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A MADAGASCAR

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Le Monde illustré du 01/06/1895

 

A MADAGASCAR

Poursuivant la série de nos illustrations, d'après les croquis de notre envoyé spécial, M. Louis Tinayre nous publions aujourd'hui, en un très curieux groupement, certains des épisodes les plus saillants des débuts de la campagne. De ce nombre a été l'exécution de M. Grévé, le Français qui a été fusillé par ordre du gouverneur hova de Mahalo, dans le Ménabé.

Le peloton d'exécution comprenait dix Hovas, sous le commandement d'un officier.

Les Hovas sont vêtus d'une sorte de blouse blanche, serrée à la ceinture par une cartouchière de chasse.

Ils ont les jambes nues, sont coiffés d'un chapeau de paille, et armés du fusil Schneider.

Ils sont placés sur deux rangs, et le premier rang seul tire. L'officier est vêtu d'un habit rouge avec ceinturon, pantalon et casque blanc.

La messe de Pâques a motivé une composition très pittoresque

Elle fut dite à Majunga, à huit heures du matin, par un des deux pères jésuites qui y sont fixés.

Les manœuvres de la 3e compagnie de tirailleurs malgaches, fournissent un intéressant sujet.

Ces manœuvres, sous le commandement du capitaine Jacquemin, ont été faites dans la brousse, et ont eu pour objet l'assaut d'un mamelon figurant la position ennemie. Marches, contremarches, éparpillement en tirailleurs, tir debout, tir à genoux, assaut à la baïonnette, rien n'a manqué à ces exercices dont le dessin de M.Tinayre nous donne une impression fort exacte et fort intéressante.

Bien curieux est encore le portrait du roi Sélim qu'il a photographié au moment où il se rendait au quartier général, monté sur son filanzane, et entouré de son escorte.

Le roi Sélim, chef de tribu sakalave, venait, en grande pompe, faire sa soumission au général Metzinger.

Voici le récit de cet incident, d'après notre confrère du Temps :

« Précédés d'une bande de types accomplis de fahavalos, soufflant éperdument dans des cornes de bœuf, cinquante Sakalaves à la mine patibulaire, le front orné du fébika (1), sortaient cérémonieusement de la place du Marché. Derrière eux venaient deux riches filanzanas portés par des esclaves; dans le premier on voyait Mpanjaka Salima, qui ne s'était jamais trouvé à pareille fête; il était chaussé de bas rouges et de pantoufles vertes, et, à son côté, s'appuyant d'une main sur le brancard du palanquin, marchait un grand diable de noir fort connu à Majunga, que l'on avait décoré, pour la circonstance, du titre pompeux de premier ministre du roi de Kandany; dans le deuxième se prélassait l'auguste mère de Salima, la reine Angala, orde vieille qui eut fait la joie d'un Callot ou d'un Gustave Doré. Tout ce beau monde s'en allait rendre visite au général Metzinger. On dit qu'au cours de cette entrevue, Salima, qui ne perd pas la carte, aurait demandé à être mis en possession du domaine et des tombeaux des rois du Boeni, ses ancêtres, ce qui équivaudrait, pour les Sakalaves à l'investiture de cet immense royaume qui s'étend depuis le Ménabé jusqu'aux confins de Diego-Suarez. »

Fort heureusement qu'il n'a pu tirer du général que de vagues promesses.

« Après cette visite, Salima s'est rendu à bord du Primauguet pour saluer le commandant Bienaimé. »

Onze coups de canon — quel fut l'inventeur de ce protocole ? — furent tirés en son honneur au moment où la baleinière qui le ramenait à terre s'est détachée du bord.

« Le lendemain, à trois heures et demie, Salima est retourné à Kandany. »

« Salima est au reste un monarque sans autre importance. »

« Il suffit de savoir, pour en être convaincu, que le gouvernement malgache a distribué le titre de mpanjaka (roi) à tous les chefs de tribu, quelque infime qu'elle fût. »

D'après les correspondances anglaises, on prêterait à la reine, au sujet des événements qui se déroulent en ce moment dans l'île, le langage suivant :

« Nous avons scrupuleusement observé les traités avec les Français, bien qu'on ait dit le contraire. Nous avons essayé par tous les moyens de supporter les injures dont ils nous ont accablée ainsi que nos sujets pendant neuf ans, sans ombre de justification. Ils ont rompu leurs traités, ils demandent notre terre pour leur peuple et nous refusons naturellement avec indignation de céder à cette monstrueuse demande. Il est préférable de disparaître du nombre des nations libres ou d'être exterminés plutôt que de devenir les sujets asservis de la France ou de toute autre nation étrangère.»

La reine aurait dit ensuite :

« Moi et mon peuple avons fait tout ce qu'il était en notre pouvoir de faire pour éviter la guerre et on ne nous a pas laissé le choix. Nous aurons donc la guerre. Moi et mon peuple aurons à combattre contre une puissante nation, la France. Dieu nous aidera; nous lutterons pour la défense de nos droits et de nos foyers, non seulement jusqu'à la défaite ou l'infortune, mais, si besoin est, tant qu'un homme restera debout, jusqu'à ce que le sang malgache ait inondé la plaine et la montagne et que notre nom et notre peuple ne soient plus qu'un souvenir. »

De même source, proviennent des informations de fantaisie sur l'état sanitaire du corps expéditionnaire.

Or il ressort de toutes les correspondances parvenues officiellement en France, que la santé des troupes ne laisse rien à désirer. Du reste, l'arrivée prochaine de nos soldats sur les premiers échelons du plateau central, dont la salubrité est incontestable, dissipera les inquiétudes que ces dépêches volontairement alarmantes pourraient faire concevoir.


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