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Légionnaire toujours...

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1999

Un képi blanc ensanglanté n'équivaut pas à un passeport.

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Le 8 septembre 1999

 

Même versé, le sang ne rend pas automatiquement français. Les légionnaires étrangers blessés au combat n'ont en effet pas droit à la nationalité française. Un fait que déplore la Fédération des sociétés d'anciens de la Légion étrangère (Fsale) qui demande une modification de la loi. «C'est une question de principe», explique son président, le général Coullon.

C'est désormais une question politique. La ministre de la Justice, Elisabeth Guigou, avait exprimé, en mars, une fin de non-recevoir aux anciens képis blancs, expliquant qu'«il importe que le gouvernement conserve une marge d'appréciation afin de vérifier le degré d'attache avec la France de ces personnes». Lundi, l'ancien Premier ministre Pierre Messmer, qui s'est battu à Bir-Hakeim (1942) dans les rangs de la Légion, a jugé l'opposition de la garde des Sceaux «méprisante et incompréhensible». Hier, Charles Pasqua et Philippe de Villiers ont lancé un «appel solennel» au président de la République, afin qu'il «use de son autorité pour imposer» cette mesure au gouvernement.

Courroucée, Elisabeth Guigou a décommandé le rendez-vous qu'elle avait avec Messmer. Elle recevra aujourd'hui Jean-François Picheral, sénateur (PS), ancien médecin de la Légion. «Nous sommes prêts à étudier la question et à en débattre», explique-t-on au ministère de la Justice, où l'on juge néanmoins la demande de la Fsale «un peu exorbitante».

Les effectifs concernés sont dérisoires. Depuis 1995, onze légionnaires étrangers ont été blessés en service. Les anciens képis blancs qui souhaitent acquérir la nationalité française bénéficient d'un traitement de faveur: ils l'obtiennent en six mois, contre deux ans pour les autres étrangers. 684 demandes ont été déposées depuis 1996 et le ministère de la Justice ne connaît pas de cas de refus. Environ la moitié des 8 000 légionnaires sont de nationalité étrangère.

Jean-Dominique MERCHET


Le blues des légionnaires

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Publié le 15/07/1999


La Légion étrangère vit mal la professionnalisation des armées. Elle craint d'y perdre son âme et cette spécificité dont les képis blancs sont si fiers. Un combat de plus

Des fleurs, des légumes, des couleurs vives et les cris des marchands... Sur le marché de Mitrovica, les légionnaires du 1er régiment étranger de cavalerie sont déjà comme chez eux. A la pointe du dispositif français lors de l'entrée des troupes de l'Otan au Kosovo, ils ont ouvert la route au milieu des champs de mines et des derniers militaires serbes qui se repliaient. De la recherche du renseignement sur les caches d'armes à l'exhumation des corps dans les charniers: pour la Légion, c'était une opération presque comme les autres, avec ses phases d'exaltation et ses moments de routine. Une «opération extérieure» de plus qui s'inscrira un jour en lettres brodées sur les plis du drapeau régimentaire. Car dans sa cartouchière le légionnaire n'a pas que des munitions, il a une histoire...

Quoi de commun entre Louis II de Monaco, le peintre Nicolas de Staël, l'écrivain Blaise Cendrars, le comte de Paris, Curzio Malaparte ou Pierre Messmer? Ils ont tous servi dans la Légion étrangère et en ont gardé une marque indélébile. Comme Frédéric Rossif ou Fernand Gravey, et 600 000 autres anonymes qui, depuis 1831, ont écrit avec leurs rêves et parfois avec leur sang la légende de ce corps unique au monde. Ils ont tous voulu, à un instant de leur existence, rompre avec un passé trop lourd. Ouvrir dans leur histoire tourmentée une page aussi blanche que le képi si longtemps convoité et acquis au prix de mois d'entraînement.

La Légion est devenue à ce point mythique qu'on la croit éternelle. Or la voici sinon condamnée, du moins menacée par l'inexorable professionnalisation des armées. Seule à être entièrement professionnelle, elle risque fort de se banaliser, puisque l'ensemble des unités, aujourd'hui, se sont engagées dans cette voie. Le péril est suffisamment grave pour que le général de corps d'armée Piquemal, le «père Légion», tire la sonnette d'alarme: «Nous traversons de fortes turbulences. Les changements actuels peuvent mettre en cause notre spécificité.» Le reste de l'armée de terre - la «régulière», comme on dit dans la Légion, avec un brin de condescendance - prend parfois ombrage de l'espace et de la popularité dont jouissent les hommes au képi blanc; une gloire confirmée, année après année, par l'applaudimètre du 14 Juillet sur les Champs-Elysées. Pour contourner la tribune présidentielle place de la Concorde, chaque régiment se scinde en deux; la Légion, elle, vire en bloc, car elle ne se divise jamais...

Au premier rang de ces «frères d'armes» un tantinet exaspérés par la singularité de la Légion, les troupes de marine, qui partagent avec elle la vocation des engagements outre-mer et en Afrique. Certains ne seraient pas tristes de voir la «refondation» de l'armée professionnelle imposer la mise au pas d'une Légion accusée d'égoïsme. Or la Légion n'est pas qu'une image cent fois célébrée par le cinéma, la chanson ou le roman populaire. C'est un système rodé au millimètre près, une organisation - une famille, une patrie, une religion? - qui ne peut vivre que dans l'exception. «Si nos règles n'étaient plus reconnues, la Légion elle-même n'existerait plus!» tonne le général Piquemal. Quelles règles? Brève revue de détail.

La ferme Le Cuin, à quelques kilomètres de Castelnaudary (Aude). Voilà près de quinze heures que Sung Yang est debout. Ivre de fatigue et de sommeil, il répète: «Je fais du café, tu fais du café, il fait du café.» Sung Yang plisse ses yeux sans paupières, les lèvres presque immobiles. Son camarade francophone lui répète inlassablement à l'oreille: «Je fais du café...» Il y a un mois encore, le Coréen déambulait dans les rues de Séoul. Puis il a acheté un billet d'avion, a bu un peu avant d'atterrir à Roissy. Au bout du RER, il s'est présenté au bureau de la Légion de la gare de l'Est et s'est retrouvé dans le train qui l'a déposé à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Là, on ne lui a pas demandé d'où il venait, seulement s'il voulait bien revêtir un anonyme survêtement bleu marine et se soumettre à quelques tests psychotechniques. Une semaine après, sous le patronyme de son choix, il rejoignait le 4e régiment de la Légion étrangère à Castelnaudary, son unité d'instruction, et la ferme Le Cuin, qu'il ne quittera qu'au bout de deux mois et de 400 mots de français parfaitement assimilés.
Sung Yang aura aussi appris à démonter et à remonter son arme individuelle dans le noir le plus complet. Il aura enchaîné des centaines de fois le parcours du combattant. Et, un matin, au garde-à-vous devant le drapeau tricolore, comme mille autres postulants chaque année, il recevra son képi blanc, les larmes aux yeux. Le soir, il noiera son émotion au foyer avec ses nouveaux frères d'armes. Et, avec eux, il entonnera à perdre haleine, avec son inimitable accent asiatique: «Tieng, voilà du bouding...» Ce jour-là, Sung Yang sera devenu légionnaire.

Séjours exotiques
Une fois quitté le creuset de Castelnaudary, le temps d'engagement initial de cinq ans se poursuit dans l'une des unités stationnées en métropole et outre-mer. Aux régiments basés dans le Midi ou en Corse le légionnaire préférera toujours les séjours plus exotiques, de la forêt guyanaise aux atolls polynésiens, en passant par les déserts djiboutiens ou les îles de l'océan Indien. Il partira en «compagnies tournantes» en Afrique, participera à toutes les interventions extérieures où seront impliquées les armées françaises. Et plus souvent qu'à son tour il se retrouvera en première ligne.

Guerre du Golfe (1990-1991): le 1er régiment étranger de cavalerie est aux avant-postes de la division Daguet. Au soir de l'offensive, près de la ville irakienne d'As-Salman noyée dans une tempête de sable, l'humeur des légionnaires est sombre. Déception d'une bataille si vite terminée: «Pas assez castagne, aller jusqu'à Bagdad pour finir boulot», marmonne un légionnaire... Opération «Restore Hope» en Somalie, en 1993: alors que les Américains s'enferrent à Mogadiscio, les Français, dont les légionnaires, pacifient Baidoa. Plusieurs d'entre eux, venus de Djibouti, parlent la langue et, dans les arrière-salles des cafés, à l'heure où le qat délie les langues, recueillent sans peine les renseignements sur les trafics d'armes et les mouvements de troupes. Cambodge (1992-1993): malgré la paix onusienne, les ponts sautent la nuit autour des temples d'Angkor; ils sont reconstruits dès le lendemain par les sapeurs de la Légion. Plus au sud, à quelques coudées des Khmers rouges, les légionnaires, qui ont troqué leur képi blanc contre un béret bleu, patrouillent dans les rizières.

Dans l'ex-Yougoslavie, en 1992, aux heures noires du blocus de Sarajevo, la Légion est chargée de la protection du pont aérien. Au bout de la piste, un poste sous le feu des snipers: «Béret bleu, nicht gut», bredouille ce caporal engoncé dans son gilet pare-balles, le doigt crispé sur la détente. Commentaire laconique du général Piquemal: «Il ne s'agit plus de ?faire Camerone?, mais de participer à des opérations de maintien de la paix, d'assistance humanitaire ou d'évacuation de ressortissants. Et la Légion ne choisit pas. Vous la voyez refuser ces missions, alors que des soldats français se font tuer? C'est sûr que si nous avions le choix nous préférerions remplir des missions de combat. Mais le défi de cette époque, c'est de nous adapter à ces missions nouvelles, sans utiliser, souvent, nos armes, simplement en montrant notre force.»

Pourtant, on ne peut pas dire que ces difficultés découragent les vocations. Traditionnellement, le nombre des appelés est huit fois supérieur à celui des élus. La proportion se stabilise, elle ne fléchit pas. Comme l'ensemble de l'armée de terre, la Légion va devoir maigrir. Elle va passer de 8 500 hommes aujourd'hui à 7 800 en 2002. Le nombre de postulants français augmente, présenté sous des nationalités d'emprunt. «C'est fou ce que la principauté de Monaco peut abriter de vocations militaires, commente cet officier avec humour. Au moins autant que la Belgique ou le Canada francophone.» Quant aux dossiers étrangers, leur origine épouse fidèlement, avec un ou deux ans de décalage, les grands mouvements de notre époque. Espagnols républicains après la victoire de Franco, Allemands à la chute du IIIe Reich, Hongrois après l'insurrection de Budapest, Portugais déçus par la révolution des ?illets, Américains au lendemain de la guerre du Vietnam ou Anglais après celle des Malouines, Russes et Slaves après la destruction du mur de Berlin, Asiatiques avec les périls économiques, comme naguère avec l'afflux des boat people. Les troubles dans les Balkans conforteront, à n'en pas douter, la filière d'Europe centrale.

Mélanges, brassages et sangs mêlés
J'étais un pied-noir d'Angola, confesse Da Costa, caporal-chef d'origine portugaise. Quand il a fallu quitter ma terre de naissance, j'ai voulu tout laisser derrière moi. Et mon passé, et mon pays, et ma famille. Avec un copain allemand, on a traîné un peu en Afrique, dans des endroits pas très sains mais où des gars comme nous trouvaient à s'occuper. Ensuite, nous nous sommes présentés tous les deux au fort de Nogent-sur-Marne, au bureau de la Légion. Ensemble, on a crapahuté de nouveau en Afrique, à Djibouti. Au bout de deux ans, pour ma première permission, je me suis mis en uniforme et je suis allé voir ma famille, au Portugal. Quand mon père m'a vu arriver en tenue, avec mon képi blanc, il s'est mis à pleurer. De fierté, je crois.» Après dix-neuf ans de service, l'ancien mercenaire Da Costa n'a qu'un rêve: obtenir la nationalité française pour se retirer un jour à Perpignan (Pyrénées-Orientales)... Une tradition de naturalisation qui soulève aujourd'hui une polémique juridique.

Graz, lui, d'origine autrichienne, avoue que c'est «un petit problème d'argent» qui a affermi sa vocation légionnaire. «La Légion, c'est l'histoire de la France: mélanges, brassages et sangs mêlés. Nous, nous sommes les seuls immigrés à nous intégrer aussi facilement. Mais c'est vrai que nous sommes les plus militaires de tous les militaires. Alors, fatalement, cela va tout de même devoir évoluer. Le commandement est encore trop intrusif. On nous prend pour des hommes, mais on nous traite comme des gosses. Le mariage d'un légionnaire est toujours soumis à l'autorisation... du ministre de la Défense.»

Imre a quitté sa Hongrie parce qu'il en avait assez de son salaire de misère. Alors que le Rideau de fer était encore debout, il est monté dans son petit avion d'épandage et a franchi la frontière à la barbe de la DCA. Le voilà, la quarantaine atteinte, étalé dans une confortable maison. «La Légion, c'était vraiment la seule occasion de tout refaire, sans regrets et sans états d'âme. Mais, aujourd'hui, on s'occupe un peu trop de nous, on veut nous banaliser. Avant, un caporal, c'était quelqu'un. Maintenant, il faut assimiler autant d'informatique que de technique de combat. Le jeune légionnaire se trouve bien dans un bureau, devant un ordinateur? Tant mieux pour lui, mais très peu pour moi. Quant à l'humanitaire, vous croyez que la Légion est une ONG?»

Mais la Légion en a vu d'autres. Elle a connu des effectifs quatre fois plus importants, mais aussi des risques de dissolution. Elle a été cédée à l'Espagne le 28 juin 1835, le temps d'une guerre, et certains avancent que les Américains l'auraient volontiers récupérée si d'aventure le Parti communiste français avait obtenu en 1981 la disparition de cette «armée coloniale». Elle a failli se déchirer en des combats fratricides quand les Français balançaient entre de Gaulle et Pétain. Mais, toujours, elle a pu renaître et reste la seule unité au monde à intégrer des étrangers sous un commandement national. Aucun autre pays n'est parvenu à cet amalgame. «Le secret, explique un officier, c'est l'encadrement en permanence au contact des hommes. Tout le contraire des Américains, trop lointains, ou des Anglais, plus durs. Nous, nos maîtres mots de commandement sont fermeté et bienveillance. Ne pas transiger sur la discipline, certes, mais se mettre aussi dans la peau des hommes.»

On l'a compris: s'engager dans la Légion, c'est aussi (re) trouver une famille ou une patrie, qui solde les comptes avec le passé, prend en charge le présent dans ses moindres détails et garantit pour l'avenir toutes les formes de la solidarité légionnaire. Illustrations: le service du Moral et le Foyer d'entraide de la Légion. Que n'a-t-on dit du «trésor de la Légion», des participations supposées dans des sociétés de brasserie, d'héritages fabuleux de légionnaires devenus milliardaires ou de dons coulant à flots! En vérité, la Légion gère ses avoirs en père de famille, fait fructifier quelques actifs au soleil du Midi et finance son institution des invalides de Puyloubier (Bouches-du-Rhône) - 150 pensionnaires sans obligation de ressources - grâce à la vente des 250 000 bouteilles produites annuellement par son vignoble classé AOC. Et le Sagle (service des achats groupés de la Légion étrangère) possède en stock plus de 5 millions de francs de marchandises. Prix actuel d'un béret vert: 6,77 euros; d'un képi blanc: 16,15 euros. La rétrocession de ces articles aux seuls légionnaires, ajoutée à la cotisation des régiments, permet d'offrir un secours financier immédiat à tout légionnaire dans le besoin. Le dispositif d'entraide comporte aussi des ateliers de réinsertion, des centres de permissionnaires ou d'hébergement des anciens, le tout largement autofinancé, comme le célèbre Képis blancs, mensuel de la Légion tiré à 15 000 exemplaires et diffusé dans pas moins de 66 pays.

Legio patria nostra. Formée à l'origine, en 1831, de militaires polonais ou allemands chassés de leur patrie pour avoir cru à la révolution, la Légion accepte toujours les engagements sous identité déclarée (entendez plus crûment: fausse identité). En revanche, le nom d'emprunt n'autorise pas toutes les impunités. Contrairement à une légende tenace, les crimes de sang ferment définitivement les portes de la Légion. «Mais nous fermons les yeux sur les ?voleurs de bicyclette?, sur ceux qui ont dû, un jour, courir plus vite que les flics, et la justice reconnaît traditionnellement notre droit d'asile, explique un colonel. Nous avons des réseaux légionnaires qui nous permettent de recouper nos informations. En cas de mensonge, le passé du légionnaire finit toujours par le rattraper.»

Les femmes n'y ont pas leur place
Dans la foulée de sa «refondation», l'armée de terre aimerait bien harmoniser les profils de carrière, rationaliser les filières de formation et redistribuer les places au soleil. «Halte au feu! crient les hiérarques légionnaires. Si vous touchez à des piliers tels que la formation maison ou la promotion en interne des sous-officiers, c'est tout l'édifice que vous risquez de mettre par terre. Si c'est la mort de la Légion que vous voulez, dites-le.» La féminisation est déjà amplement engagée dans l'armée de terre, sauf à la Légion. «La présence des femmes est incompatible avec la nature même de la Légion, explique le général Piquemal. Notre valeur essentielle est la cohésion et la camaraderie entre les hommes. La présence de femmes serait la disparition de la Légion. Les femmes ont toute leur place dans les armées, mais pas chez nous.» Chaque vendredi, dans la crypte du sanctuaire légionnaire d'Aubagne, le général Piquemal reçoit personnellement tout légionnaire quittant l'uniforme. Il lui remet un diplôme de bons et loyaux services. Avant de poser pour l'incontournable photo souvenir, il répète à chacun que la Légion n'abandonne jamais les siens. Mais cette Légion, arc-boutée sur ses valeurs et ses traditions, pourra-t-elle se soumettre aux réformes sans perdre un peu de son âme? Les combats décisifs ne se livrent pas toujours sur un champ de bataille... Dans les mois qui viennent, après tant de dissolutions d'unités, l'armée de terre va créer un nouveau régiment, le seul avant bien longtemps. Paradoxe dans cette guerre de positions entre képis blancs et «réguliers», ce sera, sur le plateau d'Albion, un régiment de génie de la Légion étrangère... 

Sklaven der Marianne

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05.07.1999

Von Kloth, Hans Michael

Verkrachte Existenzen und Abenteurer vieler Länder gingen in die Fremdenlegion - ausgerechnet die deutschen "Erbfeinde" stellten lange die meisten Söldner, fand eine neue Studie heraus.

Die Flucht des 18jährigen Pennälers sorgte für Schlagzeilen: "Der Unterprimaner Jünger, ein Sohn des Bergwerkbesitzers Dr. phil. Jünger hierselbst, hat sich für die französische Fremdenlegion anwerben lassen und befindet sich bereits auf dem Wege über Marseille nach Afrika", meldete das Lokalblatt im niedersächsischen Rehburg am 16. November 1913. "Der Vater des Bedauernswerten hat sich an das Auswärtige Amt in Berlin um Hilfe gewandt."

Während Vater Jünger deutsche Amtsstellen bemühte, um seinen Sohn aus den Fängen der Fremdenlegion zu befreien, besann sich der minderjährige Ernst schon eines Besseren. Zweimal versuchte er, aus dem Ausbildungslager in Algerien auszubrechen, vergeblich. Die Legionäre wußten nichts mit diesem Jüngling aus gutbürgerlichem Haus anzufangen und schickten ihn schließlich fort. Ernst Jünger kam knapp sechs Wochen nach seiner Flucht gerade noch rechtzeitig zum Christfest wieder daheim in Rehburg an: "So rauh der süßen Schwärmerei entrissen / wird eins mir klar / ''s ist hier wie dort beschissen", dichtete der angehende Großgeist kleinlaut.

Das Bürgerkind war eine Ausnahme. Die meisten Legionäre verdingten sich aus Not oder Verzweiflung. Sie waren im bürgerlichen Beruf Gescheiterte, Wurzellose und Weltenbummler oder auch Leute, die vor dem Gericht, der Ehefrau oder einer Alimentenklage die Flucht ergriffen hatten.

Auffallend viele Deutsche trugen das "Képi blanc" der Legion. Jünger war der Prominenteste, ihm am nächsten kam Philip Rosenthal, Porzellanfabrikant und Sozialdemokrat. Er trat am 8. September 1939 in die Fremdenlegion ein, um gegen Hitler zu kämpfen. Doch anstatt die Maginot-Linie zu verteidigen, mußte er nach der Grundausbildung mit einer Maultierkompanie durch die Sahara ziehen.

Rosenthals Zeit als Legionär endete am 23. Oktober 1942. Da hatte Frankreich längst kapituliert, die Fremdenlegion unterstand dem Regime von Vichy. Der Deutsche wollte desertieren, mußte in einem Steinbruch Zwangsarbeit verrichten und schlug sich schließlich über Gibraltar nach England durch.

Fast 100 Jahre lang, so schreibt der Historiker Eckard Michels, der die Geschichte der Deutschen in der Fremdenlegion erstmals erforschte, seien sie "quantitativ wie qualitativ die bei weitem wichtigste Nationalität in der Legion" gewesen**.

Die 1831 vom Bürgerkönig Louis Philippe gegründete "Légion étrangère" sollte den französischen Kolonial-

*Auf den Champs-Elysées in Paris am 14. Juli 1993.

** Eckard Michels: "Deutsche in der Fremdenlegion 1870-1965. Mythen und Realitäten". Schöningh Verlag, Paderborn; 362 Seiten; 68 Mark.

ambitionen in Afrika und Asien militärischen Nachdruck verleihen, ohne daß allein die eigenen Bürger Blutzoll entrichten mußten. Die Offiziere waren Franzosen, aus dem Ausland kamen die Fußtruppen.

Keine fremde Nation sollte eigentlich mehr als ein Drittel der einfachen Soldaten stellen. Doch seit dem Deutsch-Französischen Krieg 1870/71 bildeten ausgerechnet die Landeskinder des rechtsrheinischen "Erbfeindes" das Rückgrat der französischen Expeditionsstreitmacht. Zwischen 1871 und dem Ersten Weltkrieg traten rund 38 000 Deutsche in die Legion ein.

Weil die Pariser Militärs dem Legionsmotto "Legio patria nostra" (Die Legion ist unser Vaterland) nicht so recht trauten, kämpften deutsche Fremdenlegionäre im Ersten Weltkrieg nicht in den Schützengräben Nordfrankreichs, sondern in Nordafrika und Indochina.

Nach den guten Erfahrungen rekrutierten die Franzosen nach 1918 gezielt in den besetzten Rheinlanden. Der französische Staatschef Georges Clemenceau ließ in den Versailler Vertrag eigens eine Klausel aufnehmen, die Paris das Recht gab, Deutsche für die Legion anzuwerben.

Um sie nicht zu verprellen, blieb das gebräuchliche Schimpfwort "Boche" tabu; ein Sergeant, der es benutzte, wurde umgehend zum einfachen Legionär degradiert. Deutsch, nicht Französisch, war, sofern kein Offizier dabeistand, die Umgangssprache in der Truppe.

Nach der Machtergreifung Hitlers durfte die Fremdenlegion in Büchern, Filmen oder Vorträgen nicht erwähnt werden. 1939 entzogen die Nazis aktiven Fremdenlegionären die deutsche Staatsbürgerschaft. Ehemalige wurden als "bedingt wehrwürdig eingestuft" und im Krieg in das Strafregiment des Afrikakorps gesteckt. Der Anteil der Deutschen sank auf 20 Prozent.

Nach der Niederlage Frankreichs 1940 forderten die Nazis vom Vichy-Regime die

* Links: im Dezember 1994 bei einer Sitzung des bayerischen Maximiliansordens für Wissenschaft und Kunst in München; rechts: im Oktober 1996 in seinem Haus in Selb vor einem Porzellanbild Victor Vasarelys.

Auslieferung aller deutschen Legionäre. Die Fremdenlegion sperrte sich - nicht aus politischen Gründen, sondern um das "Anonymat" zu wahren. Auf der Garantie, deren Identität nicht preiszugeben, beruhte die Loyalität der Legionäre.

Für Juden war die Legion kein Fluchtort. Als sich immer mehr jüdische Flüchtlinge aus Deutschland gemeldet hatten, um gegen die Nazis zu kämpfen, beschloß der Generalstab im Februar 1940, "fortan unter Vorschieben verschiedenster Gründe allen Juden den Eintritt in die Legion zu verweigern". Die Zahl der angeworbenen Deutschen sank prompt um gut die Hälfte.

Noch während die letzten Schlachten im Zweiten Weltkrieg tobten, rekrutierten die Franzosen unter gefangengenommenen Wehrmachtssoldaten, die das an die Japaner verlorene Vietnam zurückerobern sollten.

Der Korrespondent der "Frankfurter Allgemeinen", Adalbert Weinstein, berichtete 1954 aus Saigon, er habe "auf den Grabkreuzen fast ausschließlich als Geburtsorte Städte und Dörfer gefunden, die zwischen Königsberg und Trier, Hamburg und München lagen".

Von 20 000 deutschen Legionären dienten 11 000 in Indochina; unter den 3500 Söldnern, die als Verteidiger der Dschungelfestung Dien Bien Phu das "Stalingrad des weißen Mannes" erlebten, waren 1600 Deutsche.

Auch auf der Gegenseite, dem Vietminh, standen makabrerweise deutsche Fremdenlegionäre. Die Gegenpropaganda, für Ho Tschi-minh, lag in den Händen zweier deutscher Ex-Legionäre, die 1945 aus japanischer Gefangenschaft zum Vietminh gewechselt waren. "In die Köpfe dieser schlecht denazifizierten, verirrten und verwirrten Landsleute ,mehr Licht'' zu bringen ist schwer", schrieb der Goethe-kundige Vietminh-Oberstleutnant Erwin Borchers 1950 an den DDR-Botschafter in Peking und bat um logistische Hilfe bei einem Rückführungsprogramm für Fremdenlegionäre.

Daheim in der westlichen Teilrepublik blieb die Faszination der Legion ungebrochen. Freddy Quinn führte mit dem Lied "Der Legionär" 1958 wochenlang die Hitparade an. Die Polizeidirektion Landau meldete, die Zahl der Freiwilligen erhöhe sich "ganz erheblich, wenn in der Presse Berichte oder Bildreportagen über die Fremdenlegion erscheinen".

Die Bonner Regierung wurmte vor allem, daß die Franzosen ungeniert auf deutschem Boden rekrutierten. Doch solange die Bundesrepublik nicht ihre Souveränität wiedererlangt hatte, hielt sich Adenauer mit Kritik an Paris zurück. So stoppte Bonn im März 1954 eine Plakataktion der Mainzer Landesbehörden gegen die Fremdenlegion.

Die Franzosen waren fortan bei der Rekrutierung in Deutschland um Unauffälligkeit bemüht. Obwohl ihre Militärs befürchteten, ohne die Deutschen könnte die Legion bis zu 80 Prozent ihrer dringend in Indochina benötigten Bewerber verlieren, schloß sie 1952 das "Camp Wagram" am Stadtrand von Offenburg. Die Anwerbung fand von nun an in getarnten Büros statt.

Erst der Krieg in Algerien "setzte einen Schlußpunkt unter annähernd ein Jahrhundert deutscher Dominanz in der Fremdenlegion", schreibt Autor Michels. Daß deutsche Söldner in Indochina kämpften, hatte Bundeskanzler Konrad Adenauer noch damit gerechtfertigt, dort werde die freie Welt gegen den Kommunismus verteidigt; in Algerien jedoch tobte ein reiner Kolonialkrieg. Zum erstenmal sah man die deutschen Legionäre daheim nicht als Opfer der Franzosen, als "Sklaven der Marianne", sondern als Täter in einem schmutzigen Krieg.

Der französische Abzug aus Algerien 1962 bedeutete das Ende der "alten" Legion und der deutschen Dominanz. Innerhalb kurzer Zeit schrumpfte die Truppe von 19 000 Mann auf 7500. 1962 wurden monatlich gerade noch 50 Legionäre angeworben, Deutsche waren kaum noch darunter; im Wirtschaftswunderland gab es immer weniger Wurzellose, die es in die Fremde zog.

Heute gehören der Fremdenlegion noch 8500 Berufssoldaten aus mehr als 100 Ländern an. Sie führten Kommando-Unternehmen im Tschad, in Gabun und im Kongo aus, nahmen am Golfkrieg, an Friedensmissionen im Libanon und in Ex-Jugoslawien teil. "Die Legion ist eine geniale Erfindung", meint ein amerikanischer Diplomat fast neidisch. "Sie bewahrt Frankreich die Rolle der Kolonialmacht. Und wenn die Sache schiefgeht, liegen in den Särgen wenigstens keine toten Franzosen." HANS MICHAEL KLOTH

*Auf den Champs-Elysées in Paris am 14. Juli 1993. ** Eckard Michels: "Deutsche in der Fremdenlegion 1870-1965. Mythen und Realitäten". Schöningh Verlag, Paderborn; 362 Seiten; 68 Mark. * Links: im Dezember 1994 bei einer Sitzung des bayerischen Maximiliansordens für Wissenschaft und Kunst in München; rechts: im Oktober 1996 in seinem Haus in Selb vor einem Porzellanbild Victor Vasarelys.
DER SPIEGEL 27/1999
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Le cri de guerre du légionnaire

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Publié le 24/04/1999

Aveyron - Villefranche : Pierre Vivent célébrera Camerone, demain

Les anciens de la Légion étrangère de l'Aveyron, du Lot et du Tarn, célébreront demain à Villefranche, l'anniversaire du combat de Camerone. Parmi tous ces anciens képis blancs, le Fouilladais Pierre Vivent, 15 ans de guerres, six fois blessé au combat et de multiples décorations. Rencontre.

Légion d'honneur, médaille militaire au feu, croix de guerre 39-45, croix de guerre TOE, croix de la valeur militaire et douze autres décorations françaises et étrangères. Sa poitrine suffit à peine pour contenir toutes les décorations gagnées au combat en quelques 15 années de guerre par le légionnaire Pierre Vivent. Des décorations qu'il arborera demain au monument aux morts de Villefranche ainsi que le béret vert des anciens de la Légion pour commémorer l'anniversaire de la bataille de Camerone avec ses camarades, anciens képis blancs de l'Aveyron, du Lot et du Tarn. L'occasion de revenir avec lui sur un parcours militaire exceptionnel.

De la prison à la légion

La légion étrangère, Pierre Vivent la rejoint à l'âge de 24 ans après s'être évadé de prison où l'avait conduit une affaire de filouterie à l'égard de la firme «les carburants nationaux» où il travaille et qui expédie bois et charbons de bois à l'armée allemande. Pris avec une importante somme d'argent dont il ne peut justifier la provenance, il est soupçonné être l'auteur d'un cambriolage douteux et condamné à deux ans de prison ferme. Il devra d'ailleurs attendre 1953 pour être réhabilité -la réhabilitation rend à un condamné ses droits perdus et l'estime publique en reconnaissant son innocence- par la Chambre des mises en accusation de Montpellier.

Au bout de seize mois de prison, Pierre Vivent s'évade et rejoint dans l'est de la France le Régiment de Légion Etrangère (13e D. B. L. E) qui, venant de Bir-Hakeim et Monte Cassino, a fait le débarquement de Cavalaire. Cap vers la Tunisie via Alger puis l'Indochine.

«La guerre, c'est une drogue»

Au cours des 42 mois que durera ce premier séjour en «Indo», Pierre Vivent sera trois fois blessé : éclats d'obus aux bras, balle dans une rotule et grave blessure à la tête en sautant sur une mine. On le donnera pour mort au point que les autorités militaires envoient une lettre dans ce sens à ses parents. Heureusement, il a pu, avant qu'ils ne la reçoivent (le courrier mettait alors beaucoup de temps) les prévenir qu'il était toujours en vie.

Il rejoint ensuite Madagascar pour 2 ans avant de retrouver l'Indochine où il sera à nouveau deux fois blessé : éclats d'obus aux jambes et à l'abdomen. Il quitte l'uniforme et rejoint la vie civile afin d'être jugé et réhabilité, la Légion ne «blanchit» personne mais vous «couvre» seulement le temps que vous la servez.

Il rempile ensuite dans la Légion au bataillon de Corée avant de retrouver l'Indochine où l'attend une 6e blessure.

Après l'Armistice il rejoint pour 6 ans, le Maroc et l'Algérie pour quitter définitivement l'uniforme après le putch d'Alger à l'âge de 39 ans.

De son passé à la Légion, Pierre Vivent retient avant tout, le formidable esprit de camaraderie. La guerre ? «C'est notre travail, on est formé pour cela.

Après, c'est comme une drogue».

Aujourd'hui, Pierre Vivent coule des jours paisibles, chez lui, à La Fouillade mais il n'oublie rien et ne regrette rien. Et c'est avec fierté qu'il coiffera demain le béret vert des anciens de la Légion.


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