Publié le 07/09/2014
C’est un cri qui vient du cœur pour celui qui a passé plus de 25 ans en tant que fossoyeur au cimetière de Carvin. Durant ces années, il entretient les lieux, procède à des exhumations puis aux ouvertures et fermetures de caveaux, surveille pour éviter les profanations. Son nom ne vous dira sûrement rien, mais ceux qui fréquentent régulièrement ce lieu de recueillement le côtoient souvent et reconnaissent son savoir-faire, son humanité sous les allures d’un militaire à la retraite.
La stèle se situe à l’entrée du cimetière. Sur la pierre, nous pouvons y voir inscrits les noms des descendants de Robespierre.
Sérénité et recueillement
Après deux ans de légion étrangère, un an dans les commandos en Allemagne, René Mouton s’est forgé une carapace. La mort et ses à-côtés ne lui font pas peur. Il saisit un jour sa chance quand, en mairie de Carvin, on lui propose le poste de fossoyeur. « C’est un métier que j’ai toujours adoré ! J’ai une passion réelle pour les cimetières car ce sont des endroits sereins ». Pour lui, son job ne se limite pas à l’entretien, le côté humain entre en ligne de compte, « On croise beaucoup de personnes solitaires et désemparées au cimetière. Alors dans ces moments-là, on a vraiment l’impression d’être utile, vous savez ! ». « J’y ai vécu aussi de belles anecdotes ! », rajoute-t-il, les yeux rieurs, mais René n’en dira pas plus.
Devoir de mémoire
C’est pour toutes ces raisons que René est encore sensibilisé à ce qui se passe dans ce vaste territoire carvinois.
Depuis quelques temps, il s’insurge contre l’abandon de stèles. Bien évidemment, il connaît la législation et sait que l’entretien est de la responsabilité des familles mais quand, parmi certaines stèles, « tristes et abandonnées » se trouvent celle de la descendance de Robespierre, son sang ne fait qu’un tour. « Voir la stèle dans cet état me révolte ! » Alors, diverses solutions sont passées au crible. « C’est un travail de longue haleine car on se heurte à beaucoup de portes fermées. Des questions restent aussi sans réponse, mais je m’accroche et j’en appelle aux bonnes volontés ! », s’écrie René. Le recours à la Société historique d’Arras où naquit Robespierre « pourrait agir pour que son souvenir soit encore vivace » ou encore la municipalité carvinoise puisque « c’est un élément du patrimoine historique de notre ville », rajoute l’ancien fossoyeur.
Même si les recherches pour le moment stagnent, elles se poursuivent avec ténacité car, « un cimetière est rempli de choses à raconter, aux enfants notamment. Entretenir ces monuments, c’est notre devoir de mémoire. Si nous ne faisons rien, c’est comme si on voulait effacer un pan de notre histoire. ».