1915: un Suisse raconte un assaut dans les tranchées

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Créé: 29.05.201

Dans la «Feuille d'Avis de Lausanne»La «Feuille» reproduit la lettre à sa famille du légionnaire neuchâtelois Alexandre Piaget.

Des soldats français prêts à passer à l’attaque lors de la bataille de l’Artois, en mai 1915.

Des soldats français prêts à passer à l’attaque lors de la bataille de l’Artois, en mai 1915. Image: CORBIS

«Le 9 mai, la légion a livré un combat terrible. De 7 h à 10 h du matin, l’artillerie bombarde les tranchées ennemies avec violence. A 10 h, la charge sonne, nous sautons hors de notre tranchée et bondissons vers les tranchées allemandes. Plus de fils de fer, l’artillerie a tout couché. Dans la première ligne, les cadavres ennemis sont entassés les uns sur les autres. Les Allemands des 2e, 3e, 4e et 5e lignes fuient, notre artillerie les canarde et nous les poursuivons à la baïonnette. Ils se rendent par vingtaines et sont tous éperdus. A moi seul, j’en poursuis deux qui, voyant ma baïonnette près de les embrocher, jettent leur fusil à mes pieds et lèvent haut les bras en criant: «Kamerad, pardon!» J’allais les transpercer, car ordre avait été donné de n’épargner personne, lorsque arrive le lieutenant, qui me dit de les laisser. En voilà deux qui peuvent s’estimer heureux d’être prisonniers.

» Je franchis une tranchée allemande et tombe à l’endroit où se trouvaient quatre mitrailleuses. Je remonte avec peine, car leurs fossés sont très profonds, et continue à courir. Les Allemands fuient toujours. Nous leur tirons dessus et ne faisons qu’enjamber des cadavres. Notre poursuite dure une heure et demie, sur une longueur de 4 kilomètres. Enfin, les Allemands s’arrêtent sur une crête et une fusillade d’enfer commence. (...) Alors, cela devient terrible. Le caporal est frappé à mort. Tous mes camarades, Joly, Spaetig, Meister, Johnson, tombent à leur tour, blessés ou tués, je ne sais au juste, tout d’abord. (…)

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» Bientôt me voici seul avec le lieutenant, les autres sont tous tombés. Alors le lieutenant me dit, en me désignant un trou d’obus plein d’eau: «Saute là-dedans!» Je suis son ordre et l’eau m’arrive jusqu’aux côtes. Je reste dans cette position trois heures durant, mais j’étais protégé des balles. Mon lieutenant, par contre, ne parvient pas à se mettre à l’abri; à 3 mètres de l’entonnoir, il tombe raide mort, atteint d’une balle à la tête. (…)

» Le soir, à 8 heures, j’abandonne ma position par trop rafraîchissante et (…) reviens à l’arrière. Je m’informe auprès d’un capitaine où se trouve la légion. Il me répond que les rescapés se tiennent à 400 mètres en arrière et qu’ils sont relevés des premières lignes. Il pouvait bien dire «rescapés», car en effet des 260 hommes qui formaient notre compagnie il n’en restait plus qu’une cinquantaine. Tous nos chefs sont tués (…).

» L’action a été terrible, mais nous avons fait notre devoir. (...) Tous les volontaires disparus sont morts en braves.(...) Spaetig est malheureusement tué. Meister, Johnson et Joly sont blessés. Meister a été frappé de deux balles. Quant à Joly, outre un bras fracassé, il porte au cou une forte plaie, d’où le sang s’échappait abondamment. (...) C’est bien triste de voir ses copains tomber ainsi. Les cinq, nous étions toujours ensemble, et dire que maintenant je suis seul! J’en suis bien attristé.»


Traduction

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