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M. Félix Faure à Sathonay.

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Le Monde illustré du 06/04/1895

 

M. Félix Faure à Sathonay

M. le Président de la République, désireux de donner à l'armée un éclatant témoignage de sa sollicitude, a voulu remettre lui-même les drapeaux au corps expéditionnaire de Madagascar.

La cérémonie a eu lieu au camp de Sathonay à quelques kilomètres de Lyon, le 28 mars.

Bien avant l'arrivée de M. Félix Faure, les environs du camp présentent l'aspect le plus pittoresque. De tous côtés, breaks, omnibus, jardinières, charrettes, amènent une foule de curieux. Sur les routes encombrées par les piétons et par les détachements de troupes, les cyclistes font de bruyants appels pour s'ouvrir un passage.

Jamais peut-être, même aux plus beaux jours de son histoire, Sathonay n'avait vu tant de monde et surtout tant d'uniformes.

La gare  — un petit, tout petit bâtiment en bois — dissimule tant bien que mal sa vieillesse sous des trophées de drapeaux. Au reste, les yeux ne s'arrêtent guère sur elle. Ce que le public regarde curieusement, ce sont les beaux habits brodés des fonctionnaires, ce sont les gendarmes correctement alignés, et plus loin, se profilant sur le ciel gris, six pièces d'artillerie.

A huit heures et demie, un premier coup de canon salue l'entrée en gare du train présidentiel, M. Félix Faure descend de voiture suivi du ministre de la guerre, du ministre de la marine, des généraux de Boisdeffre Tournier et Rau. Le maire de Sathonay lui souhaite la bienvenue, mais l'émotion de se trouver en présence du premier magistrat de la République fait trembler sa voix. Sans perdre le temps en de longs discours, le cortège se met immédiatement en marche vers le camp. Lorsque le Président y arrive, le coup d’œil est superbe. Ici le 200e de marche en tenue de campagne; là, les officiers que on va décorer, les délégations et les quatre drapeaux.

Plus loin, une foule de plusieurs milliers de personnes contenue par de simples barrières à claire-voie.

Dans le lointain, sous un ciel très obscur, gros de menaces, s'estompent les sommets du mont Andre, du mont Tou, et les plateaux de Saint-Cyr.

Le général Duchesne vient se placer à vingt pas du président, et après avoir salué de l'épée, fait présenter les armes et sonner au drapeau.

Les roulements, les sonneries terminées, le général appelle les porte-drapeaux. Escortés chacun par deux hommes, ils vont se placer à peu de distance du président de la République. Devant eux se tiennent, le sabre à la main, les colonels Gillon, 200e de marche; Houdry, régiment algérien; Bouguie, 13e de marine; de l'Horme, régiment colonial.

M. Félix Faure prend chaque drapeau, le remet à son colonel, qui le confie ensuite à l'officier porte-drapeau, puis, d'une voix forte, il prononce un discours vibrant de patriotisme qu'il termine par ces mots :

Dans les marches, dans les combats, aux heures de péril et aux heures de victoire, en jetant un regard sur vos drapeaux déployés, vous sentirez que la France est avec vous.

Nous vous suivons avec fierté et nous attendons avec confiance le moment où vous inscrirez sur ces étendards, intacts aujourd'hui, un premier nom glorieux, « Madagascar ».

Les colonels saluent de l'épée, les drapeaux s'inclinent; chaque groupe va prendre place au centre de sa délégation.

Alors s'avancent les officiers, sous-officiers et soldats qui vont recevoir les uns la croix de la Légion honneur, les autres la médaille militaire.

Le président attache lui-même les insignes sur la Poitrine des nouveaux légionnaires.

Cette cérémonie terminée, le président passe devant le front des troupes, puis le défilé commence.

Il est superbe, ce défilé. Nos troupiers ont une allure magnifique, une correction absolue. Et puis est-ce bien ces détails que l'on regarde ? Tous ces tommes sont des soldats de France qui vont se battre pour la gloire du drapeau. Rien que d'y songer, on sent l'enthousiasme monter du cœur aux lèvres, et les acclamations partent nombreuses, bruyantes, ininterrompues.

Le défilé dure vingt minutes. Lorsqu'il est terminé le général Duchesne s'approche, le président de la République le félicite vivement, puis, au moment de se retirer, changeant brusquement d'itinéraire, M. Félix Faure fait arracher une palissade qui le séparait de la foule et s'avance résolument à travers les rues encombrées de curieux.

C'est accompagné par tout un peuple, acclamé par des milliers de voix, que le président franchit le boulevard Castellane et rentre au camp, sous une pluie torrentielle.

Après un banquet auquel il avait convié tous les officiers du corps expéditionnaire, M. Félix Faure quittait Sathonay emportant avec lui le souvenir d'une bonne journée pour l'armée, pour la présidence et pour le pays.

E de R.


Traduction

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