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Humilité et chaleur d’un Noël : il n’y a pas de “petits” Noël

Prenez le temps alors de casser la routine et entrez dans la joie et la chaleur de Noël. Ne négligez rien, ni la préparation des crèches, ni la décoration, ni les tournois, ni la veillée. Chantez, riez, parlez, partagez, écoutez et à votre façon, priez !

 

J’écris cela en réaction à cette crainte d’un sous-officier mi désorienté, mi amère : “avec ce foutu COVID, cela va être un petit Noël”.

Que serait un petit Noël ? Une question de volume, d’ambiance autour d’une veillée ratée ? Serait-il déterminé par un trop petit nombre de crèches, une rupture en bières, ou parce qu’il n’y aurait pas de foie gras en plus des crevettes, que sais-je encore ?

Ces critères n’en sont pas. Les plus anciens gardent tous le souvenir d’un Noël atypique, en détachement isolé, en opérations ou encore en préparant un colisage après une alerte en pleine veillée. “Déplacement de Baïdoa à Haddour, arrêt à 17h30 à 30 kms au sud-ouest de la ville, préparation du bivouac pour Noël. Messe à 20h30, remise des cadeaux, pot, sketches et dîner. La compagnie est rassemblée autour d’une petite crèche et d’un sapin de fortune… Humilité et chaleur d’un Noël sur la piste !
Coucher tardif”. Cet extrait du journal de marche et d’opérations de la 3e compagnie du 2e REP en Somalie, le 24 décembre 1992 est écrit dans le style très caractéristique d’un JMO : factuel, descriptif, sobre et froid.

Pourtant ces quelques lignes suffiraient à mon éditorial. Elles décrivent le rite qui fait entrer dans cette fête majeure de la Légion étrangère. Leur lecture ouvre un imaginaire magique bien loin de la pièce historique, administrative et juridique : Humilité et chaleur d’un Noël sur la piste ! Coucher tardif. Ces mots nous transportent et l’on se prendrait, par une étrange association de souvenirs, à partager leurs confidences dans la nuit étoilée de la Corne de l’Afrique.

Peu importe les circonstances, donc, déployé dans le cadre de l’opération Sentinelle ou au poste de garde de toutes les
latitudes, en période de crise sanitaire ou en guerre, nous fêtons Noël pour nous réchauffer. Il semble d’ailleurs que la Légion l’ait toujours fêté. Le premier témoignage date de 1912, au 3e bataillon du 2e Étranger, à Fez, et décrit la veillée autour d’une crèche vivante et d’un quart de vin chaud. Depuis le rite s’est étoffé, au fil du temps, d’un challenge sportif ou d’un concours de crèches.

La fête de Noël est ainsi devenue l’autre face de Camerone, un peu comme la lune répond au Soleil. Si Camerone par son cérémonial martial sous un soleil brûlant nous apprend le culte de la mission et du sacrifice, Noël, par un cérémonial familial,
répond dans la nuit profondément aux besoins de tous, déracinés ou nostalgiques d’un passé lointain, émerveillés par la chaleur de cette nuit ou reconnaissants de sentir l’accueil sans condition dans une famille. Noël nous apprend l’espérance.

Dans le numéro de KB de décembre 1947, le père Jean Hirlemann, compagnon de la Libération, aumônier de la Légion étrangère, écrivait : “on vient à la Légion parce qu’on espère... aussi, dans la monotonie des jours qui passent, Noël a sa place, sa grande place… Courage, Noël donne un sens à notre vie de légionnaire”.

Existe-t-il en effet quelque chose de mieux à Noël, que la crèche représentant une famille “mise à la porte” et accueillie par des bergers, pour symboliser le parcours du légionnaire ?

Par-delà toutes les croyances, laissons faire le temps de Noël. Laissons Noël s’immiscer dans le calendrier de nos obligations. Il s’agit par-dessus tout, de se poser, ensemble, et d’ouvrir nos cœurs.

Vivons ces moments où les différences de grades s’estompent, où s’établissent des contacts moins formels en s’amusant de nos travers lors de sketches bien sentis, où les quelques confidences de peines ou d’aspirations resserrent les liens. On échange des cadeaux, on découvre des camarades inconnus au cours de la nuit…on se relâche, on se déleste de l’exigence nécessaire mais pesante d’une troupe de combat.

Prenez le temps alors de casser la routine et entrez dans la joie et la chaleur de Noël. Ne négligez rien, ni la préparation des crèches, ni la décoration, ni les tournois, ni la veillée. Chantez, riez, parlez, partagez, écoutez et à votre façon, priez !

Joyeux Noël à vous légionnaires, plus spécialement à vous les plus jeunes qui allez fêter votre premier Noël car, s’il n’y a pas de petits Noël, Noël comble les petits, quel que soit leur âge.

 

Général Alain Lardet

Commandant la Légion étrangère

Éditorial Képi Blanc Magazine - décembre 2020


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