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Allocution du ministre de la Défense au 4e régiment étranger de Castelnaudary - 25 octobre 2013

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M. Jean-Yves Le Drian,

Ministre de la défense

 

 

 

Allocution au 4e Régiment Étranger

 

 

 

A Castelnaudary, vendredi 25 octobre 2013

Seul le prononcé fait foi

Officiers, sous-officiers,caporaux-chefs, caporaux et légionnaires du 4e Régiment Étranger,

 

Je suis très heureux de passer cette journée avec vous. J’ai découvert ce matin la ferme de Bel Air, où j’ai déjà pu rencontrer certains d’entre vous. J’ai beaucoup apprécié le repas de corps au cours duquel nous avons pu échanger Je voudrais maintenant vous adresser quelques mots.

J’avais plusieurs raisons de venir ici, à Castelnaudary.

Je souhaitais vous rencontrer,d’abord, pour vous dire la fierté que m’inspirent nos armées, et la Légion étrangère en particulier. De mes différentes visites aux forces, en France mais aussi sur les théâtres, que ce soit en Afghanistan, au Liban et encore tout récemment au Mali, je retiens l’excellence de nos forces et l’immense valeur de nos soldats. J’ai rencontré au Mali les légionnaires du 2e régiment Étranger de Parachutistes, du 2e Régiment Étranger d’Infanterie et ceux du 1er Régiment Étranger de Cavalerie. Le rang de la France dans le monde, c’est son siège au Conseil de sécurité, mais c’est à l’évidence aussi votre excellence, votre valeur. C’est toute l’énergie que vous déployez au quotidien, vous qui, en portant haut le fanion vert et rouge de la Légion, portez haut les couleurs de la France. Aujourd’hui, je viens donc d’abord avec un message de satisfaction et de confiance, pour vous dire très simplement la fierté que j’ai d’être votre ministre.

*

Je souhaitais aussi vous rencontrer,pour vous dire quelques mots, à vous et au-delà de vous à l’ensemble de la communauté militaire, à propos du renouvellement de notre défense, qui est l’un des grands enjeux nationaux de cette année 2013. J’ai choisi de le faire ici,face à vous.

Dans un contexte particulièrement complexe, avec des contraintes budgétaires très fortes mais aussi des menaces qui sont loin d’avoir faibli, le Président de la République a pris une série de décisions majeures.

D’un côté, il fallait redresser nos finances publiques, parce que c’est une question de souveraineté pour la France. Nous devons garder le contrôle de notre dette. De l’autre côté, il fallait consolider et moderniser notre appareil de défense, et je crois que nous serons d’accord pour dire que c’est une autre question de souveraineté majeure. C’est le sens du projet de loi de programmation militaire. Le Président de la République a d’abord pris la décision de sanctuariser notre effort de défense, en maintenant notre budget à son niveau actuel, puis en envisageant une légère hausse.

Avec ce niveau de ressources, nous allons maintenir la France au premier rang sur le plan stratégique. Grâce au nouveau modèle d’armées défini par le Livre blanc, nous resterons l’un des rares pays dans le monde à pouvoir assurer simultanément les trois missions fondamentales que sont la protection du territoire et de la population, la dissuasion nucléaire, et l’intervention sur des théâtres extérieurs, pour des missions de gestion de crise ou de guerre. Pour y parvenir, la préparation opérationnelle mais aussi les équipements sont au cœur de ce projet de loi de programmation militaire.

*

C’est la troisième raison pour laquelle je tenais à être avec vous aujourd’hui. Je voulais vous entendre.

Le contexte actuel est difficile pour tous. Nos armées bénéficient d’une priorité forte, qui est aussi la reconnaissance de ce qu’elles valent et de ce qu’elles font pour la Nation. Il n’en reste pas moins que la Défense contribue aussi, comme les autres ministères, à l’effort national de redressement des comptes publics.

Les décisions de restructuration pour l’année 2014 sont maintenant connues. Je voudrais vous dire pourquoi je n’ai pas souhaité annoncer d’un coup cinq années de restructurations. Nous n’avons pas encore décidé, tout simplement parce que nous voulons nous donner du temps, pour ajuster au mieux, lieu par lieu, les efforts que nous devrons faire. Lorsque j’étais élu local, j’ai connu des restructurations, avec des méthodes qui ont pu être brutales. Ce ne sont pas les miennes. Pour ma part, je serai dans le dialogue, avec les élus comme avec les personnels, car ce sont eux qui font vivre au quotidien les liens fondamentaux qui unissent les territoires et les armées. Ces liens, je veux les préserver au maximum. Cela demande donc de prendre le temps, pour ajuster au mieux les décisions que nous prendrons. Dans tous les cas, vous le savez, le 4e Régiment Étranger, qui est au cœur de la Légion étrangère, n’a pas de raisons de s’inquiéter…

Cet effort de la Défense prend d’autres formes, et je sais ici que cela peut être dur pour vous. Je m’en rends compte régulièrement, lorsque je vais dans les régiments de l’Armée de Terre, et le chef d’état-major de l’Armée de Terre me tient au courant de vos difficultés. Je pense en particulier aux économies de fonctionnement. Le Président de la République lui-même en a conscience. C’est le sens de la priorité qu’il a marquée pour les armées. En outre, la mission qu’il m’a confiée, c’est aussi de sensibiliser l’ensemble du Gouvernement à la singularité du métier de soldat et aux contraintes particulières que cela peut générer. C’est ce que je fais au quotidien. C’est ce que j’ai fait en particulier lorsque j’ai porté la voix des militaires dans le débat sur les retraites, pour réparer une iniquité née de la loi de 2010 et faire respecter vos spécificités.

Vos difficultés, je les mesure, et en même temps je souhaite vous entendre à leur sujet, pour réfléchir ensemble, concrètement, aux moyens d’y remédier au mieux. Aujourd’hui, j’ai tenu deux tables rondes. J’ai noté un certain nombre de choses, auxquelles je vais réfléchir pour voir ce que l’on peut faire. D’ores et déjà, je voudrais vous dire que ce que j’ai vu et entendu aujourd’hui renforce ma motivation pour trouver une solution aux insupportables problèmes du logiciel de solde Louvois. Cela me renforce dans la conviction que nous avons eu raison en faisant du maintien de l’activité opérationnelle une priorité de la loi de programmation militaire. Cela renforce la détermination que j’ai pour élaborer calmement une politique de ressources humaines, qui permettra à chacun de s’épanouir pleinement dans son métier.

*

Voilà autant de sujets dont je veux me saisir. Mais il y en a un qui me tient particulièrement à cœur, et que je veux évoquer avec vous aujourd’hui : notre système de soutien, fondé depuis 2011 sur les bases de défense. Et ce que vous m’avez dit aujourd’hui me confirme, une fois de plus, ce que je viens vous annoncer aujourd’hui.

Depuis que j’ai pris mes fonctions, je me suis déplacé à de nombreuses reprises dans les forces et dans les bases de défense, pour être en contact direct avec celles et ceux qui travaillent au quotidien dans le cadre de cette réforme du soutien. A chaque fois, lors de ces échanges, je me rends compte des premiers résultats positifs de la mutualisation des soutiens, mais je mesure aussi toutes les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette transformation.

Je n’ai pas peur des mots : dégradation de la qualité de l’administration et du soutien de proximité (et ici Louvois est un exemple monstrueux), complexité de l’organisation des soutiens, retard dans le déploiement des systèmes d’information, périmètre budgétaire des bases de défense qui est mal défini…

Le 1er juillet dernier, j’ai pris plusieurs décisions concernant l’organisation et le fonctionnement des bases de défense. Je les ai prises, au terme d’une longue réflexion avec l’ensemble des armées, directions et services. Je les ai prises, en ayant le souci premier de préserver l’environnement et les repères des personnels concernés.

Aujourd’hui, nous allons donc instaurer un comité ministériel des soutiens que je présiderai ; nous allons mettre en place une autorité hiérarchique du service du commissariat des armées sur les groupements de soutien en bases de défense ; dans le même temps, nous allons renforcer les capacités d’arbitrage et de coordination des commandants de base de défense… Pour mettre en œuvre ces décisions, j’ai fait le choix d’en passer par une expérimentation préalable, avant toute généralisation, parce que ma méthode c’est celle de l’écoute, du dialogue et de l’action dans la durée.

Au-delà de ces évolutions structurelles, je tiens à dire qu’à chaque fois que je me rends dans une unité, on me fait part des difficultés de tous les jours. Ces difficultés vous «gâchent la vie», je m’en rends compte. C’est inacceptable. A chacune de mes visites, j’ai pu constater des difficultés très concrètes, auxquelles je veux qu’on apporte des réponses très concrètes, immédiates et visibles. Je veux répondre avec l’engagement qui s’impose. Je pense par exemple à la dégradation de l’entretien des bâtiments, ou aux difficultés persistantes rencontrées par les personnels pour accomplir leurs missions. Cette situation s’explique par les contraintes budgétaires, mais aussi, parfois, par le maintien de procédures lourdes, complexes. Ces procédures surchargent le personnel affecté dans les formations assurant le soutien, et désespèrent ceux qui sont dans les unités opérationnelles, comme les régiments. Tous ces exemples, c’est vous qui me les avez donnés, et c’est sur la base de vos attentes que je veux travailler. Je vous le dis, il y a une urgence, parce que nous ne pouvons pas continuer ainsi.

Aujourd’hui, je déclenche donc un plan d’amélioration des conditions de vie et de travail en bases de défense, à mise en œuvre immédiate, pour répondre pleinement et concrètement aux attentes qui se sont exprimées sur le terrain et dont j’ai pris toute la mesure. Je débloque immédiatement 30 M€ pour financer des mesures très concrètes, attendues par tous, pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de tous les personnels, et renforcer les moyens d’exécution des missions, dans chaque BDD.

Bien sûr, je vais entrer dans le détail. Trois catégories de dépenses seront privilégiées à travers ces 30 M€, qui seront utilisés par les bases de défense jusqu’au dernier euro au profit exclusif des personnels dans les unités, j’y veillerai personnellement. D’abord, améliorer et entretenir le cadre de vie et de travail. C’est-à-dire réaliser les réparations urgentes (sanitaires), rénover les bâtiments (bureaux et hébergement),  couvrir les marchés d’entretien (nettoyage des locaux). Ensuite, faciliter les achats de proximité touchant à la vie quotidienne sur le site et qui sont pour la plupart réglées par carte achat : fournitures, produits d’entretien, fontaines d’eau potable, achats de petites pièces détachées levée du moratoire sur l’ameublement de bureau. Enfin, renforcer les moyens d’exécution des missions, en desserrant les contraintes d’utilisation des cartes d’autoroute, en couvrant les achats de fournitures courantes.

Cette allocation de 30M€ sera répartie dès le début du mois de novembre, en fonction de besoins précis, concrets et ciblés sur chaque base de défense. Le commandement est mobilisé sur le recueil précis des besoins. Elle sera complétée par des actions visant à simplifier les processus et procédures en bases de défense, l’administration de proximité, mais aussi à mettre en cohérence certaines fonctions sensibles comme la prévention et la maîtrise des risques, le dialogue social…

Sur ces différents axes d’effort, un premier bilan sera fait avant la fin de l’année. Évidemment, à travers ce plan, j’appelle à la mobilisation de tous, en particulier des cadres des armées, des directions et des services, pour la réussite du dispositif des bases de défense et l’amélioration des conditions de vie et de travail des personnels qui y sont affectés.

Partir en mission, organiser un exercice ou une séance de tir, commander un véhicule… sont autant d’actes quine doivent plus constituer une difficulté au quotidien, pour celles et ceux qui ont fait le choix de servir notre pays de la plus belle manière qui soit. Le plan que j’annonce aujourd’hui, c’est un engagement personnel que je prends, et j’entends qu’il soit mis en œuvre avec détermination et sans faiblesse. Je serai donc particulièrement vigilant à sa bonne mise en œuvre. Je sais pouvoir compter sur l'EMA et le SCA pour mener à bien ce plan d'amélioration des conditions de vie et de travail du personnel. Les commandants de base de Défense et chefs de groupement de soutien ont un rôle crucial.

*

Cette visite, enfin, est bien sûr pour moi l’occasion de saluer la Légion étrangère, et tout particulièrement le 4e régiment étranger qui m’accueille aujourd’hui.

Ce régiment occupe une place spécifique dans la vie de la Légion, puisque c’est ici que sont intégrées et formées les nouvelles recrues. Des hommes venus de tous horizons, ayant connu des situations humaines extrêmement diverses, se retrouvent ici pour apprendre ensemble. Apprendre une langue, bien sûr, le français, que certains connaissent déjà un peu, que d’autres ignorent totalement. Apprendre une culture, surtout,celle d’un pays qu’ils ont choisi de servir. Cela demande des efforts. Mais, envoyant la détermination de ces jeunes légionnaires, en voyant la qualité de leurs instructeurs, je ne doute pas un seul instant qu'ils sauront s’intégrer à la Légion, à nos armées, au service de la France.

Cette visite m’en apporte une nouvelle preuve : la Légion étrangère, au-delà de sa valeur militaire, qui est déjà bien connue de tous, est un formidable creuset d’intégration nationale et républicaine. Sa vocation historique est celle de notre pays, c’est une tradition d’accueil qui est en même temps plein d’avenir.

Au-delà des différences particulières, c’est la volonté de service la France qui vous rassemble. Ce service demande des sacrifices, qui vont parfois jusqu’au don total de soi. La Nation le reconnaît : c’est tout le sens des décrets de naturalisation que je vais maintenant remettre. Ces certificats de nationalité française permettent de mesurer tout le chemin parcouru par des hommes qui ont choisi de se mettre au service de la France et qui maintenant souhaitent en devenir citoyens. Ces certificats sont l’aboutissement d’un long et beau processus d’intégration, propre à la Légion étrangère et qui commence ici, à Castelnaudary. C’est peut-être la plus grande force de la Légion, celle de faire partager les valeurs universelles de notre République avec ceux qui veulent la rejoindre. En devenant légionnaires, vous vous êtes engagés dans un destin collectif, celui de notre pays, qui est désormais aussi le vôtre, au service de la justice et de la paix.

Soyez fiers d’appartenir à la grande famille des légionnaires. C'est tellement important que le projet de loi de programmation militaire, actuellement examiné au Parlement, donne pour la première fois, à l’initiative du Sénat, une place particulière à la Légion. Il donne au foyer d'entraide de la Légion un statut juridique clair pour lui permettre de remplir ses missions de solidarité. C'est un signe fort de la reconnaissance de la Nation envers les légionnaires. En retour, soyez dignes de vos aînés qui, depuis Camerone, portent haut les couleurs de la France. La Nation compte plus que jamais sur vous. Vous avez toute ma confiance.

Seul le prononcé fait foi


Traduction

aa
 

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