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Les sanatoriums de l'Océan Indien.

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Le Monde illustré du 28/09/1895

 

Photographies communiquées par M. H. MAGER.

 

Possédons-nous, dans nos colonies de l'Océan Indien, des sanatoriums, ou tout au moins quelques climats privilégiés où il pourrait être installé des établissements de convalescence ?

Toutes nos colonies de l'Océan Indien jouissent dans certaines parties de leur zone élevée d'un climat réparateur; et les deux plus importantes de ces colonies, Diego-Suarez et la Réunion, ont construit dans les sites les plus favorables des hôpitaux ou des sanatoriums.

 

Le sanatorium de Diego-Suarez a été installé sur la montagne d'Ambre, à 35 kilomètres d'Antsirane, chef-lieu de la colonie, et a environ 1,300 mètres d'altitude : une piste presque carrossable y conduit ; les charrettes de nos colons peuvent s'y engager sans crainte dans la bonne saison ; mais
nous avons peu de charrettes à Diego et comme un seul de nos colons possède une calèche à mules, le chemin se fait presque toujours à cheval, ou en filanzana : le trajet s'effectue en quatre heures.

Notre colonie gérant ses finances avec une parcimonie qui devrait être pour beaucoup un exemple, nous n'avons pas construit un luxueux et coûteux édifice ; nous avons élevé une vaste maison assez semblable à celles de nos colons; cloisons en planches, toiture en tôle ; ce n'est pas très confortable, mais c'est suffisant; d'ailleurs la vue est si belle, si magnifique, dominant toute la baie de Diégo-Suarez qui apparait dans son admirable ensemble, embrassant au loin tout le Nord de Madagascar, qu'on domine comme des cieux; puis cet air élevé est si pur.

Il n'y a nulle part sur notre terre d'aussi belle retraite : on vante parfois le Peak-Victoria de Hong-Kong : le Peak-Victoria a un double orgueil, il est vrai : on y accède en funiculaire, on y trouve des hôtels, qui quoique anglais, savent accommoder quelques plats; pour la montagne d'Ambre, certes pas de chemin de fer, pas d’hôtels : mais l'isolement est un grand charme et notre montagne avec sa verdure, ses eaux qui bruissent, sa brise qui fouette, son beau ciel tout proche, son horizon lointain sans limite, est sans rivale : on y est au dessus de la ville et des villages, on les voient à ses pieds, loin, bien loin et petits.

Ce n'est pas cher, non plus : le budget local ne demande pas 9 francs par journée, là-haut; le tarif des chambres est de 1 franc 50 cent. pour les officiers et les fonctionnaires, de 2 francs pour les particuliers.

Nous n'aurions pu loger là, malheureusement, tous les malades du corps expéditionnaire. D’ailleurs le cyclone de 1894 a mis à mal notre frêle bâtiment , qui n'est plus guère qu'une épave; mais la montagne d'Ambre a un large sommet et il eût été facile d'y construire en quelques jours des casernements assez vastes pour un millier d'hommes, pour deux mille s'il eût fallu : nos entrepreneurs d'Antsirane avaient des matériaux en réserve et des ouvriers plus qu'il n'en fallait : le travail pouvait être mené rondement.

La commission militaire chargée par ministère de la guerre de choisir un emplacement pour le grand sanatorium du corps expéditionnaire n'a pas visité la montagne par le fait d'un simple hasard : il pleuvait le jour où la commission se mit en route pour la montagne : elle s'arrêta au sixième
kilomètre, dans les casernements de Mahatsinzoarivo, et se contenta d'étudier la montagne d'Ambre avec ses lorgnettes.

La montagne d'Ambre avait d'incontestables avantages sur Nosy-Komba, qui, à tous les points de vue, fut un détestable choix : les navires, qui transportent les malades à Nosy-Komba n'auraient eu que six heures de route à faire en plus pour atteindre les côtes voisines de la montagne, au sud ou au nord du cap Saint-Sébastien ; sur cette côte, affirme le commandant Jehenne, les brises sont modérées, la mer est toujours belle, et les mouillages sont nombreux.


Plus de douze sentiers indigènes, relevés par notre service des Travaux, conduisent vers le sanatorium : on s'en serait servi ; ils sont durs, mais ils ne sont pas impraticables ; on les aurait améliorés ensuite.

Le service de l'artillerie a déjà effectué dans la colonie des travaux considérables, entre autre la voie ferrée, qui partant du port, gravit les flancs du plateau et s'étend jusqu'à Mahatsinzoarivo : il eût pu, sans grands efforts, améliorer les chemins de la vallée de l'Irognogno ; à son défaut notre Service des travaux, qui a fait ses preuves en construisant le premier tronçon de la route d'Antsirane à Anamakia eût pu être chargé du travail.

Les fiévreux et les anémiés du corps expéditionnaire se seraient guéris en trois ou quatre semaines ; ils auraient ensuite gaillardement supporté la traversée du retour en France.


*
* *


Si les travaux qu'il eut fallu effectuer à Diego-Suarez pouvaient fournir prétexte à hésitation, la Réunion, elle, pouvait recevoir des milliers de malades dans les locaux existants.

A Saint-Denis, chef-lieu de la Réunion, il y a une caserne immense, ou mille hommes peuvent tenir à l'aise; elle est aujourd'hui déserte.

Pourquoi ne pas l'avoir transformée en hôpital ? En hôpital-annexe du grand hôpital militaire, qui est bâti tout proche, sur l'autre bord de la rivière.

Qu'on ne dise pas que la Réunion est un pays de fièvres, où il faut se garder d'aller.

Bien des métropolitains et bien des créoles ont déjà senti à Madagascar, avant cette expédition, les atteintes de la fièvre malgache ; ils sont toujours revenus à la Réunion pour se remettre ; et ils avaient la constante habitude de demeurer en ville (à Saint-Denis) une quinzaine avant de gagner les hauts, les brûlés, les plaines et les cirques.

 

Nos soldats se seraient donc très bien trouvés du séjour de la Réunion, en affectant à leur usage la caserne, les bâtiments de l'artillerie, divers autres bâtiments cédés avec enthousiasme par les municipalités: il en aurait été logé et soigné de 3,000 à 4,000 dans les parties basses : ceux dont l'état aurait nécessité plus de soins auraient été transportés dans les Hauts, à Salazie, où il y a un hôpital militaire, à Cilaos, à la plaine des Palmistes, où il y a des baraquements militaires, si je ne me trompe, à Saint-François, dans tous les édifices coloniaux et dans les maisons que les particuliers auraient cédées.

 

A Salazie et à Cilaos ! Quelles ravissantes stations ! Le cirque de Salazie est situé à 52 kilomètres de Saint-Denis; on s'y rend en chemin de fer de Saint-Denis à Saint-André et en diligence de Saint-André au village qui est à 872 mètres d'altitude; l'hôpital militaire et le centre d'Hellbourg sont au delà sur un plateau de 919 mètres d'altitude; une source minérale y a été découverte en 1831 par des chasseurs de cabris; elle a été captée en 1852 et 1853; sa température est de 32° centigrades ; son goût est aigrelette.

 

Le climat de ce cirque est si délicieux et l'accès en est si facile que les Bourbonnais y vont en foule pendant la saison d'hivernage et plus particulièrement du 15 septembre au 15 décembre; c'est-à dire en ce moment même ; les Mauriciens, qui n'ont pas dans leur belle Ile de France des lieux si charmants y affluent plus nombreux encore que les Bourbonnais.

 

LES SANATORIUMS DE LA RÉUNION. — L'ÉTABLISSEMENT THERMAL DE SALAZIE ET L'HÔPITAL MILITAIRE.

 

Pourquoi nos soldats n'iraient-ils pas là ? Si l'hôpital militaire ne peut en hospitaliser qu'une centaine, un millier peuvent être logés dans les maisons privées, car Salazie n'est pas un désert ; ce district compte plus de cinq mille habitants, et certaines maisons du village sont grandes, spacieuses et coquettes, à en juger par les belles photographies que nous publions.

Cilaos, avec ses sources thermales de 34° à 39°, n'est pas moins pittoresque que Salazie; l'accès en est peut-être moins facile et plus long, mais les cures y sont, dit-on, plus merveilleuses.

Est-il bien nécessaire, après ces constatations, de formuler la conclusion ?


HENRI MAGER.
Délégué de Diégo-Suarez.


Traduction

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