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Légionnaire toujours...

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2014


Castelnaudary : hommage à l'ex 143e RI et aux poilus

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Le 09 août

En porte drapeau, un ancien combatant de la légion étrangère.
En porte drapeau, un ancien combatant de la légion étrangère. PHOTO/© D.R

La Ville avec les associations patriotiques et historiques ont commémoré hier le centenaire de la Grande Guerre. A leur manière et avec simplicité.

À l'occasion du centenaire de la Grande Guerre, l'État a choisi Narbonne pour les cérémonies officielles pour l'Aude. Malgré tout les associations et la Ville de Castelnaudary ont souhaité de leur côté rendre hommage à son ancien 143e régiment, en garnison ici au moment de la mobilisation du 8 août 2014, et à ses poilus aujourd'hui disparus. (Lire notre édition du 8 août) Le rendez-vous a donc été donné hier matin à l'ancienne caserne détruite, renommé aujourd'hui espace Tuffery.

De la guerre, il n'en parlait pas beaucoup

S'en suivit une procession patriotique, drapeaux en tête, dans les rues de la ville jusqu'aux Monuments aux morts. Alors que les officiels s'apprêtaient à inaugurer la plaque commémorative, un habitant de Laurabuc est venu se joindre discrètement à la cérémonie. Avec lui la carte de combattant du grand-père de sa femme., Benjamin Cesses, né en 1887 et rescapé de la Grande guerre. "Il était venu à la caserne prendre son uniforme. Mais il n'était pas dans le 143e", raconte Francis Escriva, 70 ans, les yeux brillant d'émotion. Il était brancardier.Tous les dimanches, avec deux autres anciens combattants du village, ils se réunissaient. Ils parlaient de leur copain tombé, de ce qu'ils avaient vu".

Francis n'était pas le seul à ressentir cette émotion. Bien que les Poilus aient tous disparu, leur mémoire reste toujours aussi prenante pour leurs enfants et petits-enfants, comme avec Lucien Ariès qui a écrit un livre sur son père, et à qui le maire Patrick Maugard, hier, a rendu hommage.

Reste que ce centenaire, au-delà du souvenir, est également l'occasion de se resserrer autour des valeurs de la République, que nombre aujourd'hui redoutent son délitement "Les discours contre l'État sont à la mode. La nation n'est pas une donnée irrémédiable, mais est un plébiscite de tous les jours", réaffirme Thilo Firchow, le représentant du préfet. Un message qui ne s'adressait pas vraiment à un auditoire déjà convaincu.


Une trentaine de légionnaires prêts à traquer les chercheurs d'or illégaux à Canjuers

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Publié le vendredi 08 août 2014

Une trentaine de légionnaires ont investi le camp militaire de Canjuers. Dans le cadre de la mission

Harpie, ils s'entraînent à traquer les orpailleurs clandestins en Guyane toujours plus nombreux

à extraire ce métal précieux.C. Chavignaud

Avant d’entamer une immersion de quatre mois dans la forêt guyanaise, une trentaine de militaires participe à une formation intensive au sein du camp. Dans les conditions du réel...

On les appelle les « garimpeiros ». Les chercheurs d'or clandestins, originaires du Brésil et du Surinam, dérobent chaque année en Guyane un butin estimé entre cinq et dix tonnes d'or.

Avec les conséquences environnementales dramatiques que cela induit. Pour tenter d'endiguer le phénomène, l'armée française a accentué sa présence sur ce territoire d'outre-mer avec la mission Harpie.

Déployée depuis 2008 - mais connue sous le nom d'Anaconda auparavant -, l'opération consiste en un renforcement des forces armées déjà présentes dans la forêt amazonienne.

« La Guyane compte plus de 800 kilomètres de frontières avec le Brésil et présente un sol aurifère riche. Ce qui explique une présence accrue de réseaux organisés afin d'extraire ce métal précieux », note le capitaine Régis Baptiste du détachement d'adaptation opérationnelle.

Bien se repérer dans la forêt

Une trentaine de légionnaires du 1er Régiment étranger de génie s'entraînent donc intensivement dans les 35 000 hectares du camp de Canjuers. Avec une partie théorique basée sur le repérage, le franchissement en milieu aquatique et l'aguerrissement.

« On pense que le plus dur dans la jungle c'est la faune. Mais en réalité, l'égarement et les noyades sont les risques les plus élevées », assure l'instructeur, lui-même de retour de Guyane.

Le centre nautique de Fréjus fait aussi partie des étapes de la formation car les hommes de la mission Harpie, basés à Maripasoula, dans le sud-ouest de la Guyane, doivent surveiller environ1 300 kilomètres de cours d'eau.

Reproduction d'un camp d'orpailleurs

En pratique, même s'il est difficile de se calquer sur le climat tropical, les soldats ont reproduit à l'identique un camp d'orpailleurs clandestins avec tentes, table à tamiser et bruits d'oiseaux de la jungle en prime !

« Travailler la reconnaissance sur zone est un exercice efficace. Chacun a un rôle bien défini », reconnaît l'un des légionnaires simulant, ce jour-là, un chef de village.

Mais dans quelques semaines, la traque en pirogue, quad ou hélicoptère se substituera bel et bien au jeu de rôle.


À la gare : la stèle de Jean Devé restaurée

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Le maire Philippe Lemaitre et Christine Lucas-Dzen, adjointe, devant la stèle de Jean Devé à la gare.

Le maire Philippe Lemaitre et Christine Lucas-Dzen, adjointe, devant la stèle de Jean Devé à la gare.

La stèle et son pourtour, érigés à la gare SNCF à la mémoire de Jean Devé, viennent d'être restaurés par la municipalité. Ce fils de marin né à Brest en 1897 a été engagé volontaire en août 1914 dans le 1er régiment de Dragons.

Il entre aux chemins de fer en 1923 comme piqueur de travaux. En 1936, il devient chef de district à la gare de Villedieu. En juin 1940, il n'hésite pas à rejoindre le général de Gaulle à Londres pour poursuivre la lutte.

Affecté comme lieutenant, chef de section, à la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, il prend part à l'expédition de Dakar en septembre 1940. Il commande à Bir-Hakeim la section des chenillettes Bren Carriers. Elle est chargée, dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, d'ouvrir la voie aux convois d'ambulances. Jean Devé y est tué par un obus antichar.

Jean Devé est chevalier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération et Croix de guerre avec palme.

Samedi, à l'occasion du 70e anniversaire de la libération de Villedieu, les élus lui ont rendu hommage.


La guerre oubliée des poilus québécois

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6 août 2014|Christian Rioux - Correspondant à Paris
Certains Canadiens français ont choisi de s’enrôler dans la Légion étrangère française plutôt que d’avoir à répondre aux ordres britanniques, comme ces soldats de Valcartier.
Photo: Archives Nationales du CanadaCertains Canadiens français ont choisi de s’enrôler dans la Légion étrangère française plutôt que d’avoir à répondre aux ordres britanniques, comme ces soldats de Valcartier.
 
Éclatait il y a cent ans ces jours-ci la Première Guerre mondiale, un conflit qui allait faire sur quatre ans 20 millions de victimes. Qu’en reste-t-il aujourd’hui en France, en Allemagne, au Québec ? Dernier d’une série de quatre textes.

La Grande Guerre du typographe Paul Caron

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5 août 2014

Paul Caron
Photo: Bibliothèque et Archives nationales du Québec Paul Caron

Typographe au Devoir, Paul Caron s’est engagé au sein de l’armée française dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il envoyait régulièrement ses écrits au journal, chronique dont le nom a varié au fil du temps, mais sa conviction de mener une guerre juste, elle, n’a jamais changé.


Nous publions ci-dessous des extraits de cinq de ces chroniques, qu’on peut lire en entier, telles que publiées il y a 100 ans, en cliquant sur les images. Y sont incluses sa première chronique, qui racontait Noël 1914, et sa dernière, consacrée à la Noël de 1916. Paul Caron mourra au combat en avril 1917.

Ironie du sort, il avait conclu sa dernière chronique par les mots suivants: «Je termine, en m’excusant d’être, cette année, si en retard pour offrir mes vœux du Nouvel An à mes amis Canadiens. Mais nombre d’entre entre eux, tous plutôt, lisent le Devoir, et ces lignes leur porteront l’expression tardive, mais sincère de mon souvenir fidèle. »

«Carnet d’un légionnaire: Noël en face de l’ennemi»
Le Devoir, le samedi 23 janvier 1915

Plus fortunés que nombre de nos camarades de l’armée française, nous avons pu fêter la Noël avec un certain luxe de décor et de victuailles — notre bataillon étant en repos ce jour-là. Quand je dis repos, je n’entends pas que nous ayons évacué le théâtre des hostilités et quitté la zone dangereuse. Nous avons tout simplement été remplacés dans les tranchées par un autre bataillon de notre régiment, et sommes venus, à quelque deux kilomètres en arrière, occuper son cantonnement. Et quel cantonnement ! En aval d’une petite colline, dans une forêt, quelques huttes creusées dans le sol et recouvertes de perches, branches, feuillages et sable… Des huttes de deux mètres de largeur, autant de hauteur, et la profondeur voulue pour hospitaliser une section de 54 hommes. Une vraie boîte à sardines, quoi !….

 

«Carnet d’un légionnaire»
Le Devoir, le samedi 20 mars 1915

Acteurs inconnus de cette grande tragédie qu’est la guerre présente, ceux qui auront aimé Marcus et ses camarades n’auront même pas la consolation de dire ce que l’on disait des soldats d’Austerlitz : « Ils étaient à telle bataille. » Il n’y a plus de batailles, c’est un embrasement général. Mourir le cœur troué par une balle ou une baïonnette ennemie, c’est triste, sans doute, mais au moins ce genre de mort se présente sous un aspect plus invitant, au moins on peut mesurer ses forces et son adresse personnelles avec celles de l’adversaire. Autre chose est de se faire occire à distance par un engin qui vous tombe dessus sans crier gare et contre lequel vous ne pouvez rien. C’est là l’épée de Damoclès constamment suspendue sur notre tête.

 

«Grimoire d’un lignard»
Le Devoir, le samedi 23 octobre 1915

Notons tout d’abord ceci que le paysan ou mieux, l’agriculteur français et sa famille sont habitués, dès les temps de paix, à loger, à certaines époques de l’année, lors des grandes manœuvres, par exemple, un certain nombre de militaires de passage dans leur localité. […] Mais en temps de paix, les troupes ne sont que de passage, elles ne font, chez l’habitant, que de courts séjours. Autre chose est, par exemple, d’avoir à loger pendant une année une quantité de militaires allant jusqu’à 40 et 50 par ferme — en passant, il est bien entendu que le soldat couche dans les granges — de voir les unités se remplacer périodiquement par d’autres et partant, d’avoir presque toujours affaire à de nouvelles figures.

 

«Bloc-notes d’un fourrier»
Le Devoir, le samedi 15 avril 1916

Dans ma dernière lettre, je notais au meilleur de ma connaissance les impressions qui m’étaient suggérées par la chute aux abords du village où nous sommes cantonnés d’une certaine quantité d’obus allemands. J’appréhendais aussi que les projectiles dont il était question […] seraient suivis de nombreux autres. Les faits sont venus depuis, et presque quotidiennement, confirmer mes prévisions. Les « marmites » de l’autre jour n’étaient, en effet, que le prodrome de bombardements plus intenses et très fréquents que le village de X n’a cessé de subir depuis. Heureusement, peu de coups portent, et jusqu’à ce jour, nous n’avons que d’insignifiantes pertes à enregistrer. Somme toute, les « boches » tirent assez mal. Toutefois, certaines de leurs marmites poussent parfois l’indiscrétion un peu loin, à preuve, celle qui, ce même jour de février, tombait sur l’habitation où nous avions notre bureau, provoquant un incendie que nous avons été impuissants à réduire avant qu’il eût accompli son œuvre destructrice.

 

«Propos d’un aspirant»
Le Devoir, le samedi 3 février 1917

À l’aube de 1917, le poilu n’a rien perdu de cette superbe confiance dans le succès qui, depuis les jours déjà lointains d’août 1914, ont, je ne dirai pas révélé au monde l’endurance du soldat français, car de toujours, le militaire français, qui n’a rien du mercenaire, a été à la hauteur des circonstances. Et tel on le trouvait à la veille de Noël 1914, on le retrouve en 1916. Peut-être a-t-il perdu un peu […] de sa fougueuse ardeur […], mais en revanche, il a gagné en stoïcisme, en patiente ténacité. […] [L]e poilu tiendra. Et tiendra jusqu’à la victoire finale.


Lazare Ponticelli, le témoignage du dernier poilu

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Marc QUATTROCIOCCHI et Johana SABROUX 5 août 2014

Lazare Ponticelli, le dernier des poilus, ici un an avant sa mort. (Photo Michel Pourny. AFP)
VIDÉOS

Cet Italien, qui a combattu lors de la Première Guerre mondiale sous le drapeau français, est mort en 2008 à l'âge de 110 ans. Avant son décès, il a raconté à «Libération» l'engagement, les tranchées, les blessures et la mort.

Il est mort en 2008, à l’âge de 110 ans. Lazare Ponticelli, était le «der des ders», l’ultime poilu, celui à laquelle la France a offert des obsèques nationales en mémoire des millions de combattants et de morts de la Grande Guerre. Pour Libération, quelques années avant son décès, cet Italien avait raconté sa guerre au micro. Ce récit expose ses souvenirs, mille fois racontés, et polis et repolis par la mémoire collective. On y entend la voix et l’accent de cet homme, encore énergique, parfois secoué par l’émotion. La version en quatre épisodes proposée ici est un remontage d’un premier travail diffusé en 2008: la voix de Lazare Ponticelli est sous-titrée et illustrée par des images d’archives d’époque.


Episode 1: l’engagement

Ponticelli décrit la déclaration de guerre et ses errements d’immigré italien, qui ne voulait pas retourner en Italie car «on y mourait de faim, surtout dans les montagnes». Il s’engage alors dans la Légion étrangère et combattra pour la France.

Episode 2: les tranchées

Dès la fin de 1914, Ponticelli est envoyé en Argonne, où il découvre les tranchées, le feu ennemi, les blessures. Il raconte comment il est allé chercher un blessé à la jambe coupée entre les tranchées. En épargnant au passage un soldat allemand. Il dit aussi franchement son dégoût d’une guerre inutile, sentiment qui revient avec constance dans ses récits.

Episode 3: la fraternisation

Lazare Ponticelli décrit un épisode de fraternisation avec des soldats autrichiens. Décidés à ne pas «se battre pour rien», les combattants baissent les armes. Le mouvement s’étend et provoque la colère des officiers. Pour punition, la compagnie de Ponticelli sera envoyée au feu à un autre endroit, face à des soldats d’élite, où très peu survivront.

Episode 4: Monte Grappa

Ponticelli finira la guerre dans les rangs de l’armée italienne. Il raconte ici sa blessure et son opération – avant d’être renvoyé au front, où il apprendra l’armistice.


Guerre 14-18. Le sport sort des tranchées

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4 août 2014 / Recueilli par Laurent Rivier

Entretien avec Michel Merckel auteur de "14-18, le sport sort des tranchées". Les images de Laurent Rivier. Plus d'infos sur www.letelegramme.fr
Professeur de sport « dans une première vie », Michel Merckel, né en 1945 à Colombes, est l'auteur de « 14-18, le sport sort des tranchées - Un héritage inattendu de la Grande Guerre ». L'ancien international de judo y raconte les grands champions disparus et le rôle essentiel que le conflit eut sur le développement du sport en France. Son ouvrage nous a inspiré le portrait de plusieurs sportifs bretons morts à la guerre.
 
Comment vous est venue l'idée de ce livre ?
J'avais 20 ans quand j'ai appris que la Fédération française de football avait été créée dès 1919. Afin de savoir pourquoi, j'ai commencé une recherche qui s'est étendue sur plusieurs décennies. Je l'ai ensuite étendue au rôle du sport pendant la Grande Guerre. La principale difficulté était d'avoir accès à certaines archives, mais cette recherche m'a vraiment enrichi. J'ai avancé au fil des années. Petit à petit, en associant les pièces du puzzle.
 
Enfant, vous habitiez rue François-Faber, du nom de l'ancien vainqueur du Tour de France 1909 mort à la guerre et vous avez retrouvé le pantalon qu'il portait pendant le conflit...
Oui, c'est un copain qui habite dans l'Eure qui me l'a donné. Voici cinq ans, il m'a tendu ce pantalon garance qui traînait dans son placard. J'ai regardé dans la doublure de la poche et là, je découvre le nom de Faber ! Plus tard, son numéro de paquetage, le 8.837, m'a permis de vérifier que c'était bien le sien; il s'était engagé dans la Légion étrangère, son père étant Luxembourgeois. Regardez-le (il l'expose devant nous), c'est le pantalon d'un géant ! On ne sait pas sa taille exacte mais il devait mesurer environ 1,90 m alors que la moyenne de l'époque était de 1,60 m. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelait le Géant de Colombes. Il a remporté 19 étapes en sept Tours de France avant d'être tué le 9 mai 1915. Pourquoi, sans que je le cherche, ce pantalon m'est-il tombé dans les mains ? C'est une coïncidence assez incroyable.
 
Pourquoi avoir créé parallèlement l'association « 14-18, Sport et tranchées » ?
Le but de cette association est d'oeuvrer pour l'élaboration d'un monument dédié aux champions français tombés pendant les combats de 1914-1918. Le projet avance d'ailleurs très bien et devrait aboutir dans les prochains mois. J'ai le soutien de Kader Arif, le ministre délégué aux Anciens combattants.
 
Quelle fut l'importance du sport pendant cette Guerre ?
Son importance est cruciale. Le traumatisme de la Grande Guerre est énorme sur l'ensemble de la population française. Les historiens se sont plus attachés à expliquer les rouages et les conséquences de ce conflit sans se pencher sur certains effets annexes totalement inattendus. Il revenait peut-être à un "prof de gym" de le faire ! En tout cas, lorsque je vais dans les classes, les gamins adhèrent tout de suite parce que le sport est un bon moyen de faire passer la mémoire.
 
De quelle manière le sport a-t-il payé au cours de cette Guerre ?
Le prix du sang payé par les sportifs est lourd. À l'image de l'athlète Jean Bouin, l'une des plus grandes vedettes de l'époque, beaucoup revendiquaient le fait d'être en première ligne : la France est envahie, on se doit de la défendre ! Ces talents, fauchés dans la force de l'âge, ont été des exemples d'engagement alors qu'ils auraient pu se faire exempter.
 
Quelles sont les histoires qui vous ont particulièrement marqué ?
Difficile de répondre à une telle question, car cela m'oblige à en sélectionner et donc à hiérarchiser. Je citerai Corneille : " Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres..." Mais j'ai une énorme tendresse et un profond respect pour Albert Roche, l'archétype de l'antihéros. Trop chétif, on l'avait d'abord refusé pour être soldat. Mais il a fait son sac et s'est sauvé de chez lui. L'un de ses faits d'arme est d'avoir rampé pendant six heures pour rejoindre son capitaine grièvement blessé entre les lignes et quatre encore pour le ramener. Épuisé, il s'endort dans un trou de guetteur. Une patrouille le découvre et conclut à un abandon de poste. Sans le témoignage salvateur du capitaine et à une heure près, il aurait été fusillé ! Blessé neuf fois, il a fait, tous coups et actions confondues, 1.180 prisonniers. Et le plus étonnant, c'est que malgré tous ses actes de bravoure, il est toujours resté soldat deuxième classe.
 
Qu'attendez-vous des commémorations qui ont débuté ?
Que les Français puissent vraiment s'approprier l'Histoire de nos Poilus afin de ne jamais oublier que la guerre est une effroyable tragédie. Cette guerre est un traumatisme terrible, 1.561 jours de misère pendant lesquels, en moyenne, 900 Français ont été tués chaque jour. Toutes les minutes et demie, l'un de nos grands-pères mourait !
 
Références
Livre :
« 14-18, le sport sort des tranchées - Un héritage inattendu de la Grande Guerre », de Michel Merckel (préface Roger Bambuck), édition Le Pas d'Oiseau, 220 pages, novembre 2013 (réédition).
 
Reportage TV : Documentaire réalisé par Christophe Duchiron et Anne Bettenfeld : http://www.francetvsport.fr/1914-1918-le-sport-a-l-epreuve-du-feu-233395
 
En complément
 
Ces sportifs bretons trop tôt disparus
La Première Guerre mondiale a éclaté le 3 août 1914. Son bilan humain est effroyable. Environ 1.350.000 soldats français ont été tués. Sur l'ensemble de la population, 36 % de la tranche d'âge des 19 à 22 ans sont morts. Près de 4.000.000 de soldats ont été blessés. Parmi eux, 1.100.000 invalides, 300.000 mutilés et amputés, 42.000 aveugles et 15.000 « gueules cassées ». La barbarie a atteint l'inimaginable. Pourtant, au milieu du chaos, le sport se dresse, telle une oasis au milieu du désert. La guerre lui a permis de se structurer, de s'ouvrir aux paysans et ouvriers pour qui la notion même de temps libre n'existait pas. Un souffle nouveau a alors balayé les mentalités. La dynamique est lancée, elle ne s'arrêtera pas avec l'Armistice du 11 novembre 1918. Au contraire, les compétitions se multiplient. La démobilisation est l'une des périodes les plus sportives que la France ait connue.
 
Des frères britanniques et américains
Lucien Mazan, dit Petit-Breton, évoquant les lendemains du conflit, l'avait écrit avec prémonition dans la revue « La vie au grand air » du 15 mars 1917 : « Les hommes auront appris à souffrir davantage (...). Quand la paix arrivera, tous seront si contents de vivre sans contrainte, sans arrière-pensée, que tout semblera simple et facile. » Avec le Franco-Luxembourgeois François Faber (1909) et l'illustre Octave Lapize (1910), il fait partie des trois vainqueurs du Tour de France emportés par la guerre. Comme plusieurs camarades, il fait également partie de ces sportifs bretons à qui nous voulions rendre hommage alors que débutent les commémorations du Souvenir. Franck Henry était aussi cycliste, Marcel Brindejonc des Moulinais était aviateur, d'autres étaient footballeurs. Tous symbolisent le tribut qu'a payé le sport, à travers ces 426 champions disparus durant cet interminable enfer de 1.561 jours. Mais pas seulement : leurs histoires nous éclairent sur le rôle capital qu'a joué le conflit sur la diffusion du sport en France. Pour ces Poilus, ce fut l'occasion de toucher pour la première fois un ballon de foot, alors que le rugby était jusque-là le seul sport collectif installé. Parfois de découvrir l'idée même du sport aux côtés de leurs frères d'armes britanniques ou américains. 14-18 contribua aussi à l'éclosion du sport féminin et du handisport, né pour surmonter les séquelles laissées par les effroyables combats. Le sport, souffle de vie sur le champ d'une tragédie.

Le général Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre, et les autres nominations de juillet

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04/08/2014

Pour ceux qui, comme moi, étaient en vacances en juillet, complètement déconnectés de l'actualité de Défense (difficile mais possible), voici un petit résumé des principales nominations dans la hiérarchie militaire, publiées au Journal officiel du 16 juillet.

Avec en point d'orgue, la confirmation du nom du nouveau chef d'état-major de l'armée de terre, le général Jean-Pierre Bosser...

Le général d'armée Jean-Pierre Bosser prendra son rang de CEMAT le 1er septembre en remplacement du général Bertrand Ract-Madoux, qui passe en 2e section. Le général Bosser était depuis décembre 2012 DPSD, directeur de la protection et de la sécurité de la défense, un poste extrêmement sensible. C'est un para-colo d'origine. Il fut chef de section du 8e RPIMa de Castres, avant d'en devenir le chef de corps, puis de commander la 11e brigade parachutiste. Devra-t-il fermer le 3e RPIMa ?

Autres nominations notables...

Armée de terre : général de corps d'armée Arnaud Sainte-Claire Deville commandant des forces terrestres, général de division Michel Yakovleff vice-chef d'état-major du GQG de l'OTAN, général de corps d'armée Bertrand Houitte de la Chesnais major général de l'armée de terre, général de corps d'armée Jean-François Hogard directeur de la protection et de la sécurité de la défense, général de division Jean Maurin commandant de la Légion étrangère.

Marine nationale : vice-amiral d'escadre Charles-Edouard de Coriolis chef de la représentation militaire auprès du comité militaire de l'Union européenne et chef de la mission militaire de la représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne, idem auprès de l'OTAN, vice-amiral d'escadre Arnaud Tarlé major général de la marine, vice-amiral d'escadre Louis-Michel Guillaume commandant des forces sous-marines et de la force océanique stratégique.

Armée de l'air : général de brigade aérienne Philippe Montocchio commandant des forces françaises stationnées à Djibouti.


Zone de défense : un nouveau commandant

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Pays de la Loire - 04 Août

Christophe de Saint-Chamas.

Christophe de Saint-Chamas.

Le général trois étoiles Christophe de Saint-Chamas, commandant de la Légion étrangère depuis 2011, est le nouveau commandant de la zone de défense Ouest qui comprend les vingt départements des régions Haute-Normandie, Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Région Centre. Il a pris son commandement le 1er août et succède au général de corps d'armée Lafontaine (quatre étoiles).

Né en janvier 1959, Christophe de Saint-Chamas, officier de cavalerie, est marié et père de sept enfants. Il a participé notamment à l'opération Daguet en 1991, au moment de la guerre du Golfe et a pris part au commandement d'un Groupement tactique interarmes (GTIA) en Côte d'Ivoire, dans le cadre de l'opération Licorne.


Guerre de 14-18 : "L'hécatombe des officiers catalans est titanesque"

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Le 03 août par Vincent Couture

 

Renaud Martinez travaille sur ce conflit et les P.-O. depuis de nombreuses années.
Renaud Martinez travaille sur ce conflit et les P.-O. depuis de nombreuses années. PHOTO/D. R.

Non, les P.-O. n'ont pas été sacrifiées par la patrie durant la Grande Guerre. Oui, les régiments catalans se sont battus avec courage, par fidélité à la France. Plongée au cœur du conflit avec l'historien Renaud Martinez. Des Poilus aux villages les plus reculés du département…Il est LE grand spécialiste de la première Guerre mondiale concernant le département des P.-O. L'historien Renaud Martinez, officier de tradition, a ainsi reçu le premier prix du Salon du livre d'histoire pour 'En avant, quand même !', ouvrage sur le 53e RI, l'un des deux régiments catalans avec le 253e. Démontant de nombreux mythes liés au sacrifice des Catalans durant la Grande Guerre, Renaud Martinez livre un éclairage passionnant sur le tribut payé par le département durant les quatre années de conflit.

Ainsi donc le premier officier français à périr était Catalan… Réglementairement, le lieutenant Lucien Bedos, qui était de Rivesaltes et appartenait au 149e régiment d'infanterie, est le premier officier mort, en tout début de guerre, en Lorraine. Cependant, on apprend aujourd'hui qu'un autre officier aurait été tué avant lui.

Parce que les régiments catalans ont été parmi les premiers à être envoyés au front ? Aujourd'hui, le problème est qu'il existe de nombreux mythes entourant la Grande Guerre. Les premiers régiments à avoir combattu sont ceux qui se trouvaient dans le 20e corps (Nancy, Epinal, Belfort). Mais, comme il n'y avait pas assez de soldats en Lorraine, on a incorporé dans ces régiments des gens de partout, dont des Catalans. Dès le début de la guerre, tous les corps d'armée sont montés à l'assaut. Environ 80 % des Catalans servaient dans le 16e corps (2e armée) - basé à Montpellier (régiments P.-O., Aude, Tarn, Aveyron, Lozère et Hérault) - ou dans la coloniale.

La mémoire collective retient que le département a été sacrifié… Dire qu'on a forcé les gens à partir est une falsification de l'histoire. Pourquoi devrait-on enlever aux Catalans le fait d'avoir été courageux ? Dire qu'on les a forcés, c'est dénier leur part de courage. Quand on voit des soldats avec sept citations et quatre blessures revenir au front, pourquoi n'auraient-ils pas le droit d'avoir été courageux ? Au bout de quelques semaines de bataille, ils étaient certes moins enthousiastes, mais ils se sont battus par fidélité à la France.

Comment s'organisent les premières semaines du conflit ? Il y avait le 20e corps de Nancy, le 15e corps de Marseille et le 16e corps de Montpellier. Dès le 18 août, de violents combats ont éclaté. Les Allemands ont choisi leur terrain, qu'ils préparaient depuis quarante ans, pour nous amener dans une souricière à partir de laquelle ils nous ont massacrés du côté de Dieuze et Morhange, en Lorraine annexée. Le 16e a donc subi de très lourds dégâts. Le colonel Lamolle, qui commandait le 142e RI et était de Sournia, a fait partie des premiers colonels tués. Le colonel du 53e RI de Perpignan a péri lui aussi, ainsi que le général Diou, qui commandait la brigade des régiments de Narbonne et Perpignan.

Comment expliquer que le nombre de morts recensés dans les P.-O. (4,23 % de la population) ait été supérieur à la moyenne nationale (3,55 %) ? Ça ne veut pas dire que c'est le département où il y en a eu le plus (8 445). La Creuse, par exemple, en a compté 11 500 mais ce sont les Bretons qui ont payé le plus lourd tribut (145 000 morts). A l'époque, on disait qu'un paysan faisait un bon fantassin mais 80 % de la société était rurale. Quand le 16e corps est monté au front, il a lutté et perdu quasiment 1 000 hommes en quelques heures (morts, blessés, portés disparus). Les 15e, 16e et 20e corps, tout le monde a reculé, pour revenir à la lutte à partir du 25 août dans la bataille de la Mortagne. Le nombre de morts dans les P.-O. est le fruit de deux combinaisons : la malchance et, surtout, la contre-artillerie allemande, qui a causé d'énormes pertes dès le début de la guerre au sein du 53e RI. En 1914, l'hécatombe des officiers catalans est titanesque. Le début de la guerre est violent, c'est un choc épouvantable. D'où le traumatisme vécu par l'ensemble du département*.

L'impréparation des Poilus est-elle responsable de cette hécatombe ? Elle est due à un excès de confiance. Comme le conflit devait être court, le haut commandement avait choisi la guerre à outrance. Le fantassin français ne se complaisait que dans l'offensive. On pensant alors : "On monte à l'assaut et, en quinze jours, on a gagné". D'où des pertes immenses et dramatiques. Les Allemands avaient une autre théorie, le plan Schniffen : défense en profondeur, coup d'arrêt et contre-attaque. Seulement deux Catalans ont été fusillés pour l'exemple

Vous soulignez également que les régiments catalans n'ont pas été touchés par les mutineries… Ni le 53e RI, ni le 253e, le 24e RIC ou le 44e RIC n'ont connu de mouvements de révolte. Une étude a été faite sur les fusillés pour l'exemple durant la guerre. Il s'avère que seulement deux Catalans l'ont été, l'un pour meurtre, l'autre pour désertion devant l'ennemi. Malgré la proximité de l'Espagne, il y eut très peu de déserteurs dans les P.-O. Le sentiment patriotique était très fort.

A l'arrière, comment les villages vivent-ils la guerre ? Il y a de l'héroïsme un peu partout. Des villages sont morts, comme celui d'Oreilla : 31 personnes parties, 19 tués, dont trois fratries de trois frères et deux fratries de deux. Les morts ? Le maire, le médecin, le curé, le forgeron… Toute une société disparaissait. Autre exemple dramatique, les 18 et 19 juillets 1915 : huit Canétois meurent le même jour dans le 253e RI. Pour un village, c'est un drame épouvantable, sachant que les femmes devaient travailler à la place de leurs maris. Des exploitations agricoles ont périclité, des instituteurs retraités ont repris du service…

Dans quelle ambiance s'effectue le retour des soldats ? Le retour n'est pas typiquement catalan. Le 11 novembre, quand l'armistice est signé, le premier sentiment est la joie. La guerre est finie en France, cependant, elle continue en Bulgarie, en Turquie, en Sibérie. Le travail n'est donc pas terminé. Un 'piou-piou' (le premier surnom des Poilus) de Canet est mort en mars 1919, à côté d'Arkhangelsk, en Russie, lors d'une opération 'Ours Blanc' dont personne ne parle. Des Catalans sont également morts au Maroc ou au Cameroun. Les litanies de L'Indépendant, la voix des gueules cassées

Qu'en est-il du traumatisme psychologique des soldats ? Quand on lit les litanies de L'Indépendant de 1914 à 1918, on tombe sur des pages entières de soldats décorés de médailles militaires avec la mention suivante : 'a perdu ses deux bras', 'mutilé au visage'… Il y eut quatre millions de blessés durant la guerre, la plupart sont revenus mutilés. C'est à ce moment que la chirurgie maxillo-faciale et orthopédique a connu un essor considérable. Les médecins ont été absolument fantastiques dans leur volonté de redonner visage humain aux gueules cassées.

Un siècle plus tard, il reste les monuments aux Morts… Ils sont chargés de symboles. Un : immortaliser le soldat. Deux : montrer aux générations futures ce qui s'est passé, sortir de l'oubli. Trois : dire aux enfants 'plus jamais ça'. Le problème, c'est la récupération politique des communes juste après la guerre. Certains monuments glorifient l'héroïsme, comme ce soldat montant à l'assaut baïonnette au canon, à Trouillas ; le monument de Villeneuve-de-la-Raho évoque l'homme qui garde la ligne bleue des Vosges. Parfois, le Poilu est en tenue de garde, d'autres fois il n'y a pas de soldats mais Marianne, ce qui implique un hommage à toute la France. Un monument, quel qu'il soit, exprime toujours une posture, un message. Environ 2 500 Espagnols se sont engagés dans la Légion étrangère ; plus d'un quart d'entre eux étaient Catalans. L'historien Renaud Martinez éclaire sur le tribut payé par les P.-O. durant le conflit.


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