29.05.2015
Par Jean-Philippe Leclaire et Laurent Telo
En passant la porte d’entrée de La Seigneurie, un château du XVe siècle transformé en bed and breakfast confortable, les touristes peuvent découvrir sur la gauche une vitrine consacrée au souvenir du défunt maître des lieux. On y trouve un képi rouge et noir d’officier du 1er REC (Régiment étranger de cavalerie) posé, comme orphelin, à côté des photos encadrées de son propriétaire, le jour glorieux où il reçut la Légion d’honneur.
Le colonel Hugues de Samie s’était engagé très tôt, à 17 ans, dans une carrière de barouds, de charges à cheval ou en char Leclerc, de missions pour la paix et de guerres lointaines, du Tchad aux Emirats arabes unis en passant par la Centrafrique, Mayotte, Djibouti, le Cambodge, la Bosnie, le Kosovo, le Sénégal et, finalement, la Libye. « Mon mari n’était jamais là, mais il m’appelait tout le temps : matin, midi et soir, plus les textos et les messages sur Internet. C’en était même parfois un peu contraignant car si je ne répondais pas il s’inquiétait… », sourit sa veuve, Marie-Georges de Samie, en refermant la vitrine.
A l’heure de la retraite, le légionnaire avait décidé de revenir au port en achetant ce joli petit château à 90 kilomètres de La Rochelle, où il était né soixante-deux ans plus tôt, en 1952. L’été, la Charente toute proche se traverse doucement sur un antique bac à chaîne. Et les vignes qui encerclent La Seigneurie produisent un pineau à déguster très frais. Bref, le paradis sur terre pour qui voudrait se reposer d’une vie d’aventure, de fracas et de sable chaud.
Une mort...