Camerone ? Un hameau que le monde ignorait,
Un petit coin perdu d’une terre lointaine,
Soudain auréolé d’une gloire hautaine,
Parce que la Légion, un jour, y apparaît !
Ils n’étaient pas nombreux, un peu plus de soixante…
Mais soixante héros liés par un serment,
Faisant front sans faiblir à tout un régiment,
Et ne reculant pas devant la mort pressante.
« Rendez-vous ! » leur criait le chef des Mexicains,
Saisi d’admiration devant tant de bravoure,
Exaltait ces soldats, pareille à des Vulcains,
Forgeant en plein enfer, dans le feu, dans les flammes,
Les lauriers qui devaient donner droit de cité,
Dans les cieux enviés de l’immortalité,
A tous ceux qui portaient la grenade à sept flammes.
« Rendez-vous ! » Rendez-vous ! » répétait l’ennemi.
Mais on ne se end pas quand on est légionnaire.
Le courage insensé, le cran, c’est l’ordinaire,
De ces combattants qui ne font rien à demi.
Nul intérêt ne les guidait dans la bataille,
Rien ne les animait que le sens de l’honneur,
Et mourir proprement était leur seul bonheur,
La seule ambition qui fût bien à leur taille.
Des peureux jugeront cet orgueil illusoire.
Mourir pour un fanion, mourir pour un drapeau ?
Eh ! oui, c’est ce qu’on fait quand on a dans la peau,
Cette maîtresse avide et prenante, la gloire.
Camerone est resté dans les fastes du corps,
Le symbole sacré des vertus militaires,
De tous les inconnus, de tous les volontaires,
Accourus de partout pour battre les records,
De la vaillance et ceux de la fidélité.
Ceux de l’honneur et ceux aussi de la souffrance.
Car c’est dans la douleur qu’ils ont servi la France,
Ces guerriers de légende en qui l’éternité,
Respectera toujours des héros authentiques,
Aussi fameux que les légionnaires romains,
Qu’ils ont souvent suivi sur les rudes chemins,
Où vainquirent jadis les armées antiques.
Plus d’un siècle déjà, la Légion a servi,
Sans qu’un faux pas jamais nuise à sa renommée.
Tous ceux qu’elle accueillit, tous ceux qui l’ont aimée,
Lui restent attachés et disent à l’envi,
Qu’elle devint pour eux une mère-patrie.
On s’y guérit le cœur des doutes, des dépits,
On retrouve l’espoir, coiffés des blancs Képis,
On redevient heureux dans la camaraderie,
Qui unit au travail, au baroud, au plaisir,
Tous les hommes sans nom pour lesquels Camerone,
Est le plus beau fleuron de la noble couronne,
Dont chacun des anciens a souhaité saisir,
Un reflet pour parer à jamais sa pensée,
De grandeur et d’orgueil, et même de regret.
Car les vivants parfois se disent en secret,
En songeant tristement à la vie passées,
Qu’il aurait été chic, dans un assaut furieux,
De mourir en beauté comme ceux que l’on fête,
Le jour de Camerone où, malgré la défaite,
L’honneur sauvé par eux fit les vaincus glorieux.
R.OSELINE