21/08/12
C’est lors de la commémoration de la Libération d’Avallon que le docteur Michel Guettard a été décoré.
Il y a 53 ans, le docteur Michel Guettard était appelé pour effectuer son service militaire dans la Légion étrangère. Il avait 27 ans et venait de terminer ses études. Dimanche dernier, il a été décoré de la Légion d'honneur à titre militaire par Georges Morizot lors de la commémoration du 68e anniversaire de la Libération d'Avallon.
Né à Avallon, Michel Guettard y a vécu jusqu'à la fin de l'école primaire avant d'étudier la médecine à Paris.
À peine diplômé, en octobre 1958, il est incorporé au fort de Vincennes, pour six semaines de classes, « où [il] a surtout appris à dérouiller les fusils de 40, et peut-être à marcher au pas », se souvient-il. Après six autres semaines à Lyon, à l'école des officiers de réserve, il débarque à Alger le 15 février 1959.
Affecté dans le sud du Constantinois, aux portes du Sahara, il est à 27 ans médecin chef de la 4e compagnie portée du 4e régiment étranger d'infanterie, qui comptait 250 légionnaires.
Après quatre mois, le régiment est muté dans le nord-est, à la frontière tunisienne, « avec pour mission de surveiller le barrage franco-algéro-tunisien ».
Michel Guettard suit toutes les opérations « mais sans aucune arme, en restant auprès du capitaine ».
« Pendant un engagement, le 25 mars 1960, je me suis occupé de trois blessés et d'un tué, se remémore le médecin. C'est ce jour-là que j'ai été cité à l'ordre de la division ». Le capitaine de sa compagnie avait alors fait part à son colonel de la « bonne conduite de Guettard ». Les légionnaires étaient tous impressionnés par la « ténacité » du jeune médecin, dans ces conditions difficiles.
En 1961, le docteur rend son paquetage, après avoir passé vingt mois en Algérie. En métropole, il travaille aux quatre coins de la France avant d'installer son cabinet en région parisienne, pour revenir enfin à Avallon à sa retraite, en 1997. « Je n'ai plus remis les pieds à Paris depuis », assure-t-il.
Dans un album, il conserve une photo d'un notable nomade qui vient lui offrir le thé à la menthe. Il se souvient aussi qu'on avait « offert un cheval arabe aux harkis, ce qui leur permettait de rejoindre leurs proches pendant les permissions ».
Monique, la femme de Michel Guettard, complète parfois ses phrases. Elle donne l'impression de connaître la vie de son mari en Algérie aussi bien que lui : « Les Algériens faisaient confiance aux médecins et amenaient toute leur famille. »
« La médecine civile : tout aurait été parfait si on avait pu se limiter à cela », regrette Michel Guettard.
L'un de ses grands souvenirs est d'avoir participé à la fête de Camerone ( une fête importante dans la légion étrangère, qui commémore un combat de 1863 contre les troupes mexicaines, N.D.L.R.) à Sidi-bel-Abbès, le 30 avril 1960. Ce jour-là, « [il] serre la main du général Monclar, qui avait été adjoint du général MacArthur lors de la guerre de Corée ».
Si ses souvenirs d'Algérie restent vivaces, s'il est fier de sa décoration, qu'il qualifie d'« exceptionnelle », il aspire désormais à vivre dans la discrétion.
Emmanuel Daeschler
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