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Légionnaire toujours...

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Discours du Président Valéry GISCARD d’ESTAING

Envoyer

lors de la cérémonie de transfert des cendres du Général Bigeard au Mémorial des guerres en Indochine de Fréjus.

 

 

 

Camp militaire Lecoq

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20 novembre 2012

 

 

 

 

Madame Marie- France Bigeard,

Monsieur le Ministre de la Défense,

Monsieur le Ministre délégué chargé des anciens combattants,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,

Messieurs les anciens Ministres de la Défense,

Messieurs les Officiers Généraux,

Madame la Présidente de la Fondation Général Bigeard 

Officiers, sous-officiers, légionnaires et soldats

 

Un ordre du jour émouvant vient d’être lu, comme c’est la règle, par Monsieur le Ministre de la Défense, que je salue cordialement.

Au cours de cette cérémonie, impressionnante et émouvante, le Gouvernement et l’Armée de Terre, mais aussi comme l’a écrit Victor Hugo, « un peuple entier », viennent rendre au Général Bigeard les honneurs qui lui sont dus.

Si, comme vous, avec vous, je suis venu accueillir l’arrivée de ses cendres dans cette terre militaire, c’est pour deux motifs : la reconnaissance en tant qu’Ancien Président de la République et la fidélité.

Le Général Bigeard a rendu de grands services à notre pays par ses actions d’éclat militaires. Lorsqu’il a sauté pour la deuxième fois sur la cuvette de Dien Bien Phu à la tête du 6e BPC, le 16 mars 1954, chacun sentait que la fin du siège était proche. En venant rejoindre ses frères d’armes, il savait qu’il se condamnait à la mort ou à la captivité, cette captivité cruelle et humiliante qui a enchaîné 11.700 prisonniers, dont seulement un peu plus de 3000 sont revenus.

Je ne connaissais pas Marcel Bigeard.

Ma première rencontre avec lui a eu lieu dans la Cour des Invalides, le 27 Septembre 1974, lorsque je lui ai remis les insignes de Grand-Croix de la Légion d’Honneur. Il était devant moi, au garde à vous, en tenue de service.
Conformément à la règle il ne portait pas de décoration, mais je voyais briller sur sa croix de guerre, dans le souvenir que je gardais de sa célèbre photo, les palmes et les étoiles de ses vingt-cinq citations.
Lorsque je lui ai donné l’accolade, ce geste n’était pas conventionnel. J’ai eu le sentiment d’étreindre le dernier grand soldat de notre histoire militaire.

Certes il y aura toujours des officiers, des sous-officiers et des soldats courageux dans nos forces armées, comme en témoignent l’opération de Kolwezi et les actions en Afghanistan. Mais le changement d’époque n’offrira plus à personne, sans doute, de déployer son courage au service de son pays pendant 23 années consécutives sur les terrains de la France, d’Extrême Orient et d’Afrique.
De même que la victoire du 11 Novembre 1918 restera la dernière victoire militaire de la France dans un conflit mondial où elle exerçait le commandement des Armées alliées, de même le courage et le dévouement de Marcel Bigeard à toutes les causes où la France était engagée, feront de lui, le dernier soldat emblématique de notre histoire.
*
*        *
Je me suis souvenu de lui en 1975 lorsque notre armée traversait un malaise profond. En raison sans doute des économies excessives de fonctionnement décidées sous la Présidence précédente pour gager la mise en place des forces de dissuasion, des failles apparaissaient dans la discipline d’une armée qui était encore une armée de conscription, assujettie au service militaire. Des incidents éclataient dans les casernes, et à la gare de l’Est, lors des départs de train de permissionnaires …

J’ai fait venir Bigeard à Élysée.
Je lui ai parlé seul à seul en lui donnant pour mission de rétablir le moral et la discipline de notre Armée.
Il m’a répondu :
« Vous êtes Chef des Armées, je n’ai pas à discuter. Je suis prêt à assumer la mission que vous voulez me confier ».
Et je l’ai nommé Secrétaire d’État à la Défense.

Il est revenu me voir le 4 Août 1976 pour me dire :
« J’ai accompli ma mission. Je vous demande de me laisser partir ».

Il avait effectivement rempli sa tâche : la discipline avait été rétablie, la condition militaire revalorisée, et l’Armée avait retrouvé son allure.
Car Marcel Bigeard n’était pas seulement un combattant, mais aussi un organisateur, et surtout un entraîneur d’hommes.
*
*        *
La reconnaissance, mais aussi la fidélité !

Je l’ai revu plusieurs fois par la suite, à Paris et à Toul. Il m’envoyait chacun des ses livres, et m’écrivait des lettres d’encouragement. Quelques jours avant sa mort, j’ai entendu sa voix au téléphone. Il était à l’hôpital, toujours plein d’allant et d’optimisme.
Je ne l’ai retrouvé qu’un peu plus tard, dans son cercueil, déposé dans la Cathédrale de Toul.

J’ai dit alors : « Les vieux soldats ne meurent jamais, ils s’effacent seulement à l’horizon ». Cet horizon aujourd’hui est celui du Mémorial des guerres en Indochine de Fréjus, où il est venu rejoindre beaucoup de ses camarades, qui ont participé aux mêmes combats, et été associés aux mêmes exploits.

Vous tous, ses compagnons d’armes, vous jeunes soldats, sous-officiers et officiers, vous jeunes officiers de la promotion « Général Bigeard » de l’Ecole Militaire Interarmes, quand vous vous souviendrez de cette cérémonie, rappelez vous la belle épitaphe du poète :
« Ici reposent les cendres et la semence de Marcel Bigeard »
- les cendres appelées à se confondre avec la terre de notre pays, mais aussi la semence, c'est-à-dire son courage, et son dévouement et surtout, bien qu’il soit déjà trop loin pour que nous puissions l’entendre, l’enthousiasme qui faisait battre son cœur pour toutes les grandes causes de la France.

Traduction

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