AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

Pop. Divine Comedy de retour aux affaires... de cœur

Envoyer

Ouest-France, toute l’actualité locale et internationale

Publié le 23/09/2016

Neil Hannon, l'homme derrière Divine Comedy, publie avec Foreverland son onzième album.

Neil Hannon, l'homme derrière Divine Comedy, publie avec Foreverland son onzième album. | DR

Philippe MATHÉ.

L'Irlandais Neil Hannon, membre unique du groupe The Divine Comedy, sort d’un silence de six ans avec son onzième album, Foreverland. Son talent mélodique reste intact. Son humour aussi.

Dandy un jour, dandy toujours. Les années passent, l’Irlandais Neil Hannon ne varie pas. Tenue impeccable, manières élégantes. Affable et volontiers piquant. Un gentleman. Tout juste s’est-il laissé pousser le bouc. Plus de vingt ans qu’il envoie au paradis, avec The Divine Comedy, les amateurs de pop. Même si, après le stakhanovisme des années 1990, il donnait moins souvent de ses nouvelles. Foreverland, son onzième album, met fin à un silence de six ans. Et ce disque a le goût des belles retrouvailles tant le talent mélodique de Neil Hannon reste intact. Son humour aussi.

Cela fait six ans que l’on attendait un successeur à Bang Goes to the Knighthood. Pourquoi si longtemps ?

J’étais occupé ! J’ai composé de la musique de chambre. Frank Buechler, un Allemand qui avait écrit le carnet d'un mourant, voulait que je le mette en musique. Ce que j’ai fait. Cette pièce a été jouée dans de petits théâtres. Et j’ai participé aux Opera Shots, organisés par le Royal Opera House à Londres. J’ai composé une pièce intitulée Sevastopol, au sujet de la guerre de Crimée. Peut-être aurais-je dû choisir un thème moins ambitieux ! Enfin, tout cela m’a permis de me mettre en danger. J’ai beaucoup aimé.

Vous en aviez assez d’écrire de la musique pop ?

Au contraire, tenter de nouvelles choses est le meilleur moyen de ne pas se lasser de la pop. Mais si je n’avais pas pu enregistrer un nouvel album de pop, j’en aurai eu le cœur brisé.

Comment s’est passé la composition et l’enregistrement de Foreverland ?

Sur cet album, il n’y a qu’une vieille chanson, Napoleon Complex, que j’avais composée lors des sessions de Bang Goes to the Knighthood. Elle apparaissait sur les bonus de l’album mais j’étais vraiment déçu de cette version. J’ai voulu la revigorer en la plaçant dès le début du nouvel album et la changer complètement. Toutes les autres chansons ont été écrites pendant ces trois dernières années.

C’était l’époque où vous avez déménagé dans une ferme au sud de Dublin ?

Ce n’est pas vraiment une ferme, plutôt une vieille maison de l’époque géorgienne avec un peu de terrain autour. Nous avons beaucoup d’animaux mais nous ne sommes pas du tout fermiers !

Cette maison, c’est le Foreverland qui donne son nom à l’album ?

Non, je n’ai pas mis une enseigne sur la porte (rires). Ce n’est pas comme la maison de Noel Gallagher, à Londres, qu’il a baptisée Supernova Heights. Et puis je pense que la mienne coûte bien moins cher. J’y ai écrit certaines chansons mais la plupart datent de l’époque où je vivais encore à Dublin. Le National Concert Hall nous avait laissé gratuitement une pièce pour composer, je ne sais pas pourquoi mais tant mieux. Je m’y rendais à pied tous les jours. En fait, j’allais travailler comme les gens convenables. Cela n’a pas fait de mal aux chansons.

Dans les années 1990, vous aviez sorti un album intitulé Casanova. À l’écoute, Foreverland donne l’impression d’être l’œuvre d’un Casanova à la retraite. Comme si celui qui voulait collectionner les conquêtes se réservait désormais pour une seule femme…

Oui, Foreverland est vraiment un album autour de deux personnes. Casanova essayait de montrer les deux faces d’une même pièce : le frisson de la chasse et, en même temps, ce terrible sentiment de solitude et de culpabilité. Donc je suis content que Foreverland ne soit pas juste un album sur le sexe (rires).

On vous y sent plus apaisé, moins mégalomane…

J’ai toujours eu un petit côté mégalomane. Mais Divine Comedy n’est pas un mastodonte, ce n’est pas U2. Même si, à mes débuts, j’aurais voulu atteindre cela, comme un espoir totalement vain. J’ai surtout toujours essayé de garder le contrôle complet sur ma musique. Mais la mégalomanie n’est pas propre aux musiciens. Un commerçant peut très bien être mégalomane. Tout dépend de la taille de votre monde et le mien n’est pas immense. C’est un peu le sujet de Napoleon Complex d’ailleurs…

Vous avez l’impression de souffrir de ce complexe ?

Non, c’est plus une blague mais cette théorie est intéressante. Peut-être que le fait que j’ai été petit et timide enfant m’a poussé à faire quelque chose d’aussi fou que Divine Comedy. Pour que les gens fassent attention à moi. Au moins, grâce à la musique, quand quelqu’un me parle, j’ai quelque chose à lui raconter. Enfant, je ne me sentais pas autorisé à parler à d’autres parce que je pensais que je n’avais rien d’intéressant à dire. Donc j’ai construit quelque chose pour pouvoir m’exprimer. Certaines personnes sont vraiment surprenantes, elles arrivent à aborder les gens facilement, à tout de suite engager la conversation. Mais comment font-elles ? C’est vraiment étrange.

Il vous arrive encore de vous sentir petit et timide ?

Quand je fais mon boulot, je ne suis pas du tout timide ! Mais sorti de là, si je me retrouve à parler au garagiste de ma voiture, s’il ne me connaît pas, je me sens totalement coincé.

Dans la musique de Divine Comedy, dans les métaphores que vous utilisez dans vos paroles, il y a toujours un côté suranné, beaucoup de références au passé. Est-ce parce que vous ne vous sentez pas bien dans votre époque ?

Mais je parle de notre époque ! Toutes les références, les figures historiques, tous les déguisements que j’utilise sont précisément là pour m’aider à parler de ce qui se passe maintenant. Je ne me souviens pas d’avoir écrit une chanson sur quelque chose qui s’était passé il y a longtemps. Par exemple, quand j’écris I join the foreign legion to forget (j’ai rejoint la légion étrangère pour oublier), je ne parle pas d’un personnage qui s’est engagé en 1910 mais de moi essayant de fuir le présent.

Et quand vous évoquez la rupture dans How Can you Leave me on my Own, c’est quelque chose que vous avez vécu ou que vous craignez de vivre ?

C’est déjà arrivé. Cela arrivera encore. C’est toujours le cas. Ce n’est pas grave, ce n’est pas tragique. Cette chanson est un peu pathétique et geignarde. C’est pour ça qu’elle se conclut sur les braiments d’un âne. Elle a son intérêt dans la globalité de l’album, entourée des autres. Seule, c’est juste une pop song idiote.

On a toujours besoin de pop song idiotes que l’on aime fredonner, non ?

Complètement ! je trouve d’ailleurs que le pop, actuellement, est terriblement sérieuse. Cela manque de sens de l’humour. Eh bien, c’est pour cela que je suis là (rires).

L’écoute de Foreverland donne l’impression que vous déroulez l’histoire d’une relation : il y a vous, il y a elle, votre rencontre, la peur de perdre l’autre et un happy end. C’était votre but ?

Dans le disque, il y a un début, un milieu, une fin. Mais je n’ai pas voulu écrire un concept album sur une relation amoureuse. J’ai composé une poignée de chansons et ils se trouvent qu’elles se combinent bien ensemble. C’est la meilleure façon de faire. Sinon, vous écrivez une comédie musicale ou un opéra. Même si certaines de mes chansons ont toujours semblé sortir d’une comédie musicale. C’est comme ça, je n’y peux rien (rires).

Dans beaucoup de vos chansons, il y a des références à des écrivains, des cinéastes, des peintres, des personnages historiques. Pour Foreverland, quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Certains pourraient voir des références historiques dans certaines chansons. Mais Catherine The Great n’est pas vraiment sur Catherine de Russie (plus sur sa compagne Cathy), comme Napoleon Complex ne porte pas sur Napoléon. À mes débuts, je me servais de toutes ces références comme un point de départ parce qu’il ne se passait rien dans ma vie ! En fait, les livres étaient ce qu’il y avait de plus important à l’époque ! Dieu merci, ce n’est plus comme ça maintenant. C’est quand même beaucoup plus intéressant de parler de la réalité même si je romance beaucoup. En fait, toutes ces références restent un moyen pour moi d’aborder ma vie sans que ce soit trop embarrassant.

ne référence récurrente, c’est celle à la France. Vous avez toujours été très francophile. Et le public français vous le rend bien. Comment expliquez-vous cette relation particulière ?

C’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule. Des aspects de la culture française m’ont toujours inspiré dans ma jeunesse : le cinéma, la littérature, la musique… Les guitares de To The Rescue sonnent très Gainsbourg, je m’en rends bien compte. Alors, quand je viens ici, je vous comprends peut-être un peu mieux. Il y a entre le public français et moi une sorte de pollinisation croisée. Je vends surtout au Royaume-Uni et la France arrive juste derrière.

Et l’Europe dans tout ça ? Vous en avez beaucoup parlé dans vos chansons (Europop, Europe By Train, When the Lights go out all over Europe). Comment vous sentez-vous vis-à-vis du Brexit ?

Je vis en Irlande, je suis né en Irlande du Nord et j’ai vécu onze ans à Londres. J’ai les deux passeports : irlandais et britannique. Mais je me sens et je me suis toujours senti plus européen qu’autre chose. J’ai grandi à Enniskillen, au sud de Derry. Et ça m’a vacciné contre le patriotisme. Il n’y a vraiment aucune raison de penser que les Irlandais sont plus spéciaux que les Anglais ou les Français ou les Espagnols. Et vice-versa. Ni d’avoir honte ou d’être particulièrement fier de sa nationalité. C’est juste comme ça !


Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui3052
mod_vvisit_counterHier13987
mod_vvisit_counterCette semaine33140
mod_vvisit_counterSemaine dernière40850
mod_vvisit_counterCe mois110104
mod_vvisit_counterMois dernier119907
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919969440

Qui est en ligne ?

Nous avons 4423 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42842420
You are here PRESSE XXI° 2016 Pop. Divine Comedy de retour aux affaires... de cœur