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Légionnaire toujours...

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2010


Mort d'un légionnaire à Djibouti : les coups reçus n'y sont pour rien, selon les médecins 26032010

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Publié le 26/03/2010

Photo d'illustration © TSCHAEN/SIPA

Le légionnaire Jozef Tvarusko n'est pas mort des coups reçus de la part de ses supérieurs dans le cadre d'un exercice tactique à Djibouti, le 5 mai 2008, de l'exercice Boûr Ougoul 2008, selon le rapport des experts médicaux. Ce document (également évoqué vendredi matin par Libération ) de quatre médecins experts (Pr Pierre Coriat, Dr Denis Barrès, Dr Gilbert Pépin, Dr Marceau Spithakis) est formel : le jeune soldat est mort d'un coup de chaleur, et de rien d'autre... Les accusations portées par la justice militaire contre le lieutenant Médéric Bertaud, cet officier du 2e régiment étranger de parachutistes rayé des cadres de l'armée après la mort du légionnaire, ne tiennent plus. Rappelons que l'accusé est mis en examen pour "acte de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner", ce qui devrait logiquement le conduire devant une cour d'assises, avec le risque d'une détention à perpétuité. Le rapport d'expertise enregistré au bureau de la juge d'instruction auprès du tribunal aux armées de Paris, Florence Michon, le 4 décembre 2009 ne peut désormais plus faire l'objet d'une contre-expertise, le délai légal étant dépassé.

Sur le fond, on se souvient que Le Point avait révélé cette affaire le 11 novembre 2008, alors que l'armée de terre l'avait tue depuis la date des faits. Trois légionnaires avaient été renvoyés de l'armée (deux d'entre eux sont en fuite depuis) tandis que le lieutenant chef de section Médéric Bertaud était pour sa part placé en détention provisoire . Pour l'armée de terre et pour le ministère de la Défense, le jeune officier et ses hommes portent toute la responsabilité de l'affaire .

Vers une requalification des faits ?

Le rapport d'expertise médicale revient sur les traces de coups portés sur le corps de la victime, et évoque des "ecchymoses très superficielles" et des "infiltrations hémorragiques". Et précise :"Elles sont la conséquence de traumatismes superficiels, mais en aucun cas susceptibles d'avoir entraîné la mort et/ou d'avoir participé au processus du décès". Mais alors, pourquoi, et de quoi le jeune légionnaire est-il mort ? D'un "coup de chaleur d'exercice", affirment les médecins. Mais encore ? Il s'agit d'un phénomène qui se produit "au cours d'un effort musculaire intense et prolongé (...) Il est également appelé hyperthermie maligne d'effort. Il survient lors d'un exercice musculaire intense et prolongé chez des sujets souvent très motivés." L'avocat Alexandre Varaut, qui participe à la défense de Médéric Bertaud - très soutenu par un vaste réseau familial, amicalo-religieux et "militaro non légionnaire" -, avait estimé lors de l'instruction que la privation d'eau consécutive au vidage de la gourde de la victime ne pouvait pas être à l'origine de la mort. Les experts confirment : "Le décès ne trouve pas sa cause dans une déshydratation relative, mais dans un effort disproportionné aux capacités du sujet." Les médecins se gardent bien de relier directement les causes de sa mort à l'état de santé de la victime, mais suggèrent - avec les précautions d'usage - les conséquences d'un "exercice intense chez un malade très vraisemblablement en surpoids et mal entraîné".

Ce rapport conforte la défense de l'ex-lieutenant Médéric Bertaud, et trace sa feuille de route pour les étapes suivantes. Tout d'abord, obtenir la requalification des faits, avec l'abandon de l'incrimination de torture et barbarie. Dans l'hypothèse où les faits seraient appelés "coups et blessures", Médéric Bertaud échapperait à la cour d'assises. Logiquement, la défense fera dans tous les cas valoir que ce jeune lieutenant aux états de service sans doute prometteurs, mais très isolé et très inexpérimenté, n'aurait jamais dû être laissé seul à la tête de sa section dans des conditions climatiques aussi éprouvantes. L'absence de son sous-officier adjoint, et le rappel sur le terrain de Jozef Tvarusko, élément peu entraîné jusqu'alors affecté aux cuisines, ne sont pas de son fait, mais de celui de son supérieur. Une sérieuse confrontation juridique se prépare.


Sénégal : 3 "mercenaires" jugés samedi 25032010

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le 25/03/2010

Trois ressortissants hongrois, présentés comme des "mercenaires" ayant voulu monnayer leurs services dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, seront jugés samedi par la cour d'assises de Dakar pour l'assassinat en 2006 de leur chauffeur sénégalais.

Gal Geza (29 ans), Zoltan Nazy (32 ans) et Feher Tamas (34 ans) sont accusés d'avoir étranglé le chauffeur sénégalais qui leur avait loué un véhicule 4x4. Selon l'accusation, le premier est un "déserteur de la Légion étrangère française" et le deuxième "déserteur de l'armée hongroise".


Après avoir subi une "formation militaire", ils auraient décidé d'aller "chercher du travail dans les foyers de tension en Afrique", arrivant dans la capitale sénégalaise via Casablanca (Maroc) et Paris.


Destination finale: la Sierra Leone, ancienne colonie britannique au sous-sol très riche (diamants, or...), qui sort péniblement d'une longue guerre civile (1991-2001) ayant fait au moins 120.000 morts et des dizaines de milliers de mutilés.


Selon l'accusation ils auraient planifié de louer un 4X4 et d'éliminer le chauffeur pour s'emparer de la voiture. Le 18 avril 2006, ils louent donc un 4X4, prétextant un safari. Mais près de Tivaoune, à 92 km au nord de Dakar, ils étranglent Aly Diop Niang "avant de le jeter dans un buisson".


Le 21 avril 2006, ils sont arrêtés de l'autre côté du pays, à seulement cinq kilomètres de la frontière guinéenne. Ils ne portaient pas d'armes mais avaient un GPS, du matériel de survie et de soins ainsi que des "documents d'instruction sur les tactiques de guérilla de jungle", selon l'accusation.


Ils ont dans un premier temps dit être en manoeuvre de fin de stage dans un corps d'élite de l'armée britannique, avant d'affirmer être en route pour la Sierra Leone où ils avaient obtenu un emploi d'agent de sécurité dans les mines de diamants. Mais selon l'accusation, ils auraient aussi "ciblé les deux Guinées (Guinée-Bissau et Guinée-Conakry) pour y mener des actes de guérilla moyennant rémunération".


Selon un avocat de la défense ayant requis l'anonymat, "ils étaient de passage au Sénégal pour se rendre en Sierra Leone en vue d'y chercher du travail en tant qu'agent de sécurité dans les mines de diamant" et s'ils ont "étouffé le chauffeur, ce dernier n'était pas mort dans la voiture. Il était encore en vie avant qu'ils ne l'abandonnent dans un buisson".


Selon la défense, ils risquent entre cinq ans de prison et une condamnation à perpétuité.


Les confidences du père de Sarkozy 23032010

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publié le 23/03/2010

Tant de vie, qui a reçu l'imprimatur élyséen, témoigne du fabuleux parcours de Sarkozy père, octogénaire

fringant et insolent. j.-p. guilloteau/l'express

Il avoue s'être peu penché sur l'éducation de ses fils et ne s'embarrasse guère des priorités de l'Elysée. Extravagant Pál Sarkozy, aristocrate hongrois exilé en France, cavaleur impénitent, dandy flamboyant. Il raconte son parcours dans un livre. Présentation et extraits exclusifs.

Les antisarkozystes primaires en rêveraient: et si l'actuel président de la République était un descendant de Dracula? En effet, à la fin du XVIe siècle, la famille Sarkozy vit en Transylvanie, patrie du plus célèbre des vampires. Mais c'est le 10 septembre 1628 qu'elle naît pour de bon à l'Histoire, avec l'anoblissement de l'ancêtre Mihály pour faits d'armes contre les Turcs.  

Aujourd'hui, c'est en France que les Sarkozy sont célèbres. La veille de l'élection de son fils à la présidence, Pál Sarkozy a fêté ses 79 ans: aujourd'hui, il narre son existence dans Tant de vie (Plon), un ouvrage commencé par des pages manuscrites dans un français retranscrit par ce polyglotte selon la phonétique hongroise... Et cela ne manque pas de sel, comme le montrent les extraits exclusifs publiés par L'Express... 

"La vie en rose"

Fabuleux parcours que celui de ce jeune Hongrois grandi à la campagne, secoué par la fin de la guerre, débarqué à 20 ans à Paris, épanoui dans la publicité. Fabuleux parcours et parcours fabuleux, tant les bribes d'autobiographie jusque-là distillées étaient enluminées par ce beau parleur venu de l'Est. Le livre a été l'occasion d'un périple d'archiviste en Hongrie et d'une moisson de précisions bienvenues. 

"La vie en rose": ainsi le père du président voulait-il intituler ses confidences. Avec, en illustration de couverture, teinte en fuchsia, sa photo d'identité de légionnaire, faciès hâve et numéro matricule -58532- à la craie. Une jaquette qui aurait fait mouche dans la France de l'identité nationale...  

A la retraite, Pál a renoué avec la peinture, il sera exposé fin avril à Paris et à l'automne à Bruges.

A la retraite, Pál a renoué avec la peinture, il sera exposé fin avril à Paris et

à l'automne à Bruges. AFP

L'insolence est au cœur du caractère de Sarkozy père

Pál Sarkozy envisagea aussi un portrait coupé en deux, dont une moitié l'aurait représenté en smoking et l'autre avec sa tenue de migrant, en 1948: képi de légionnaire, veste saisie à la Wehrmacht et pieds nus sanglés de papier. "Pour défendre la France" aurait été le titre... Tant de vie est sans conteste moins provocateur, pour ce livre qui a reçu l'imprimatur élyséen. 

L'insolence est cœur de la vie et du caractère de Sarkozy père: ainsi, racontant son apprentissage du français chez les prémontrés hongrois, grâce à L’Avare, il confie un regret: "La Princesse de Clèves, roman prisé par les Français, n'était pas au programme chez les prémontrés. Dommage, j'aurais fait une admirable Mlle de Chartres." Son fils, qui brocarda l'allusion au roman de Mlle de Lafayette dans les concours administratifs, a-t-il souri? Pál, en tout cas, ne manque pas de piquant... 

Rien d'autre ne l'a mu que la quête des tendresses féminines

Quel drôle d'oiseau que cet octogénaire fringant qui promène une silhouette toute de prestance ciselée; aristocrate libertaire, flamboyant égoïste, séducteur impénitent tiré à quatre épingles, pli de pantalon et sourire impeccables, cambrure vigilante de danseur et pupille incandescente de dandy.  

Comme le note Frédérique Drouin, qui l'a aidé à mettre sa vie en mots, il y a du Gatsby en lui, un Gatsby de la Mitteleuropa qui plonge dans son verre les glaçons de quelques archaïsmes nobiliaires hongrois, afin de diluer un peu l'alcool fort des audaces de son éternelle jeunesse. 

Son cœur s'embrase pour un rien

Dans les jours et les nuits de Pál Sarkozy, l'aventure a moins compté que les aventures. Il est, son livre l'atteste, un exceptionnel homme à femmes. "On ne veut pas séduire les autres, on veut se séduire soi-même", philosophe aujourd'hui ce don Juan déguisé en narcisse. Rien d'autre ne l'a mu, en fait, que la quête des tendresses féminines. Eva en ingénue sur une scène de Budapest, Erika dénudée dans une rivière autrichienne, la bouche de Dadue, Melinda en photo : son cœur s'embrase pour un rien... 

Les femmes, pas la famille. Vénérant sa mère, "Mutikám", admirant un père dont la brutale disparition, en janvier 1948, le laisse désemparé, Pál est soucieux de son arbre généalogique, mais n'a jamais cultivé le goût de sa propre dynastie, refusant un rôle de paterfamilias qu'endossa à sa place son beau-père, Benedict Mallah, si important pour Nicolas Sarkozy.  

"Ne pas laisser plus de traces que le poisson dans l'eau"

C'est la première fois que la France a un président dont les deux parents sont en vie, et Pál prend bien garde à ne pas causer de difficultés au président par des jugements déplacés, même s'il refuse de le distinguer de ses quatre autres enfants: "Ils ont tous réussi." Pour ce Hongrois qui refusa longtemps de solliciter sa naturalisation française, la conquête de l’Élisée semble surtout incongrue.

Général Le Flem : Reste à conquérir 750 000 euros 22032010

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Publié le lundi 22 mars 2010

 

1,3M€ trouvés pour le projet de Grand musée. La souscription reste ouverte

L'association Des amis du musée de la légion étrangère tenait samedi son assemblée générale. Son président depuis 2003, le général Bruno Le Flem, fait le point sur cette association dynamique, qui depuis plusieurs années travaille au projet de réhabilitation du musée de la Légion étrangère pour laquelle une souscription a été lancée.

Quelle est la mission de l'association Samle?

"L'entretien des collections et les acquisitions et depuis plusieurs années nous avons lancé une souscription pour la réhabilitation du musée".


Vous en êtes le président fondateur, qu'est-ce qui motive votre engagement?

"Jusqu'en 2003, le musée recevait le soutien uniquement du Foyer d'entraide de la Légion étrangère, puis pour des raisons internes à l'armée, le Foyer s'est recentré sur ces actions sociales ce qui a nécessité la création d'une association pour aider le musée. Le commandant de l'époque, le général Lanfranchi a fait appel à moi. Mon emploi du temps n'était pas figé, alors… Et puis j'ai considéré que j'avais une dette vis-à-vis de la Légion étrangère où j'ai servi pendant 14 ans."


Une dette?

"Oui, car cela a été un grand bonheur, une chance de servir la Légion étrangère. Je m'intéressais à l'histoire… et puis je me suis pris au jeu".


Le musée de la Légion est-il très actif?


"En 2009, la fréquentation a été stable avec 23870 visiteurs. Une très large part sont des civils, les militaires représentent 16%, les scolaires 2%. Depuis que le centre de documentation s'est ouvert aux chercheurs, la fréquentation a augmenté, nous sommes également sollicité pour des publications et le musée a entamé des démarches pour obtenir le label "Musée de France" afin de garantir sa pérennité; c'est aussi un motif de préservation à un moment où certains estiment qu'il y a trop de musées dans l'Armée de terre."

L'association est-elle très active en terme d'adhérents et d'actions?

"Nous avions en 2009, 837 cotisants actifs, c'est en légère baisse, mais au total nous avons délivré 1145 cartes, dont 200 "dormeurs", ce sont des adhérents qui ne pensent pas d'une année sur l'autre à payer leurs cotisations. En revanche, le nombre de nouveau membre est en baisse, nous sommes passés de 62 à 37 en 2009. Je voudrai préciser que la Samle n'est pas une affaire d'anciens. Nous avons de nombreux adhérents qui n'ont jamais servi et je souhaiterai que les membres de "l'active" soient plus nombreux. "Financièrement nous avons pour 2010 un budget raisonnable de 73410€. Côté activités nous allons participer à la Nuit des musées, aux Journées du patrimoine, à une exposition à Tours à l'occasion du Congrès des anciens, à un spectacle d'opérette Choralyse en mai. Nous avons aussi des actions de restaurations de textile, de tableaux. Nous consacrons aussi une partie de notre budget à l'acquisition de pièces, mais nous allons mettre un bémol cette année sur ce point car la priorité c'est la souscription."


Justement où en êtes-vous de cette souscription et le projet de réhabilitation est-il terminé?

"Nous avons plus de 7000 donateurs et la somme recueillie est de 1,332million d'euros auxquels s'ajoutent 361500euros de promesses de dons, soit un total de 1,7M€. Reste à conquérir 750000euros pour avoir les trois quarts des 3millions d'euros pour le mois de juillet comme nous le demande désormais l'État-major de l'Armée. Pour l'instant nous en sommes aux deux tiers".


En cette période de crise, j'imagine que c'est une véritable course pour obtenir subventions…...

"Je savais que cela ne serait pas facile. Cela nous occupe tous les jours. La Samle va dégager cette année 10000euros après avoir déjà donné 20000euros et nous avons reçu des dons et des promesses des collectivités. L'Agglo nous a déjà donné 20000euros sur une promesse de 60000euros, la Région, elle, a voté 300000euros et la communauté du Pays d'Aix, silencieuse depuis plus d'un an vient de nous annoncer qu'elle nous aidera à hauteur de 60000euros en deux fois. En revanche, j'ai sollicité le Conseil général, dont nous avons aucune réponse à ce jour. Mais pour avoir les 750000euros manquant, nous avons voté aussi lors de l'assemblée générale l'octroi d'un prêt auprès du Foyer de la Légion étrangère".

Les travaux sont-ils remis en cause?

Non, ils devraient débuter à la fin de l'année et devraient durer une année. En revanche nous les avons revus à la baisse. Le projet de Grand musée prévoyait au départ une première phase avec l'extension du bâtiment actuel, totalement financé par le produit de la souscription, puis une rénovation du bâtiment existant, l'aménagement d'un parking dépôt et la création d'un nouveau parking de l'autre côté de la route. Le Préfet a approuvé en janvier le permis de construire, mais devant les contraintes budgétaires, nous devons revoir à la baisse les coûts de rénovation de 1,6M€ à 1M€. De ce fait, le projet de nouveaux parkings demeure mais il est différé. Nous avons trouvé des solutions de remplacement pour la circulation, l'accès pour les personnes à mobilité réduite et les piétons".

Marjorie MOLY ( Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )


Calvi Des montagnes afghanes à la Balagne la voix des légionnaires vers leur famille 21032010

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Publié le dimanche 21 mars 2010

Hier, plus d'une centaine de femmes et d'enfants des militaires du 2e Rep ont participé à

une journée d'information au Camp-Raffalli. Photo Denis Derond.

Une salle obscure. Un public d'une large centaine de femmes et d'enfants. Tous les regards rivés sur l'écran. Les militaires du 2e Régiment étranger de parachutistes (Rep) de Calvi étaient hier à l'affiche devant leurs familles. Mettant en images leurs deux théâtres d'opération : Djibouti et l'Afghanistan. En guest-star, le colonel Éric Bellot des Minières parle devant un marché de la province de Surobi (Afghanistan). « Nous vivons bien, nous sommes bien installés, le moral est bon et l'accueil de la population est chaleureux mais mesuré », explique sobrement le chef de corps. Des hauts plateaux aux villages de la vallée de Surobi, en passant par les coulisses de la base de Tora, l'assistance plonge au coeur d'une réalité qui se veut rassurante.

Un film pour diminuer l'angoisse de tous les jours

Dans une bourgade, on tente de construire un pont. Dans une vallée, c'est un camp qui sort de terre. Quelques opérations de sécurisation sont esquissées, mais aucune violence ne sera visible. La suite du court-métrage enchaîne une galerie de portraits sur fond de musique pop. Visages burinés, photos de groupe. Pas question de servir un film d'actions à grands renforts d'effets spéciaux. Sur les sièges, on cite un nom, on se souvient d'un moment, on commente mezzo voce le bronzage ou le port de lunettes à l'américaine... Ces quelques minutes sont celles des familles restées sur le front du quotidien depuis le début du mois de janvier. « Cette journée d'information constitue un lien qui permet de les rassurer en leur montrant comment ils vivent, et en diminuant ainsi leur angoisse », résume le colonel Richard Fauveau, qui seconde le chef de corps au Camp-Raffalli. « La communication fait d'ailleurs partie intégrante de notre mission, au même titre que l'entraînement des compagnies qui restent en renfort en Balagne », poursuit-il. « Il y a le 2e Rep Altor en Afghanistan et le "strong point", le point d'appui de Calvi », sourit le commandant Patrick Lassée au coeur du mess des sous-officiers qui croule sous les poussettes. Lors de cette journée placée sous le signe de l'échange. La vie de tous les jours au Camp-Raffalli ? En un sens elle continue, mais elle gravite complètement autour de Djibouti et de l'« Afgha », où l'on sait que l'ambiance peut être « dégradée », comme le disent les militaires. Les épouses aussi, savent bien qu'ils ne sont ni à « Disneyland », ni au « Club Med. » « Nous faisons en sorte d'assurer nos tâches et de les soutenir car ils ont besoin de nous, ce ne sont pas que des combattants, mais des maris et des pères », souligne Catherine, aux côtés de son fils Anthony.

Un majordome à la tête d'un bureau d'entraide

D'habitude plutôt discret, le 2e Rep se laisse aujourd'hui entrevoir dans ce combat de tous les jours mené par les femmes. « Épouser un légionnaire, c'est épouser la Légion », note une fille de militaire qui a elle-même célébré ses noces avec un « képi blanc ». L'important ? Être présent et disponible. Cette mission délicate est assurée par l'adjudant-chef David Deptula, un vieux de la vieille qui a été de tous les conflits depuis 30 ans. Et dont le téléphone « toujours dans le rouge sonne nuit et jour. » Du problème de plomberie jusqu'au rendez-vous médical, le « majordome » du régiment est toujours aux aguets. Et sait « ce qu'il faut dire » de chaque côté du front. « Depuis le décès du sergent Penon en août 2008, nous avons repris ce qui se faisait ailleurs et créé un bureau d'entraide qui soutient les familles », détaille le colosse. Site internet, ligne téléphonique, activités culturelles ou sportives : l'agenda ne désemplit pas. En attendant le retour des « Afghans », au début du mois du juillet. Les soldats de Djibouti passeront eux le 30 avril les célébrations de Camerone, la grande fête de la Légion, à Calvi. D'ici là, la voix du 2e Rep se fait entendre chaque jour. Des montagnes afghanes à celles de Balagne.


Un Américain au Villa! 19032010

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Publié le 19/03/2010

Steven Greaves, photographe américain en reportage à la Légion étrangère.

Un Américain au Villa! Le fait est rare pour être relaté. Cet Américain ne ressemble pas à ceux qui fréquentent la Riviera! C'est un baroudeur photographe-journaliste (Portugal, Afghanistan) qui saisit les instants de la vie à travers son appareil photo. Il se trouvait chez nous lors de la cérémonie des képis blancs de la Légion étrangère. Invité par celle-ci, il venait de faire les cinquante derniers kilomètres avec les jeunes recrues et a gentiment accepté de répondre à quelques questions.

De quel état des Etats-Unis venez-vous et pourquoi photographier la Légion étrangère ?

Je suis de New York. J'ai toujours été intéressé par l'histoire de l'armée dans le monde et je suis très honoré de faire ce reportage. La Légion a une aura et un aspect mystérieux qui m'intéresse, un peu comme une société secrète que j'ai envie de découvrir.

Pour qui travaillez-vous ?

Je suis essentiellement en free lance (indépendant) mais j'ai travaillé pour différents magazines comme «Lovely Planet» (revue de voyages) et même pour l'agence France-Presse. J'ai fait des expositions à New York, Londres, San Francisco, Miami et aussi des albums avec mes photos.

Que photographiez-vous d'autre ?

Surtout les gens, j'aime comprendre les différentes cultures, échanger, connaître l'histoire des personnes, parler de la mienne jusqu'à en oublier l'objectif de l'appareil photo. J'ai voyagé dans beaucoup de pays. Je viens de Lisbonne. Là-bas comme dans toute l'Europe, on ressent l'histoire sous ses pieds.

Et le Lauragais ?

J'y suis depuis peu. C'est extra pour se relaxer et bien manger! J'ai goûté le cassoulet, «very good!»

Welcome dans notre Lauragais, Steven! Et peut-être notre région sera-t-elle dans l'une de vos expositions à New York!

Vous pouvez visionner ses photos en allant sur son site www.stevengreaves.com. Certaines de la Légion y sont déjà.


Discours de Simone Veil lors de sa réception à l'Académie française 18032010

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18/3/10
 
Simone Veil, personnalité féminine préférée des Français, fait jeudi 18 mars son entrée à l'Académie française où elle deviens la sixième femme "immortelle" de l'Histoire

"Mesdames, Messieurs,

Depuis que vous m’avez fait le très grand honneur de me convier à frapper à la porte de votre Compagnie, qui s’est ouverte aussitôt, la fierté que j’éprouve ne s’est pas départie de quelque perplexité. En effet, même si l’Académie française, dès sa naissance, a toujours diversifié son annuaire, jusqu’à, pensez donc, s’ouvrir à des femmes, elle demeure à mes yeux le temple de la langue française. Dans ce dernier bastion, elle épouse son temps, sans céder aux dérives de la mode et de la facilité, et, par exemple, n’est-ce pas Madame le Secrétaire perpétuel, sans donner dans le travers qui consiste à faire semblant de croire que la féminisation des mots est un accélérateur de parité. Or, n’ayant moi-même aucune prétention littéraire, tout en considérant que la langue française demeure le pilier majeur de notre identité, je demeure surprise et émerveillée que vous m’ayez conviée à partager votre combat.

À bien y réfléchir, cependant, depuis que vous m’avez invitée à vous rejoindre, moi que ne quitte pas la pensée de ma mère, jour après jour, deux tiers de siècle après sa disparition dans l’enfer de Bergen-Belsen, quelques jours avant la libération du camp, c’est bien celle de mon père, déporté lui aussi et qui a disparu dans les pays Baltes, qui m’accompagne. L’architecte de talent qu’il fut, Grand Prix de Rome, révérait la langue française, et je n’évoque pas sans émotion le souvenir de ces repas de famille où j’avais recours au dictionnaire pour départager nos divergences sur le sens et l’orthographe des mots. Bien entendu, c’est lui qui avait toujours raison. Plus encore que je ne le suis, il serait ébloui que sa fille vienne occuper ici le fauteuil de Racine. Cependant, vous m’avez comblée en me conviant à parcourir l’itinéraire de ce héros de notre temps que fut Pierre Messmer.

J’évoquais à l’instant la naissance de l’Académie. Dans sa monumentale histoire de France, Jules Michelet la raconte ainsi : en 1636, une pièce de théâtre fait un triomphe à Paris. Œuvre d’un jeune avocat de Rouen, un certain Pierre Corneille, elle ne chante pas, comme l’exigeait la tradition de l’époque, les amours contrariées d’un dieu et d’une princesse antiques. La pièce exalte deux sujets que Richelieu a interdits de séjour, l’Espagne et le duel. Le cardinal est vite exaspéré par ceux qui ont pour Rodrigue les yeux de Chimène. Il prend cet engouement pour un affront et, à la cour et à la ville qui le défient, il veut opposer une assemblée du bon goût. Il sollicite ainsi les avis de Boisrobert, Conrart et quelques autres sur la pièce de Corneille. Vient ainsi de naître l’Académie française, c’est-à-dire, nous dit Michelet, une « société qui s’occupât de mots, jamais d’idées, et qui consacrât ses soins à polir notre langue ». Cette société fut-elle fidèle à la vocation que le cardinal de Richelieu lui avait assignée ? S’est-elle limitée aux seuls mots, à l’exclusion des idées ? Notre propos n’est pas d’en débattre. Observons seulement que ce sont des circonstances politiques autant que littéraires qui présidèrent à la création de votre Compagnie.

Au demeurant, si la première Académie est naturellement peuplée d’écrivains et de poètes, d’un historien évidemment, d’un grammairien, de scientifiques, elle s’enrichit aussi d’un militaire, d’un ambassadeur, de parlementaires, autrement dit d’hommes chargés d’administrer et de servir la chose publique. Est-ce parce qu’elle compte dès sa création des membres des parlements de Paris, Bordeaux ou Rennes, ou qu’elle accueillit plus tard de grandes figures de notre histoire parlementaire, tels Édouard Herriot ou Edgar Faure, que l’Académie française emprunte beaucoup à la tradition parlementaire ?

En tout cas, au-delà même de la proximité, sur notre rive gauche de la Seine, du palais Mazarin et du palais Bourbon, l’Académie française est solidement marquée par un compagnonnage entre l’esprit des lettres et l’esprit des lois, qui cheminent en France bras dessus, bras dessous. Il n’est pour se convaincre de leur parenté que d’observer autour de soi quand on est, comme en cet instant, assis sous la Coupole. Vous formez une magnifique assemblée, même si vous préférez à ce mot celui de compagnie, qui vous renvoie au temps du théâtre et des mousquetaires. Vous siégez dans un amphithéâtre, comme il sied aux représentants du peuple, depuis la Révolution, encore que la place de chacun d’entre vous en ces lieux ne soit nullement fonction de ses idées politiques, comme c’est l’usage au Parlement. Au perchoir – mais ce mot a-t-il cours chez vous ? – se tient un président de séance, secrétaire perpétuel ou directeur en exercice. En séance ordinaire ou extraordinaire, des discours sont prononcés, toujours brillants, parfois animés m’a-t-on dit. Bref, on croise ici toute une procédure et un vocabulaire qui me sont familiers, et m’inclinent à penser que je me trouve bel et bien au cœur d’une assemblée, c’est-à-dire dans un lieu où se réunissent des hommes et des femmes qui considèrent que l’avis de plusieurs sera plus riche et mieux motivé que celui d’un seul. Au fil de ma vie, membre du gouvernement, j’ai fréquenté l’Assemblée nationale et le Sénat, puis appartenu au Parlement européen, que j’ai présidé. J’y ai apprécié ces occasions d’échanges, de débats, de controverses, où s’exprime, quand ils se déroulent dans une atmosphère respectueuse, le meilleur de l’esprit humain. Est-ce pour cette raison que je me sens à l’aise parmi vous ? Je vous remercie en tout cas de m’offrir cet enrichissement.

L’univers parlementaire que je viens d’évoquer, Pierre Messmer l’a longuement fréquenté, comme ministre, comme député de la Moselle, bien avant de s’asseoir parmi vous, mais lorsqu’il aborda le débat politique, a fortiori le débat académique, il était déjà nanti d’un exceptionnel vécu des heures les plus sombres, mais aussi les plus glorieuses, de notre histoire contemporaine. Né à Vincennes au creux de la Première Guerre mondiale, Pierre Messmer était lesté d’un patriotisme familial venu de l’Alsace-Lorraine, cette province qui fut longtemps la pomme de discorde entre la France et l’Allemagne. Étrange destin que celui de cette région frontalière, sans cesse disputée entre nos deux pays, devenue par la grâce d’une jeune fille de Domrémy, mystérieuse et pugnace, le symbole de la résistance à l’envahisseur. Jean Jaurès avait bien vu ce que cette province avait de symbolique. « Jeanne d’Arc regarde bien au-delà des champs de Lorraine », avait-il écrit. La croix de Lorraine, qu’accompagnera longtemps Pierre Messmer, était de cette essence-là.

Quittant sa terre après la défaite de 1870, le grand-père de Pierre Messmer s’était réfugié à Paris pour échapper à l’occupation prussienne. Son petit-fils, à travers une éducation rigoureuse, est formé par ses parents dans l’idée que, dans la vie, rien n’est acquis que par l’effort. Après de solides études secondaires, avide de vastes horizons, il accède à ce qui était encore l’École coloniale. Il en sort à temps, en 1937, pour revêtir l’uniforme, qu’il ne quittera qu’en 1945. Tandis qu’au seuil de la guerre, rien ne le distingue des jeunes officiers de sa génération, c’est en pleine débâcle, le 17 juin 1940, je dis bien le 17, et non le 18, qu’il entre sans préavis et de plain-pied dans l’Histoire. Ce jour-là, en effet, comme toute la France, écrasée par le désastre, éparpillée sur les routes, il entend le vieillard étoilé qui sollicite l’armistice. Je l’imagine, à la fin du repas qu’il partage avec quelques autres jeunes lieutenants, dans un village de l’Allier, écoutant, médusé, la radio qui diffuse l’allocution du maréchal Pétain. Et voilà qu’aussitôt, je dis bien aussitôt, il décide avec son camarade Jean Simon d’échapper à la spirale de la défaite pour gagner tout endroit « où le combat fait signe », comme dit la chanson. Ainsi, avant même l’appel que Charles de Gaulle lancera de Londres le lendemain, 18 juin, et que du reste ils n’entendront ni l’un ni l’autre, ils prennent le large, entrant dans l’illégalité avec un ordre de mission rédigé par leurs soins, et signé par Messmer du nom de Canrobert. Ainsi, à un maréchal qui renonce, le jeune homme oppose un autre maréchal, héros de la conquête de l’Algérie et de la guerre de Crimée. À moto d’abord, puis en auto-stop et finalement en train, les voici qui gagnent Marseille et, dans le désordre qui y règne, ayant abandonné leurs uniformes pour des vêtements civils, recherchent un embarquement pour l’Afrique du Nord ou, mieux, la Grande-Bretagne. Se battre est leur idée fixe.

La suite de cette équipée est connue. Leur quête croise le destin d’un cargo italien, le Capo Olmo, saisi à Marseille le jour de l’entrée en guerre de l’Italie, avec son chargement d’aluminium et de farine et qu’un officier de la marine marchande, le commandant Vuillemin, a mission d’acheminer à Oran. Le 23 juin, le Capo Olmo prend la mer au milieu d’un convoi. À la barre, Messmer. Ce Parisien, d’origine alsacienne, est breton d’adoption. Durant ses vacances à Saint-Gildas-de-Rhuys, village auquel il demeurera attaché toute sa vie, il a appris à naviguer sur le Saint-Pierre, un petit bateau en bois que son père a fait construire et lui a offert pour son bac. L’éducation maritime du jeune homme a été confiée à un vieux pêcheur, qui l’emmène en mer et en profite pour jeter les filets. C’est donc tout naturellement que Pierre Messmer barre le Capo Olmo. Dans sa poche, son pistolet est chargé. Sait-on jamais ? D’accord avec Messmer et Simon, au prétexte d’une avarie, le commandant Vuillemin annonce à l’équipage sa décision de quitter le convoi et de gagner Gibraltar. Voici Pierre Messmer à Gibraltar, en route vers la France libre, où nous le retrouverons.

Revenons quai de Conti. À l’instant de son élection à l’Académie française, le nouvel élu prend place parmi vous, mais il accède aussi à une généalogie prestigieuse, formée de ceux qui l’ont précédé. Il y a un sentiment étrange, je l’avoue, à s’asseoir dans un fauteuil en percevant autour de soi la présence de mânes bienveillantes. Aucun de nos prédécesseurs ne ressemble à un autre. Chacun a eu ses mérites, en son temps. Certains noms des titulaires du 13e fauteuil sont ainsi parvenus jusqu’à nous, d’autres n’ont été connus que de leurs seuls contemporains. Est-ce injuste, est-ce mérité ? Racine, Crébillon, Feuillet, Loti, Claudel, Wladimir d’Ormesson et Maurice Schumann, telle est en tout cas, désormais, mon ascendance académique. Elle est prestigieuse, et me conforte dans l’idée que j’énonçais il y a un instant : un dramaturge, un romancier, un officier de marine, des ambassadeurs, un ministre, la diversité des talents est votre lot, et ce depuis toujours. De la marque indélébile des tragédies de Racine, fréquentées aux temps de mon adolescence, un souvenir anecdotique se détache. Dans les classes terminales du lycée de Nice, Phèdre n’avait pas droit de cité, entourée qu’était la fille de Minos et de Pasiphaé d’un halo incestueux, et donc à l’époque regardée comme non fréquentable par des jeunes filles !

Les deux derniers titulaires du 13e fauteuil appartenaient à l’ordre prestigieux de la Libération, et l’esprit de la France libre semble planer sur ce fauteuil. Pierre Messmer et Maurice Schumann furent de ces quelques hommes qui entendirent leur nom prononcé par le chef de la France libre, accompagné de cette phrase : « Nous vous reconnaissons comme notre compagnon, pour la libération de la France, dans l’honneur et par la Victoire. » Pierre Messmer a reçu la croix de la Libération le 26 mai 1941. Plus tard, il sera chancelier de cet ordre voulu par le général de Gaulle, ordre prestigieux, limité dans ses effectifs et dans le temps. Il a également été chancelier de l’Institut, et des plus actifs et efficaces, m’avez-vous dit. En l’élisant parmi vous, vous aviez voulu apporter à ce jeune ordre de la Libération le prestige multiséculaire de votre institution, mais surtout signifier que la gloire des compagnons devait avoir place en ces murs, comme hier celle des héros de la Grande Guerre. Je me rappelle, au début du mois de juin 1944, alors que j’étais à Auschwitz, avoir ramassé un fragment de journal allemand relatant le débarquement en Normandie. La révélation de cet événement avait suscité en nous, mes camarades et moi, une immense espérance. Parmi ces troupes avaient débarqué des Français. Qu’il me soit permis, devant François Jacob, de rendre hommage à ceux qui incarnèrent alors l’honneur retrouvé et l’action en vue de la liberté.

En juillet 1940, le Capo Olmo est en Angleterre. Sa cargaison est vendue, apportant à la modeste France libre ses premiers revenus. Les héros de cette aventure sont présentés au général de Gaulle. Si Messmer et Simon ont entendu le 17 juin le maréchal Pétain, le 18 juin, sur leur moto, ils n’ont, je l’ai dit, entendu personne. Messmer se souvient pourtant d’avoir lu à Marseille, le surlendemain, un journal qui relatait l’appel d’un certain général de Gaulle – « orthographié avec un seul l » avait-il noté. Un mois plus tard, il était devant lui.

L’entrevue entre le général de Gaulle et Pierre Messmer est brève, sobre. Elle ne dure que quelques minutes. Commence pourtant ce jour-là un long compagnonnage, que les deux hommes ne soupçonnent pas. À Londres, de Gaulle ne se perd pas en compliments : en le rejoignant, ces jeunes Français ont-ils fait autre chose que leur devoir ? Peut-être secrètement impressionné par leur épopée, il leur octroie néanmoins une faveur et propose à Messmer et Simon de choisir leur affectation. Pour l’un et l’autre, la réponse est immédiate et identique : la Légion étrangère. Plus tard, Pierre Messmer s’expliquera sur ce choix, d’une voix qu’on imagine bourrue et amusée : « Pourquoi la Légion ? Parce que je voulais faire la guerre avec des gens sérieux. » De fait, en cet été 1940, les légionnaires présents sur le sol britannique sont les rares Français libres aux états de service dignes de ce nom : six mois plus tôt, la 13e demi-brigade de la Légion étrangère a battu les troupes allemandes à Narvik. Son chef de corps, le colonel Magrin-Verneret, dit Monclar, a choisi sa devise : More majorum, « À l’exemple des anciens », à laquelle, toute sa vie, Pierre Messmer restera fidèle, comme il restera fidèle à cette institution singulière qu’est la Légion étrangère, que Lyautey appelait « ma plus chère troupe ». Le jour de sa réception parmi vous, il se présenta comme légionnaire et rendit hommage aux morts pour la France issus de ses rangs. En 2005 fut organisée, ici même, sous cette Coupole, une séance solennelle au cours de laquelle de jeunes légionnaires de la 13e demi-brigade lui rendirent les honneurs.

Vous étonnerai-je ? Je ne suis guère familière de ce monde. Mais au contact de Pierre Messmer, que vous avez provoqué en me désignant à sa succession, j’ai compris pourquoi cette troupe séduisait tant les écrivains. Blaise Cendrars, mais aussi Arthur Koestler ou Ernst Jünger, s’y engagèrent. Cendrars avouait : « Être un homme et découvrir la solitude. Voilà ce que je dois à la Légion. » D’autres, comme Joseph Kessel, fascinés par cette troupe romanesque, ont brossé d’admirables portraits de légionnaires. Dans L’Armée des ombres, un personnage a cette formule : « Tu jouais encore aux billes que je commandais des hommes de la Légion. » Ces mots pourraient avoir été prononcés par Pierre Messmer, lui qui fut conduit à commander à des vétérans de la campagne de France et de la bataille de Narvik, quand nombre de ses contemporains retrouvaient, dès l’automne 1940, le chemin du lycée ou de l’université.

Les légionnaires présents sous la Coupole en 2005 ne venaient pas d’Espagne ou d’Allemagne, comme ceux que le lieutenant Messmer avait eus sous ses ordres, mais plus probablement d’Ukraine, de Roumanie ou du Brésil. Pourtant, une commune envie de servir les animait. Avez-vous relevé cet après midi-là leur fort accent, lorsqu’ils chantèrent ou récitèrent les vers graves et émouvants de la poésie légionnaire ? Ils étaient, à leur manière, les ambassadeurs de la langue française, ayant renoncé à leur passé, à leur nom peut-être, pour se couler dans un nouvel uniforme, apprendre une nouvelle langue, adopter un nouveau pays, épouser une nouvelle histoire. Ce renoncement à soi-même, c’est l’effort que la Légion étrangère demande à ceux qui la rejoignent. Au terme de cinq années de services « avec honneur et fidélité » – c’est la formule –, un passeport leur est accordé. Pareil contrat moral passé entre la France et de jeunes étrangers doit être salué. Il honore une société désireuse de donner aux hommes une seconde chance. Le képi blanc qu’arborent les légionnaires symbolise d’ailleurs cette nouvelle vie. Chaque année, dans le défilé du 14 Juillet, c’est à la Légion qu’est réservé le plus vif succès. Chacun sait le rôle prioritaire qui demeure le sien dans toute intervention armée sous nos couleurs.

Tout cela est éminemment romanesque ; il est donc naturel que soit exaltée en ces murs la mythologie légionnaire. J’ai évoqué plus haut des noms d’écrivains engagés sous le képi blanc. À l’inverse, nombre de légionnaires furent d’authentiques écrivains, parfois d’admirables poètes. Connaissez-vous Allan Seeger, un Américain mort en 1916 sur la Somme ? Je me contente de vous dire ces vers : I have a rendez vous with death : « J’ai rendez-vous avec la mort quand le printemps ramènera les beaux jours azurés. » Dans les sables de Bir-Hakeim, le général Kœnig se faisait lire des vers, alors qu’il tenait en ses mains le sort des 3 700 soldats français retranchés, chargés de fixer les troupes du général Rommel. L’un de ces légionnaires se nommait Pierre Messmer. Il commande alors une compagnie, au sein de la première brigade française libre, et attend l’ennemi dans la chaleur et l’incertitude. Qui sont les hommes qui l’entourent ? Il faudrait évoquer les mémoires glorieuses du général Kœnig, du colonel Amilakvari, du colonel de Sairigné. L’histoire de la Légion étrangère – et l’histoire tout court – ont retenu leurs noms. Permettez-moi de citer d’autres soldats, dont la mémoire des hommes n’a rien su, mais qui furent, à n’en pas douter, présents dans le cœur de Pierre Messmer jusqu’à son dernier jour. Il dira d’eux qu’il ne pouvait rien en attendre, « hormis leur courage ». Empressons-nous d’ajouter que le courage ne leur fera jamais défaut. Je voudrais vous parler de l’adjudant Montbel, un ancien avocat au barreau de Paris, engagé à la Légion après le scandale Stavisky. Du lieutenant Svatkovski, un Russe blanc qui s’était battu pour le tsar, mais aussi en Chine et en Espagne ; le genre grand buveur et cœur romanesque. Du lieutenant Devé, un tempétueux syndicaliste qui avait servi en 14 puis rempilé en 40 à l’âge de 50 ans. Je voudrais encore citer le légionnaire Mamuric, un ouvrier agricole croate qui sauva la vie du lieutenant Messmer en Érythrée, et le légionnaire Dominguez, un militant anarchiste espagnol qui refusait par principe tout galon. L’un de ces hommes, qui devait être un poète – et sûrement un philosophe –, luttait contre la soif du désert en suçant des cailloux. À chaque fois qu’il effectuait ce geste, il portait un toast imaginaire à Démosthène. Un avocat douteux, un anarchiste, des hommes irréguliers, pour reprendre la belle formule d’Étienne de Montety, telle était la troupe à qui le destin avait confié, sinon le sort de l’Europe, du moins l’honneur de la France en armes. À Mamuric, Messmer demanda un jour pourquoi il se battait. La réponse fut immédiate : « Pour la liberté, mon capitaine. »

Après un long périple qui, de l’automne 1940 à la fin de 1941, conduit la 13e demi-brigade d’abord en Afrique noire, puis en Érythrée et en Syrie, participant à tous les combats, voici donc l’unité de Pierre Messmer enterrée, au début de 1942, dans les sables de Bir-Hakeim. Je crois bien que Pierre Messmer y est heureux. Quelques années plus tôt, il a choisi la voie d’administrateur de la France d’outre-mer pour connaître le rêve de René Caillé en Mauritanie et au Mali, celui de Charles de Foucauld dans le Sud saharien. C’est d’ailleurs les écrits de ce dernier qu’il a emportés dans sa cantine à Bir-Hakeim. On se demande souvent quel livre on emporterait sur une île, jamais quel livre on emporterait en plein désert. Pierre Messmer a choisi sa bibliothèque du désert : Pascal, Péguy, Psichari. Ces lectures lui inspirent alors des considérations sur la vie qu’il mène depuis plusieurs mois : « La guerre dans le désert est particulière, écrit-il, dure et belle. Les malheurs de la guerre ne frappent que les guerriers. C’est pourquoi la guerre du désert, si dure aux corps, ne salit pas les âmes. »

La bataille de Bir-Hakeim appartient désormais aux manuels d’histoire, comme Austerlitz ou la Marne. Elle s’est déroulée du 15 février au 10 juin 1942. À Kœnig, Rommel a envoyé par trois fois des émissaires lui enjoignant de se rendre. Par trois fois, Kœnig les a éconduits. Les Français, ancrés dans le sable, protégés par des champs de mines et des armes antichars, s’apprêtent à soutenir un siège contre une armée bien supérieure en nombre. Je laisse la parole à un témoin de la bataille : « Notre calvaire commença une nuit de pleine lune, en mai, quand retentirent des tirs d’armes lourdes, juste avant l’aube. Au nord le ciel flamba brusquement et on entendit des salves sporadiques et des explosions. » Ces lignes sont signées de l’adjudant Travers, Susan Travers. Oui, vous avez bien entendu : Susan Travers, légionnaire matricule 22.166. Une femme à la Légion étrangère ? Vous le savez mieux que quiconque, il arrive que des institutions soient créées et vivent longtemps, composées exclusivement d’hommes. Un jour une femme survient, et le visage de cette institution s’en trouve subitement modifié. C’est ce qui est arrivé à la Légion, quand Susan Travers, jeune Britannique engagée dans la France libre, devint chauffeur du général Kœnig. Elle endura elle aussi le terrible siège de Bir-Hakeim et se distingua au volant d’une Ford, lors de la mémorable sortie qu’effectuèrent les Français pour échapper à l’encerclement dans la nuit du 10 juin 1942.

La compagnie Messmer est spécialement éprouvée. Le dernier jour, elle est encore aux avant-postes, chargée d’effectuer une contre-attaque au nord du dispositif. En quelques heures, elle perd la moitié de ses effectifs. Cette nuit-là, le général Kœnig décide que les Français tenteront une sortie, mais il oublie d’en informer son subordonné. À minuit, Kœnig et Amilakvari s’élancent, juchés sur le véhicule de l’adjudant Travers. Ce que voyant, Messmer comprend. Il se met alors en route précipitamment, à la tête de ses quarante légionnaires. D’incident en incident, il court toute la nuit. À l’aube sa compagnie rallie le point de rassemblement avec une colonne de secours anglaise. Pierre Messmer est indemne, mais les pertes sont lourdes. Mort, le capitaine de La Maze, qui fut son chef d’escadron. Mort, le lieutenant Devé. Morts aussi, Mamuric et Dominguez, qui luttaient pour la liberté. Sur les 3 700 français de Bir-Hakeim, 1 500 y laisseront la vie. Quelques heures plus tôt, à un officier qui lui disait : « Cette nuit, mon père, vous allez avoir à donner beaucoup d’absolutions », l’aumônier avait répondu : « Ce soir, tous les morts vont au Paradis. »

Pierre Messmer est encore en première ligne dans une autre bataille du désert, El-Alamein. Chargé de prendre le massif de l’Himeimat, il parvient au sommet, sans liaison radio, tient quelques heures avant d’être obligé de décrocher. Une nouvelle fois, les pertes sont lourdes pour les Français libres. Un de ses adjoints, le sous-officier Lacroix, qui l’année d’avant, en Érythrée, avait tardé à agir, se comporte en héros durant l’assaut : blessé durant la retraite, il se fait sauter avec une grenade, en lançant au légionnaire qui l’accompagne un mot digne des Spartiates aux Thermopyles : « Va dire au capitaine que l’adjudant chef Lacroix a fait aujourd’hui ce qu’il aurait dû faire à Keren l’année dernière. »

Le 18 juin 1942, au Royal Albert Hall de Londres, le général de Gaulle prononce un discours. Fidèle à son amour des lettres, il cite Chamfort : « Les raisonnables ont duré. Les passionnés ont vécu. » « Pendant ces deux années, affirme le chef de la France libre, nous avons beaucoup vécu, car nous sommes des passionnés. Mais aussi nous avons duré. Ah que nous sommes raisonnables ! » Passionné et raisonnable, tel apparaît Pierre Messmer tout au long de sa vie.

On se souvient qu’il avait choisi l’administration de la France d’outre-mer. Depuis sa petite enfance, il aime administrer. À Saint-Gildas, il organise des jeux pour ses contemporains. À Paris, l’adolescent s’implique dans un patronage de quartier. Pourquoi la France d’outre-mer ? Comme nombre de jeunes gens de sa génération, il croit à une France riche de valeurs qu’elle a le devoir d’apporter aux populations du monde entier. Il aime ces peuples si différents de lui, savoure le sentiment infini de la liberté à des milliers de kilomètres de sa terre natale.

À la fin de la guerre, Pierre Messmer réintègre son corps d’origine, qui entre-temps, courant derrière l’évolution du monde, n’est plus le ministère des Colonies, mais celui de la France d’outre-mer, intitulé qui lui-même se révélera très vite obsolète. Après quelques épisodes hauts en couleurs, en forme de va-et-vient avec le Vietnam, au début de ce qui va être la guerre d’Indochine, épisodes marqués notamment, s’il vous plaît, par une capture par le Vietminh, suivie évidemment d’une évasion. Il est alors nommé dans l’Adrar en Mauritanie, puis en Côte-d’Ivoire, et enfin affecté au Cameroun, qu’il avait brièvement traversé à l’automne 1940 avec les troupes de la France libre. À chacune de ces affectations, il met en œuvre ses dons d’organisateur, s’appuyant sur les hommes, dont certains deviendront ses amis. Au premier rang de ceux-ci, Félix Houphouët-Boigny, dont Pierre Messmer, dans ses mémoires, a dressé un portrait chaleureux.

Sur l’immémorial continent noir, l’histoire semble se mettre en marche. Durant la période 1940-1945, le regard des Africains a changé. Devenu directeur de cabinet de Gaston Defferre, Pierre Messmer conçoit en quelques mois une importante loi-cadre destinée à associer les Africains à l’exercice du pouvoir exécutif. En 1958, Pierre Messmer reçoit le général de Gaulle, à peine revenu au pouvoir, et l’accompagne dans sa tournée en Afrique occidentale. En Guinée, un jeune dirigeant local, Sékou Touré, prononce à l’encontre de la France un véhément réquisitoire. De Gaulle repart furieux. Pour le vieil Africain qu’est désormais Pierre Messmer, c’est la fin d’un cycle historique. Le temps où les cartes scolaires Vidal de La Blache affichaient en rose les pays sous influence française a vécu. En cette fin des années cinquante, l’Afrique aspire à prendre en main son destin. Il faut l’accepter avec sagesse. Pourtant, cette réalité a certainement des accents douloureux pour Pierre Messmer. C’est au lecteur de Lawrence et de Psichari, à l’amoureux du désert qu’il revient de mener ces pays à l’indépendance. Il s’acquittera de cette mission avec abnégation, faisant taire en lui la voix de l’affectif, du romantisme, de l’émotion. Il n’en a pourtant pas fini avec l’Afrique.

Au lendemain des « barricades d’Alger », le général de Gaulle, décidé à régler le conflit qui fait rage en Algérie, l’appelle en effet au gouvernement comme ministre des Armées. L’ancien commandant de compagnie à la Légion étrangère effectue à ce moment une période d’officier de réserve. Nous sommes en février 1960. En quelques heures, le colonel Messmer quitte la Kabylie et le 8e régiment parachutiste d’infanterie de marine et troque le treillis léopard pour le costume cravate. Le voici à l’Élysée. L’analyse de de Gaulle est simple : l’Algérie est en guerre, et pour faire la guerre, il faut un soldat. Il en tient un – et de la plus belle allure – en la personne de Pierre Messmer. Le général choisit son ministre comme il choisirait son chef d’état-major. Il prend le plus compétent, sans aucun souci d’équilibre politique. Selon l’article 15 de la nouvelle Constitution, le président est le chef des armées. Il l’est à plus forte raison quand il est lui-même un ancien officier d’active, doté d’un caractère en acier.

Il faudrait entrer plus avant dans l’intimité de la relation qui lia l’ancien chef de la France libre et son ministre. Une relation faite d’admiration réciproque, d’estime mutuelle, d’appartenance commune à une confrérie, celle des compagnons de la Libération, mais aussi de soumission hiérarchique. Ce lien à toute épreuve, une anecdote l’illustre, rapportée par votre confrère Alain Peyrefitte dans son irremplaçable C’était de Gaulle : lors d’un conseil des ministres, le président de la République, qui s’apprête à se rendre en visite officielle au Mexique, précise que ce pays souhaiterait que la France lui restitue trois drapeaux. Le chef de l’État commente : « Je n’aime pas rendre des trophées que notre armée a arrachés au combat. Vous voyez de Gaulle arriver avec des drapeaux dans ses valises ? » Et Messmer donc : ces drapeaux, c’est sa chère Légion étrangère qui les a conquis, en 1863, signant là ses premiers faits d’armes. Une nouvelle fois, Messmer fait taire ses sentiments, ne cherchant que le sens de l’État et le service du chef. Il envoie discrètement un officier à Mexico pour rendre les drapeaux, facilitant ainsi le voyage du chef de l’État en Amérique centrale.

On s’en souvient, les deux hommes s’étaient rencontrés pour la première fois en juillet 1940 à Londres. Après leur longue coexistence des années soixante, ils se reverront, pour la dernière fois, en juillet 1969. Pierre Messmer a raconté la visite à Colombey, le rituel immuable du déjeuner, de la promenade sous les arbres du parc, le Général prenant ensuite congé de lui avant de s’asseoir devant son poste de télévision : ce jour-là, un vaisseau spatial s’apprête à poser un homme sur la Lune. Du Capo Olmo à Apollo, que de progrès techniques, que d’événements. Ce soir-là, Messmer prend la mesure du temps qui a passé, aux côtés de son chef.

Au gouvernement, il côtoie une autre figure indissociable de la geste gaullienne, André Malraux. Il n’y a pas plus dissemblables que les deux hommes. D’un côté, le soldat courageux de Bir-Hakeim, sobre autant dans sa mise que dans son expression, qui déclarait un jour à votre confrère Maurice Druon, en une formule toute militaire : « Je n’aime pas les coups d’encensoir, ça fait mal à la tête. » De l’autre, l’écrivain fantasque, imaginatif, ayant servi dans la Résistance et largement rêvé celle-ci. André Malraux est l’un de ceux qui ont fait entrer la France libre dans la littérature. Supériorité du verbe sur l’action ? Les hommes d’action n’ont pas besoin de parler, puisqu’ils agissent. Quand il évoque la guerre, Pierre Messmer n’est pas bavard, ou alors il s’en tient à des anecdotes, pour distraire son auditoire.

Pierre Messmer se souvenait aussi des combattants de la dernière heure à la libération de Paris. Il conservait dans son cœur le mot du poète : « Défense de déposer du sublime dans l’histoire. » Il s’en garda bien, estimant que la geste de la France libre se suffisait à elle-même. Ses mémoires précis et rigoureux, ses récits intitulés Les Blancs s’en vont ou La patrouille perdue sont captivants, fourmillant d’observations, de remarques narquoises. Mais ils attestent le souci de l’auteur de témoigner plutôt que d’exalter.

Nommé ministre des Armées, Pierre Messmer se retrouve chargé du sort de plus d’un million de Français sous l’uniforme. En 1960, l’armée est dans une situation psychologique délicate. Certains officiers font la guerre depuis 1940, ayant successivement combattu en Europe, puis en Indochine et enfin en Algérie. Depuis quinze ans, ils naviguent loin de la métropole dans d’âpres combats, entrelacés de considérations politiques sinon idéologiques. Beaucoup ne se sentent ni compris, ni aimés, ni soutenus par leurs compatriotes. En Algérie, l’enchaînement des événements depuis ce funeste 1er novembre 1954, qui a vu mourir sur la route de Biskra à Arris un couple de jeunes instituteurs, les Monnerot, ainsi que le caïd de M’Chounèche, Hadj Sadok, a conduit nos soldats à effectuer tous les métiers : policiers, maîtres d’école, assistantes sociales, officiers d’état civil, administrateurs. C’est beaucoup, trop disent certains. Contre la « rébellion », l’armée a remporté d’incontestables succès militaires, mais les victoires des centurions ne suffisent pas à régler la crise algérienne, qui a déjà emporté la IVe République. Il y a autre chose de plus profond qui se joue, et qui, dans l’histoire de France, dépasse la simple aventure coloniale. Sinon, comment expliquer les déchirements d’un Albert Camus, écartelé entre l’émancipation et l’amour de sa terre, entre la réforme nécessaire pour améliorer le sort des populations d’Algérie et ses souvenirs d’enfant de Belcourt, entre l’exil et ses émerveillements devant les matins de Tipaza ? Pourtant, il faut agir. Le général de Gaulle a été ramené au pouvoir pour régler cette crise, personne n’en disconvient. Comment ? Chacun a son avis. L’Algérie est le principal dossier du ministre des Armées. Il y passe quatre à cinq jours par mois, visitant les états-majors, les unités, les postes, répondant aux inquiétudes des officiers. Lors de la fameuse « tournée des popotes », il accompagne le général de Gaulle.

En avril 1961, il est au Maroc, pour assister, aux côtés du jeune roi Hassan II, au transfert des cendres du maréchal Lyautey vers le sol français. On ne pourrait imaginer circonstance plus significative : une cérémonie à la mémoire d’un des plus forts symboles de la présence française en Afrique du Nord. Lyautey, qui fut membre de votre compagnie, croyait passionnément à la grandeur civilisatrice du rôle de la France au-delà des mers, et, dans le même mouvement, pressentait que les temps conduiraient à changer le rapport de subordination entre la métropole et les peuples sous sa tutelle. Le retour de sa dépouille à cette date sonne comme un glas. À Rabat, le ministre des Armées est informé que quatre généraux – le fameux « quarteron », comme le qualifie aussitôt le Général, avec sa prodigieuse capacité à susciter le pouvoir des mots – soutenu par quelques unités, se soulèvent ouvertement contre l’autorité de la République. Le 1er régiment étranger de parachutistes investit Alger. Ce régiment, Pierre Messmer le connaît bien : c’est l’unité la plus prestigieuse de l’armée. Quelque temps plus tôt, il l’a visité sur le terrain, allant de compagnie en compagnie, écoutant les états d’âme des officiers, recueillant leurs doléances. À chacun, il a rappelé les consignes : faire la guerre, pas davantage. La politique doit rester l’affaire des politiques.

À l’annonce d’un événement qui pourrait dégénérer en guerre civile, Pierre Messmer n’a pas pu ne pas se souvenir de ces journées de 1941, en Syrie, où lui et ses hommes se trouvèrent face aux légionnaires du 6e régiment étranger d’infanterie fidèles à Vichy, sous le commandement du général Dentz. Cet affrontement fratricide, la Légion a voulu l’oublier. Il a d’ailleurs été décidé qu’aucune citation, aucune décoration ne serait décernée pour cette campagne, signe de l’embarras qu’ont éprouvé les protagonistes. Le lieutenant Messmer avait vécu l’épisode dans la douleur, les larmes même, avoue-t-il, lui pourtant si pudique.

L’histoire du putsch d’Alger est connue : c’est un coup d’État, un mélange de force et d’improvisation. Rapidement le 1er REP tient la ville ; mais après ? Le général de Gaulle prend la parole à la télévision et à la radio pour condamner une aventure où le désespoir a sa part. L’armée, dans son immense majorité, ne bouge pas, à l’instar des appelés qui demeurent dans leurs casernes. En trois jours, la sédition est à bout de souffle. Sitôt le putsch en échec, Pierre Messmer offre sa démission, parce qu’il considère qu’il a manqué à son devoir. Le président de la République la refuse. Pourtant, il ne décolère pas. Des officiers se sont dressés contre la légalité républicaine, ont entraîné dans cette désobéissance des soldats, notamment étrangers. Devant son ministre impavide, le regardant droit dans les yeux, il prononce ces mots terribles : « Il faudra dissoudre la Légion étrangère. » Comment ne pas imaginer les images qui surgissent dans la tête de Messmer ? Son arrivée à Morval Camp en 1940, où il fit la connaissance de la 13e demi-brigade. La noble figure du colonel Monclar. Les visages des braves Mamuric et Dominguez. Pierre Messmer serait donc l’homme qui bifferait d’un trait de plume le paraphe de Louis-Philippe créant la Légion étrangère, effacerait les grandes heures du Mexique, de la Crimée, de la Somme, de l’Indochine ? Pour la première fois, peut-être la seule, l’officier, célèbre pour son mutisme, le ministre, choisi pour sa solidité morale, se cabre : « Je ne le ferai pas, parce que je ne peux pas le faire. Pour moi c’est une question d’honneur. » De Gaulle n’insiste pas. Il décide la dissolution du seul régiment putschiste et épargne les autres.

Je n’évoque pas cette phase de la vie de Pierre Messmer sans difficulté ni sans prudence. La gravité des événements et leur extrême complexité nécessitent qu’on aborde cette époque avec tact. Il serait malvenu de juger du haut de notre chaire, nous qui bénéficions aujourd’hui du recul et de la sérénité. Mais il faut rappeler que ce fut un temps où l’on vit les dirigeants d’une grande démocratie intervenir dans le déroulement de la justice, dicter la composition du haut tribunal militaire chargé de juger les conjurés, convoquer le procureur pour lui inspirer les conclusions de son réquisitoire, tenter de peser sur le verdict. Jusqu’à la fin de sa vie, Pierre Messmer assumera publiquement cette attitude, fustigeant la désobéissance au chef de l’État, rappelant sans cesse la nécessité absolue du respect de la légalité républicaine. En privé, il se révèlera plus nuancé et, à la fin de sa vie, entreprendra des démarches discrètes pour rencontrer le commandant Denoix de Saint-Marc, l’homme qui commandait le 1er REP lors du putsch d’Alger. Quelque quarante ans après les faits, Pierre Messmer estimera venu le temps de la « paix des braves ».

Mesdames et Messieurs, on ne peut non plus évoquer ces temps de malheur sans aborder un douloureux dossier. Ancien magistrat, m’étant beaucoup investie pour améliorer la condition des prisonniers du F.L.N. en Algérie et en métropole, je n’en suis que plus à l’aise pour aborder une autre page tragique de notre histoire. En Algérie, des musulmans avaient accepté de servir dans l’armée française. On les appelait les « moghaznis », ou plus communément les « harkis ». Leurs effectifs s’élevèrent à 90 000 hommes et leurs familles. Les accords d’Évian stipulaient qu’aucun Algérien ne serait inquiété pour ses engagements passés, notamment dans l’armée française. Les autorités françaises voulurent croire à ce traité et mirent tout en œuvre pour qu’il fût respecté. Pour nombre d’officiers français, ce fut un déchirement d’abandonner à leur sort des hommes qui avaient partagé leurs combats. Certains décidèrent leur rapatriement en métropole. Après y avoir un temps consenti, et ouvert des camps d’hébergement, les autorités françaises publièrent des instructions très strictes mettant fin au rapatriement. La plupart des harkis durent ainsi rester en Algérie, en butte à l’opprobre et souvent à d’horribles représailles. Quel fut le nombre de victimes ? Les historiens s’opposent encore sur ces chiffres. La tragédie de ces familles entières abandonnées laisse en tout cas une tache indélébile sur notre histoire contemporaine.

Une nouvelle fois, Pierre Messmer se plia à la rigueur d’État, au devoir d’obéissance. Plus secrètement, il souffrit de ce drame, évoquant même dans des entretiens ultérieurs avec Philippe de Saint-Robert une situation de « non-assistance à personne en danger ». Plus que quiconque à l’époque, il eut le redoutable devoir d’incarner l’autorité de l’État. La littérature nous a familiarisés avec la figure héroïque d’Antigone opposée à celle, plus austère, de Créon. L’émotion, l’idéalisme, la piété filiale, poussent à soutenir le combat de la fille d’Œdipe, plutôt que les sévères principes du roi de Thèbes. Antigone est de notre temps, et celui-ci vomit Créon. Mais Créon est-il si détestable ? Écoutons-le dans la pièce de Sophocle : « Si quelque criminel fait violence aux lois ou se met dans la tête de donner des ordres à ses chefs, il n’aura jamais mon aveu. C’est celui que la ville a placé à sa tête à qui l’on doit obéissance, et dans les plus petites choses et dans ce qui est juste, et dans ce qui ne l’est pas ». Oui, vraiment est-il si détestable, celui qui exige le respect des lois de la Cité, quel qu’en soit le prix ?

Un devoir parfois ingrat incombe à l’homme politique. Quand il accepte un mandat ou une mission, sa personne et ses sentiments doivent s’effacer. Il se doit de définir et d’appliquer la politique la plus conforme à l’intérêt général. Une part de la grandeur de ce métier est là. Cela s’appelle le courage. Il ne faudrait pas réduire le texte de Sophocle à un éloge inconvenant du cynisme en politique. Il est un plaidoyer pour la responsabilité. Un homme politique ne doit pas chercher à plaire, mais à agir. Pierre Messmer fut ce ministre inflexible, en des circonstances qui exigeaient l’inflexibilité. Des états d’âme, des scrupules, des déchirements, il en eut certainement. Mais il les garda par-devers lui. On peut être en désaccord avec les choix politiques qui furent les siens, désapprouver sa fidélité au général de Gaulle. Il est impossible d’en contester la dignité, qui est celle du serviteur de l’État.

On pouvait penser que Pierre Messmer avait accepté d’entrer en politique auprès d’un homme exceptionnel, dans des circonstances qui ne l’étaient pas moins, et qu’il se serait retiré sitôt réglé le conflit algérien, ou sitôt parti le général de Gaulle. C’eût été négliger le sens de l’intérêt général qui l’animait. Après l’Algérie et ses traumatismes, il lui faudra conduire la réforme de l’armée française. Il œuvrera pour ajuster ses effectifs aux exigences du temps de paix. Il lui fera également prendre le grand tournant nucléaire. Et en mai 1968, lorsque Pierre Messmer s’opposera résolument au ministre de l’Intérieur, qui insiste pour envoyer la troupe contre les jeunes manifestants, c’est en songeant à l’Algérie et à ses erreurs qu’il refusera.

Après le départ du Général et l’élection de Georges Pompidou, Pierre Messmer observe, pendant deux ans, une sorte de retraite endeuillée dont le nouveau président de la République le tire en le priant d’abord d’accepter le portefeuille de l’Outre-Mer, puis, après la rupture avec Jacques Chaban-Delmas, la charge de Premier ministre. Pourquoi lui ? Les politologues se sont interrogés sur ce choix. D’autres personnalités de l’époque pouvaient prétendre à l’hôtel Matignon. Pierre Messmer y accède avec une image de sérieux, de rigueur et d’intégrité. Un an plus tard, c’est à lui que revient le mérite de la victoire aux élections législatives de 1973. Dans un contexte difficile, le soldat remporte cette nouvelle bataille. À la veille du premier choc pétrolier, il prend des mesures décisives pour assurer à la France son indépendance énergétique, grâce à un ambitieux plan de développement électro-nucléaire. En toutes choses, il reste fidèle aux préceptes du Général, qui requiert un « État pionnier » et non un « État suiveur ».

Pierre Messmer agit avec résolution, mais sans agitation. Il ne se départit pas de son calme légendaire, marmoréen. Georges Pompidou s’étonne de l’équanimité de son Premier ministre, ce révolté de 1940. Comme si le fait d’avoir pris des risques inconsidérés dans sa jeunesse le prémunissait contre les politiques aventureuses dans son âge mûr. Cette sagesse, cette indifférence au qu’en dira-t-on, à la loi des médias, ne vont pas sans un réel courage, politique celui-là, mais pas si éloigné de celui dont Messmer avait fait montre dans les sables de Libye.

C’est à Pierre Messmer qu’il revient de conduire le pays aux côtés d’un président de la République dont l’état de santé est de plus en plus préoccupant. J’ai eu moi-même, à cette époque, l’occasion de côtoyer Georges Pompidou, d’apprécier sa courtoisie, sa culture, aussi étendue dans le domaine de l’art contemporain que dans celui de la littérature classique. Relisant son anthologie de la poésie française, comment ne pas être frappé par la tristesse qui se dégage des dernières pages ? Les vers choisis, qu’ils soient de Chénier, Baudelaire ou Éluard, évoquent tous la même échéance…
« O mort ! Vieux capitaine ! Il est temps ! Levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, O mort appareillons ! »

Le président se trouve atteint d’une forme rare de leucémie, la maladie de Waldenström. Face à la traque médiatique d’un homme malade, Pierre Messmer agit habilement, non seulement pour assurer la conduite de l’État, mais aussi pour protéger le président des pressions, des supputations, des prédictions. Une nouvelle fois, il s’acquitte de sa mission de bouclier.

Lorsque Georges Pompidou meurt dans l’exercice de ses fonctions, le voici en première ligne. Que faire ? Des appétits se font aussitôt jour. Pierre Messmer réfléchit, poussé par les uns, dissuadé par les autres. Un spectre le hante, celui de la division. Pour lui, sa candidature à la succession, à laquelle, en qualité de Premier ministre, il peut légitimement prétendre, ne se conçoit que dans l’unité. Les gaullistes offriront-ils le spectacle de deux compagnons de la Libération s’affrontant pour la magistrature suprême ? Pierre Messmer s’y refuse. Il n’ira pas. La suite est connue. En mai 1974, les Français élisent un nouveau président de la République. Une nouvelle ère s’ouvre. Sa décision, Pierre Messmer l’a expliquée avec simplicité et humilité. Je le cite : « Depuis le début de ma vie active, j’avais toujours eu conscience de dominer ma fonction, grande ou petite, donc d’être capable de l’assumer au mieux, ce qui me donnait assurance et autorité. Pour la première fois, je n’étais plus sûr de moi et je devais me poser la question : serais-je capable d’être président de la République ? La réponse n’était pas évidente. »

Il y a plusieurs façons de considérer la politique. Pour Pierre Messmer, elle n’était pas une ambition, mais un service. Une carrière, pensait-il, ne s’interrompt pas à la suite d’une défaite électorale, mais quand l’intéressé estime que sa mission est accomplie. Des hommes politiques, au premier rang desquels le général de Gaulle, sont entrés dans l’Histoire par cet acte fondateur qu’est la rébellion. Pierre Messmer n’a jamais démissionné, mais il a montré que la mesure et le renoncement personnel peuvent aussi être l’expression du courage. Il songeait à l’intérêt du pays avant de penser au sien. Je n’évoque que pour mémoire les éminents services qu’il a rendus à l’Institut, et que chacun de vous a pu apprécier. Ce que, peut-être, vous avez moins perçu, c’est la valeur inestimable de la bibliothèque que ce lecteur impénitent a léguée, dans une absolue discrétion, à sa ville de Sarrebourg. Là comme ailleurs, il nous laisse un héritage à méditer et à saluer.

Mesdames et Messieurs,
Dans cette enceinte vouée à la défense et au rayonnement de la France, qu’il me soit permis d’évoquer une ambition à laquelle j’ai voué une partie de ma vie : l’Europe. Elle a été l’horizon qu’au lendemain de la guerre quelques pères fondateurs se sont fixé pour remiser à jamais les guerres fratricides. Ce projet, Pierre Messmer l’avait vu naître et l’a accompagné comme ministre, loyalement mais prudemment. Il a accueilli avec scepticisme certaines avancées de la construction européenne, et notamment la création de la monnaie unique. Les traités successifs de Maastricht, de Nice et de Lisbonne l’ont conduit à s’interroger sur le processus en cours. Son histoire personnelle le rattachait à la nation, et le cadre supranational ne lui était pas spontanément familier. Pourtant, lorsqu’en 2003 votre Académie fut consultée sur le projet de Constitution européenne, dans l’élaboration duquel votre confrère Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle éminent, Pierre Messmer s’y consacra avec le sens des responsabilités qu’on lui connaît.

Cette aventure européenne fut et demeure le grand défi de la génération à laquelle j’appartiens. Emmanuel Berl disait que l’Europe devait être tout à la fois une communauté de désirs et de doctrines. Peut-être Pierre Messmer estimait-il que les doctrines affadissent par trop le désir ? Ce défi lancé aux vieilles nations, je l’ai accueilli et accompagné avec plus d’optimisme que Pierre Messmer. Et l’ancienne présidente du Parlement européen que je suis est heureuse de devenir aujourd’hui, dans cette enceinte, l’un des porte-parole de cette idée européenne qu’illustre depuis ses origines l’Académie. Ne sommes-nous pas en train de discourir dans un lieu appelé « Collège des Quatre-Nations », appellation qui dit bien sa vocation à l’ouverture ?

Les pères de l’Europe ont voulu construire une réalité à partir du rêve d’un homme dont la voix a retenti nombre de fois sous cette Coupole. J’ai nommé Victor Hugo. En 1841, fraîchement élu à l’Académie, il se consacre à la rédaction d’un texte sur le Rhin, où il ébauche le projet d’une union européenne fondée sur ce qu’il est convenu aujourd’hui de nommer le couple franco-allemand. Il écrit : « La France et l’Allemagne sont essentiellement l’Europe. L’Allemagne est le cœur, la France est la tête. Le sentiment et la pensée, c’est tout l’homme civilisé. Il y a entre les deux peuples connexion intime, consanguinité incontestable. Ils sortent des mêmes sources ; ils ont lutté ensemble contre les Romains ; ils sont frères dans le passé, frères dans le présent, frères dans l’avenir. »

Fraternité et avenir, sous l’égide de ces beaux mots, qui ont naturellement cours chez vous, je suis fière d’être reçue par votre Compagnie."

René Pérignon sur le départ 16032010

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Publié le 16/03/2010

René Pérignon, un colonel qui aura marqué fortement

le village et ses alentours. Photo J. N.

René Pérignon quitte Maubourguet et son canton pour s'installer à Tarbes, près de sa famille.

Un homme à la carrière militaire bien remplie commencée à Saint-Cyr, puis à l'école de cavalerie de Saumur et au 1er régiment de hussards parachutistes. Ce seront ensuite les départs, d'abord pour l'Afrique du Nord, le Maroc, l'Algérie. De retour en France, il repart dans la légion étrangère en Algérie qu'il quittera pour l'Allemagne. Après avoir passé trois ans en Allemagne, il reprend ses études supérieures et deviendra ingénieur de l'armée de terre. Il continuera sa carrière en tant qu'instructeur et reviendra au 1er régiment de hussards parachutistes, promu commandant. Quelques années de plus à Angers établissement technique, il expérimente les nouveaux matériels d'équipement de l'armée avant de prendre sa retraite à Sauveterre.

Retraité, il prendra la présidence de la section locale des anciens combattants qu'il assumera durant 25 années. Homme d'une haute valeur morale et d'une belle conscience professionnelle, René Pérignon est aussi très courtois et affable. Un homme à la stature imposante, une voix qui porte et écoutée avec attention lors de toutes les cérémonies. Il a assumé sa fonction de président avec beaucoup d'abnégation et d'efficacité. Il en retient notamment deux événements: l'un au début, celui d'avoir obtenu la présence d'un piquet d'honneur pour le 11-Novembre, au monument aux morts, auprès du commandant d'armes de Tarbes et qui perdure encore aujourd'hui ; l'autre en fin de présidence, la « Marseillaise » pour le 11-Novembre 2009 chantée par les élèves de l'école Fernand-Camescasse, sous la direction de leur jeune institutrice, pour une première. Bonne route à René Pérignon dans sa vie tarbaise où d'autres missions l'attendent en compagnie de son épouse, sans oublier aussi une halte bien méritée.


Légion étrangère : 49 nouvelles recrues 16032010

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Publié le 16/03/2010

Le capitaine Alliot (g.) et le colonel Mistral (d.) passent en revue les nouvelles recrues avant la remise du képi blanc.

Place Saint-Pierre encore enneigée, ciel d'un bleu intense et vent glacial, les quarante-neuf nouveaux légionnaires, en rang, s'apprêtent à recevoir le képi blanc symbole de leur entrée dans la légion étrangère. Préparation de la cérémonie, marche au pas, chant, le moment est solennel ! Les spectateurs frigorifiés dont le maire, le président de l'Amicale des anciens combattants, regardent, captivés, cette préparation. Puis le colonel Denis Mistral et le capitaine Franck Alliot passent la troupe en revue. Tout est en ordre, le rituel peut commencer. Les voix des quarante-neuf nouvelles recrues s'élèvent en chœur pour énoncer les principes de la légion. C'est fait, chacun met son képi blanc et se dirige vers les halles pour une collation à laquelle la population est invitée.

Le capitaine Alliot donne quelques explications avec beaucoup de gentillesse : « Ces jeunes arrivent de vingt-sept pays différents, ils ne parlent pas le français. Leurs motivations sont diverses mais ils viennent surtout chercher un avenir et des valeurs. Nous acceptons tous les jours des jeunes. Puis nous sélectionnons. Ensuite les nouvelles recrues font un stage de six semaines, comme ceux-ci, à la fin duquel ils reçoivent le képi blanc. Puis ils en font un deuxième de trois mois. C'est après qu'ils partent en mission. Nous faisons une vingtaine de remises de képis dans l'année. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de la création de la légion, 9 mars 1831».


La Légion étrangère moins anonyme 10032010

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Publié le 10 Mars 2010 par Marion Sauveur.

D’ici l’été prochain, la Légion étrangère n’obligera plus ses recrues à adopter une "identité déclarée".

C'était une règle intangible : toute recrue de la Légion étrangère devait adopter une "identité déclarée" pour rejoindre les rangs de ce corps d'élite universellement connu. Cette disposition obligatoire va devenir une option pour tout nouvel arrivant, à partir de l’été.

L’identité déclarée, c’est quoi ? C’est une disposition régie par la loi qui permet d’attribuer temporairement une identité d’emprunt. L’identité déclarée existe au sein de la Légion étrangère depuis sa création en 1831. "Historiquement, elle permettait de recruter les personnes rapidement sans avoir à vérifier leur identité et accordait ainsi à certains une seconde chance", précise la Légion à Europe1.fr. Concrètement, en signant leur contrat, les engagés français devenaient soudainement suisses, canadiens, monégasques ou luxembourgeois. "Les dernières moutures des textes ne spécifient aucunement que les candidats doivent être obligatoirement étrangers", relève le général Alain Bouquin à l’origine de la future modification.

Les conséquences. Changer d’identité entraîne un certain nombre de contraintes. Les légionnaires vivant avec une identité déclarée sont privé de nombreux droits. Pour exemple, ils ne peuvent souscrire un emprunt, sont privés d’actes civils tels que le droit de vote, de reconnaissance d'un mariage, d'un enfant, privés de tout héritage ou encore de droits de visite.

Obligatoire. L’identité déclarée est devenue systématique au sein de la Légion étrangère depuis une dizaine d’années. Cette identité d'emprunt, qui était "une possibilité offerte par la loi", avait été transformée par "le commandement - par facilité ou confort - en mesure imposée aux candidats", a reconnu le général Alain Bouquin. Une disposition qui mettait toutes les recrues "sur un pied d’égalité" et qui permettait de vérifier leur identité, indique la Légion.

Combien de temps ? L’identité déclarée est généralement temporaire. "Le légionnaire peut établir une demande de régularisation concernant sa véritable identité au bout d’une année de service", explique la Légion. Il est toutefois nécessaire de présenter un certain nombre de pièces, telles qu’un extrait d’acte de naissance. "Au bout de trois ans de service, 80% des légionnaires ont retrouvé leur propre identité", assure la Légion.

Pourquoi ce changement ? L’idée de passer l’identité déclarée d’obligatoire à optionnelle est née d’une réflexion menée au sein de la Légion étrangère depuis septembre dernier après la prise du commandement du général Alain Bouquin. A l'été prochain, ce qui était une obligation redeviendra donc une faculté, conformément à la loi. Il était "hors de question de m'inscrire dans une quelconque forme d'illégalité en connaissance de cause", a souligné le général.

Coïncidence, cette réflexion a été menée alors qu’un rapport a été établi sur le sujet, réalisé par l'ancienne garde des Sceaux Marylise Lebranchu. Dans son dossier, la députée socialiste jugeait que le recours "systématique" à cette pratique constituait un "dévoiement" de la loi.

Ce qui va changer ? Concrètement, à partir de l’été, les nouvelles recrues auront donc le choix de prendre ou non une identité d’emprunt. La Légion pourra également faire la demande que tel ou tel légionnaire adopte une identité déclarée parce qu’elle juge que c’est "nécessaire".

La Légion étrangère compte onze régiments et un peu moins de 8.000 hommes de 146 nationalités qui partagent une même devise.


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