AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

DANS LE RETRO. 24 février 1991, les troupes occidentales entrent au Koweït

Envoyer

24 Févr. 2016

LES ARCHIVES DU PARISIEN. Il y a 25 ans jour pour jour débutait l’assaut terrestre de l’opération «Tempête du désert» au Koweït pour repousser l’armée irakienne. Récit de la première journée de la Guerre du Golfe sur le terrain.

Des soldats français de la Légion étrangère à l'entraînement en Arabie Saoudite en octobre 1990.
Des soldats français de la Légion étrangère à l'entraînement en Arabie Saoudite en octobre 1990. (AFP/Pascal Guyot.)

Des chars d’assaut américains, français et britannique dans le désert du Koweït. C’était il y a 25 ans jour pour jour. Le 24 février 1991 débutait l’opération « Tempête du désert ».

L’objectif : repousser les armées irakiennes de Saddam Hussein, qui occupaient le petit émirat depuis plus de six mois. Près de trente pays, un million d’hommes mobilisés et plusieurs dizaines de milliers de morts – en majorité dans les rangs irakiens. En à peine quelques jours, la première Guerre du Golfe est devenue l’un des conflits les plus vastes et les plus meurtriers depuis 1945. Les archives de notre journal racontent la première journée au sol du conflit.

L’origine du conflit remonte à juillet 1990. L’Irak accuse le Koweït de se servir dans ses nappes de pétrole depuis des stations de pompage situées à la frontière entre les deux pays. Le 2 août, les troupes irakiennes envahissent l’émirat, balayent son armée et occupent le territoire, déclaré « annexé » par Bagdad. La communauté internationale, Etats-Unis en tête, s’insurge. L’Irak réplique avec la fermeture de ses frontières, prenant en otage plusieurs milliers de ressortissants occidentaux. Le 16 janvier 1991, au lendemain de l’échéance d’un premier ultimatum des Nations unies, réclamant le retrait des troupes irakiennes du Koweït, l’aviation d’une coalition internationale de 27 pays lance les bombardements. Saddam Hussein ne plie pas, malgré une tentative de médiation de l’URSS de Gorbatchev. Le 22 février, les Etats-Unis lancent un nouvel ultimatum : si l’évacuation du Koweït n’est pas entamée dans les 24 heures, la coalition lancera l’offensive au sol.

«Le Parisien» du 24 février 1991.

Le délai expire sans réponse satisfaisante de Bagdad. «Nous regrettons que Saddam Hussein n’ai pris aucune mesure avant l’expiration de l’ultimatum. L’action militaire se poursuit selon le calendrier et les plans prévus», lance le président américain George Bush. Le 24 février, à 2h30 heure française, un demi-million d’hommes, dont 450 000 Américains, massés jusque-là en Arabie Saoudite, ouvrent les hostilités avec l’armée irakienne.
«Le Parisien» du 25 février 1991.

L’avancée des forces de la coalition est décisive. En à peine quinze heures, elles capturent 5 500 soldats irakiens et atteignent les faubourgs de Koweït City, la capitale de l’émirat. Sur les télévisions du monde entier, les images des chars d’assaut et des hélicoptères en formation serrée inondent les écrans. A Bagdad, les médias diffusent l’appel à l’aide du régime : « nous appelons tous les pays arabes à attaquer, partout où ils se trouvent, les Américains et leurs complices ». L’état-major américain de son côté prépare l’assaut sur Koweït City : « Nous sommes confiants. La ville est parfaitement dessinée, les avenues sont larges et rectilignes et nous pouvons entrer avec nos blindés pour nettoyer la place. »

«Le Parisien» du 25 février 1991.

L’armée irakienne recule en incendiant les puits de pétrole et en semant la mort parmi les civils. «Rafles, tortures, exécutions, incendies : avant de devoir abandonner le Koweït, les troupes irakiennes s’y livrent à une campagne de terreur», écrit «Le Parisien», reprenant les propos du général Neal, porte-parole de l’armée américaine. «Les Irakiens arrêtent des gens dans la rue, les torturent et enfin les exécutent pour faire disparaître les témoins gênants. La routine paraît-il pour les soldats de Saddam Hussein.» Un représentant du Koweït à l’ONU fait état d’un millier de mort depuis l’annexion du pays par l’Irak. Au total, près de 5 000 civils seront tuées au cours du conflit - dont plus de 3 500 en Irak. «Si un jour je peux retourner au Koweït, je ne reconnaîtrai pas mon pays, lance Salwa, une enseignante réfugiée en France. Pour moi, c’est le plus beau des pays et ils sont en train d’en faire un tas de ruine.»

Sur le terrain, 9 000 soldats français sont mobilisés. La «Division Daguet», du nom de l’opération française, n’entre pas au Koweït. Sa cible, c’est l’Irak et la base aérienne irakienne d’As Salman, à 150 km au cœur du territoire irakien, pour couper la route à une éventuelle contre-offensive lancée depuis Bagdad vers le Koweït. En quelques heures, les Français parcourent un tiers de la distance, appuyés par 4 000 hommes de la 82e division aéroportée américaine. Positionné à la frontière irakienne, un journaliste du «Parisien» raconte la prise d’une colline dans les premières minutes de l’assaut : «A trente à l’heure, véhicules français et américains partent à l’assaut, dans un nuage de poussière. Pas de coup de feu, pas de résistance. Rien qu’un fortin vide. Le point Nachez, de son nom de code, est conquis sans dommage.»

«Le Parisien» du 25 février 1991.

Cette facilité apparente laisse perplexe. «La mauvaise surprise serait que tout le monde (parmi les troupes irakiennes, ndlr) se soit regroupé sur les deuxième et troisième échelons, c’est là que le plus gros de la bataille devrait avoir lieu », prévient le Général Buis dans les colonnes du Parisien. La peur des occidentaux : les armes chimiques. Saddam Hussein disposerait d’éléments chimiques, notamment de gaz moutarde. Une procédure d’alerte est instituée. A la moindre alerte, les hommes n’ont que quelques secondes pour s’équiper de leur masque à gaz.
«Le Parisien» du 25 février 1991.

A 4 500 kilomètres du théâtre des opérations, la France se réveille en pensant à ses soldats. « On s’y attendait tous mais c’est très dur, témoigne Martine, dont le mari, Bruno, fait partie de l’opération Daguet. Je ne sais pas où il est. Je sais seulement qu’il doit faire son métier à fond.» «Cette offensive, je savais que c’était pour cette nuit. Une intuition, confirme Suzanne à Toulouse. C’est dur d’avoir peur et de ne rien pouvoir faire.» A Paris, l’ambiance est partagée entre la fatalité, la résignation mais aussi une certaine forme de soulagement que la situation évolue enfin après plusieurs mois d’attente. «J’ai l’impression que les gens sont presque soulagés qu’on crève l’abcès», peut-on entendre dans un bistrot parisien.
«Le Parisien» du 25 février 1991.

Deux militaires français tombent au combat pendant les huit jours d’opération. Le sergent Yves Schmitt et le caporal-chef Eric Cordier, tous deux membres du 1er régiment de parachutiste et d’infanterie de marine, sont tués le 26 février au cours d’un affrontement sur la base aérienne d’As Salman. La veille, la presse irakienne avait relayé un ordre supposé de Saddam Hussein d’évacuer le Koweït. «Nous ne savons rien à ce propos, la guerre continue», répond Washington, qui voit la manœuvre comme une stratégie de Bagdad pour gagner du temps. «Tempête du désert» s’achève officiellement le 28 février au terme de violents combats qui laisseront une marque indélébile chez les soldats. «Le Koweït est libéré, l’armée irakienne est défaite», lance George Bush. Il ne sait pas encore que, douze ans plus tard, les Américains reviendront en Irak pour s’y embourber durablement.
«Le Parisien» du 1er mars 1991.

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui5749
mod_vvisit_counterHier2652
mod_vvisit_counterCette semaine12418
mod_vvisit_counterSemaine dernière24288
mod_vvisit_counterCe mois98968
mod_vvisit_counterMois dernier347580
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919838397

Qui est en ligne ?

Nous avons 1842 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42457942
You are here PRESSE XXI° 2016 DANS LE RETRO. 24 février 1991, les troupes occidentales entrent au Koweït