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La campagne de Madagascar, 1942

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I. Les raisons d’un débarquement britannique sur Madagascar.

Depuis plusieurs mois, la principale route maritime utilisée par les britanniques pour rejoindre l’Inde passe par le Cap. L’accès au canal de Suez est peu sûr, étant donné la forte activité aérienne au-dessus de la méditerranée et la présence accrue des U-boats allemands. Mais c’est surtout la nécessité absolue d’arrêter l’expansion japonaise qui vise maintenant Madagascar, qui prime aux yeux du commandement suprême britannique. En effet entre le 31 mars et le 10 avril 1942, les Japonais ont mené une série de raids dévastateurs sur les ports britanniques de l'Océan Indien, en particulier sur Colombo, Trincomalee et Batticaloa, situés sur l'île de Ceylan. La Navy, en tentant de s’interposer perd le croiseur HMS Hector (F-45), le destroyer HMS Tenedos (H-04), le porte-avions HMS Hermès (95), le destroyer HMAS Vampire (D-11) et la corvette HMS Hollyhock (K-64). Ces attaques humiliantes ont conduit la Navy à déménager dans une nouvelle base, plus lointaine: Kilindini, proche de Mombasa, au Kenya.
Les britanniques comprennent vite le danger potentiel d'une présence japonaise dans cette zone. S'ils utilisent les bases de Madagascar et notamment Diego Suarez (actuellement Antsiranana), le troisième plus grand port naturel du monde, les forces navales nippones menaceront les lignes de communication alliées dans une région qui s'étend du Pacifique à la France, au Moyen-Orient et à l'Atlantique sud. Cela affectera également le ravitaillement de la 8e armée et de la flotte britannique de l'Est, dans les océans Indien et Pacifique. En outre, une invasion de l’île mettrait également ceux-ci directement à portée de l’Afrique du Sud. Churchill est inquiet et il télégraphie à Roosevelt :

-« Une base aérienne, navale ou sous-marine japonaise serait en mesure de paralyser la totalité de nos routes maritimes à destination du Moyen Orient comme de l’extrême Orient ».

Le Field Marshal et premier ministre Sud-africain Jan Christian Smuts, envoie également un câble à Churchill où il fait part de ses préoccupations concernant Madagascar et où il affirme:

On craint que les Japonais puissent utiliser des bases sur l'île, dans leur avance vers le continent africain, de la même manière qu'ils ont récemment créé des bases en Indochine pour soutenir leur avance vers la Birmanie, la Malaisie, Singapour, Bornéo et les comptoirs hollandais de l’Est de l’Inde.
Côté français libres, Le général de Gaulle aimerait entreprendre une expédition française pour rallier Madagascar.     
Mais suite à son échec devant Dakar, il n’obtient aucun soutien du côté des britanniques pour la réalisation de cette opération. En fait, les plans d’invasion anglais ont déjà été réalisés et il a été tout simplement décidé que les français libres seraient laissés de côté. Ceux-ci ressentiront Cette opération comme un second Mers-el-Kebir…
Pendant ce temps, des négociations entre les forces de l’axe ont eu lieu entre décembre 1941 et janvier 1942.
Ceci afin de permettre de placer une limite à leurs champs d’action maritime respectifs sur les océans. La frontière entre les zones opérationnelles allemandes et japonaises dans l’Océan Indien est fixée à 70° Est de longitude. Toutefois des exceptions peuvent être permises si la situation le justifie. Le 14 mars 1942, l'Amiral Raeder informe Hitler que le Japon a projeté d'occuper Ceylan et d’établir ensuite des bases sur Madagascar. Pour cette dernière, les Japonais ont besoin de l'approbation de leur allié car Madagascar se trouve du côté allemand de la ligne de délimitation. Il faut aussi que le gouvernement de Vichy qui contrôle et défend la colonie donne son accord. Le 27 mars, la Kriegsmarine autorise le franchissement de la limite navale et demande à l’amirauté japonaise de lancer des opérations contre les convois Alliés dans l'Océan Indien. Le 8 avril, le Japon accepte officiellement et dépêche des sous-marins sur la côte est de l'Afrique. La menace japonaise se précise alors fortement…

II. Madagascar en 1942.

Après l’agression britannique contre la flotte française à Mers El Kebir, le 03 juillet 1940, le gouvernement de Vichy souhaite vivement renforcer sa présence Outre-mer afin d’organiser la défense des ports présentant un intérêt stratégique.
Dans ce but, il soumet une demande de renforts aériens et maritimes auprès de la commission d’armistice, mais n'obtiendra que quelques avions supplémentaires et quelques sous-marins. Dès l'été 1940, le Gouverneur Général Marcel de Coppet est limogé par Vichy pour avoir tenté de maintenir la grande île dans la guerre au coté des Britanniques. En effet, au cours du mois de juin 1940, suite au message de Lord Halifax qui demande aux autorités civiles et militaires de tous les territoires français d’Outre-mer de se battre au côté des alliés jusqu’à la victoire, Marcel de Coppet signale à son homologue de la Réunion, le Gouverneur Aubert, que sa colonie est décidée à résister.
Mais cette position anglophile irrite au plus haut point Vichy. Marcel de Coppet est remplacé par Léon Cayla, aux idées politiquement plus correctes. Celui-ci a déjà administré Madagascar entre 1930 et 1939. Le 11 décembre 1940, le Gouverneur Général Armand Léon Annet est désigné pour administrer Madagascar, en remplacement de Léon Cayla. Annet ne prend réellement ses fonctions d’administrateur colonial sur l'île que le 11 avril 1941, et prend la place de Victor Marius Bech, gouverneur général par intérim. Il est favorable à une administration coloniale française on ne peut plus loyale au régime du Maréchal Pétain. Il règne bientôt sur l’île une atmosphère de délation et d'anglophobie ambiante, une police politique faisant grand usage d'espions, une cour martiale fraîchement formée pour faire la chasse aux Gaullistes, bref, un territoire sujet à un régime arbitraire et autoritaire. Avec les militaires, Annet perpétue également les traditions coloniales et les troupes, sous le commandement du général Guillemet, mènent une vie morne de garnison. Au niveau économique, exportations et importations ont cessé, le riz indochinois n'arrive plus, il faut produire sur place et vivre presque en autarcie. Globalement, au début de 1942, l’île de Madagascar vit encore en marge de la guerre. Toutefois l’administration en place est plus que jamais fidèle au ministre des Colonies Jules Brevié.
Celui–ci a d’ailleurs donné à Annet l’ordre suivant :

- "Si des sous-marins japonais viennent, ne les traitez pas en agresseurs, même s'ils restent plus longtemps que ce que la loi permet."

Les craintes de Londres au sujet d’une occupation japonaise de l’île Rouge sont donc plus que jamais fondées.

Le régime de Vichy sait que Madagascar présente un intérêt stratégique non négligeable. A l’Ouest de l’île, se trouve la Baie du Courrier, située à l’Est de toute une série de baies qui se rassemblent dans ce qu’on appelle la Baie de Diego Suarez et où on peut relever en particulier la Baie des Français et la Baie des Cailloux Blancs qui sont parmi les plus importantes.

La Baie du Courrier est largement ouverte vers l’Océan et vers le Canal du Mozambique mais ce n’est qu’apparent car cette baie est d’accès extrêmement difficile car pleine de récifs. La vaste baie de Diego Suarez assure un mouillage qui en fait le meilleur port de l'océan indien. On peut y loger toute une escadre.

Elle est quasiment fermée et ne communique avec la mer qu’à l’Est, par un étroit goulet appelé la passe d’Orangea. Celle-ci étroite mais profonde présente donc un accès maritime plus facile et permet aussi de bonnes possibilités de défense. La France, dès 1895, a reconnu la valeur de l'endroit et elle y a édifié des installations portuaires et maritimes.
Un arsenal vient d’y être achevé récemment.
Plus au Sud de la Baie de Diego Suarez, se trouve également la baie de Rigny qui aura son importance dans la bataille.
L’organisation de la défense de toute cette zone a été conçue et réalisée presque un demi-siècle auparavant.

En 1897 ce sont le Maréchal Lyautey et le futur Maréchal Joffre, artilleur qui ont mis en place l’essentiel de la défense de la région de Diego Suarez, en s’appuyant sur quelques points de défense conçus pour protéger des secteurs d’approche jugés essentiels : Antsiran, la presqu’île d’Orangea, et la presqu’île de Diego Suarez, juste au Nord d’Antsiran. En 1942, les défenses de l’époque sont toujours pratiquement en l’état et n’ont été ajoutées comme défenses fixes qu’une batterie d’artillerie de 138mm vers la Baie du Courrier, et une batterie d’artillerie de 164mm dans la presqu’île d’Orangea, face à l’Est, pour protéger l’entrée de la Baie de Diego Suarez. Ces défenses sont des plus modestes car elles sont conçues à partir de fortins tout à fait élémentaires avec des lignes de tranchées ou de fossés anti-chars très nettement insuffisants.

Pour l’armée de terre, la garnison, sous le commandement du général Guillemet et du capitaine de vaisseau Maerten, est forte d'environ 4 000 hommes, dont 800 européens, mais elle est hétéroclite. L’infanterie comprend principalement deux Régiments Mixte Malgaches et un Bataillon de Tirailleurs Malgaches. Ils sont composés de quelques cadres français, d’un nombre relativement important de tirailleurs sénégalais et pour le reste de tirailleurs malgaches dont la valeur militaire est, pour le moins, contestable. Ces régiments ne comportent véritablement que trois bataillons à trois compagnies de combat, d’une importance modeste et dont la dotation en armement est assez faible. Par compagnie, on trouve en armement lourd, 4 ou 5 mitrailleuses et 7 ou 8 fusils-mitrailleurs.
L’armement standard du fantassin malgache reste encore le vieux Lebel.
L’armée de l’air dispose près d’Antsiran, de quelques avions obsolètes sur le terrain d’aviation de Diego Arrachart,  
Ce sont principalement des Morane et des Potez, qui ne peuvent guère être utilisés que pour la reconnaissance et avec lesquels les aviateurs ont peu l’occasion de s’entraîner, faute d’essence. Une autre base, plus éloignée, avec 11 MS 406 opérationnels, se trouve à Tannanarive-Ivato.
La principale force de défense de Madagascar reste la Marine Nationale. A Diego Suarez, le 5 mai 1942, on trouve le croiseur auxiliaire "Bougainville", un bananier armé en guerre qui a servi à diverses missions dans l’Océan Indien et au ravitaillement de Djibouti; l’aviso colonial "d’Entrecasteaux", (participe à la bataille de Dakar en Septembre 1940) et quelques sous-marins dont le "Béveziers", en arrêt technique dans l’arsenal d’ Antsiran. En mer, le sous-marin "Héros" est en route vers Djibouti au moment de l’attaque et le "Monge", autre submersible de 1500t, se trouve à la Réunion.

III. L’opération IRONCLAD, 5 au 7 mai 1942.

Pour l’Amirauté britannique, détenir Madagascar permet d’avoir une base prête à soutenir la 8ème Armée dans le Nord de l’Afrique comme d’avoir un tremplin pour renforcer la 14ème Armée en Birmanie. L’île Rouge et son administration favorable à Vichy est donc considérée comme tenue par l’ennemi et une opération amphibie est décidée pour s’en emparer.
Les Sud-africains promettent leur concours, quant aux américains, ils refusent de s'associer à cette attaque. Roosevelt espère encore une attitude conciliatrice de Vichy avec laquelle il préfère traiter plutôt qu’avec « le dérangeant » De Gaulle. Il a envoyé l'amiral Leahy comme ambassadeur extraordinaire auprès du Maréchal Pétain. Pendant ce temps, à Alger, le consul Murphy s'active car l’Opération Torch ne tardera plus à se déclencher. Les sud-africains se préparent également à accueillir et à ravitailler le futur convoi d'invasion. Ils mettent leurs forces aériennes à disposition des britanniques pour mener notamment des missions de reconnaissance. Le 22 avril 1941, l'Afrique du Sud rompt officiellement ses relations diplomatiques avec le gouvernement de Vichy.
Pour mener à bien l’expédition, Un convoi naval de plus de 50 navires de la Royal Navy a été prévu. C’est le plus puissant rassemblé par les alliés depuis le début de la guerre. Les bâtiments proviennent de la Force H, de la British Home Fleet et de la flotte britannique de l'Est, commandée par l'Amiral Edward Neville Syfret. Ce convoi, une fois rassemblé à Durban, sur la côte Est de l’Afrique du Sud, comptera notamment 2 navires de guerre de type cuirassés, 2 porte-avions, 2 croiseurs, 13 destroyers, 8 corvettes et 4 dragueurs de mines. Le 29 avril, après avoir été ravitaillé, il traverse l’Océan Indien, emportant une force d’invasion composite qui inclue la 29th Indépendent Brigade, la 13th Brigade britannique et une partie de la 17th Brigade. Son objectif est de débarquer plus de 15000 hommes en deux jours.

IV. Composition de la force d’invasion.

Forces navales (Force 121).

Cuirassés :

HMS Ramillies (07), Classe Royal Sovereign
HMS Malaya (01), Classe Queen Elizabeth, retour à Freetown 18/04/42, détaché Force H, à Gibraltar

Porte-avions :

HMS Illustrious (87), Classe Illustrious
HMS Indomitable (92), Classe Illustrious

Croiseur lourd:

HMS Devonshire (39), Classe London

Croiseur léger :

HMS Hermione (74), Classe Dido

Destroyers :

HMS Active (H-14), Classe A (coule le sous-marin Monge, le 08/05/42)
HMS Anthony (H-40), Classe A
HMS Duncan (D-99), Classe D
HMS Inconstant (H-49), Classe I
HMS Javelin (F-61), Classe J
HMS Laforey (G-99), Classe L
HMS Lightning (G-55), Classe L
HMS Lookout (G-32), Classe L
HMAS Nizam (G-38), Classe N, bâtiment australien
HMAS Norman (G-49), Classe N, bâtiment australien
HMS Pakenham (G-06),Classe P
HMS Paladin (G-69), Classe P
HMS Panther (G-41), Classe P, (Coule le sous-marin Monge, le 08/05/42)

Corvettes :

HMS Freesia (K-43), Classe Flower
HMS Auricula (K-12), Classe Flower (coulé le 06/05/42)
HMS Nigella (K-19), Classe Flower
HMS Fritillary (K-199), Classe Flower
HMS Genista (K-200), Classe Flower
HMS Cyclamen (K-83), Classe Flower
HMS Thyme (K-210), Classe Flower
HMS Jasmine (K-23), Classe Flower

Dragueur de mines :

HMS Cromer (J-128), Classe Bangor
HMS Poole (J-147), Classe Bangor
HMS Romney (J-77), Classe Bangor
HMS Cromarty (J-09), Classe Bangor

Transports d’assaut :

SS Winchester Castle (Landing Ship Infantry)
SS Royal Ulsterman (LSI)
HMS Keren (LSI), (transporte notamment le 2nd Bn. Royal Scots Fusiliers)
SS Karanja (LSI)
MS Sobieski, navire Polonais Libre (LSI)

Transports de troupes civils mobilisés :

SS Oronsay, paquebot, (transporte notamment le 1st Bn. Royal Scots Fusiliers)
SS Duchess of Atholl, paquebot canadien
SS Franconia, paquebot
SS Llandaff Castle, paquebot

"Special" ships :

HMS Derwentdale (Landing Ship Tank), transport engins amphibie motorisé et chars
HMS Bachaquero (LST), transport et débarquement de chars, ex-cargo vénézuélien de Maracaibo

Transports logistiques de ravitaillement et médicaux :

HMS Empire Kingsley, cargo
HMS Thalatta, cargo
HMS Mahout, cargo
HMS City of Hong Kong, cargo
HMS Mairnbank, cargo
HMS Martand , cargo
HMS Atlantis,navire hôpital n°33 (où seront soignés les blessés du Béveziers. Chargera aussi les blessés de l’Auricula, transbordés du SS Batori)
HMS British Loyalty (pétrolier), coulé le 30/05/42 par le sous-marin de poche japonais, M-20b.
MS Batori (transatlantique polonais, reconverti en navire hôpital, accueille les blessés du HMS Auricula)

Le débarquement aura lieu en trois vagues d’assaut successives et le commandement britannique espère ne rencontrer qu’une faible opposition Vichyste.

Forces terrestres.

1ère vague d’assaut:

Commando No. 5

29th Infantry Brigade (Brigadier General Festing)
- 2nd South Lancashire Regiment
- 2nd East Lancashire Regiment
- 1st Royal Scots Fusiliers, (Lieutenant-Colonel J. F. Armstrong)
- 2nd Royal Welch Fusiliers
- 455th Independent Light Battery (Royal Artillery)
- 145th Light Anti-Aircraft Troop
- 236th Field Company, Royal Engineers
- 1 compagnie MG (mitrailleuses)
- unités sanitaires et de transmissions

2ème vague d’assaut:

17th Infantry Brigade Group, 5th Division (Brigadier general Tarleton)
- 2nd Royal Scots Fusiliers, (Lieutenant-Colonel I. D. Maclnnes)
- 2nd Northamptonshire Regiment
- 6th Seaforth Highlanders
- « B » Special Service Squadron, R.A.C, (4 Troops équipées chacunes de 2 chars légers Tetrach et un char moyens Valentine)
- 9th Field Regiment (Royal Artillery) ou 91st?
- 38th Field Company Royal Engineers
- 141st Field Hospital Royal Army Medical Corps
- unités sanitaires et de transmissions

3ème vague d'assaut (débarque près de Diego Suarez, le 06/05/42):

13th Infantry Brigade (5th Division)
- 2nd Cameronians
- 2nd Royal Inniskilling Fusiliers
- 2nd Wiltshire Regiment

Royal Air force.

Embarqué sur le porte-avions Illustrious :

-881st Squadron : 12 Grumman martlet II (Lieutenant Col J.C Cockburn)
-882nd Squadron : 8 Grumman martlet I, 1 Fairey Fulmar NFI (Lieutenant Col. H.J.F Lane)
-810th Squadron : 10 Fairey Swordfish II (Lieutenant Col. R.N Everett)
-829th Squadron : 10 Fairey Swordfish II ASV (Lieutenant Col. F.M Griffiths)

Embarqué sur le porte-avions Indomitable :

-800th Squadron : 8 Fairey Fulmar II (Lieutenant Col. J.M Bruen)
-806th Squadron : 4 Fairey Fulmar II (Lieutenant Col. J.N Garnett)
-880th Squadron : 6 Hawker Sea hurricane IB (Lieutenant Col. F.E.C Judd)
-827th Squadron : 12 Fairey Albacore I (Lieutenant Col. D.K Buchanon-Dunlop)
-831st Squadron : 12 Fairey Albacore I (Lieutenant Col. P.L Mortimer)

Forces aériennes sud-africaines (S.A.A.F):

20th South African Air Force Squadron (colonel SA Melville), opérant à partir de Lindi (Tanganyika), en Afrique du Sud. Se pose sur Arrachart le 13 mai. 1ère sortie opérationnelle le 15 mai.

-Flight 32 : 5 Glen Martin Maryland (Major D. Meaker)
-Flight 36 : 6 Bristol Beaufort (Major J. Clayton)
-Flight 37 : 1 Glen martin Maryland et 5 Bristol Beaufort (Major K. Jones)
-12 Lockheed Lodestar de transport, 6 JU 52 (Lt Colonel Durrant)
- 6 Lysander (433rd Army Co-peration Flight)

V. Les troupes fidèles à Vichy sur Madagascar.

Marine Nationale

Aviso colonial:

D’Entrecasteaux ( PG-79), coulé le 06/05/42
D'Iberville (PG-82), Cdt CF Mas de St Maurice, stationné à Androka, le 05/05/42

Croiseur Auxiliaire:

Bougainville (ex Victor Schoelcher), coulé le 05/05/42

Sous-marins:

Le Béveziers (Q-179), (Lieutenant de Vaisseau B. Richard)
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t, Classe Pascal, coulé le 05/05/42
Le Héros (Q-170), (Lieutenant de Vaisseau Lemaire)
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t, Classe Pascal, coulé le 07/05/42
Le Monge (Q-144), (Lieutenant de Vaisseau Marcel Delort)
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t, Classe Pascal, coulé le 08/05/42
Le Glorieux (Q-168), Lieutenant de Vaisseau Bazoche, stationné à Majunga, le 05/05/42
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t, Classe Pascal

* Plus quelques autres batîments légers qui ne prendront pas part à la bataille.

Les Forces Terrestres.

Pointe Nord et côte Ouest de l’île:

2ème Régiment Mixte Malgache (Colonel Rouves)
- 1er Bataillon du 2ème Régiment Mixte Malgache (Antsirane)
- 2ème Bataillon du 2ème R.M.M (Camp d’Ambre, Diego Suarez)
- 3ème Bataillon du 2ème R.M.M (1ère Cie à cap Diego, 2ème Cie à la batterie d’orangea, 3ème Cie à la batterie de la Baie du courrier, à l’observatoire de Windsor Castel et à la Baie d’Ampasindava (Ambanja).

2 sections de réservistes et de volontaires à Nossi-Bé
1 Bataillon du 1er RMM à Majunga dont 1 compagnie à Maevatanana

Côte Est:

1 Bataillon du 1er RMM à Tamatave dont 1 compagnie à Brickaville
1 Section d'artillerie (75mm) à Tamatave

Centre de l'île:

1 Bataillon du 1er RMM à Tananarive
1 Détachement Motorisé de Reconnaissance à Tananarive (2ème R.M.M)
Batterie d'Artillerie Coloniale de l'Emyrne à Tananarive (B.A.C.E)
1 Section d'artillerie (75mm) à Tananarive
1 Compagnie du génie à Tananarive
1 Compagnie du Bataillon de Tirailleurs Malgache à Fianarantsoa

Sud de l'île:

1 compagnie du Bataillon de Tirailleurs Malgache à Fort dauphin
1 compagnie du Bataillon de Tirailleurs Malgache à Tuléar

* un Bataillon de Légion Etrangère est par deux fois mentionné dans les comptes-rendus de la 29th independent Brigade et du N° 5 Commando. Auquel cas, ce pourrait être le B.L.E.M (Bataillon de Légion Etrangère de Madagascar). Mais aucun document en ma possession n’a pu en attester. En outre une confusion britannique est possible.

Les Forces Aériennes.

Escadrille de chasse 565 et Escadrille de renseignement 555, amalgamées en Groupement Aérien Mixte (Capitaine Léonetti)

Base aérienne 181 (BA 181), à Ivato:

EC 565 : 17 Morane Saulnier MS 406, dont 11 en état de vol (Capitaine Bachet)
ER 555 : 6 Potez 63.11 (Lieutenant Le Boedec)

Détachement G.A.M à Diego Arrachart:

6 Potez 63.11 (Lieutenant Rossigneux)
5 MS 406
2 biplans Potez 25 TOA (évacuation sanitaire)
quelques Potez 29 (évacuation sanitaire)

VI. Combats sur mer et dans le ciel à Diego Suarez.

Il est 5h10 du matin. L’aurore point à peine, lorsque les britanniques débutent leurs opérations aériennes.
Des reconnaissances aériennes discrètes ont déjà été menées les jours précédents par la South African Air Force. L'affrontement débute vers quatre heures quand des Martlet abattent le lieutenant Rossigneux à bord de son Potez 63.11. La Navy entame ensuite un bombardement sur la péninsule d’Orangea.
Les marins à Diego Suarez sont réveillés brutalement par des explosions de bombes et de torpilles.
Des avions torpilleurs Swordfish et Fairey Albacore lancent une attaque contre les bâtiments dans la rade. Simultanément les Sea Hurricane IB du 880th Squadron ont décollé du pont du porte-avions Indomitable. Avec comme Leader, le Lieutenant R.J. Cork, ils mènent un raid contre le camp d’aviation Arachart, au Sud d’Antsiran. A six heures, tous les avions de la base sont hors de combat (2 Potez 63.11 détruits au sol, 5 MS 406 perdus lors de la destruction de leur hangar, 3 Potez 63.11 détruits en combat aérien par le 881st Squadron, 2 MS 406 endommagés au sol) et les installations sont sérieusement touchées. Certains avions lâchent des tracts réclamant la reddition immédiate et inconditionnelle de l'île, pendant que d’autres, pour ajouter à la confusion, larguent de faux parachutistes.

Les pertes sont également importantes pour la marine. Le "Bougainville", mouillé en baie de la Nièvre, est touché vers 05h10 par une torpille à l'arrière lors d’une attaque lancée par 5 à 6 avions Swordfish. Une seconde torpille le touche à l'avant quelques minutes plus tard. Il prend feu et s'enfonçe par l'arrière tandis que sa DCA continue de tirer.
Son équipage qui compte un tué et une cinquantaine de blessés, est recueilli par les embarcations et les remorqueurs de l'arsenal. La plupart de ces marins participeront ensuite à la défense terrestre. Le commandant du Bougainville, le Capitaine de Frégate Fontaine sera tué au combat le lendemain. L’aviso colonial "d’Entrecasteaux", échappe à la destruction car son faible tirant d’eau lui permet de voir miraculeusement les torpilles lui passer dessous. Le "Bézéviers" se fait « cueillir » par le bombardement alors qu’il appareille avec à peine 2/3 de son équipage, pour tenter de sortir de la grande rade, vers 6 h00. La faible profondeur de la darse ne le met pas à l'abri des avions torpilleurs. Trois Swordfish le grenadent, il est alors touché et commence à dériver. Il subit deux nouvelles attaques qui atteignent sa coque.
A 6h 10, le sous-marin commence à couler. Le commandant fait faire surface et tout l'équipage évacue le sous-marin qui sombre. C’est alors qu’un des trois Swordfish vire, revient sur le lieu de l’attaque et mitraille les naufragés, faisant cinq tués et de nombreux blessés parmi les marins du Béveziers.
Dès le début de la matinée du 5 Mai, la Marine française, entièrement surprise, a donc perdu la quasi totalité de ses moyens. Pour les défenseurs de Madagascar, il ne peut plus y avoir de combat que pour l’honneur. La RAF ne déplore que la perte de cinq appareils, des Swordfish appartenant tous au 829th Squadron.
Toutefois, le sous-marin « Le Glorieux » s’en tire plutôt bien. Au mouillage à Majunga depuis le 2 mai pour réparer ses deux moteurs diesels, il a déjà appareillé pour la Baie du courrier, lorsque l’attaque britannique se déclenche.
Il tente sans succès de torpiller l’Illustrious, puis il rejoint le "D'Iberville" à Androka, au Sud-Ouest de l'île.
Le 16 mai, ils mettent ensembles le cap sur Dakar, toutes liaisons radios coupées avec Diégo Suarez.
Le "D'Iberville" ravitaille en pétrole "Le Glorieux" et les vivres et l'eau douce sont rationnées. Le 20 juin, le croiseur auxiliaire "Quercy" vient à la rencontre du convoi qui se traîne péniblement sur un moteur Diesel pour économie de carburant et les ravitaille en pétrole, eau et vivres frais. Finalement, Le convoi arrive à Dakar le 22 juin et débarque ses équipages éprouvés et fatigués, d’avoir passé 47 jours de mer dans des conditions particulièrement pénibles.
Le commandement à Diego Suarez est désemparé, mal informé et les communications sont très difficilement établies.
Il n’a pas encore d’idée précise des objectifs de l’invasion britannique. En fait, à cet instant, il ignore que le débarquement en Baie du Courrier est en cours, et pensent que les Anglais tentent de débarquer en Baie de Rigny. 
En outre, il ignore que la batterie de 138mm de la Baie du Courrier a été neutralisée par un commando anglais, pratiquement sans effusion de sang, et que les transmissions ont été sabotées. La perte de la batterie de la Baie du Courrier et le débarquement anglais ne seront véritablement connus à Diego Suarez que vers onze heures du matin, quant un marathonien ayant couvert la distance à pied entre cette Baie et Antsiran apporte ces tristes informations. On doit ces troubles dans les communications à l’action du Mauricien Percy Mayer qui vivait sur Madagascar et était chef de mission du SOE. Agissant sous les ordres du Lieutenant Colonel Todd, il relevait depuis des mois, des informations sur les ports, les mouvements maritimes, les ponts et les communications. Son épouse les transmettait ensuite en Afrique du Sud. La veille du débarquement, il se rendit lui-même sur le terrain pour saboter les fils téléphoniques entre Diego Suarez et la Baie du Courrier.

VII. L’action du commando n°5.

A L’aube du 5 mai, le convoi britannique 121 se positionne à hauteur des Baies du Courrier et d’Ambarata, sur la côte Nord-Ouest de Madagascar. Il se situe alors à environ 11 miles de Diego Suarez. Les dragueurs de mines et les plongeurs dégagent un chenal à travers les mines nautiques. Ils ne rencontrent pas d’opposition. Malgré toutes ces précautions, la Navy perdra pourtant la corvette Auricula qui sautera dans la journée sur une mine au large, à 13H15. Ce navire sombrera le lendemain vers 10h00.
Le commandement français ne s’attend pas à une attaque de ce côté de l’île. Il juge que cette partie du littoral est impénétrable à une force navale à cause des nombreux récifs coralliens. Mais la Navy a depuis longtemps étudié les fonds marins à cet endroit et n’a pas tardé à découvrir un passage par lequel la force de débarquement s’est infiltrée.

Les forces de la première vague sont prêtes pour partir à l’assaut des cinq secteurs désignés :

Red beach :
- Commando n°5
- 2nd East Lancashire Regiment ( Cie B )

White Beach :
- 2nd Royal Welsh Fusiliers( Cies A et B )
- 2nd South Lancashire Regiment
- QG de la 29e Brigade

Blue Beach :
- 2nd East Lancashire Regiment ( Cies A et C )
- 2nd Royal Welsh Fusiliers( Cie C)

Green Beach :
- 1st Royal Scots Fusiliers


Les premiers combattants à débarquer appartiennent au commando britannique N°5 (dépendant de la 3rd Commando Brigade). Commandés par le Lieutenant Colonel W. Sanguinetti, ils ont embarqué à Glasgow le 23 mars 1942, à bord du Winchester Castle qui s’est joint au rassemblement des convois. Le commando s’est aguerri au combat lors des opérations Acid drop en juillet 1941 contre Hardelot et Merlimont puis lors de l’opération Chariot à St Nazaire, en mars 1942. Il représente un effectif de 365 hommes parfaitement entraînés et expérimentés.
Les barges s’approchent à 04h30 de la plage. Au dessus d’elle s’élève une petite falaise haute d’une quinzaine de mètres et nommée Windsor Castle. Elle sert d’observatoire à la fameuse batterie d’artillerie côtière de 138mm qui est l’objectif à réduire au silence, avant le débarquement. Bénéficiant de l‘effet de surprise, les commandos entament silencieusement l’escalade de la paroi et surprennent totalement les artilleurs, pour la plupart endormis. Ils s’emparent d’un bond de la position et capturent quelques officiers et sous-officiers français ainsi que des soldats malgaches et sénégalais. La position est fermement tenue et permet ainsi aux troupes du Général Sturges d’entamer leur débarquement dans de bonnes conditions. A 04h45, les Royal Scots Fusiliers et Welsh Fusiliers débarquent à leur tour. Ils ne rencontrent pas de résistance terrestre mais son pris à parti par un avion qui les mitraille au sol. (Lt Rossigneux ?)


Tôt dans la matinée, une contre-attaque vichyste est lancée contre la batterie occupée. La charge et menée par deux sous-officiers français, à la tête d’une section regroupant environ 40 soldats coloniaux.
Les commandos repoussent leurs assaillants à la baïonnette et les deux cadres français sont tués. Les hommes restants alors sans chef, jettent leurs armes et se constituent prisonniers. Les pertes britanniques sont légères : quelques commandos et le Captain « Chips » Heron ont été blessé dans un traquenard. L’officier s’est avancé avec ses hommes pour accepter la reddition d’un groupe d’observateurs d’artillerie levant le bras en haut de la colline. Mais par dessus les rangs français quelques grenades sont lancées et éclatent parmi le groupe de commandos. Les britanniques ripostent immédiatement et les abattent.

 

VIII. Le baroud d’honneur du PG-79 d’Entrecasteaux.

Sur les plages, le débarquement se poursuit mais il est sérieusement ralenti par l’action de l’aviso D’"Entrecasteaux". Celui-ci a réussi à l’aube, à échapper aux torpilles britanniques et à sortir de la rade. Pendant toute la journée du 5 mai, il va combattre à l’intérieur de la Baie de Diego Suarez, évitant les torpilles et les bombes, manoeuvrant dans tous les sens, mais sans être touché trop sérieusement. Le général Sturges, commandant les troupes de débarquement, demande au HMS Ramillies d'éliminer le d'Entrecasteaux dont le tir précis empêche le progression à terre. Mais malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à couler l’Aviso. Néanmoins, le D’Entrecasteaux reçoit des éclats qui lui font des voies d’eau. En fin de journée il vient se mettre à l’abri dans la Baie des Cailloux Blancs et s’y échoue par des petits fonds, de façon à pouvoir continuer sa mission. Avec son artillerie de 138, il continue à prendre le convoi sous ses feux et arrête notamment la progression d’une batterie d’artillerie qui tente de rallier le Cap Diego. Le 6 mai, la Royal Navy parvient enfin à repérer et à endommager le bâtiment français qui les harcèle et les exaspère depuis 36 heures. Les explosions à bord tuent un officier et quinze officiers mariniers et matelots, l’aviso coule partiellement. Il sera renfloué en 1943 et reprendra du service en 1944.

IX. Un assaut amphibie réussi.

La 29ème Brigade Indépendante a achevé son débarquement sur deux plages dans la Baie d'Ambararata et s’avance maintenant dans la mangrove entre les palétuviers sur l'isthme d’Antsirane. De la plage, L’amiral Syfret décide d’envoyer un message radio à destination du commandant français. Dans celui-ci, il déclare que l'occupation britannique de l'île est dans l'intérêt commun de la France et des alliés et lui assurance son amitié et son respect.
Il souhaite avant tout éviter un bain de sang inutile. Au 1er Bn. Royal Scots fusiliers, le colonel Armstrong a attendu que sa compagnie “D” rejoigne le reste du Bataillon. Un groupe de reconnaissance a déjà poussé à l'intérieur des terres. Le bataillon le suit à dix minutes d’intervalle et progresse alors à cadence forcée. Aucun véhicule n’a encore été débarqué et il faut porter à dos d’hommes munitions, mitrailleuses, mortiers de 3 pouces et vivres pour 48 heures.
Les hommes souffrent de la chaleur et fatiguent vite mais il n'y a pas de pause, la vitesse est essentielle pour garantir la surprise dans l'attaque. Une course s’engage pour traverser l’isthme entre le 1er Bn. Royal Scots Fusiliers, parti de Green beach et le 2nd Bn. Royal Welch Fusiliers du Colonel Stockwell, parti de White beach, sur une piste de fortune courant entre Ambararata et Mangoky. Le bataillon qui atteindra le premier la sortie de l’isthme se verra confier la mission de marcher directement sur le port d’Antsirane pendant que l'autre aura la tâche secondaire de s’emparer et de tenir l'aérodrome d'Arrachart, à 8 kilomètres au Sud de la ville. Ce sont finalement les fusiliers gallois qui gagnent de justesse cette course. A la tombé de la nuit les deux unités font leur jonction puis sont engagées dans de durs combats devant Antsirane.
Après les combats autour de la batterie de 138mm (No.7 Coast Defence Battery), les marines du Commando N° 5 ont été rejoints par le 2nd Bn. Lancashire Regiment. Ils se réapprovisionnent lourdement en munitions et en grenades puis entreprennent de remonter pendant 29 kilomètres l’isthme du Cap d’Ambre jusqu’à Cap Diego. Ils s’avancent sous un vent chaud et une chaleur étouffante. Un sévère accrochage a lieu contre une unité de la Légion étrangère. Finalement les légionnaires se rendent et font soigner leurs 50 blessés par les britanniques. Le commando numéro 5 participe à la réduction de poches de résistances locales tenues par des coloniaux (notamment au fort de Bellevue) et à 11h00, s’empare de la ville d’Ambilobe.

X. Coup d’arrêt au Col de Bonne Nouvelle.

Diego Suarez est toujours aux mains des troupes vichystes. Le reste de la 29th Independant brigade reçoit l’ordre de s’en emparer et entame son avance dans la plaine d’Anamakia, s'étendant entre la Baie de Courrier et la Baie de Diego Suarez. C’est une plaine semi désertique, couverte par endroit de hautes herbes, de cactus, de roches et de buttes sablonneuses. Ses reliefs naturels la rendent propice aux embuscades et au harcèlement des tireurs d’élites. 
Le seul point dominant qui permet une observation lointaine est un éperon qui contrôle le Col de Bonne Nouvelle.
Cet éperon, qui après la bataille portera le nom de « Montagne des Français », domine la Baie Sud de Diégo et la ville et culmine à 425m.
Vers 9h30 du matin, les hommes du 2nd Bn. Royal Welch Fusiliers se trouvent à l’Ouest du village d’Anamakia.
Sur la route Ambararata-Antsirane, ils stoppent aux Salines d'Anamakia, un véhicule et font prisonnier un officier de marine français accompagné de trois supplétifs. Après avoir été interrogé, l'officier de marine reçoit alors une lettre de l'Amiral Syfret pour le Gouverneur d'Antsirane, puis il est laissé libre de repartir dans son automobile.
Cette lettre aura apparemment une influence sur les événements qui suivront. Le message contient sensiblement les informations suivantes :

-« Les forces qui luttent pour restituer la liberté dans le monde et protéger le libération de la France et des territoires français demandent la capitulation inconditionnelle de Diego Suarez afin d’éviter le massacre.
Les Alliés ne convoitent pas un pouce du territoire français. Les bases navales resteront françaises et seront restituées après la guerre. Les salaires coloniaux et les pensions seront honorés. Le rapatriement vers la France métropolitaine sera autorisé et le commerce rétabli. »


A Antsirane, le Gouverneur militaire général Annet, pense savoir où son devoir se trouve. Conformément aux ordres de Vichy, Il luttera fermement. Il a déjà repoussé des ouvertures britanniques précédentes, en déclarant qu'il défendrait la ville jusqu’au dernier homme. Dans la journée, il reçoit un message du Maréchal Pétain, l'enjoignant de résister à l'attaque britannique :

- « Je suis au coté du commandement militaire dans cette tragique épreuve où il défend l'honneur de la France. »

Mais pour l'instant le Gouverneur Général n'a aucun renseignement précis sur la direction de l'offensive.
Les attaques de diversions réussies à Diego Suarez et sur l’aérodrome d’Arrachart ont semé le trouble et la confusion dans les rangs français. Des ordres sont rapidement donnés pour protéger les intérêts français sur l’île. Ainsi, le cargo Cargo Général Duchesne, parti du port de Tamatave le 5 mai, au petit jour pour ravitailler Djibouti en bétail, reçoit l’ordre de faire demi-tour et d’aller se réfugier à Mayotte (il y sera saisi par les anglais le 22 juin 1942).
L'arrivée de l'officier de Marine, porteur de la lettre du commandant en chef britannique, indique enfin au Gouverneur Annet que le danger vient de l'Ouest. Très vite, le commandement français se ressaisit et obtient des renseignements locaux sur l’avance des britanniques. Une ligne de défense hâtive est organisée et la progression des troupes anglaises se trouve rapidement stoppée devant Antsirane comme en direction de Diégo Suarez.
Les français s’organisent surtout le long de la ligne G-H (G et H étaient les noms de deux fortins), qui protège la presqu’île d’Antsirane. Cette presqu’île présente la forme d’un doigt qui s’avance dans au Sud de la Baie de Diego Suarez et sa largeur n’excède pas 2 à 3 kilomètres. Une compagnie du 2ème Régiment Mixte Malgache s’y trouve déjà. Elle est bientôt renforcée par quelques canons de 75mm mobiles et d’un détachement de 130 marins dont les bâtiments ont été coulés dès l’aube (essentiellement provenant du "Bougainville"et du "Béveziers").
Sous le commandement du Capitaine de Frégate Fontaine, commandant du "Bougainville", assisté du Capitaine de Corvette Magyar, son second et du Lieutenant de Vaisseau Richard qui commandait le "Béveziers", Ces marins tentent d’arrêter les Anglais sur la ligne G-H. Les troupes sont peu armées et les marins doivent tenir environ 2000m de front..

A 11h15, l’avance du 2nd Royal Welsch Fusiliers est stoppée. Les véhicules de tête sont pris sous un feu nourri en provenance des positions protégeant le col de Bonne Nouvelle, solide poste avancé, équipé d’emplacements de mitrailleuses, de tranchées et d’abri. Deux compagnies sont envoyées par le flanc pour tenter de déloger les défenseurs. Mais les français tiennent le col fermement. Il faudra attendre l’intervention de 4 chars Valentine venus d'Anamakia pour appuyer les Welch et détruire les nids de mitrailleuses. L'infanterie ne parviendra finalement à s’emparer du col qu’à 16h15, après un assaut à la baïonnette, pendant lequel deux officiers gallois et plusieurs soldats seront tués.
Les britanniques se rendent vite compte qu'ils ont des cartes du secteur assez imprécises et que qu'ils doivent être éclairés et renseignés en profondeur. Dans ce but, trois chars légers Tétrach contournent le col de Bonne Nouvelle et entament leur reconnaissance vers Antsirane.
Mais dès midi trente, il sont en contact avec lles français sur la ligne G-H, près du point 48 entre Con Rosina et Con barriquand. Un char détruit immédiatement une mitrailleuse montée sur un véhicule, mais ils sont aussitôt pris pour cible par les canons de 75mm, qui couvrent le débouché de la route. Les combat dans ce secteur vont être âpres et durer toute l'après-midi. Ils impliqueront la 29ème et la 17ème Brigade.

XI. L' efficacité des 75mm français.

Dès le début de l'attaque, Les canons de 75mm français sont fidèles à leur réputation. Au premier obus, Le char de tête est touché et son pilote tué. Peu après, le char du Commandant d'Escadron est touché à son tour.
Sans contrôle, il descend la route sur 100m et percute une barrière rocheuse. Bientôt, les deux chars sont en flammes. Un chef de char est tué et son tireur, grièvement brûlé, décède de ses blessures peu après.
L'officier du second Tetrarch touché, débarque alors, se saisit d'un fusil mitrailleur Bren, s'entoure des équipages valides et tente de s'attaquer aux positions d'artillerie. Mais il est bloqué par le feu des défenseurs qui le repèrent rapidement et tentent par trois fois d'anéantir le petit groupe britannique. Encerclés, les tankistes, à cours de munitions seront fait prisonniers à 15h45. L' adjoint au Commandant d'Escadron, tué durant les combats, sera décoré pour son action courageuse (il s'agit du Captain Peter Llewellyn-Palmer qui fut recommandé pour la Victoria Cross, mais reçut finalement la Military Cross, à titre posthume). A la tombée de la nuit, les britanniques sont fixés partout et ne peuvent se redéployer. Ils ont perdu de nombreux chars. Sur les 12 blindés que compte la Force de débarquement, il ne reste plus que 3 Tetrach et 1 Valentine...
Le lendemain, les anglais tentent un assaut frontal sur la ligne G-H. Celui-ci échoue car les Français contre-attaquent et reprennent le terrain perdu.

XII. Prise d'Antsirane

Le 07 mai, une manœuvre à revers est alors tentée pour contrer cet échec. 50 Royal Marines sont transférés du HMS Ramillies, à l’ancre dans la Baie du courrier vers le destroyer HMS Anthony. Celui-ci entreprend le contournement de l’île par le Nord, rentre dans le port à la faveur de l’obscurité, longe les quais et dépose ses troupes à 20h00, directement au cœur des infrastructures portuaires d’Antsirane. Les Royal Marines ont reçu l’ordre de s’attaquer à tout type d’objectif excepté l’arsenal et le dépôt, présumés fortement défendu. Mais leur progression est rapide, en une demi-heure ils sont maîtres du secteur y compris de ces deux points clefs, en ne perdant seulement qu’un homme. Antsirane tombe finalement le 07 mai et les troupes françaises reçoivent les honneurs de la guerre par les Britanniques. L’action audacieuse de commandos a permis de préserver la ville de destructions certaines et a évité à l’armée britannique de coûteuses pertes supplémentaires en combat urbain. Quant à la ligne G-H, elle tombe finalement au cours de la nuit du 6 au 7 Mai. C’est dans la soirée du 6 Mai que les Anglais réussissent à percer la ligne en son centre et entourer les derniers points de défense que tiennent encore les marins. La compagnie malgache perd son capitaine tué au combat et doit abandonner la position.
Le Commandant Fontaine en prend alors le commandement mais il sera également tué à son poste, peu après.

XIII. Combat aérien du 7 mai 1942.

Tôt le matin, trois Morane MS 406 de l’Escadrille 565, dirigés par le capitaine Léonetti, ont décollé de la base aérienne 181 de Tananarive-Ivato, pour mener une reconnaissance. Au dessus de la mer, ils rencontrent une formation de Martlet II. Ces chasseurs sont partis du pont d'envol de l’Illustrious et sont à la recherche des équipages de 5 Swordfish, portés disparus depuis le 05. Le combat s’engage aussitôt . Lors d’une passe frontale, le Capitaine Leonetti (MS 406 n° 993) descend un Martlet du 881st Squadron, qui est obligé d’amerrir, le pilote est récupéré par le HMS Keren. Mais bientôt, le Capitaine Léonetti est blessé et son chasseur pique vers le sol, il est obligé de l’abandonner.
Les aviateurs anglais sont trop nombreux, et les Morane finissent par succomber sous le nombre. Le Capitaine de Réserve Jean Assollant (MS 406 n° 995), est tué au combat (Il fit partie des trois premiers français a avoir traversé l’Atlantique Nord en avion, le 16/06/1929, avec R. Lefebvre et A. Lotti). Le Morane du Lieutenant Michel Laurant (MS 406 n° 842) est touché et celui-ci doit faire un atterrissage sur le ventre. Suite à ces pertes, les Huit derniers MS 406 de l'escadrille quittent Ivato et se replient vers le terrain d'Anivorano. Mais en cours de route, à court d'essence, cinq pilotes doivent se poser en urgence.

XIV. La fin du sous-marin "Le Héros".

Le sous-marin le Héros rappelé de l'escorte d'un convoi par le commandant Maerten, atteint la baie du Courrier, le 07 mai. Il est repéré et attaqué par la corvette Genista. Il est également décelé par 1 Swordfish du Porte-avions Illustrious, alors qu’il plonge. Il est touché par une bombe. Le sous-marin, gravement touché, fait surface et est abandonné par l’équipage au complet. Il coule par 300 mètres de fond. 72 naufragés tentent de nager vers la côte la plus proche qui est distante de 13000 mètres. Ces hommes ne seront secourus que 5 heures après le drame par le destroyer HMS Keren. Il ne reste alors que 52 survivants. 19 sous-mariniers ne seront jamais retrouvés, sans doute dévorés par les requins.

XV. Chute de Diego Suarez.

Dans le secteur de la baie de Diego Suarez, les hommes du No. 5 Commando progressent signicativement durant la journée du 6 mai. Vers 15h00, ils se rendent maîtres de la partie Nord de la ville. Ils grimpent au sommet d’un rocher haut d’une centaine de mètres, dominant la rade et choisissent alors de hisser diplomatiquement le drapeau tricolore et l’Union Jack sur le même mât. Dans certains secteurs ont lieu des négociations entre britanniques et vichystes. Ainsi, un officier anglais à la tête d'une patrouille, prend l’initiative d’aller au contact avec des artilleurs français et leur propose de se rendre. Ceux-ci refusent mais l’officier obtient pourtant des français la suspension des tirs pendant dix minutes, puis il se replie avec ses hommes. Dans la ville, des pourparlers locaux vont s'engager entre forces opposes. Environ 250 hommes se rendons plus ou moins spontanément et serons bien traités.
Les britanniques pensaient à tort que les français se contenteraient certainement d'un « baroud d'honneur ».
Mais Hélas, malgré les morts et les blessés, inutilement sacrifiés, le Gouverneur Général est bien décidé à continuer la lutte. Il refuse de négocier un armistice avec les Britanniques, mais devant la chute inévitable de Diego Suarez, il ordonne le 07 mai à ses forces d’abandonner la ville et de se retirer vers le Sud.

XVI. Destruction du sous-marin « Le Monge» et fin de l’Opération Ironclad.

Le 08.05.1942, Le sous marin Q-144 Le Monge, qui se trouvait à la Réunion, revient de toute urgence vers Madagascar. A 07h56, il se trouve à 7 milles à l’Est de la pointe Orangea quand il repère quelques navires ennemis.
Il passe immédiatement à l’attaque et torpille le porte-avions HMS Indomitable. Mais l’engin rate sa cible et passe 45 mètres devant. L’escorte de destroyers prend alors le sous-marin en chasse. Le HMS Active et le HMS Panther le repèrent bientôt et le grenade. Le Monge, touché à mort coule par 12° latitude Sud et 49° latitude Est, au large du Cap Tendre. Il n'y aura aucun survivant. La flotte française de Madagascar est cette fois-ci définitivement anéantie. 
Les autres bâtiments qui se trouvent soit à Madagascar, soit dans les environs immédiats, n’interviendront plus.

Au 9 mai 1942, les britanniques tiennent maintenant fermement Antsirane et Diego Suarez (y compris les défenses du port). Ils sont maintenant plus tentés par la négociation que par le combat. Le Général Robert Grice Sturges devient l’administrateur des territoires occupés de Madagascar.
Devant ce coup de force, le gouverneur Annet espère un temps parvenir à accord acceptable entre les deux parties. Mais les négociations tournent court, le gouverneur trouve les anglais trop exigeants et ne veut rien céder sur le droits de l'administration française. Alors conformément aux ordres de François Darlan, chef du gouvernement de Vichy, le gouverneur Général Annet, bat en retraite et va organiser la bataille de Madagascar.
Il est décidé à résister jusqu'au bout, y compris par des actions de guérilla. Les hostilités vont durer pendant plusieurs mois et les britanniques n’auront d’autre choix que de poursuivre l'opération pour occuper la totalité de l'île, en durcissant leur action.

XVII. Réaction du Gouvernement de Vichy après l’invasion.

En métropole, on fait grand tapage du soi-disant martyre de Madagascar. Après l’attaque sur Diego-Suarez le 5 mai 1942, Pétain dépêche même un aviateur, le commandant Gaudillère, pour transmettre un message personnel aux habitants de Madagascar. Celui-ci en dit long sur l'usage de la notion de fidélité qu'entretient alors le Maréchal :

-« Comme tant de territoires de notre Empire, Madagascar, déjà isolée par le blocus, a connu à son tour la violence.
Mes chers amis, je vous remercie de vos efforts et de vos sacrifices; j'en mesure toute la valeur. Je vous exprime ma satisfaction de votre conduite: la Patrie est fière de votre fidélité. La France ne renonce à aucun des droits que vos actes ont affirmés. Elle ne vous oublie pas, elle ne vous abandonne pas. C'est pour vous l'assurer moi-même que je vous envoie cet avion de France porteur de mon message de paternelle affection ».

On y retrouve tous les grands classiques de la propagande maréchaliste: lâcheté britannique, visées anglaises sur l'empire colonial français, et une notion de loyalisme ancrée dans le culte de la personne du Maréchal, chef de l'État français. Selon les dirigeants de Vichy, la perfide Albion cherche à s'emparer de nouveau de colonies françaises, comme elle l'a fait au Québec, à l'Île Maurice, ou même à Fachoda. Le Maréchal Pétain clame que ces attaques sont d'autant plus inexcusables qu'il avait prononcé la neutralité de l'empire, et assuré que les colonies ne tomberaient pas aux mains de l'Axe.
Aux actualités cinématographiques, on retrouve le même genre de slogan :

-« C’est toujours au nom d’une prétendue morale et en vertu de principes utilitaires que l’Angleterre vient d’attaquer Madagascar. A Diego Suarez, à plus de 10000 kilomètres de la mère patrie, le sang français a coulé à nouveau.
Le Gouverneur général Annet et le Général Guillemet, malgré la grande infériorité numérique de leurs forces, résistent opiniâtrement. Depuis l’armistice, nombreuses furent les manifestations de loyalisme de la population malgache envers le Maréchal Pétain et son gouvernement. Elle l’a prouvé en se battant aujourd’hui jusqu’au bout, selon le mot d’ordre lancé par le Maréchal dans son message. De Majunga à Tananarive, la Grande Île, jadis donnée à la France par Gallieni, reste fidèle. Aux glorieux défenseurs de l’Ile où vient de tomber le Capitaine Assollant, as des ailes françaises, l’Amiral Darlan proclamait : Défendez l’honneur français, un jour viendra où l’Angleterre paiera pour ses crimes ».

Ces déclarations seront bien entendu suivies d’une nouvelle campagne de propagande anglophobe, menée à grand renfort d’affiches caricaturales. Mais malgré sa promesse de ne pas « oublier » les défenseurs de Madagascar, l’Etat français n’est pas en mesure d’intervenir ou de tenter quoi que ce soit pour s’opposer à la mainmise britannique sur l’Île Rouge.

XVIII. Coups de gueule légendaires du Général de Gaulle.

Pendant ce temps, chez les français libre, l’affaire éclate comme un coup de tonnerre. A Londres, personne n’a jugé opportun d’informer le Général Charles de Gaulle de l’invasion en cours. Celui-ci apprend le projet d’invasion le 5 mai 1942 à 3 heures du matin, (soit à peine quelques heures avant qu’elle ne débute) par un coup de téléphone d’un journaliste de l‘Associated Press. Il entre aussitôt dans une colère noire. Cela fait des mois qu’il invite les Britanniques a l’aider à intervenir dans cette île Française. Ils ont à chaque fois refusé pour agir enfin seuls et sans le prévenir.
De gaulle déjà affaibli par son échec devant Dakar se sent maintenant trahi. Il voit là une volonté évidente des anglais de prendre partout la place de la France en abusant de sa faiblesse momentanée.
L’affaire arrive au plus mauvais moment car le Général n’a pas encore "digéré" l’occupation américaine de la Nouvelle Calédonie et les troubles qui en ont découlés. Sa réaction face à cette nouvelle atteinte à la souveraineté nationale est violente et décontenance les britanniques.
Il entrevoit la possibilité de se rapprocher de l’URSS, ce qui serait un bon moyen de pression sur les alliés. Justement il se démène ces derniers temps pour faire partir pour l’URSS, la nouvelle escadrille Normandie-Niemen…
Il se rend au petit matin à Carlton Garden où il convoque tout son état-major:

-« Messieurs, je vous rends votre liberté. J’ai voulu ici organiser le gouvernement de la France. J’ai signé des accords avec les Britanniques. Ils ne les respectent. Ils se sont emparé de Madagascar. Ils prétendent l’administrer directement. Nos accords sont rompus. Engagez-vous dans l’armée canadienne, au moins vous combattrez les Allemands.
La France Libre, c’est fini ! Messieurs je vous salue. »

 

Sa déclaration va faire effet, au moment où les journaux anglais sont remplis d’éloges pour les « Free Frenchs » qui s’accrochent vaillamment à Bir Hakeim. L’opinion anglaise sera son alliée et il l’utilisera. Mais pour l’instant, il s’en prend violemment à Anthony Eden, du Foreign Office, qui bredouille de vagues excuses puis s’irrite. La tension devient extrême et les contacts sont rompus avec les anglais. Churchill donne l’ordre d’interdire tout départ du Général pour l’Afrique.
Les jours passent et les généraux français libres en poste sont reçus par les ambassadeurs britanniques.

 
Tous font part de leur fidélité à de Gaulle. Le 6 juin, le Général entrevoit l’ambassadeur soviétique Bogomolov.
Il lui demande, dans le cas où il romprait avec les anglo-américains, si pourrait, en ultime démarche, être accueilli avec ses troupes sur le territoire de l’Union Soviétique. Puis il rencontre Molotov qui l’assure de l’alliance indépendante qui lie la Russie avec la France Libre, la seule « vraie France ».

En Angleterre, on parle toujours avec éloges des faits d’armes des Français Libres : Leclerc au Fezzan, Koenig à Bir Hakeim…Tous ces éléments font pression finalement sur Churchill qui reçoit de Gaulle le 10 juin 1942, calme les choses et lui renouvelle son soutien et son amitié.

Mais le temps passe et à Madagascar, les britanniques sont toujours en pourparlers avec le commandement Vichyste.
Le 30 septembre, le général s’en plaint à Churchill et lui dit que cette affaire remet en question la coopération entre la France et l’Angleterre. Le premier ministre explose :-« Vous dites que vous êtes la France, vous n’êtes pas la France ! »

De gaulle lui demande alors sur le même ton pourquoi il discute de ces question avec lui, s’il n’est pas la France…
La réponse de Churchill est surprenante :

-« Vous êtes la France Combattante »

La discussion concernant Madagascar et la Syrie tourne à la dispute, Churchill va jusqu’à menacer de « briser » de Gaulle et cassera une chaise pour illustrer ses propos. La crise est grave mais de Gaulle ne veut pas lâcher. Il sait en outre que les américains préparent quelque chose, sans le consulter une nouvelle fois. Finalement après 6 semaines de tensions extrêmes, Eden, aimable et amical, vient annoncer le 06 novembre à de Gaulle que la France Combattante sera souveraine dans l’île de Madagascar. Triste et maigre lot de consolation car le lendemain, les américains déclenchent l‘opération Torch et débarquent sans la France Combattante en Afrique du Nord…

XIX. Les japonais rôdent autour de Madagascar.

Sur l’île, les combats se calment puis cessent sur une longue période. Les britanniques profitent de ce répit pour remettre les infrastructures de Diego Suarez et l’aérodrome d’Arrachart en état. Le terrain est rapidement rendu opérationnel et dès le 13 mai, il accueille le 20th South African Air Force Squadron (colonel SA Melville), arrivant de Lindi, en Afrique du Sud. Dès le 15 mai, les petits appareils de reconnaissance Lysander du 433rd Army Co-peration Flight, effectuent des sortie de renseignement sur la partie Sud de Madagascar pour tenter de localiser les troupes françaises. La Navy continue ses rotations de ravitaillement et resserre son blocus afin d’empêcher notamment l’envoi vers l’Allemagne nazie de Graphite en paillette (Madagascar est un des premiers producteurs), nécessaire dans la fabrication de lubrifiant, de peinture et pour le polissage. Dans la dernière semaine de Mai, des compte-rendus font état de la présence de sous-marins non-identifiés dans le secteur du canal du Mozambique et près des côtes Ouest de l’île, on dit également que des avions ennemis seraient ravitaillés en carburant à Majunga...
Peu à peu, une véritable phobie du submersible s’installe, tout le monde pense avoir vu le kiosque d’un sous-marin japonais ou d’un U-boat, partout autour de Madagascar. En fait, il y aura bien une présence ennemie au large mais à compter du 29 Mai 1942. Conformément à son accord avec les allemands, la marine Impériale a dépêché des sous-marins dans ce secteur de l’Océan Indien et ces derniers ne tarderont pas à causer des soucis à la Navy.

Détachement A, Force « KO »

 

Commandant : Capitaine Ishizaki Noboru (embarqué sur le I-10)

HIJMS I-10, Sous-marin classe I, type A1, avec avion de reconnaissance Yokosuka E14Y « Glen »
HIJMS I-16, Sous-marin classe I, type C1
HIJMS I-18, Sous-marin classe I, type C1 (Lt Cdr Otani Kiyonori)
HIJMS I-20, Sous-marin classe I, type C1 (Lt Cdr Yamada)

M-16b, sous-marin de poche Ko-hyoteki Ko Gata Type A Kai I (Ensg Iwase Katsusuke et PO2C Takada Kouzo )
M-18b, sous-marin de poche Ko-hyoteki Ko Gata Type A Kai I (Lt Ota Masaharu et PO1C Tsubokura Daiseiki)
M-20b, sous-marin de poche Ko-hyoteki Ko Gata Type A Kai I (Lt Akieda Saburo et PO1C Takemoto Masami)

 

Le détachement A de la Force « KO » comprend à l’origine 5 submersibles. Il est en Malaisie depuis le 25 avril 1942 pour y subir une restructuration, en vue de sa mission vers l’Océan Indien. L’un d’entre-eux, le I-30 quitte Penang pour une reconnaissance isolée vers l’Afrique. Les I-10, I-16, I-18 et I-20 attendent le porte-hydravions Nisshin, converti en transport de sous-marins de poche, type A. Le 27 avril, trois sous-marins « mères » (I-16, I-18 et I-20) vont charger chacun sur leur pont, un sous marin de poche (Midget). La mission principale est de reconnaître divers points possibles d’attaque sur la côte Est de l’Afrique et débute dès le 30. Les submersibles sont ravitaillés en carburant le 5, le 10 puis le 15 Mai par le Aikoku Maru et le Hokoku Maru. Le 17 mai, la Force est prise dans une violente tempête qui cause quelques dommages aux I-18 et I-20. Si le I-20 est vite réparé et ses batteries rechargées, sur le I-18, quatre cylindres du moteur ne tournent plus et il a une importante fuite de fuel. Les réparations seront plus longues et il arrivera en retard sur la zone de lancement des « Midget ». Le 20 Mai, la Force est en vue des côtes sud-africaines.
Le I-10 catapulte son hydravion Yokosuka pour mener une reconnaissance vers Durban mais aucune cible d’importance n’est signalée. Durant la semaine cet appareil piloté par le Lt Araki Toshio avec le FPO2C Ito Yoshiharu pour radio, effectue les mêmes missions discrètes au dessus d’East London, de Port Elizabeth et de Simonstown.

Le détachement japonais se rapproche bientôt des côtes malgaches.
La nuit du 29 mai, L'avion de reconnaissance de l’I-10 survole le port de Diego Suarez et identifie plusieurs navires.  
Il s’agit du cuirassé HMS Ramillies, à l’ancre dans la baie, des destroyers HMS Duncan et Active, des corvettes HMS Genista et Thyme, du transport de troupes HMS Karanja, du navire hôpital Atlantis, du tanker British Loyalty, du navire marchant Llandaff Castle et d’un navire transportant des munitions. L’avion, avant de revenir sur le I-10, est toutefois repéré par une vigie du Ramillies. Une fois informé de la présence d’un important convoi à Diego, Le Capitaine Ishizaki Noburo planifie une attaque avec ses sous-marins de poche pour la nuit suivante. Le 30, à 17h10, les sous-marins mères I-20 et I-16 lancent à dix milles du port, leurs deux sous-marins de poche. Le I-18, arrivé tardivement sur la zone ne peux pas lancer le M-18b suite à une défection mécanique de son moteur.

Le M-20b parvient à s’infiltrer dans le port à 20h25, repère le vieux Ramillies (qui s’est déplacé après l’alerte) et lui expédie à 21h20, une torpille qui lui fait un trou de 9 mètres dans la coque. Malgré la réaction des corvettes Genista et Thyme qui traquent le sous-marin, en lui expédiant des charges de profondeur, il parvient ensuite à torpiller une seconde fois le cuirassé. Mais un navire qui tente de quitter le port coupe la trajectoire de l’engin et se fait toucher de plein fouet. Il s’agit du British Loyalty, un pétrolier de 7000 tonnes, qui coule par 20 mètres de profondeur.

Les dommages sont importants pour le Ramillies. Le 10 juin, il est être remorqué jusqu’à Durban pour y être réparé sommairement puis il prendra la mer jusqu’à Plymouth, en août, pour être remis à neuf. Le pétrolier qui bloque le port sera renfloué plus tardivement.
Au large, les 4 sous-marins attendent vainement le retour de leurs « Midget » toute la nuit. Le 31 mai au matin, les recherches sont lancées car les submersibles de poche ont dépassé leur temps d’autonomie maximal. Le Lt Araki fait un second vol au-dessus de Diego Suarez pour tenter d’identifier et de localiser d’éventuels équipages survivants, sur les plages. Sa mission n’obtient pas de résultats. Trois des sous-marins quittent alors le secteur et seul le I-20 reste dans les parages. Ils tente d’envoyer des signaux lumineux vers la côte et des messages radios. Le 3 juin à 18h00, craignant d’être découvert, il s’éloigne définitivement des côtes malgaches.

A terre, le lieutenant Saburo Akieda et l'Enseigne de 2ème classe Masami Takemoto tentent de se cacher.           
Une fois leurs batteries déchargées, ils ont échoué leur M-20b, sur l’îlot de Nosy Antalikely. L’officier a tenté de saboter son sous-marin, mais les charges n’ont pas fonctionné. Les deux marins japonais ont ensuite contacté des locaux qui les ont déposé en pirogue près du cap d’Ambre. Affamés, après avoir passé deux jours à errer, ils s’enfoncent dans les terres, à la recherche de nourriture. Mais, ils sont repérés, quand ils tentent d’acheter des vivres dans un village.
Les Royal marines du N°5 Commando sont bientôt sur leurs traces et les cernent le 5 juin. Lors de la fusillade, les deux japonais sont tués ainsi qu’un commando. En ce qui concerne, le sous-marin de poche M-16b, il a été perdu en mer sans qu’on en connaisse les causes exactes. Le corps de l'un des membres d'équipage est retrouvé, 1er juin, échoué sur une plage, près de Diego Suarez. Ce sera l’unique action japonaise contre la flotte britannique ancrée à Madagascar.
Le détachement A de la « KO » force restera encore pendant deux mois dans l’Océan Indien où il coulera de nombreux navires marchands.

Pendant l’année 1942, les vaisseaux alliés contournaient le Cap de Bonne-Espérance et se dirigaient vers le Nord, le long de la côte de l'est de l'Afrique vers le Moyen-Orient, en traversant le canal du Mozambique entre Madagascar et le territoire continental africain. Bien souvent il n’avaient que peu ou pas d’escorte et de couverture aérienne. L’arrivée des sous-marins de la de la « KO » force, mené par Ishizaki allait changer la donne et causer de nombreuses pertes à la Navy. Dès le 10 juin, pour parer aux attaques japonaises, l’Amirauté britannique ordonne aux convois sans escorte d’éviter le canal du Mozambique et de contourner Madagascar par l’Est, en naviguant à vue des côtes. Les japonais finissent par se retirer des côtes africaines en août, après avoir coulé 25 navires pour un total de 120000 tonnes. L'amiral Ishizaki n'a subi aucune autre perte que ses deux sous-marins de poche à Diego Suarez. Pendant la période où les japonais croisèrent dans l’Océan Indien, il est assez peu probable qu’ils furent ravitaillés dans les ports malgaches encore aux mains de troupes vichystes, car elles ne disposaient tout simplement pas des ressources nécessaires. Il est par contre évident que si le japonais avaient pu bénéficier de bases aériennes et de ports à Madagascar, alors la Navy se serait rapidement trouvée face à un épineux problème de ravitaillement vers l’Asie. Heureusement pour elle, Ishizaki s’est d’abord focalisé sur l’attaque des forces ancrées à Diego Suarez. Il s’est ensuite contenté de torpiller principalement des cargos dans le canal. S’il s’était approché à nouveau de Durban, il aurait eu tout le loisir de causer des dégâts bien plus importants à une nouvelle flotte de débarquement. Celle-ci, sagement ancrée attend en effet de transporter deux brigades sud-africaines vers Madagascar…

XX. Missions aériennes en territoire français.

Pendant la période qui suit la chute d’Antsirane et de Diego Suarez, peu de combats se déroulent sur Madagascar.   
Les français battent en retraite et des contacts sont établis de temps à autres afin de négocier une reddition, sans succès. L’aviation alliée reste cependant active et mène les missions les plus importantes. Le 15 mai, deux bombardiers Maryland mènent une reconnaissance armée à la recherche de submersibles ennemis. Dans le secteur du port de Majunga, sur la côte Ouest, ils découvrent et détruisent sur un aérodrome, les trois derniers bombardiers Potez français. Un autre raid a pour objectif le terrain d’Ivato, près de Tananarive. Un Glen Martin Maryland et un Bristol Beaufort du Flight 37 menés par le Major Ken Jones attaquent à basse altitude, la base aérienne française.
Ils s’en prennent essentiellement aux hangars sur l’aérodrome. Mais l’avion du Major Jones est touché par la D.C.A et un de ses moteurs est en feu. L’équipage maîtrise l’incendie et tente de rejoindre Diego Suarez avec un seul moteur. L’avion parcourt 380 kilomètres le long de la côte Est, afin d’éviter les montagnes puis il perd de l’altitude et son pilote doit faire un atterrissage forcé dans une plaine côtière. Personne dans l’équipage n'est blessé. L’équipage récupère la mitrailleuse installée dans la tourelle dorsale et entame une marche forcée pour tenter de rejoindre Diego. Bientôt, Ils entendent les bruits d'une patrouille française qui s’approche sur la piste. Jones ordonne à son équipage de se cacher dans les buissons et reste alors seul sur le sentier.
Bull Malan, son navigateur pointe sa mitrailleuse vers le débouché de la piste. L’officier français qui commande la patrouille s’approche de Jones et lui enjoint de se rendre dans un mauvais anglais.
Sans se démonter, Jones réplique :
- « No, no, monsieur le Capitaine. You are my prisoner !! »

L’officier vichyste surpris, sourit puis désigne du doigt ses huit tirailleurs malgaches, armés de fusils.
A ce moment Jones s’adresse en Afrikaner à son navigateur caché et lui ordonne de tirer une rafale de semonce.     
Celle-ci décontenance complètement la patrouille qui n’a d’autre choix que de s’incliner et de se rendre au pilote de la SAAF. Une fois les français désarmés, les sud-africains se font conduire jusqu’à un phare. Ils forcent le gardien de phare à coopérer et lui font envoyer un message radio à Diego Suarez. Un dragueur de mines de la Navy, dans les parages arrive alors rapidement près du phare et organise le recueil des aviateurs avec ses précieux prisonniers.

XXI. Des renforts pour Madagascar.

Vers la fin du mois de Mai, la 5ème Division d’infanterie britannique doit être re-déployée pour assurer la défense de l’Inde. L'unité qui a deux brigades présentes sur Madagascar doit être à Pied d'oeuvre en Asie pour le 22 juin 1942.
A cet effet, la 13th Brigade quitte l’île dès le 20 mai 1942, bientôt suivie par la 17th Brigade, le 10 Juin. Pour autant, la 29th Brigade ne peut assurer seule la lourde tâche de défendre des intérêts alliés dans le Nord de Madagascar et a besoin de soutien. Ce sont les dominions africains qui vont alors fournir le contingent de renfort. Il sera prélevé sur la troisième Division d’Infanterie Sud-africaine (7th Motorized Brigade), mais également constitué de troupes en provenance de l’Afrique de L’Est (22nd East African Brigade Group) et de Rhodésie (27th North Rhodesian Infantry Brigade).
Le renfort se fera en trois temps. Le 22nd East African Brigade Group est le premier à se joindre à la Force 121.
Il met le pied sur Madagascar, dès le 08 juin. Il est suivi le 24 juin par la 7th Motorized Brigade qui débarque sans encombre à Antsirane. Sa mission principale est de défendre le secteur de Diego Suarez contre une éventuelle tentative de débarquement japonais ou une contre-attaque des forces françaises de Vichy. Enfin, fin juillet 1942, la 27ème Brigade d'Infanterie Rhodésienne du Nord rejoint l’Afrique du Sud par voie terrestre. Elle embarque sur le paquebot néerlandais New Amsterdam et atteint Diego Suarez le 14 août. Ces renforts seront bientôt impliqués dans la dernière phase des combats de la campagne de Madagascar.


22nd (East African) Brigade Group (Brigadier General Dimoline)
Débarque le 08/06/42, quitte Madagascar le 23/01/1944.

1/1st King’s African Rifles
5th (Kenya) King’s African Rifles
1/6th King’s African Rifles
56th (Uganda) Field Battery, East African Artillery
9th Field Regiment (Royal Artillery)
60th (East Africa) Field Company, East African Engineer

7th (South African) Motorized Brigade (Brigadier General Senescal)
Débarque 24/06/1942, quitte Madagascar le 7 /12/1942

1st City Regiment (Grahamstown), (Lt.-Col. Noel Getliffe)
The Pretoria Regiment, (Lt.-Col. C. L. Engelbrecht)
Pretoria Highlanders, (Lt.-Col. Mason)
1st SA Armoured Car Commando, SA tank Corps, (Maj. E. W. G. Vos)
6th Field Regiment SA Artillery
88th Field Company SA Engineers

27th (Northern Rhodesia) Infantry Brigade
Débarque le 08/08/42, quitte Madagascar 29/06/1944

2nd Northern Rhodesia Regiment
3rd Northern Rhodesia Regiment
4th Northern Rhodesia Regiment
55th (Tanganyika) Light Battery
57th (East African) Field Battery, East African Artillery
59th (East Africa) Field Company, East African Engineer

XXII. Préparation des Opérations Stream, Line et Jane.

L’été 1942 arrive sans qu’il se déroule de grands changements sur le théâtre Malgache. En dehors de l’opération Throat qui consiste, le 02 juillet, en la prise de l’île Comorienne de Mayotte par les hommes de la 22nd East African Brigade Group, aucune autre opération majeure n’est tentée par les alliés. Depuis plusieurs semaines, les britanniques craignent que le port de Majunga, toujours aux mains des français, ne soit utilisé comme base de ravitaillement par les sous-marins de l’Axe. Majunga est en effet considéré comme le plus large port sur la côte Ouest de Madagascar. Cherchant à prendre définitivement le contrôle de l’ensemble de l’île, les britanniques préparent secrétement une opération d’envergure en trois phases. Celle-ci consiste en deux débarquements. Le premier, sur la côte Nord-Ouest à Majunga, aura lieu le 10 septembre 1942 et portera le nom d’Opération Stream. Le second, sur la côte Est, aura pour objectif Tamatave. Il se déroulera le 18 septembre et portera le nom d’Opération Jane. Ensuite, les deux forces débarquées progresseront vers le centre pour prendre la Capitale Tananarive en tenaille et la faire tomber, pendant que les forces restées à Diego Suarez reprendront leur avance vers le Sud. Ce sera l’Opération Line. Mais pour réussir totalement, ce plan doit bénéficier de l’effet de surprise. Il ne s’agit donc pas de concentrer une flotte de débarquement importante dans le port de Diego Suarez, ce qui, via la population locale encore fidèle au régime, ne manquerait pas d’alerter les forces vichystes.

A compter du 26 août, la 29th Independant Brigade embarque à destination de Kilindini, en Afrique, sur les cargos SS Empire Pride, HMT Dilwara et HMT Dunera. Les trois navires, escortés par le croiseur Dauntless, rejoignent un convoi plus important qui doit simuler un débarquement sur les côtes de l’Afrique de l’Est. Cet exercice qui porte le nom de « Touchstone » et se déroule du 28 août au 1er septembre, est sensé tester les défenses alliées contre une éventuelle invasion japonaise. En fait, il est aussi un excellent moyen d’entraîner en secret la 29th Brigade en vue de son futur assaut amphibie sur Majunga. En effet, le rôle principal confié à la Brigade est de débarquer à Kilindini avec le support aérien des appareils du HMS Illustrious. Quant aux Royal marines du N°5 Commando, leur mission est de mener des coups de mains contre Tanga, Dar es Salaam et Zanzibar, soutenus par une flotte importante composée des navires qui participeront à la future opération. Satisfait de l’exercice, le Lieutenant General Sir W. Platt, commandant en chef de l’Eastern Fleet, prepare la phase finale des combats sur Madagascar. Un commandement commun sera partagé entre le Contre-Amiral Tennant pour la Navy et le Major General Sturges pour les opérations terrestres. Pour l’appui des opérations, la force navale rassemblée sera aussi importante que pour Ironclad.

Le 3 septembre, trois transports de troupes escortés par le HMS Erebus, l’Inconstant, l’Active, et le Sigfra prennent, la mer en direction de Majunga. Plus tard dans la journée, six autres transports escortés par le HMS Dauntless, Cromer, Cromarty, Romney, Mastiff et Lurcher, rejoignent le même point de rendez-vous mais en empruntant une route maritime différente. Le 4 Septembre, les HMS Gambia, Foxhound et Hotspur partent pour Diego Suarez. Ils doivent protéger jusqu’à Majunga les transports de troupes qui ont embarqué le 22nd East African Brigade Group.
Le 5 Septembre, le principal convoi de troupes qui rapatrie la 29th Independant Brigade de Kilindini jusqu’à Majunga est escorté par les HMS Enterprise, Albatross, Fortune, Arrow et Blackmore. Enfin, le 6 Septembre, le HMS Birmingham (battant pavillon du Contre-Amiral commandant, la 4ème escadre de croiseurs et la force M), le porte-avions Illustrious, le Heemskerk, le Napier, le Van Galen et le Tjerk Hiddes les rejoignent au large de Majunga où les attendent déjà les destroyers HMAS Nizam et Norman.

Force M (débarquement sur Majunga, puis sur Tamatave)

Groupe de Porte avions

HMS Illustrious (87), Porte-avions, (Capt. Robert Lionel Brooke Cunliffe)
HMS Albatross (I-22), Porte-hydravions
HMS Erebus, (I-02), Monitor* classe Erebus, (A/Capt. George Vivian Barnett Faulkner)
*(canonnière)

Escorte principale du Groupe

HMS Warspite (03), cuirassé classe Queen Elizabeth, (Capt. Fitzroy Evelyn Patrick Hutton)
HMS Foxhound (H-69), destroyer classe F, (Cdr. Cecil John Wynne-Edwards)
HNLMS Tjerk Hiddes (G-16), classe N (ex destroyer anglais HMS Nonpareil)
HMS Hotspur (H-01), destroyer classe H, (Lt. Philip Bekenn)
HMS Fortune (H-70), destroyer classe F, (Lt.Cdr. Richard Dickon Herbert Stephen Pankhurst)

4th Cruiser Squadron : Rear admiral William George Tennant (à bord du HMS Birmingham)

HMS Birmingham, (C-19), croiseur léger, classe Southampton, (Capt. Henry Berwick Crane)
HMS Gambia, (C-48), croiseur léger, classe Fidji, (Capt. Maurice James Mansergh)

7th Destroyer Flotilla

HMAS Napier (G-97), destroyer classe N, (Capt. Stephen Harry Tolson Arliss)
HMAS Nizam (G-38), destroyer classe N, (Lt.Cdr. Max Joshua Clark)
HMAS Norman, (G-49), destroyer classe N, (Cdr. Henry Mackay Burrell)
HMAS Nepal, (G-25), destroyer classe N, (Cdr. Franklyn Bryce Morris)

3rd Destroyer Division

HMS Active (H-14), destroyer classe A, (Lt.Cdr. Michael Wilfred Tomkinson)
HMS Arrow (H-42), destroyer classe A, (Cdr. Alec Murray McKillop)
HMS Blackmore (L-43), destroyer d’escorte classe Hunt type II. (Lt Herbert Terrence Harrel)
HMS Inconstant (H-49), destroyer classe I, (Lt.Cdr. William Stratford Clouston)
HNLMS Van Galen (G-84), destroyer classe N, (ex destroyer anglais HMS Noble)

HNLMS Jacob van Heemskerk (C-803), croiseur léger hollandais, classe Tromp, (kapitein-luitenant ter zee (Cdr.) Jonkheer E.J. van Holthe)
HMS Dauntless, (D-45), croiseur léger, Classe D (Danae), (A/Capt. John Graham Hewitt)
HMS Caradoc, (D-60), croiseur léger, Classe C (Caledon), (Capt. John William Josselyn)

14th Minesweeping Flotilla

HMS Manxman (M-70), dragueur-mineur, classe Abdiel, (Capt. Robert Kirk Dickson)
HMS Cromarty (J-09), dragueur de mines, classe Bangor II, (Lt. Charles George Palmer)
HMS Cromer (J-126), dragueur de mines, classe Bangor, (Cdr. Robert Hearfield Stephenson)
HMS Romney (J-77), dragueur de mines, classe Bangor, (Lt. William Eric Halbert)

Lutte anti sous-marine

HMS Sigfra (FY-324), navire norvégien, classe Anti Submarine Warfare Whalers *
* (Baleinier reconverti en corvette de lutte anti sous-marine)
HMS Mastiff (FY-350), navire norvégien, classe ASW Whalers
HMS Lurcher (FY-347), navire norvégien, classe ASW Whalers

Navire Hôpital

HM Vasna

XXIII. Déclenchement des opérations.

Le 10 septembre 1942, les britanniques, après cinq mois de pourparlers infructueux, stoppent toutes négociations avec le gouverneur vichyste de Madagascar. Ils n'ont obtenu aucune garantie de non coopération avec les japonais.
Le général Platt déclenche le même jour le débarquement des troupes britanniques et Est-Africaines à Majunga. Ainsi commence la campagne finale pour occuper l'intégralité de l'île.

1) Opération secondaire Tamper: coup de main contre Morondova.

Tôt, le 10 septembre 1942, précédant le débarquement à Majunga, les destroyers HNMLS Van Galen, Heemskerk, et le HMS Inconstant accompagnent le HMS Napier. Le destroyer dépose une unité de 50 hommes du N°5 commando à Morondava, sur la côte Ouest de Madagascar. Cette attaque contre la station radio et l’aérodrome de fortune de cette ville, n’est qu’une diversion destinée à attirer les défenseurs Vichystes vers cet endroit. L’assaut a lieu sous un violent orage qui permet aux commandos de surprendre les défenseurs français. Ceux-ci se rendent après avoir brièvement échangé quelques tirs avec l’assaillant. Le destroyer Napier retourne ensuite à Diego Suarez, avec à son bord 6 prisonniers dont le maire de Morondova.

2) Opération secondaire Esme B: invasion de l’île de Nosy Bé.

Fin juin 1942, au cours d’une patrouille, un Beaufort du 37th Flight, piloté par le Lt Freddy Dempers, a aperçu près de l’île volcanique de Nosy Bé, deux sous-marins et un cargo. Mais les submersibles ont plongé avant qu’il ne puisse les attaquer. La Royal Navy a immédiatement envoyé une frégate sur place pour capturer le bateau. Le cargo avait lui aussi disparu mais les britanniques repérèrent dans le secteur de Dzaoudzi, à Mayotte, le cargo Général Duchesne.
Ils le saisirent le 22 juin, en prétextant quil avait tenté de ravitailler les sous-marins japonais! Le S.A.A.F, après avoir mené des missions de reconnaissances photographiques sur le secteur, confirme bien vite que cette île, située à 160 Km au Sud de Diego Suarez et à 24 Km au large de la côte Ouest de Madagascar, est utilisée comme base de ravitaillement par les sous-marins de l’Axe. La Navy prévoit alors une opération secondaire visant à s’emparer de Nosy bé. Elle aura lieu le 11 septembre et portera le nom de « Esme B». La mission est confiée une nouvelle fois aux Royal Marines du N°5 Commando. Ceux-ci, appuyés par la Force Navale A, débarquent à Helville, chef lieu de l’île. Ils s’emparent de la fabrique de sucre et de l’usine produisant le carbure de silicium, puis se rendent maîtres de l’île après un bref combat.
Ils ne déplorent que quelques pertes.

Force Navale A

Cuirassés : HMS Birmingham et Warspite
Croiseurs légers : HMS Caradoc, HMS Dauntless, HMS Gambia et HNLMS Jacob van Heemskerk
Dragueur de mines HMS Manxman

3) Opération Stream : débarquement à Majunga.

La Navy prévoit pour l’opération un bombardement naval et une forte couverture aérienne. Le porte avions HMS Illustrious, le croiseur HMS Birmingham, les destroyers HMAS Nizam et Norman, assurent l’escorte principale du convoi. La force de débarquement n’aura pas recours au support d’artillerie naval car elle ne rencontrera qu’une faible opposition à Majunga. Plus tard dans la journée, les deux destroyers australiens seront cependant chargés d’intercepter de petits bateaux qui tentent de s’échapper du port. Seul le Norman fera usage de ses canons pour les arraisonner.

Deux brigades participent au débarquement, la 29th Independent Brigade, commandée par le Brigadier General Festing et le 22nd East African Brigade Group du Brigadier General Dimoline. Peu après 01h00 du matin, des LCI transportant les hommes du 2nd Royal Welch Fusiliers et du 2nd East Lancashire Regiment, s’approchent des côtes et s’emparent d’une plage déserte, située à 10 kilomètres au Nord de Majunga. Très vite le PC de la 29th Independant Brigade débarque à son tour et lance son attaque en direction de Majunga par le Nord et le Nord-Est, afin de prendre à revers les défenses côtières.

Devant Majunga, l’assaut de la 29th brigade est précédé par un nouveau raid des hommes du Commando N°5.
Ceux-ci doivent mener un coup de main qui permettra aux troupes de débarquement de s’emparer plus aisément du port et du terrain d’aviation. Ils seront aidés dans leur tâche par les hommes du 2nd South Lancashire Regiment qui débarqueront en même temps. Les commandos prévoient d’utiliser la même tactique qu’à Antsirane, en mai 1942.
Le destroyer qui les transporte se positionne à hauteur de Monbasa puis doit filer le long des quais à trente nœuds, pendant que les commandos se jetteront par-dessus bord, au niveau des docks. Mais l’opération tourne mal.
Un problème mécanique retarde l’assaut et alors qu’ils avaient prévu d’agir, sous couvert de l’obscurité, les commandos doivent lancent leur attaque aux premières lueurs de l’aube. Ils sont immédiatement pris à partie par au moins quatre mitrailleuses dissimulées derrière les façades des bâtiments. De nombreux hommes tombent, fauchés par les rafales mais une rapide riposte du navire permet cependant de limiter les pertes. Il s’ensuit des combats de rue où les commandos doivent se débarrasser de nombreux tireurs embusqués aux fenêtres. Leur objectif principal est la poste dont ils doivent s’emparer afin de couper toute communication avec Tannanarive, la capitale malgache. L’objectif secondaire est de s’emparer de la résidence du gouverneur, de capturer si possible celui-ci et enfin de faire flotter le drapeau de Union-Jack sur ce bâtiment officiel. Les deux objectifs sont atteints sans difficultés et les pertes françaises sont importantes. Mais le gouverneur Annet est absent, il se trouve en fait à Tananarive.

Vers 05h30, tous les débarquements sont achevés. La banque et le bureau de transmissions de Majunga sont sous contrôle allié. Les dragueurs déminent aussitôt l’intérieur et les abords du port. On ne dénombre pas plus de 40 tués et blessés côté britannique. L’action des commandos permet à la 29th Brigade d’investir rapidement Majunga par le Nord sans rencontrer de véritable opposition. Elle s’enfonce à l’intérieur des terres et s’empare facilement de l’aérodrome, mais les derniers appareils français se sont déjà envolés pour le terrain d’Ihosy. ELa 29th brigade est ensuite relevée, elle cède sa place au 22nd East African Brigade Group qui progresse alors vers le Sud.
Au Nord, profitant de la confusion qui règne après l’attaque sur Majunga, les sud africains du 1st City Regiment (7th Motorized Brigade) sortent de leurs positions d’Ambilobe et s’avancent le long de la côte. Ils parviennent à s’emparer de Beremanja. Mais le mauvais temps perdure et ralentit l’avance des alliés. Les fleuves sont en crue, les ponts sont systématiquement démolis par les français et l’état des routes est pitoyable.

Dans l’après-midi du 10, la Composante Aérienne Sud-africaine se déplace de Diego Suarez sur le terrain de Majunga avec ses 5 Maryland et 7 Beaufort, en état de vol. A partir de cet aérodrome de fortune, composé d’une courte piste bordée de grands arbres et s’arrêtant face à une carrière, deux Marylands du 32nd Flight décollent pour attaquer l'aérodrome d’Ivato. Un des avions, piloté par le Lieutenant Neil Ross, est touché par la DCA et le navigateur, le Lieutenant P. Kleyn est tué.

Le 13 septembre, la 29th independent Brigade est de retour à Majunga. Une fois ravitaillée et recomplétée, elle embarque dans la journée, pour aller se joindre à la force d’assaut qui se prépare à débarquer sur Tamatave.

Une colonne motorisée de la 22nd East African Brigade saisit intacts les ponts sur la rivière Kamoro, qu’elle franchit d’un bond. Elle emprunte ensuite ce que les locaux appellent la "porte de l’Occident". Après le passage des grands fleuves, celle-ci s’ouvre sur la principale route économique et stratégique menant à Tananarive. Les français la connaissent bien car l’avant-garde de leur Corps Expéditionnaire l’avait également suivie en mai 1895. Ils savent que le point de confluence entre les deux fleuves au Nord-Ouest de Tananarive, forme un véritable verrou de la plaine fluviale, menant à la capitale. Aussi ils se regroupent au Nord de Maevatanana où ils arrêtent pour un temps la progression des britanniques en faisant sauter devant eux, le long pont suspendu à la jonction entre le Grand Betsiboka et le fleuve Ikopa.

Le 16 septembre, le commandement britannique reçoit un message radio provenant du Gouverneur Annet. Celui-ci demande une trêve dans les hostilités afin que des plénipotentiaires puissent être reçus par les alliés. Il dit rechercher dans l’honneur une solution avant que la dernière bataille ne se déroule. Les émissaires français sont pris en compte par un avion sud-africain et atterrissent à Majunga le 17 septembre. L’entrevue ne débouche sur rien. Les français déclarent très vite que les conditions britanniques pour un cessez le feu puis un armistice sont inacceptables.
Ils retournent dès le 18 à Tananarive.

4) Opération Jane: débarquement à Tamatave.

Le contre Amiral Tennant, s’appuyant sur la faible résistance opposée à Majunga, le 10 septembre décide de ne pas avoir recours au bombardement naval planifié, afin d’éviter des destructions inutiles et des victimes civiles.
Il fait déployer toutes se forces de support pour faire une démonstration de sa puissance aérienne et maritime mais préfère avant l’assaut tenter de raisonner les troupes vichystes de Tamatave. Le 18 septembre, il envoie un message radio aux défenseurs du port, leur enjoignant de se rendre. Mais plus tard, lorsqu’un officier de marine s’approche des quais à bord d’un LCI arborant un drapeau blanc, pour discuter des termes d’une reddition, il est accueilli par un feu nourri de mitrailleuses. Rapidement, le Warspite et les destroyers Napier, Nizam, Nepal et Norman sont contraints d’entamer un barrage avec leurs pièces les plus légères. Après deux heures de bombardement, les défenseurs du port de Tamatave capitulent et hissent un drapeau blanc. Le débarquement se déroule dans la journée du 19 septembre.
Le port qui n’a subi que des dommages légers, est occupé et la ville investie sans rencontrer d’opposition. Les troupes suivent ensuite la route et le chemin de fer qui mènent à Brickaville. Elles sont retardées par des abattis, des barrages sur les routes et des démolitions mais n’ont que peu de contact avec les troupes françaises.

5) Opération Line, objectif : Tananarive.

Une fois Majunga et Tamatave aux mains des alliés, la dernière phase de la campagne, l’opération Line peut être déclenchée. La prise en tenaille de Tananarive s’avère difficile à réaliser car la colonne motorisée et les troupes débarquées à Majunga rencontrent de nombreuses coupures fluviales importantes où les ponts ont sauté. Il leur faut chaque fois trouver un nouvel itinéraire et un temps précieux est perdu. Le commandement allié croit un temps que la réussite de l’opération Line va reposer sur la rapidité de progression des troupes débarquées à Tamatave. Mais celles-ci rencontrent une résistance assez ferme. Bien que sporadique et vouée à un échec certain, cette guérilla faite de nombreuses escarmouches avec les forces armées de Vichy et d’innombrables obstacles érigés sur les routes principales, ralentit fortement la progression britannique. Finalement, c’est de la 22nd East African Brigade que vient la solution. Depuis 13 jours, elle a détaché une Task Force en tête. Cette colonne interarmes, commandée par le Lieutenant-Colonel J. McNab se compose du 1/1st (Nyasaland) King’s African Rifles, du South African Armoured Cars Commando, de la 28th Battery du 9th Royal Fiel Artillery. Malgré tous les obstacles rencontrés, elle a enfin réussi à trouver un cheminement ouvrant sur la plaine au Nord-Ouest de Tananarive. Vers la fin de l’après-midi du 23 septembre, elle rencontre une dernière résistance sérieuse à Mahitsy, au Nord-Ouest de Tananarive. Sa réduction nécessite le déploiement d’un bataillon d’infanterie, appuyé par l’artillerie et quelques blindés légers. Task Force en tête, la 22nd East African Brigade après avoir parcouru 580Km depuis Majunga, entre en début de soirée dans les faubourgs de Tananarive. Depuis quelques heures, la capitale malgache a été déclarée ville ouverte. La Brigade reçoit un accueil enthousiaste de la population qui jette des fleurs sur le passage des soldats.
Averti de l’arrivée imminente des alliés, le Gouverneur Général Annet abandonne Tananarive, et se dirige vers le Sud avec ses dernières troupes. Pour couvrir son retrait, il prend soin de faire sauter le pont sur la route principale entre Tana et Antsirabe. Il sait que son action est désespérée mais il mobilise tous les Européens pour « résister à l'envahisseur ». Malgré toutes les interventions, tous les appels à la radio des alliés qui tendent à lui démontrer l'inanité de son attitude criminelle, il ne renonce pas.
Il va même jusqu’à mobiliser l'avocat communiste Albertini, qu’il avait interné à Antsirabe. Ce détenu, qui espérait chaque jour être délivré par les Britanniques fut donc contraint d’aller se battre contre eux, à la tête de sa section de mitrailleuse, en faisant ce que M. Annet appelait « son devoir de Français ».

XXIV. Impuissance masquée du gouvernement de Vichy.

En Métropole, le gouvernement de Vichy est bien entendu conscient de la perte inéluctable de Madagascar. On s’attend à une prochaine capitulation du Gouverneur Annet, ce n’est plus qu’une question de jours. Toutefois les communiqués de Vichy, notamment lancés à l’initiative de Jules Brévié, parlent avec une certaine fierté de la chute de Tananarive et de l’héroïque défense de Madagascar :

Message du gouvernement de Vichy :
L’énorme supériorité des troupes britanniques et la puissance écrasante des moyens mis en œuvre par les envahisseurs, ont permis à ceux-ci de pénétrer dans Tamatave, capitale de Madagascar. Auparavant, le Gouverneur Général Annet s’était retiré en un autre point moins accessible d’où il continue à animer les opérations de défense de l’île, à stimuler le loyalisme des fonctionnaires placés sous ses ordres. Quant à la résistance offerte par les troupes, le chef de la colonie n’a pas été seul à en montrer, dans le même message, le caractère âpre et acharné. Un communiqué britannique a annoncé, en effet, que les troupes britanniques approchaient des faubourgs de la ville, en dépit d’une tenace résistance de la part des forces françaises et a ajouté :
- « La résistance au Nord-Ouest a enfin été vaincue, lorsque nos troupes emportèrent leur dernier objectif à Mohitsy. »
Ainsi, les adversaires eux-mêmes ont reconnu que les valeureux combattants de Madagascar comme ceux de Syrie, ont tenu contre les agresseurs, jusqu’à l’extrême limite de leurs possibilités. La lutte continue.

Le Secrétaire d’Etat aux colonies :
Tananarive a été occupée par les britanniques, le 23 septembre à 17h00. La prise de la capitale par l’ennemi, après 14 jours de luttes inégales, termine la première phase de la résistance. Malgré la chute de Tananarive, nos troupes s’apprêtent à résister dans le second secteur de la Grande Île, avec la même héroïque abnégation.

Message du Gouverneur Brévié à la population de Madagascar :
Au moment où Tananarive tombe au pouvoir de l’envahisseur, le gouverneur tient à vous faire entendre sa voix et à vous dire son admiration, sa gratitude et sa confiance. Accablés par la supériorité matérielle de l’adversaire, vous ne pouviez espérer vaincre. Vos morts s’ajoutent au deuil de la Patrie. Vos ruines à ses misères. Vous êtes restés fidèles à la France, pour le meilleur et pour le pire. Nul, le gouvernement français le sait, ne pourra vous enlever votre fermeté patriotique. Gardez, sous l’occupation étrangère cette même dignité d’attitude que vous avez montrée avant l’invasion et pendant les combats. Restez unis entre-vous. Gardez confiance en la France. Madagascar unie avec elle prouvera, dans une commune destinée, le prix de son attachement. Notre pensée ardente suit les phases de la lutte héroïque qui continue.

Ces communiqués ont pour but de cacher l’impuissance du gouvernement de Vichy et de rassurer la population en métropole. Ils permettent en outre, en s’appuyant sur la durée de la campagne de Madagascar, de donner l'impression aux allemands que l’île Rouge a été bien défendue. Toutefois la vérité est tout autre. Les forces françaises, lasses de ce combat qu’elles savent sans issu, combattent assez mollement et c’est sans rencontrer trop d'opposition que les alliés capturent la capitale Tananarive.

XXV. Opération Rose, débarquement à Tuléar et à Fort Dauphin.

Dans les jours qui suivent la chute de Tananarive, des reconnaissances aériennes et des renseignements locaux montrent que les français se replient vers le Sud, par Antsirabe, Ambositra et Fianarantsoa, en prenant soin de faire sauter chaque pont derrière eux. Le général Platt étudie alors la possibilité de les prendre à revers en lançant deux opérations locales de débarquement au Sud de l’île, à Tuléar, ou une base d’hydravions peut être rapidement établie et à Fort dauphin d’où partent par bateau les chargement de Micas à destination de l’Europe occupée. Les alliés disposent de peu de temps et surtout de peu de matériel blindés pour mener la mission. Les troupes sont prélevées sur la 7th South African Mechanized Brigade, présente à Diego Suarez. Le Prétoria Regiment et quelques automitrailleuses Dingo Daimler du 1st SA Armoured Car Commando, embarquent à bord du HM Empire Pride le 20 septembre. Le transport est escorté par le HMS Birmingham et les destroyers HMS Inconstant, HMS Napier et HNLMS Van Galen. Ce sera l’unique débarquement amphibie auquel participeront les sud-africains pendant la seconde guerre mondiale. Le 24 septembre, après s’être approché de la côte Sud-Ouest de Madagascar, deux compagnies du Pretoria Regiment, appuyées par les automitrailleuses s’emparent de Tuléar. Deux autres s’emparent de Fort dauphin. Les forces vichystes estimées à au moins une compagnie n’opposent qu’une résistance de principe puis se rendent aux assaillants.

XXVI. Blocus de la Navy.

Au large des côtes malgaches, la Navy veille au blocus de l’île, escorte les convois de ravitaillement et traque les éventuels sous-marins ennemis. Le destroyer HMS Nizam s’illustre par deux fois lors de ses patrouilles dans le canal du Mozambique. Il arraisonne tout d’abord le paquebot vichyste Maréchal Galliéni, le 24 septembre. Le lieutenant V. Cohen en prend le commandement et ramène la prise de guerre jusqu’ au port du Durban. Dès son retour, le 29 septembre, il intercepte à hauteur de Lourenco Marques le paquebot Amiral Pierre, de la compagnie des messageries maritimes.
Mais le 30 septembre, alors que le navire capturé fait route vers l’Afrique du Sud, des membres d’équipage sabordent le navire. Le Nizam, après avoir récupéré l’équipage du paquebot, le coule au canon, le 30 septembre. Le 8 octobre le HMS Nizam se porte au secours du navire marchand hollandais Gaasterkerk qui a été torpillé et coulé par le sous-marin allemand U-68, au large de Capetown. Son action permet de recueillir 64 survivants.

XXVII. Une campagne de sept mois s’achève.

Dans le secteur de Tananarive, le 22nd East African Brigade Group a poussé vers l’Est de la ville pour faire jonction, le 25 septembre avec la 29th Independent Brigade qui arrive de Tamatave. Le 26, le Lieutenant Général Britannique William Platt, commandant en chef de L’East African Fleet transfère son poste de commandement de Majunga à Tannanarive, en utilisant la voie ferroviaire peu endommagée. Après avoir été ravitaillée, la 22nd Brigade entame une progression vers le Sud le 09 octobre, en direction de la ville d’Ambalavao.
Du 13 au 14 octobre, l’Amiral J.F. Sommerville est en visite à Diego Suarez pour se rendre compte par lui-même de l’évolution des opérations sur Madagascar. Il se dit irrité par l’attitude des français qui préfèrent ériger des barrières sur les routes et faire sauter des ponts sans rechercher le combat. Il est également persuadé que la résistance française se désintégrera d’ici peu.

La 29th Independent Brigade présente sur l’île depuis l’Opération Ironclad est relevée, le 16 octobre. Le 18, elle embarque à Tamatave sur trois transports de troupes (convoi MD-1). Elle sera escortée par les destroyers Napier, Inconstant et Blackmore. Le N°5 Commando, présent sur l’île également depuis le 05 mai est relevé et retourne vers Durban alors la 29th Brigade doit être dirigée vers l’Inde. Mais suite à l’apparition de nombreux cas de malaria au sein de la troupe, les trois transports se déroutent vers Durban où la Brigade aura deux mois de répit pour se remettre sur pied. Le même jour la 22nd East African Brigade combat devant Andramanalina et rencontre une sérieuse opposition. Le 1/6 (Tanganyika) King's African Rifles exécute alors une marche forcée pendant 24 heures pour surprendre l’ennemi sur ses arrières. Il calque sa progression sur celle du 5th (Kenya) King's African Rifles qui contourne la ville par le flanc. Le 19 au soir, les deux unités parfaitement synchrones et appuyées par les canons de la 20th battery de la 9th Field Artillery Brigade et la 56th (Uganda) Field Battery attaquent les défenses de la ville. La résistance cesse rapidement et 700 français sont faits prisonniers. En outre les alliés saisissent un butin comprenant deux canons de 75mm, un canon de 20mm DCA, 7 mortiers et 16 mitrailleuses. Aucne perte n’est à déplorer dans les rangs des assaillants. Ce sera le dernier gros accrochage pour les hommes de la 22nd East African Brigade. La campagne de Madagascar lui aura coûté 31 tués et 90 blessés.

Le 31 Octobre, le 1st Armoured Car Commando (South African 7th Motorized Brigade) entre le premier par le Sud dans Fianarantsoa, la dernière ville importante de Madagascar encore sous contrôle vichyste. Le 4 Novembre, la dernière position de défense française tombe. Le 5 Novembre 1942, le Gouverneur Général Annet accepte finalement le principe d’un armistice avec les forces britanniques. Les termes de celui-ci sont rigoureusement les mêmes que ceux proposés lors de l’entrevue du 17 septembre. Les hostilités s'arrêtent officiellement à 14h. L’armistice est signé le lendemain à Ambalavao. Le 08 novembre, le Gouverneur Général Armand Annet capitule près de Ihosy, dans le sud de l'île. Il est ensuite mis aux arrêts et évacué vers l’Afrique du Sud. Les forces françaises sur Madagascar, fidèles au gouvernement de Vichy, ont appliqué sans faille et jusqu’au bout les consignes de résistances données par Jules Brévié, après la chute de Tananarive. Ils ont mené un combat de guérilla, battant en retraite sur toute la longueur de l'île, faisant sauter 58 ponts sur leur passage, pendant une campagne qui dura 56 jours.

XXVIII. Londres remet solennellement Madagascar à La France libre.

Selon l'auteur des Mémoires de guerre, Eden, le 6 novembre, vient voir de Gaulle, "tout sucre et tout miel" pour lui annoncer que le gouvernement de Sa Majesté a décidé de rétrocéder Madagascar à la France combattante.
Il lui propose d'annoncer, dans un communiqué commun, le départ pour Tananarive du Général Legentilhomme, déjà nommé haut-commissaire pour l'Océan Indien. De Gaulle reçoit même une invitation à déjeuner chez le Premier ministre. Perspicace, il en déduit que le débarquement en Afrique du Nord est proche. Souhaitant préserver autant que possible les derniers intérêts français dans l’Océan Indien, il organise rapidement une mission pour tenter de faire tomber l’île de La Réunion dans le giron de la France Combattante. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, le contre-torpilleur Léopard, commandé par le capitaine de frégate Richard, débarque, en rade de Saint Denis, une compagnie d'infanterie qui rallie la Réunion à la France Libre.

Le 14 décembre, de Gaulle et Eden signent à Londres un texte remettant solennellement Madagascar entre les mains de la France combattante. En mai 1943, le Gouverneur Saint Mart est finalement désigné comme gouverneur général.
A Madagascar comme à la Réunion, les troupes sur place se rallient à une grande majorité à de Gaulle. Sur les 1 200 Français faits prisonniers, 900 acceptent de rejoindre la France libre. Un certain nombre d’entre-eux rejoindra le Régiment Blindé de Fusiliers Marins de la 2ème DBFL du Général Leclerc. Quant aux aviateurs restants, ils préféreront rejoindre en majorité l’escadrille Normandie-Niemen, probablement pour ne pas avoir à combattre aux côtés des britanniques. La Grande Île, entre ainsi dans l'orbe des Alliés et de nouveaux nombreux volontaires partiront rejoindre les Forces Françaises Libres, pour combattre jusqu'à la victoire finale. Quant aux britanniques, ils garderont cependant une présence permanente de leurs troupes sur Madagascar jusqu’en 1946.

En France, le 21 mars 1947, la Haute Cour de justice condamne Armand Annet et Jules Brévié à l’indignité nationale à vie. Jules Brévié se verra condamné en outre à une peine de 10 ans de prison qui sera finalement commuée en 7 ans.
A l’époque, l'indignité nationale est punie de la peine de la dégradation nationale (peine nouvelle, infamante, de nature essentiellement politique) de 5 ans à la perpétuité. Ses conséquences sont: exclusion du droit de vote, inéligibilité, élimination de la fonction publique, perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations, exclusion des fonctions de direction dans les entreprises, les banques, la presse et la radio, de toutes fonctions dans des syndicats et organisations professionnelles, des professions juridiques, de l'enseignement, du journalisme, de l'Institut, interdiction de garder ou porter des armes. Le tribunal peut ajouter des interdictions de séjour et la confiscation de tout ou partie des biens. Le versement des retraites est suspendu.

XXIX. Les conséquences de la guerre.

Dans son souci de faire participer l’île à l’effort de guerre, la France Libre à Madagascar va s’appuyer sur l’économie locale. Les prélèvements et les réquisitions augmentent sans cesse, ce qui suscite bientôt le mécontentement de la communauté européenne et des populations malgaches. Le problème est aggravé par l’insuffisance des marchandises de nouveau importées et le développement du marché noir. La population malgache a payé de son sang, la résistance des troupes vichystes face aux alliés. On la contraint maintenant à nouveau de le verser pour libérer la France.
En décembre 1943, René Pleven promet la constitution d’une commission mixte franco-malgache appelée à débattre de l’évolution politique future de l’île. Mais la France écarte l’autonomie au profit d’une représentation des indigènes des territoires coloniaux au Parlement français, après la guerre. Le conseil représentatif est créé en mars 1945 et dispose de certains pouvoirs, notamment en matière budgétaire.

Le 22 février 1946 des indépendantistes créent le Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache, (MDRM).    
La France craignant un accès trop rapide de Madagascar à l’indépendance, préfère alors appuyer le Parti des Déshérités de Madagascar (PASDEM) fortement implanté dans les régions côtières. En mai 1946, le maladroit retour du Gouverneur Général de Coppet, ravive de douloureux souvenirs au sein de la population locale. C’est le début de nombreuses manifestations. L’opinion malgache ne cache pas sa rancœur et sa colère contre la France. Elle est influencée par le mouvement de décolonisation qui débute alors en Indochine. Elle est aussi encouragée à réclamer une évolution rapide du statut de l’île par l’ONU et les deux grandes puissances du moment, les USA et l’URSS.

Lors des élections générales, en janvier 1947, le MDRM emporte toutes les provinces sauf celle de Majunga.
Le 29 mars suivant, une insurrection violente se déclenche. Les indépendantistes réussissent à prendre le contrôle d’un sixième du pays (côte orientale). La France emploie alors son armée pour mater l’insurrection dans le sang.       
Celle-ci s’achève en décembre 1948, sur un lourd bilan. Selon les chiffres obtenus à l’issue d’une enquête commandée par le gouverneur général Bargues en 1950, il y aurait eu un peu plus de 11 000 victimes dont plus de 80% appartenaient au camp des insurgés ou des victimes de la répression (parfois aveugle).
Les représentants indépendantistes avancent eux entre 60 et 80000 victimes. Le divorce entre la France et Madagascar est consommé. La population n’aura désormais de cesse de demander son indépendance. Elle y accédera enfin le 26 juin 1960. L’île Rouge sera admise à l’ONU quelques jours plus tard.


Quelques sources.

Livres :

Eric T. Jennings
Vichy in the Tropics : Pétain’s National Revolution in Madagascar, Guadeloupe, and Indochina, 1940-44
Eric Nativel.
Revue Historique des Armées magazine :La "guérilla" des troupes vichystes à Madagascar en 1942, 1998/1
Christian-Jacques Ehrengardt, Christopher Shores.
L'aviation de Vichy au Combat, les Campagnes Oubliées, vol.1, Paris : Lavauzelle, 1983
Kirby, S. Woodburn.
History of the second world war, The war against Japan, volume II, London HMSO, 1958
Buckley, Christopher.
Fives Ventures. London: HMSO, 1954.
Joslen, H. F.
Orders of Battle. London: HMSO, 1960.
Martin, H. J. and Neil D. Orpen.
South African forces World War II, volume VII: South Africa at War, Cape Town: Purnell, 1979.
Rohwer, J. and G. Hummelchen. CHRONOLOGY OF THE WAR AT SEA, 1939-1945. Annapolis, MD: Naval Institute Press, 1992
Shores, Christopher.
Dust Clouds In the Middle East. London: Grub Street, 1996
Max Gallo. De Gaulle, la solitude du combattant, Robert Laffont, 1998.

Sources :

C-J. Ehrengardt
Aéro Journal N°47 - Mars 2006 « Les Britanniques à Madagascar »
Jean Pierre Pénette et Christine Pénette Lohau
Le livre d’or de l’aviation malgache
Andrew, Thomas
Royal Navy Aces of WWII, Osprey n°75

Sites Internet :

https://www.history.navy.mil
https://www.naval-history.net/
https://www.uboat.net/allies/warships/ship/
https://www.sectionrubis.fr/spip.php?article93
https://www.combinedfleet.com/ss.htm
https://www.combinedfleet.com/sensuikan.htm#tromsmid
https://pagesperso-orange.fr/sous-marin.france/
https://www.merchantnavyofficers.com
https://stonebooks.com/history/mozam.shtml
https://freespace.virgin.net/e.gilroy/ironclad.html
https://samilitaryhistory.org/vol092jc.html
https://samilitaryhistory.org/vol021ce.html
https://en.wikipedia.org/wiki/No._5_Commando
https://france1940.free.fr/vichy/ob_madaf.html
https://www.rothwell.force9.co.uk/22ea.htm
https://www.combinedops.com/MADAGASCAR.htm
https://www.fleetairarmarchive.net/Squadrons/
https://www.bretagne-aviation.fr/Aviateurs/page_bon.htm
https://stonebooks.com/history/madagascar.shtml
https://wapedia.mobi/fr/Operation_Ironcla

Par Fabrice Thery

https://www.histoquiz-contemporain.com/Histoquiz/Lesdossiers/seconde/madagascar/Dossier.htm


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