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Histoire de Camerone...

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Ainsi va le monde !

vendredi 27 avril 2012


Victor Ferreira

1996, ma rencontre avec Fred Samuel,
joaillier argentin (1907-2006)
par Victor Ferreira, adjudant-chef (er)

Nous étions rentrés de l’opération HERMINE (juin à novembre 1995) et allions partir quelques jours plus tard en République Centrafricaine (mai 1996). Le colonel Antoine  LECERF, qui était mon chef de corps  au 2e Régiment étranger d'infanterie, désigne la 1ère compagnie pour organiser la veillée de Camerone. Thème choisi : les Régiments de marche de volontaires étrangers (R.M.V.E). Le lieutenant Eric OZANNE et moi nous engageons dans cette mission. Nous décidons de retracer, en particulier, l’histoire du 22e RMVE, le régiment de Fred SAMUEL ; lequel est président de l’amicale et également un parrain du 2e REI. Un homme étonnant que j'ai rencontré à cette occasion. J’avais lu son histoire et connaissais son attachement au régiment.  Respectable, respecté, j'ai croisé un monsieur d’une très grande humilité, d'une totale simplicité et  d'une réelle discrétion, qui a su se faire un prénom… Il est venu au régiment pour la veillée avec ses camarades du 22e RMVE. Ils étaient moins de dix… Fred m'a raconté qu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, il s'était engagé dans la Légion puis, fait prisonnier,  il s'est évadé en 1941. De retour à Paris, il a repris son activité de joaillier ; cependant, juif alsacien, il subit l'interdiction d'afficher son nom sur son magasin. Samuel disparaîtra donc à jamais au bénéfice de son seul prénom, Fred. Nous sommes restés un peu en contact. Il m’a par la suite offert une parure de stylos en or et acier torsadé (pièces de collection) qui est depuis dans un coffre. Je vais maintenant aller les chercher…

Christian Morisot

Illusions perdues
par le chef de bataillon (er) Christian Morisot

Nous avions ce jour là, comme disent les marins, un vent favorable et les effluves des andouillettes que nous avions habilement grillées semblaient aimantées par la Place d’Armes où se déroulait la commémoration du célèbre combat de Camerone.
Ces fantômes, ectoplasmes de fumée, venaient délicatement frôler de leur émanation odorante les narines de tous les participants à la cérémonie, provoquant chez eux, un dérèglement hormonal incontrôlable. Leurs horloges biologiques détraquées indiquaient que l’heure du repas avait largement sonné. Nous ne pouvions nous rendre sur la place, notre priorité était la préparation de « l’après défilé », il nous fallait organiser la « méga-bouffe » des affamés, le déjeuner rapide de tous les amateurs de repas « fast-food », la kermesse qui suivait ne pouvait attendre.
Pris d’une envie pressante, je me dirigeais, tout naturellement, vers les toilettes chimiques industrielles, l’urgence commandait de ne point trop attendre, même si l’accès à ces dernières était rendu difficile par l’installation imprévue de tentes qui  rendaient le parcours particulièrement  tortueux.
A mi-chemin,  je constatais que j’étais suivi par une magnifique jeune femme vêtue d’un tailleur chic qui soulignait à la perfection sa taille fine. L’instant était à la tactique d’approche, je zigzaguais, m’arrêtais ; elle zigzaguait et s’arrêtait, plus de doute, la jolie personne me suivait. Devant cette situation autant inattendue qu’agréable, je décidai de faire front, je me lançais à affronter de face la jolie môme en lui demandant de but en blanc, cœur battant, pourquoi donc, me suivait-elle ?
Celle-ci m’offrant son plus joli sourire et empruntant la même voix que les hôtesse de l’air à Orly me dit qu’elle avait demandé à un monsieur l’endroit des toilettes, il lui avait répondu : « suivez le monsieur joufflu, il y va ! ».
Je la regarde interloqué, désemparé et je me mets audacieusement à citer, tout haut, une longue litanie apprise dans mon jeune temps : « Ô ! rage, Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie. Ô cruel souvenir de ma gloire passée ».
Sans se départir de son merveilleux sourire, la femme à l’allure altière me lança une œillade à faire fondre un régiment de sapeurs et malicieusement me dit : « Très joyeux Camerone, monsieur ! »
Les andouillettes ce jour là avaient un drôle de goût…

Robert Rideau

La parole donnée
                 par le général Robert Rideau, président de la Fédération des anciens de la Légion étrangère


Il y a six années  de cela, peu avant Camerone, je suis informé par le général commandant  la Légion de la possible défection du porteur désigné. Son médecin traitant estimant inopportune l’équipée envisagée. Je suis chargé de le sonder, de faire le point afin, si nécessaire, de procéder en urgence à la désignation d’un suppléant. Je m’acquitte de ma tâche. A l’évidence le bilan n’est pas bon, il est même inquiétant. Se déplacer sur plus de cinquante mètres est une épreuve pour notre homme. Je me montre persuasif, voire  pressant. Je  trouve les mots justes car surmontant ses réticences, il s’engage  à s’entraîner au quotidien, pas à pas, pour tenir sa place, toute sa place, le jour J.
Le 30 avril, installé dans  la position  confortable du spectateur en tribune, je suis préoccupé. J’ai mauvaise conscience. Les interrogations me taraudent. N’eut-il pas été plus sage de se ranger à l’avis de la Faculté et de dissuader l’Ancien de se rendre à Aubagne ? Va-t-il tenir le coup ?
Au travers de la triple haie des pionniers, garde prétorienne s’il en est, je devine plus que je ne vois « mon » porteur. Il remonte la Voie sacrée d’un pas assuré au rythme de La Sarabande de Haendel. Quelques instants après, au pied du monument aux morts, alors que s’égrène le récit du combat de Camerone, sous un déjà chaud soleil provençal, il observe un garde-à-vous à faire pâlir d’envie un jeune engagé volontaire. Je respire mieux. La descente de la Voie sacrée est à l’image de la montée : impeccable. Je souffle !
A l’issue, comme  il est de tradition, le porteur vient se placer à quelques encablures de la tribune  afin d’assister au défilé des troupes. Ayant noté ma présence il me fait face et le visage radieux, lève le pouce en signe de victoire. « Mission accomplie »  me fait-il comprendre. Il est peu de dire que la bière que nous bûmes quelques instants après, avait une saveur plus agréable que de coutume.
Cinq années plus tard, le 12 novembre 2011, à Lille, j’accompagnais le major Otto Willems à son « dernier bivouac ». Commandeur de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du mérite, Médaillé militaire, six fois cité, trois fois blessé, prisonnier à Dien-Bien-Phu, il avait fait souffler un certain 30 avril 2006 à Aubagne, l’esprit de Camerone : celui de la fidélité à la parole donnée.

Hubert Germain : "Je boucle l'affaire"

1re DFL

Comment avez-vous accueilli cette proposition de la Légion étrangère de vous proposer de porter la main du capitaine Danjou ?
Pour un ancien légionnaire, c’est le plus grand des honneurs. Le sacrifice du capitaine Danjou et de ses hommes définit le caractère de la Légion. Camerone en 1863, c’est une grande flamme. Mais, vous le savez, une flamme s’apaise. Ce qui est important, ce sont les braises. De génération en génération, elles sont toujours aussi ardentes. Je m’apprête, le 30 avril, à vivre un intense moment. Je suis entré à la Légion, j’avais vingt et un ans. J’en ai quatre vingt douze. Je « boucle donc l’affaire ». Et la Légion m’a accompagné toute ma vie…

Je vous sens déjà ému...
En 2012, nous commémorons le soixante dixième anniversaire de Bir-Hakeim. Je suis le dernier officier vivant de mon régiment, la 13e DBLE, à y avoir participé. J’ai derrière moi, « l’armée des ombres ». Tellement de figures m’apparaissent et m’apparaitront lorsque je porterais la main du capitaine Danjou…Des visages d’hommes qui m’ont influencé. Cela me chamboule ! Je suis la dernière voix à pouvoir en parler. Mais cet honneur m’appartient-il ?

Chaque fois que je vous rencontre, vous utilisez le langage de la tendresse pour parler de la Légion...
La Légion, je l’ai désirée ! En y entrant, je m’imposais une obligation de résultats. A vingt et un ans, je suis dans le désert de Libye. J’ai ensuite participé à tous les combats de la Seconde Guerre mondiale menés par mon unité. Jusqu’au Rhin. Je n’ai pas eu de jeunesse. Mais grâce à la Légion, je suis devenu un homme !

Et à quatre vingt douze ans ?
R Je vis avec un passé qui m’appartient. Quel intérêt d’en parler ? Je retiens ceci : j’ai été fidèle à mon destin ! Aujourd’hui, je suis moralement déçu de ce qu’est devenu mon pays. Mais je n’ai plus rien à dire. C’est à la génération, qui a dix huit-vingt ans, de se manifester….

Hubert Germain, le dernier officier de la 13 de Bir-Hakeim

En cette année marquant le soixante-dixième anniversaire de la bataille de Bir-Hakeim (Libye), c’est  Hubert Germain qui portera la main du capitaine Danjou, le 30 avril à Aubagne (commandement de la Légion étrangère). Il est le dernier officier encore en vie de la 13e DBLE ayant participé à la bataille et l’un des vingt huit Compagnons de la Libération vivants (la 13 est elle l'une des dix sept unités de l'armée française titulaires de la Croix de la Libération).


Fils d’un officier général, Hubert Germain parvient, le 24 juin 1940, avec trois camarades à embarquer à Saint-Jean-de-Luz à bord de l’Arrandora Star, qui appareille pour la Grande-Bretagne. En 1941, il est affecté à l’état-major du général Legentilhomme, commandant en Palestine la 1re Division légère française libre (DFL).
Après la campagne de Syrie à laquelle il participe, il est envoyé comme élève à l’école d’officiers de Damas en septembre 1941. Aspirant, il est affecté au 2e Bureau de l'état-major de la 1re Brigade française libre du général Koenig. En février 1942, il rejoint les rangs de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère et prend part à la campagne de Libye. Chef de section antichars, il se distingue dans les combats de Bir-Hakeim et est cité à l’ordre de l’armée. Promu sous-lieutenant en septembre 1942, il est des combats de l'Himeimat (El Alamein) en Egypte puis en Tunisie jusqu’en mai 1943. Blessé à Pontecorvo (Italie), le 24 mai 1944, il est évacué à Naples. H. Germain est décoré de la croix de Libération par le général de Gaulle fin juin puis participe au débarquement de Provence (août 1944), à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon. Il prend part enfin aux campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l'Authion. Appelé comme aide de camp auprès du général Koenig commandant les forces françaises d’occupation en Allemagne, le lieutenant Hubert Germain est démobilisé en 1946.
Chargé de mission au cabinet de Pierre Messmer ministre des armées, de 1960 à 1962 (puis, de nouveau, en 1967 et 1968), il sera député de Paris en 1962, réélu en 1968 puis en mars 1973. De 1972 à 1974, Hubert Germain est ministre des PTT puis ministre chargé des relations avec le Parlement (mars-mai1974).

Traduction

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