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2014


Héroïne de la Libération, Suzanne Lefort est décédée

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Publié le mardi 19 août 2014

Engagée dans l'armée d'Afrique en 1943 comme conductrice ambulancière, le lieutenant Suzanne Rouquette

dirigeait le 25e bataillon médical de la 9e DIC (division d'infanterie coloniale) lors du débarquement en Provence.doc Var-matin

La veuve du général Lefort s’est éteinte dimanche à Hyères, soixante-dix ans après son débarquement sur la plage de la Nartelle à Cavalaire, à la tête d’un bataillon d’ambulancières.

Elle avait épousé l'un des héros du Débarquement sur les plages de Provence. Et tout autant que lui, elle en était l'une des héroïnes.

Soixante-dix ans presque jour pour jour après avoir débarqué sur la plage de la Nartelle à Cavalaire, le 20 août 1944, le lieutenant Suzanne Rouquette s'est éteint dimanche matin, à Hyères, la ville où elle épousa en septembre 1945 le général Jacques Lefort, rencontré sur les champs de bataille.

Il était alors le capitaine du 1er bataillon de choc de la première armée française qui participa activement à la libération de Toulon.

Âgée de 102 ans, Suzanne Lefort était Commandeur de la Légion d'honneur, grand croix de l'Ordre national du Mérite et Croix de guerre 1939-1945, avec trois citations, dont deux palmes.

"On aurait donné notre peau pour sauver la France"

Au début des années quarante, elle avait répondu, comme des centaines de jeunes femmes, à l'appel placardé sur les murs d'Alger, invitant les femmes à s'engager «pour libérer un combattant».

Après trois mois de formation - secourisme, conduite et mécanique auto -, elle avait d'abord participé à la campagne de Tunisie.

On lui avait ensuite confié, au sein de la première armée française du général de Lattre de Tassigny, la direction du 25e bataillon médical de la 9e division d'infanterie coloniale (DIC), avec trente conductrices et autant d'ambulancières sous ses ordres.

Dans une interview accordée à Var-matin il y a tout juste dix ans, à l'occasion des célébrations du soixantième anniversaire du Débarquement de Provence, elle avait indiqué qu'elles avaient commencé là, ensemble, «une aventure vraiment exceptionnelle.»

«Les filles étaient toutes volontaires, de tous les âges et de tous les milieux. Il y avait des filles de colonel, de docteur, de colon, une repasseuse, une Juive, une Arabe. On aurait donné notre peau pour sauver la France»,se souvenait-elle (1).

Et c'est bien ce qui faillit lui arriver en novembre 1944.

Grièvement blessée en Alsace

Le lieutenant Rouquette débarque d'abord sur l'île d'Elbe, où elle croise pour la première fois Jacques Lefort, un jeune capitaine des bataillons de choc. Elle le recroisera à Toulon, le jour même de son débarquement à Cavalaire.

Trois mois plus tard, alors qu'elle suivait la remontée des troupes alliées vers le Rhin, Suzanne Lefort fut très grièvement blessée en Alsace et dut être amputée d'une jambe. C'est là qu'elle reçut la Légion d'honneur, couchée sur un brancard. Envoyée en convalescence à Hyères, elle y épousa Jacques Lefort en septembre 1945.

Ils eurent un fils, Jacques-Yves, décédé en 2004, qui devint colonel de l'infanterie de marine parachutiste, et cinq petits-enfants.

"Une femme d'exception"

Suzanne Lefort quitta le service actif en 1947 pour suivre son mari. Il fit une brillante carrière qu'il termina avec le grade de chef de corps d'armée. Il décéda en 1974, peu de temps après son départ en retraite. «Ce fut, disait-elle en 2004, une vie passionnante. Mon mari a fait beaucoup de choses, j'ai pu l'accompagner partout, en Indochine, au Laos, en Algérie.»

«Elle a créé des dispensaires, des léproseries », poursuit aujourd'hui sa petite-fille Isabelle, en évoquant « une femme d'exception, qui n'avait pas froid aux yeux, et qui était un modèle».

Suzanne Lefort-Rouquette fut également très active et disponible dans le milieu associatif, à l'AGPM (association générale de prévoyance militaire), à la Croix-Rouge, à l'ANFOC (association nationale des femmes d'officiers de carrière) et au cercle algérianiste de Toulon notamment.

Ses obsèques auront lieu le jour anniversaire de la libération d'Hyères, jeudi 21 août à 14h15 en l'église Saint-Louis à Hyères, où une foule nombreuse est attendue pour rendre un dernier hommage à cette grande dame. Un détachement de la Légion étrangère lui rendra les honneurs militaires.


1. Suzanne Lefort-Rouquette a raconté ses souvenirs dans un livre publié aux éditions de L'Harmattan: Des ambulancières dans les combats de la Libération - Avec les soldats de la 9e Division d'Infanterie Coloniale.


70e anniversaire de la liberation - l’incroyable tragique histoire de paul et leon lositsky

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Samedi 16 août 2014

Paul Lositzky, lieutenant de l’école de cavalerie de Saumur (photo Collection Chrystel Borie-Lositsky)
Léon Lositsky en 1938 (photo Collection Chrystel Borie-Lositsky)

 

Comme de nombreux destins brisés, détournés, ou sublimés par l’histoire, les parcours de vie de Paul Lositsky et de son frère Léon (dont la fille Chrystel Borie-Lositsky semblent incroyables pour nous aujourd’hui dans une France en paix, mais tout autant « incroyables et tragiques » que des milliers de destins d’Ukrainiens, de Syriens, de Palestiniens, d’Irakiens, et l’on en passe…en ce mois d’août 2014 : 70e anniversaire de la Libération, (ironie de l’histoire, les deux hommes étaient nés dans…l’Ukraine du début du XXe siècle) ! Grâce à la passion et la persévérance de Patrick Barruel-Brussin, président du comité de soutien du secteur 7, mouvement de Résistance qui contribua à la Libération du joug nazi dans la région lyonnaise et le Nord-Isère. La mémoire de ces hommes qui ont donné leur vie pour la France est retrouvée, et honorée. Patrick Barruel-Brussin nous conte ici l’histoire romanesque, digne d’un grand film, de ces deux frères, dont l’un des deux vint mourir à Bourgoin. L’histoire de Paul Lositsky Alias Lieutenant François, adjoint de Joseph Fracassetty Alias Capitaine Rémy, chef militaire du secteur 7 Rhône-Isère. Éléments biographiques par Patrick Barruel-Brussin.

« Au début du XXe siècle dans la Russie impériale, un jeune officier de l’armée du tsar, Franzevitch Lositsky, tombe amoureux et épouse une jeune fille de la noblesse russe, Zinaïde Pavlovna. Zinaïde est parente avec la grande duchesse Maria Pavlovna de Russie, cousine du tsar Nicolas II. De l’union de Franzevitch Lositsky et de Zinaïde, naissent deux garçons : Léon né le 21 octobre 1911 à Ekaterinoslaw (décédé le 26 Juin 1941 à Beyrouth, mort pour la France) et Paul né le 16 Avril 1915 à Odessa (mort à Bourgoin le 23 août 1944, mort la France). Les deux villes de naissance sont en Ukraine alors sous contrôle de la Russie et où Franzevitch est officier en garnison. En 1919, en pleine Révolution bolchevique, les deux jeunes garçons, alors âgés de 8 et 4 ans, assistent au massacre de leurs parents et doivent leur salut à un homme d’exception, également officier du Tsar, Michel Roubtzoff (né en 1893 en Russie et mort à Salagnon en 1955). Michel Roubtzoff se voit confier une somme d’argent par la grand-mère de Léon et de Paul, lors de leur fuite et de leur exil vers la France. Michel y rencontre un banquier parisien, M. Michoud, auquel il confie cette somme pour l’éducation des deux enfants Lositsky. Or, fruit du destin, M.Michoud a une résidence secondaire, un castel fort charmant, à Salagnon (près de Morestel). Il y installe Michel Roubtzoff comme régisseur et les enfants y seront élevés, avec l’aide, entre autres, d’un couple lié familialement à leur mère : M. Constantin Ivanov et son épouse née Avdeff-Pavlovna (il s’agirait de la sœur ou de la cousine germaine de Zinaïde). Constantin Ivanov, né en Russie en 1891, meurt à Salagnon en 1969 et sa femme (née en 1893) décède en 1972. Entre temps, Léon et Paul Lositsky poursuivent des études brillantes à l’ancien collège de Bourgoin où ils obtiennent leur baccalauréat. »

La bataille de Hannut

« Ensuite Léon rentre à l’école militaire de Saint-Cyr, en 1932, promotion Bournazel, puis s’engage comme officier dans la Légion étrangère, plus exactement au 6e régiment étranger d’infanterie. Il sera tué au Liban, en Juin 1941. Il s’était marié Avant-Guerre et avait eu deux filles, dont Christel née en 1938. Paul Lositsky, lui, fréquente le Camp des Loges, quartier Gramont, à Saint-Germain-en-Laye, avant d’être reçu à l’école de cavalerie de Saumur, en septembre 1939. Paul participe courageusement à la Bataille des Flandres, il y côtoie un jeune Saint-Savinois appelé Pierre Oudot, futur maire de Bourgoin-Jallieu. Tous deux sont dans le contexte douloureux de Flandres-Dunkerque, avant d’être démobilisés et de rentrer chez eux. Entre temps, Paul participa à la campagne de Belgique, en mai 1940, notamment à la bataille de Hannut (Belgique), le dimanche 12 Mai 1940 ! On peut affirmer que cette date fut celle de la première bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale. « L’autre peloton de Somua (Ndlr : véhicules blindés de fabrication française) du capitaine de Beaufort, celui du lieutenant Lositsky, avait reçu l’ordre de réoccuper Crehen (Ndlr : agglomération de Hannut) et de s’y maintenir. Mais outrepassant les ordres, Lositsky traverse le village et fonce sur Hannut. Accueilli par un barrage de tir antichar, il vire au nord et fonce vers Thisnes (agglomération de Hannut). Il tombe par surprise sur un rassemblement allemand : il détruit quatre panzers et plusieurs camions, puis une batterie d’artillerie » (lettre d’information N° 4 de La Société Belge des Amis d’Aragon, page 7)

Revenu en Isère, Paul Lositsky, rejoint la Résistance début 1943

« Un temps, il fera partie de l’armée de l’ombre du Vercors, puis rejoindra le secteur 7 Rhône-Isère, où Rémy lui confie des tâches stratégiques et en fait son bras droit. N’oublions pas que Paul est un jeune officier de Saumur, parfaitement aguerri et à même d’apporter une formation militaire de grande qualité aux jeunes recrues du secteur. « Paul Lositsky était un homme extraordinaire », expliquait Ménie Fracassetty, résistante et veuve du chef militaire de la Résistance, le capitaine Rémy. « Je me rappelle de lui comme si c’était hier. Ce qui frappait chez lui, était sa classe, son maintien, son autorité naturelle et surtout une discrétion rare. Rémy avait une grande admiration pour lui, comme tous ceux qui l’ont approché et connu dans ces moments particulièrement difficiles. Paul était très secret, on savait peu de choses sur lui, il ne parlait jamais de son enfance, de ses origines, comme si une chape de douleur couvrait un passé que l’on ressentait comme très douloureux. » ( Ndlr : entretien avec Ménie Fracassetty, recueilli par Patrick Barruel-brussin, en Juillet 2008). Le 23 août 1944, jour de délivrance pour tous les Berjalliens et les populations du Nord-Isère, Paul Lositsky est tué dans les combats farouches et sanglants qui opposent le Bataillon Rémy et les occupants allemands… Paul avait 29 ans ! »

Un appel téléphonique bouleversant

Le soir du 11 Juin 2014, Patrick Barruel-Brussin, président du Comité Bataillon Rémy, reçoit un appel téléphonique bouleversant, celui de Christel Borie-Lositsky, fille de Léon (qu’elle ne connût jamais) et nièce de Paul dont elle ne savait rien et qu’elle recherchait depuis des décennies. C’est en faisant des recherches sur Internet que Mme Borie-Lositsky trouve les coordonnées de l’association et de Patrick Barruel-Brussin. Dès le 12 Juin, Patrick Barruel-Brussin organise les recherches et en quelques semaines, une quantité de renseignements, d’écrits, d’échanges de courriers officiels ou privés, reconstituent le puzzle et « raconte » le parcours hors du commun de Paul Lositsky :
« Jean Fréchet, natif de Salagnon et président de la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie) de cette commune, a pu narrer nombre de souvenirs puisqu’il a bien connu Michel Roubtzoff, ainsi que M. et Mme Constantin Ivanov, réfugiés résidant également à Salagnon. Marcel Colomb, président de Rhin et Danube, responsable du Souvenir Français, se rappelle également de Paul Lositsky, puisque ses parents l’ont caché quelques temps dans leur ferme à Saint-Agnin-sur-Bion, l’été 1944. Il en est de même pour quelques survivants du secteur 7 et du Bataillon Rémy, tels Paul Falcoz et Kiki Laurent. »

Patrimoine

La tombe de Paul Lositsky se trouve au cimetière de Salagnon et depuis le 18 mars 2009, elle est inscrite au patrimoine de l’Isère, dans la catégorie : patrimoine religieux (patrimoine départemental géré par le conseil général de l’Isère). Marcel Colomb, avec le soutien du Souvenir Français, entretient avec respect et émotion l’édifice et chaque année, en février, dans le cadre de la cérémonie du drame de la Croix-Sicard, à Salagnon, un hommage est également rendu à Paul Lositsky, avec dépôt de gerbe sur sa tombe (cet hommage annuel peut être consulté sur le site Internet de l’ANACR, Association nationale des anciens combattants de la Résistance, de Morestel).

Propos recueillis : Eric Séveyrat

Commémorations du pays Berjallien

21 août

Bourgoin-Jallieu : 10h , cimetière de la Rivoire : hommage à Joseph Fracassetty (Rémy), 11 h cimetière de Beauregard : hommage à Georges Ivanoff (Raoul) ; 11h45, magasins généraux, stèle en hommage aux combats qui ont eu lieu aux magasins généraux où se trouvaient les réserves de la marine de guerre en méditerranée ; l’après-midi (heure non communiqué), hommage à Crémieu à Marcel Petit, l’initiateur des mouvements de résistance dans le Nord-Isère ; 18h30 conférence de Julien Guillon sur la Résistance dans le Nord-Isère à l’espace Grenette à Bourgoin-Jallieu, avec une exposition sur la Seconde Guerre mondiale de L’ONAC ,plus documents sur la résistance locale.

22 Août

10h Grange Lyaudet à St Agnin sur Bion ; 11h, monument à St Agnin sur Bion ; 18h30 Gare de l’Isle d’Abeau, Stèle à Bianzani.

23 Août 2014

Bourgoin-Jallieu – St Savin – Ruy –Montceau – St Agnin
10h Rassemblement à Flosailles (d’où sont partis les 600 résistants) ; Jeeps –Tractions –ambulance, etc. ; 10h30 début de la cérémonie ; 11h30 Bourgoin-Jallieu, cérémonie à la Clinique de Jallieu Hommage aux quatre résistants morts dans les premiers combats ; 12h30 : repas, caserne Brenier sur réservation ; 15h : café-restaurant « les Marronniers » -Inauguration d’une plaque concernant la première réunion de la résistance à Bourgoin le 11 février 1941, défilé rue de la libération (pavoisée en guirlandes bleu-blanc-rouge ainsi que la rue de la liberté)– Jeeps-Tractions -musique militaire ; 15h45 : place St Michel, dépôt de Gerbes : à Rémy-Raoul ; 16h30 : monument La Vie-La Paix ; 18h15 Cérémonie à Demptézieu ; 19h : cérémonie au Bourg à Saint-Savin ; A partir de : 20h30 repas sous les Halles à St Savin (Accordéon Club)-Les cérémonies se poursuivront le 30 et 31 août à la Verpillère.

La Libération à Grenoble

A l’occasion du 70e anniversaire de la Libération de Grenoble les 21 et 22 août prochain, la mairie et la ville ont prévu des cérémonies et des animations. Dès le 21, une cérémonie aura lieu à 16h30 sur le Parvis des droits de l’Homme au jardin de ville, suivie à 18h, de l’inauguration de la Place de la Résistance, rue des Martyrs. A 10h45, la ville sera survolée par la Patrouille de France.
Le lendemain, une journée festive est prévue, avec une exposition de voitures d’époque au jardin de ville, un pique-nique citoyen à midi au Parc Mistral, un défilé de voitures d’époque militaires et civiles de 16h à 17h, et un grand concert au jardin de ville à 21h30.
Plus d’informations sur www.grenoble.fr


CENTENAIRE L’histoire prend de l’altitude

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Publié le 15/08/2014 Alice Meunier et Cécile Latinovic

Le cimetière américain de Bony. Vu du ciel, difficile de passer à côté... Comme de nombreux cimetières militaires de la région.
Près du château de Tilloloy reposent des soldats de la Légion étrangère.

C’est parti pour cinq années de commémorations et d’événements autour du centenaire de la Grande Guerre. Pour ceux qui préfèrent l’histoire abordée de manière insolite, les survols des théâtres de guerre sont une bonne idée. Un créneau qui a tout pour plaire et qui en est à ses débuts. Est-ce plus beau vu d’en haut ? Depuis Montdidier ou Saint-Quentin, comparons les vols historiques.

1 LA GRANDE OU LA PETITE HISTOIRE ?

C’est pour cela que les passagers prennent leur envol : la balade historique. L’aéro-club de Montdidier a mis en place ce « survol du centenaire de 14-18 » avec l’office de tourisme du Pays de Parmentier. Autant dire que les informations sont là. Reste que cette partie du Santerre ne recèle pas des plus grands théâtres de la Grande Guerre. Ce qui peut aussi lui donner un côté insolite pour les plus passionnés d’histoire. «  Nous sommes au-dessus de Tilloloy. À quelques pas du château, vous avez un cimetière de la Légion étrangère  », indique Bernard Tonnellier, le pilote. Direction Davenescourt ensuite, où la toute jeune armée de l’Air française avait trouvé de la place pour eux. «  Les officiers et sous-officiers habitaient le château  », poursuit le pilote.

Sans oublier le petit plus : un plus grand bond en arrière, en 1870. «  Lorsque les Prussiens ont attaqué Montdidier, ils se sont placés au niveau des ventilateurs (les éoliennes, ndlr). Ils étaient en hauteur avec une belle vue pour bombarder la ville.  »

Même scénario à Roupy dans l’Aisne. L’aéro-club a passé une convention avec l’office du tourisme du Saint-Quentinois pour faire des vols dans le cadre du centenaire. Différents parcours sont proposés : le tour de Saint-Quentin, le percement de la ligne Hindenburg (Roupy, Bellicourt et Bony) et un autre trajet sur la ligne Hindenburg, avec une extension jusqu’à Vimy (Pas-de-Calais) aux environs de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

Dans la partie axonaise, les vestiges sont très limités également. «  Ce qu’on peut voir ? répète Paul Andrejewski, le président de l’aéro-club de l’Aisne. À vrai dire, pas grand-chose. » Pas «  grand-chose  » en relation avec la Première Guerre mondiale. Seuls les monuments commémoratifs comme le cimetière militaire de Bony ou le mémorial de la 46e Division britannique, sur la RD1044. Il faut aller jusqu’à Vimy pour voir les traces des tranchées.

2 DES PAYSAGES À COUPER LE SOUFFLE ?

Le Santerre a un paysage somme toute peu varié : le survol de champs de betteraves ou de blé en été, quelques bois et un relief relativement peu variable. Les paysages à découvrir ne sont pas l’atout principal de la balade depuis Montdidier. «  Au printemps, au petit matin, la lumière et la renaissance de la nature sont très agréables  », contrebalance la présidente de l’office de tourisme, Claire Sirot. Le petit plus tout de même : la découverte des parcs entourant les châteaux de Tilloloy, Davenescourt et Warsy.

Les paysages axonais se ressemblent également. Des champs entourent Saint-Quentin. Et il n’est pas possible de survoler la ville car là, «  il faut voler à plus de 3 000 pieds. Et, au-dessus, on passe dans l’espace aérien contrôlé  », explique Philippe Bondon, le pilote du jour. Autrement dit, il faut faire une demande spécifique. De là-haut, les marais d’Isle, le parc des Champs-Élysées ou encore le palais de Fervaques se distinguent. Munis d’un bon zoom, les photographes néophytes peuvent en sortir quelques clichés.

3 UN AVION DIGNE DES PILOTES DE 1918 ?

Pas de jet hypermoderne pour la balade. À Montdidier, simplement un petit avion, de type D112 Jodel, dont les premiers datent de 1950. Ça, c’est pour un passager. Si deux personnes souhaitent voler ensemble, ce sera à bord du Robin DR 400. Là, on s’éloigne un peu plus de la Grande Guerre : ce type d’appareil était construit dans les années 1970. Dur dur de trouver un avion ressemblant à ceux des poilus.

Pour apprécier pleinement le vol et faire des photos sans ailes, il est toujours possible d’opter pour l’ULM. Ecofly, près de Laon, propose ce genre de vol en relation avec le centenaire également.

Quoi qu’il en soit, les avions des aéro-clubs différent des engins des aéroports. Lors du décollage, les passagers ne sentent rien. Pas de sensation de vide, pas de vertige. L’avion se soulève simplement du sol. «  Nous avons plus l’impression de voler que quand nous sommes dans un avion de ligne  », apprécie Philippe Bondon. Il n’hésite pas à décrire le décollage comme «  un instant magique  ». Tout comme le vol. «  Et en cas de problème, l’avion plane. Nous pouvons toujours atterrir, même après une panne moteur.  »

4 LES CONNAISSANCES DU PILOTE

Depuis l’aérodrome de Montdidier, les passagers ont des chances de voler avec Bernard Tonnellier. Pilote depuis 25 ans, il maîtrise aussi bien l’humour que son avion. Pas bégueule, il explique l’histoire locale en indiquant du doigt les tranchées et châteaux à voir. Pour les questions, il a toujours une petite anecdote sympathique qui va avec la réponse.

Pas de pilote attitré à l’aérodrome de Roupy. Tous sont susceptibles d’accompagner les touristes. Le club planche actuellement sur un recueil de photos à mettre à la disposition des passagers. «  Ce n’est pas commode de montrer, quand nous sommes en l’air, ce qu’il y a à voir.  » Le recueil sera disponible à partir de septembre. Mais tous les pilotes sont sensibilisés à la Première Guerre mondiale. «  Quand l’un d’entre nous rentre de vol, il dit ce qu’il a vu. C’est toujours un plus pour nos prochaines sorties  », reprend Philippe Bondon. Ce qui attire beaucoup, c’est le souterrain de Riqueval. Le canal de Saint-Quentin passe dans ledit souterrain, en plein sur la ligne Hindenburg. Une fortification serait encore visible.

5 LE RAPPORT QUALITÉ / PRIX

Parlons des choses qui fâchent : le prix. À Montdidier, il faut compter entre 50 et 100 € pour s’envoler au-dessus des tranchées, tout dépend du nombre de passagers. Ceci pour un vol d’une vingtaine de minutes à 160 km/h et à 200 mètres au-dessus des cantons de Montdidier et Roye.

La convention passée avec l’office du tourisme du Saint-Quentinois permet d’avoir des tarifs préférentiels : comptez 45 € (un passager) à 85 € (trois passagers) pour un survol des environs de Saint-Quentin. Et de 150 € à 300 € (selon le nombre de passagers et la distance) pour un survol de la ligne Hindenburg. Le temps de vol oscille entre 30 minutes et 1 h 15. «  Le temps passe plus vite en l’air  », s’amuse Philippe Bondon. Mais l’histoire se perd.

Renseignements et réservations : office du tourisme du Saint-Quentinois : 03 23 67 05 00 ou office du tourisme du pays de Parmentier : 03 22 78 92 00.

«Des vols d’archéologues»

TROIS QUESTIONS À Bernard Tonnellier, membre de l’aéro-club de Montdidier. Pilote depuis 25 ans.

Comment est venue l’idée d’un circuit dédié au centenaire de 1914-1918 ?

Au départ, notre association allait à l’office de tourisme du Pays de Parmentier, situé à Montdidier, pour laisser quelques prospectus sur notre club. Nous voulions tenter de proposer d’autres sorties au public, qui sortent de l’ordinaire. Et des baptêmes en avion aussi. C’est comme ça que nous avons eu ensemble l’idée de ce circuit de mémoire. Nous avons d’ailleurs pu le tester le 24 mai, lors d’une journée spéciale, en partenariat avec l’office de tourisme toujours.

Les vols touristiques de mémoire étaient une grande nouveauté ?

Pas exactement. Nous avons déjà travaillé avec des archéologues. Le survol de site permet de voir des lignes, des mouvements invisibles lorsque l’on a les pieds sur terre. Nous avons eu l’occasion de transporter des archéologues au moment de travaux sur une autoroute. Grâce aux photos aériennes, ils ont pu montrer les bords d’un camp romain. Les traces étaient plus distinctes en altitude.

Et les tranchées creusées par les poilus… ?

L’été n’est pas une saison qui permet de les voir, à cause des cultures. Selon l’humidité du sol elles sont aussi plus ou moins visibles. Nous avons parfois des surprises aussi, comme les trous d’obus qui se dévoilent : à l’époque ils étaient rebouchés avec un peu tout et n’importe quoi. Lors de fortes intempéries, certains s’effondrent…

«Le temps fait son œuvre»

«  Ce qu’il y a à voir ? Pas grand-chose  », soupire Paul Andréjewski, le président de l’aéro-club de l’Aisne. Comme expliqué à l’office du tourisme du Saint-Quentinois : «  Le temps a fait son œuvre. » Et la Première Guerre mondiale, cent ans plus tard, fait davantage partie du devoir de mémoire que de l’actualité.

«  Les tranchées ont laissé des cicatrices dans la terre  », remarque-t-on à l’office du tourisme. Sauf que l’œil non-avisé d’un néophyte en histoire a du mal à les repérer. «  C’est surtout vrai dans la Somme, où la terre est plus claire là où les tranchées ont été creusées. » Selon la saison, la clarté est plus vive, comme le remarque le pilote montdidérien.

Au Chemin des Dames, dans l’Aisne, idem. Difficile de voir les vestiges de la Grande Guerre. «  Si on ne sait pas ce que c’est, c’est un plateau, et c’est tout  », souffle un pilote d’ULM.

Sur la ligne Hindenburg, près de Saint-Quentin, quelques vestiges de fortification sont encore visibles. «  Les blockhaus ont été détruits en majorité après la guerre, les agriculteurs ont repris possession de leurs champs, explique l’office du tourisme du Saint-Quentinois. Et la végétation a recouvert le reste. » Il reste néanmoins des fortifications au-dessus du souterrain de Riqueval ou dans les bois près de Joncourt. «  Il y en a très peu : il y a beaucoup de travail d’imagination quand on survole les terres à la recherche des vestiges.  »

La meilleure saison pour effectuer ces vols

À en croire le pilote de Montdidier, Bertrand Tonnellier, la meilleure saison pour faire ce vol au-dessus de l’histoire locale est l’hiver. En effet, en plein été, les champs de betteraves, de pommes de terre et de blé masquent les traces des tranchées au sol.

L’automne et le printemps sont aussi des saisons correctes : en plus de ne pas avoir trop de végétation au sol, elles limitent le risque de mauvais temps laissant les passagers et le pilote au sol.


Qui sont les mercenaires dans l'est de l'Ukraine ?

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MOSCOU, 13 août
 

La présence de combattants de sociétés militaires privées américaines, britanniques, polonaises et italiennes en Ukraine n'est plus un secret depuis longtemps, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Ces 200 ou 300 mercenaires professionnels combattent aujourd'hui presque légalement contre la population de la république autoproclamée de Novorossia (Nouvelle Russie) - ils sont rémunérés mais ne s'empressent pas de rejoindre le front.

On trouve aussi des volontaires "idéologiques" de l'étranger, qui sont accueillis les bras ouverts par les "bataillons de défense territoriale" comme Azov et Aïdar. Ils sont recrutés parmi des nazis et des criminels. Ils se battent largement moins bien qu'ils ne s'en vantent sur les réseaux sociaux, et se font parfois capturer par les forces d'autodéfense populaire de Novorossia.

La plus notable "acquisition" des forces d'autodéfense a été la capture d'un citoyen de Suède – Michael Skilt, 37 ans, instructeur-tireur d'élite du bataillon Azov qui a servi sept ans dans l'armée suédois et a une expérience de la guerre au Proche-Orient. Selon l' "hagiographie" officielle du bataillon Azov, le néonazi et raciste Skilt est un défenseur de la démocratie venu en Ukraine comme touriste, qui s'est épris des idées pro-européennes ukrainiennes à Kiev et, débordant de sentiments, a rejoint le mouvement ultranationaliste Pravy Sektor (Secteur droit). Il est arrivé dans le Donbass directement depuis la place de l'Indépendance (Maïdan Nezalejnosti).

Il a été capturé par les forces d'autodéfense quand ses "confrères" du bataillon ont tout simplement abandonné ce "viking insaisissable" dans un combat en reculant de manière désorganisée et sans prévenir.

Le responsable d'une concession automobile en Italie Francesco Falcone, 54 ans, fait également partie du bataillon Azov. Il s'est avéré que son grand-père faisait partie des 130.000 fascistes italiens envoyés par Mussolini à Stalingrad, pris au piège dans un chaudron et tués lors d'une tentative de percée en hiver 1942. C'est pourquoi le "descendant de légionnaire" Francesco hait les "russophiles", soutient les islamistes et était même prêt à se convertir à l'islam dans sa jeunesse, mais la mémoire de Duce a été plus forte. "J'ai rêvé toute ma vie d'une expérience comme celle-ci. Il n'y a pas de place pour les sentiments. C'est la guerre. Je suis ici pour tuer", a-t-il témoigné devant les journalistes occidentaux.

Il est bien plus intéressant d'apprendre qui a recruté cet Italien préretraité dans le bataillon punitif Azov: d'après les renseignements des forces d'autodéfense populaire, il s'agit du Français Gaston Besson, 47 ans, chef de la dite "légion étrangère" dans le cadre du bataillon.

Ce n'est sûrement pas par romantisme militaire que cet instructeur de la véritable Légion étrangère française, blessé à trois reprises et qui en a vu de toutes les couleurs pendant la guerre en Yougoslavie, est venu en Ukraine. Les forces d'autodéfense estiment que ce "spécialiste", marié à une Croate et qui résidait jusqu'à présent en Croatie, s'occupe du recrutement de combattants étrangers pour participer à la guerre dans le Donbass. En tout cas, Besson est le premier à avoir diffusé sur les réseaux sociaux l'appel à se mobiliser pour la "guerre contre la Russie" adressé à ses anciens compagnons d'armes. Il se plaint sur Facebook d'être le seul Français à combattre aujourd'hui aux côtés de trois Suédois, trois Finlandais, un Canadien et un Italien.

Les combattants des forces d'autodéfense rapportent souvent avoir vu, tué ou capturé des Arabes, des Noirs ou des ressortissants de pays baltes. Un représentant du service de contre-espionnage de la république autoproclamée de Donetsk a notamment déclaré qu'il y avait des Egyptiens, des Soudanais, des Croates et des Albanais parmi les mercenaires étrangers.


« Le Grand Homme » : Le légionnaire et l'enfant ***

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H.L. | Publié le 13.08.2014

Jérémie Renier (à droite) est impressionnant dans le rôle d’un ex-légionnaire contraint de s’occuper du fils d’un de ses frères d’armes disparu mystérieusement. | (Les Films Hatari.)


Ils sont amis à la vie à la . Une camaraderie virile entre deux légionnaires qui ont survécu à une embuscade en Afghanistan. Le Tchétchène Markov a sauvé son copain français Hamilton, grièvement blessé par des tirs rebelles lors d'une opération non autorisée par la hiérarchie. Ce qui lui vaut d'être rendu à la vie civile sans les honneurs dus à ses campagnes, ni les papiers d'identité qu'il espérait obtenir.

De retour à , Markov tente de s'en sortir dans la clandestinité avec son jeune fils Khadji, qu'il a récupéré dans un centre de séjour pour étrangers venus de l'Est. Pour qu'il puisse travailler légalement, Hamilton lui fait alors don de sa véritable identité, Michael Fernandez. Mais la disparition accidentelle de son camarade tchétchène va contraindre le jeune soldat à prendre en charge lui-même la destinée de l'enfant.

Tout à la fois récit initiatique, réflexion sur le thème de la paternité, de la mort du père et sur la quête d'identité, ce drame d'une belle sobriété permet à la réalisatrice Sarah Leonor, qui s'est inspirée du mythe antique de l'épopée de Gilgamesh, d'aborder avec subtilité la question contemporaine des immigrés sans papiers. Les deux acteurs tchétchènes ont été castés dans leur pays, sur et une audition par Skype, et le jeune Ramzan Idiev se révèle d'un naturel fort convaincant dans le rôle de l'enfant. Quant à Jérémie Renier, qui avait démontré ses capacités de métamorphose en incarnant Claude François dans le biopic « Cloclo », il livre ici une interprétation véritablement impressionnante dans la peau d'un homme tout d'un bloc, montagne de muscles et de certitudes, solitaire sans aucun état d'âme, que les circonstances vont faire évoluer vers l'altruisme et une forme de bienveillance. Les pères de cette trempe ne sont pas légion au cinéma.

Drame français de Sarah Leonor, avec Jérémie Renier, Surho Sugaipov, Ramzan Idiev.
Durée : 1 h 47.

Le Parisien


Carcassonne : un jeune aventurier audois de retour d'Amazonie

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Le 13 août

Un singe laineux, nombreux dans la région.(Photo par N. Vassaux)
Gare aux serpents venimeux !(Photo par N. Vassaux)
Un python pas content d'être délogé d'un palmier.(Photo par N. Vassaux)
Nelson Vassaux, avant son départ ce printemps.(Photo par CARCASSONNE NATHALIE AMEN VALS)

Les mygales, le climat équatorial, les serpents venimeux, l'absence d'eau courante et d'électricité... Tout cela ne le dérange pas. Bien au contraire, il en redemande ! Rêve réalisé pour Nelson Vassaux, 19 ans.

Cet étudiant en gestion et protection de la nature au lycée Charlemagne, vient de rentrer de trois mois de mission en Amazonie. Dans le cadre de sa formation, ce jeune Audois s'était porté volontaire au sein d'une association environnementale, parmi une vingtaine d'autres jeunes français. Il a dû faire appel à ses proches pour se payer ce séjour : l'association lui a réclamé 2 000 € pour l'hébergement et la nourriture.

« J'en ai pris plein les yeux », confie l'étudiant, deux semaines après son retour, le chapeau de cuir toujours sur sa tête. Tout en avouant son scepticisme sur la démarche de cette association, censée lutter contre la déforestation. « Nous devions couper la forêt pour installer des bungalows, afin d'accueillir de nouveaux écotouristes. Ça nous a choqués », avoue Nelson Vassaux. Même sentiment d'amertume pour la protection des singes, alors que le Carcassonnais était chargé de l'entretien des enclos.

« C'était un zoo... En trois mois, nous n'avons pas vu une seule réintroduction », explique-t-il. Pire : sept singes sont morts pendant ce séjour « alors qu'ils étaient en bonne santé...»

Voilà pour le côté négatif de l'aventure. Nelson Vassaux préfère se remémorer les bons souvenirs. Et ils sont nombreux. Comme le contact avec les autochtones. « Ils sont magiques. Ils n'ont rien mais ils veulent tout partager avec vous. Ils m'ont dit que si je revenais, je serais le bienvenu ».

Le jeune étudiant évoque aussi ses rencontres avec la faune locale... Chaque soir, alors qu'ils gagnaient leurs bungalows, les volontaires français devaient inspecter leur logement. « Nous trouvions des mygales et des serpents que nous devions faire sortir. On évitait de marcher pied nu. » Au premier jour de son arrivée au campement, Nelson Vassaux a dû déménager un python qui n'était pas content de quitter son palmier.

À la rentrée, le jeune étudiant réalisera un compte rendu de son séjour exotique à son professeur principal. Travail qui donnera lieu à une note pour l'examen de BTS en fin d'année. Sans omettre de signaler les problèmes rencontrés avec l'association... Nelson Vassaux rêve déjà d'un nouveau départ en Amazonie. Ce sera peut-être pour les prochaines grandes vacances. Il veut gagner la Guyane Française, toujours pour vivre en plein cœur de la forêt et travailler dans l'écotourisme. Il retrouvera là les paysages contés par son père, pendant sa jeunesse, alors qu'il était légionnaire.


Décès du felquiste François Schirm

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7 août 2014 |Jean-François Nadeau

Photo: Normand Pichette Des membres du FLQ au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines en 1975. François Schrim est à l'extrême droite.

Le militant indépendantiste François Schirm est décédé à Laval à l’âge de 82 ans. Né en Hongrie, soldat de la France coloniale en Indochine et en Algérie, il avait épousé l’idéal indépendantiste du Québec des années 1960 après y avoir immigré. Surnommé « le général », cet ancien sergent des parachutistes de la Légion étrangère française fut l’âme d’une faction armée du Front de libération du Québec avant de croupir pendant de longues années derrière les barreaux.

En août 1964, Schirm et sa bande attaquent une armurerie de Montréal dans l’intention de faire provision de munition et d’armes. Leur voiture contient alors un véritable arsenal, montre la photo du Devoir de l’époque. L’attaque, première action d’importance du groupe, tourne court. La police intervient. Dans un échange de coups de feu, un policier tue un employé du commerce. Un des quatre jeunes révolutionnaires sous la direction de Schirm abat pour sa part le propriétaire de l’International Firearms, situé rue De Bleury. Schirm lui-même est blessé d’une balle à la cuisse. Dans les jours qui suivent, il y aura douze arrestations liées à cette attaque.

Les jeunes militants dirigés par Schirm ont suivi au préalable sous ses ordres une formation de commando dans la perspective de rejoindre une vaste lutte armée. Tout feu tout flamme, ils sont pressés d’agir. Les exemples du Cuba de Castro et de l’Algérie de Ben Bella, entre autres, bouillent dans leurs consciences. 

Né à Budapest en 1932, Schirm s’établit en France comme réfugié à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. À 18 ans, il s’engage dans la Légion étrangère française. Parachutiste, rompu aux techniques de combat les plus dures, il se retrouve en Indochine à se battre contre les indépendantistes du Vietminh, puis en Algérie contre ceux du FLN. Mais ce sergent des parachutistes se dit dégoûté de la politique coloniale française lorsqu’en 1956 il quitte la Légion pour immigrer l’année suivante à Montréal. Au Québec, il vit d’expédients et gagne un peu d’argent grâce à de petits métiers, tout en éprouvant le sentiment d’être exploité. C’est fort de cette conviction qu’il s’intéresse à un nouveau groupe de pression politique, le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), fondé en septembre 1960 à l’initiative du traducteur André D’Allemagne et du chimiste Marcel Chaput.

Dans Le Devoir, en ce début de décennie, le rédacteur en chef André Laurendeau écrit qu’il ne voit pas comment la situation révolutionnaire algérienne pourrait être transposée au Québec. Il ne tardera pas à être détrompé. 

En juin 1964, la faction militariste du Front de libération du Québec se donne le nom d’Armée révolutionnaire du Québec. Elle est fondée par trois anciens militaires : Pierre Tousignant du Royal 22e Régiment, Gilles Turcot des Black Watch et Schirm. D’autres anciens militaires se joignent au groupe, explique Louis Fournier dans son histoire du FLQ. 

À la suite de son procès, François Schirm est condamné à mort, tout comme son compagnon Edmond Guénette. Sa peine, commuée en prison à vie, durera finalement près de quatorze ans. En 1974, Schirm avait refusé d’être déporté en Europe. Il répétera avoir été prêt à donner sa vie sans réserve pour « la libération du peuple du Québec ».


«Le Grand Homme», légion dangereuse

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Bruno ICHER 12 août 2014

Surho Sugaipov et Ramzan Idiev, héros de père en fils. (Les Films Atari)
 
CRITIQUE

Inspirée par le mythe de Gilgamesh, Sarah Leonor suit avec talent et délicatesse les tribulations de trois superbes héros.

Aux grands hommes, la patrie n’est pas toujours reconnaissante. Il n’est pas question ici du taux - élevé - de remplissage du monument de la montagne Sainte-Geneviève, mais bien de la définition moderne du qualificatif : c’est quoi, aujourd’hui, un grand homme ? Sarah Leonor prend tout son temps pour répondre à la question contenue dans le titre du film, curieusement aussi anodin en apparence qu’entêtant dans le déroulement du récit.

Drapeaux. Ils sont trois à postuler à la distinction. Deux amis, Hamilton (Jérémie Renier) et Markov (Surho Sugaipov), sous-officiers dans la Légion étrangère qui bravent le danger dans un avant-poste d’Afghanistan pour tromper l’ennui et mesurer leur bravoure. Le troisième est un enfant, Khadji, le fils de Markov, que son père a confié à des amis le temps de finir ses cinq années de service sous les drapeaux. A la clé, un enjeu de taille : la nationalité française et la fin des ennuis.

Chacun de ces trois individus, au cours du récit, mérite amplement qu’on lui reconnaisse le titre de «grand homme». Markov parce qu’il sauve son ami, Hamilton parce qu’il démontre sa gratitude avec un panache admirable et enfin le jeune Khadji parce rien n’est plus difficile pour un enfant que d’avoir à prendre des décisions d’adulte, et de devoir s’y tenir.

Pour construire ce récit traversé par des problématiques de société qui font rarement les grands films (sans-papiers, exil, surdité des institutions…), Sarah Leonor a mis dans le mille de la modernité et du romanesque. Elle s’est inspirée de l’Epopée de Gilgamesh, légende antique de Mésopotamie qu’elle a découverte dans sa traduction française alors qu’elle venait de vivre deux deuils : celui de son père et celui de Guillaume Depardieu, avec lequel elle avait réalisé le dernier film du jeune comédien, le magnifique Au voleur. Le mythe, qui explore les mystères de la vie et de la finitude au travers des aventures du jeune roi Gilgamesh et de son jumeau antagoniste, Enkidu, a trouvé en elle un écho intime et violent.

La transposition du mythe dans le Paris d’aujourd’hui, encadré de deux épisodes solaires en Afghanistan et à Marseille, n’a rien d’un artifice. Les deux soldats revivent, sans le savoir, et sans qu’il n’en soit jamais fait mention, l’amitié fusionnelle du roi de Mésopotamie et de son double, faisant l’apprentissage douloureux de la séparation, voyant leurs illusions d’immortalité et de jeunesse fracassées par l’expérience de la mort de l’un d’eux. Souviens-toi que tu vas mourir…

Souffle. Outre la délicatesse de la mise en scène, le Grand Homme doit aussi beaucoup à son trio de comédiens, Jérémie Renier, en dépit d’une filmographie bien remplie (33 ans, 50 films), réussissant une fois encore le tour de force de surprendre, ici dans le registre du dur-à-cuire. Construit en segments de durée sensiblement équivalente, manière de dire qu’aucun des personnages n’est réellement le héros de cette histoire, le film déroule alors une mécanique de tragédie où les héros, faute de mieux, se mesurent aux rouages rouillés d’une société à bout de souffle. Les épreuves n’en sont pas moins dures et, finalement, la leçon est toujours aussi cruelle. Etre un homme, un grand homme, c’est comprendre que l’on va mourir, et que personne d’autre que soi-même ne pourra reconnaître sa bravoure et son sens de l’honneur.


Nu et paysage de Nicolas de Staël, du Havre à Antibes

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Lundi, 11 Août, 2014

Découverte au musée Picasso d’Antibes, par le biais d’une étonnante série de nus, parfois inédits, des talents de dessinateur de ce maître de la couleur qui s’est suicidé en pleine ascension créatrice. Au Havre, le musée Malraux s’est tourné vers ses paysages avec de subtiles correspondances.

De la révolution bolchevique dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg, future Leningrad, le petit Nicolas de Staël von Holstein, qui aurait eu cent ans cette année, n’aurait eu gravé dans sa mémoire, selon son biographe Laurent Greilsamer, qu’une « flaque écarlate », souvenir brûlant de cette nuit sanglante du 13 mars 1917 durant laquelle son aristocrate et général de père l’a exfiltré, avec ses deux sœurs, de la forteresse Pierre-et-Paul, la « bastille tsariste » qu’il commandait. Trente-huit ans plus tard, presque jour pour jour, le grand Staël étale sur le haut d’une toile gigantesque une grande flaque écarlate, et sous ce ciel rougeoyant, peint son fulgurant chef-d’œuvre, le Concert. Deux jours après, le 16 mars 1955, vers 22 heures, il ferme la porte de son atelier d’Antibes, grimpe les escaliers jusqu’à la terrasse de l’immeuble de la rue du Revely et jette son double mètre de peau et d’os dans le vide. La veille, son ami, le conservateur communiste du musée Picasso, Dor de la Souchère, l’avait pourtant photographié, souriant…

En perpétuelle recherche

Entre cette fuite traumatisante et ce suicide toujours inexpliqué, Staël a, dès le plus jeune âge, donné sa vie, obsessionnellement, à la peinture. Y compris pendant la guerre durant laquelle, après s’être engagé dans la légion étrangère, il se lie dans la région niçoise avec le pionnier de l’art abstrait, l’Italien Magnelli, tandis que son épouse Jeanine, qui, elle, vend des toiles, fait bouillir la marmite pour leur petite Anne. À la Libération, c’est une nouvelle génération de peintres abstraits qui enterre (en 1944) à Neuilly son dieu, Kandinsky, et qui profite des conseils de son parrain, l’inclassable Braque. Parmi eux, Staël, qui zigzague entre peinture figurative et abstraction, se fait remarquer, malgré une faible production en nombre, par la richesse visuelle de ses tableaux. Mais, en perpétuelle recherche, le peintre tourmenté peine à achever ses œuvres, en détruit de nombreuses, tandis que Picasso, alors au faîte de sa notoriété, poursuit sur la lancée de ses trouvailles permanentes. Les deux génies, au début des années 1950, vont avoir pour points communs leur installation à Antibes avec une nouvelle compagne, en l’occurrence Jeanne Mathieu pour Nicolas. C’est à cette époque que « le grand échalas slave », comme le surnomme Jean-Louis Andral, conservateur en chef du musée Picasso d’Antibes, « remplace le couteau qui le faisait maçonner ses couleurs par le pinceau, en brossant des formes fluides de paysages et de nus ». Dans le même temps, Staël, au grand dam de ses plus proches amis peintres, bascule définitivement dans le figuratif. Un tableau charnière (le Parc des Princes, 1952) ouvre, à juste titre, l’exposition (1). « Assistant au match de foot France-Suède, il a été subjugué par les contrastes de couleurs dans le stade et la puissance de la lumière des projecteurs. Avec ce tableau, il retourne à ce qu’il avait délaissé, la figuration », explique Jean-Louis Andral. Accompagnant la même année cette œuvre, deux Études de footballeurs, où figurent en bonne place les attributs virils des artistes du ballon rond, feront scandale dans la presse puritaine. Il s’ensuivra néanmoins pour Nicolas de Staël l’exécution d’une série de nus, mais pour la plupart féminins et assez pudiques au fond. Série parachevée, quelques semaines avant la mort du peintre, par le somptueux Nu couché bleu, dont on se demande toujours s’il figure une femme ou un paysage méditerranéen. Peut-être les deux à la fois , ce qui apparaît tout autant et inversement au musée Malraux du Havre. « En tout cas ce n’est pas Jeanne, car, malgré l’amour que Nicolas lui portait, elle ne fut pas son modèle », indique Jean-Louis Andral, pas peu fier de pouvoir présenter de nombreux dessins inédits, restaurés et encadrés par ses soins, dénichés au castelet familial de Ménerbes (Lubéron) que l’artiste avait acquis en 1953 pour se rapprocher de René Char, son ami de toujours. Autant de dessins, à l’encre de Chine et au fusain, qui rappellent certains travaux préparatoires d’un Matisse et même d’un Picasso, dont on peut, dans le même musée, admirer certaines œuvres de sa période azuréenne. Mais un étage au-dessus quand même…

Antibes (Alpes-Maritimes), 
envoyé spécial.


Guy Marchand : "Bardot? C'était le Saint Graal"

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10/08/2014

Après Truffaut, Pialat, Claude Miller, Costa-Gavras ou Samuel Fuller,
c'est au tour de la jeune génération de s'arracher ce jeune homme de 77 ans.
Si Guy Marchand joue volontiers les taciturnes au cinéma,<br />il n'est qu'humour et joie de vivre dans la vie.
Si Guy Marchand joue volontiers les taciturnes au cinéma,
il n'est qu'humour et joie de vivre dans la vie.
(Photo Mathieu Bertholet)

Passez un moment avec Guy Marchand et vous aurez l'impression que le 7 a bégayé sur son état civil. Qu'il a plus certainement 7 ans que 77. L'enthousiasme, un appétit de vivre féroce, l'humour au coin de chaque phrase et des enthousiasmes de jeune garçon: l'interprète de La Passionata a trouvé sa fontaine de jouvence. Ce n'est pas qu'il n'aime pas son nouveau film qui sort mercredi prochain, La Dune, il trouve même que c'est une belle histoire... Mais pour l'instant il n'a qu'une envie, parler du nouveau joujou qu'il vient de s'offrir: une Ford Mustang verte. « Elle est sublime! C'est la même que Steve McQueen dans Bullitt! Je crois que je ne grandirai jamais »... Tant mieux!

Gaël Morel, Christophe Honoré, Ducastel- Martineau... Les jeunes cinéastes ne vous lâchent plus. Qu'est-ce qui se passe?

« Franchement? Aucune idée! Peut-être qu'ils aiment bien les vieux. Ils ont en commun de porter des jeans usés avec des trous aux genoux... Je pense qu'ils aiment aussi les acteurs fatigués avec des genoux qui flageolent. C'est logique. »

Pour la deuxième fois de suite vous jouez un homosexuel. Ça a changé votre regard sur les hommes qui aiment les hommes?

« Je ne le savais même pas! J'ai une sale habitude, je ne lis pas les scénarios. Je préfère que le réalisateur m'invite à déjeuner et me raconte une histoire... En l'occurrence, je pensais juste que Niels Arestrup et moi mettions beaucoup de chaleur dans nos rapports... Mais je sais bien pourquoi vous me posez cette question: on m'a souvent habillé en homophobe. Ce n'est pas moi du tout. J'ai eu de grands amis homos, comme Chazot, Brialy. Et si je n'en ai jamais croqué, je les embrassais tendrement parce qu'ils sentaient toujours bon. J'en ai encore d'ailleurs. Je vais vous dire: je préfère cent fois manger avec mon pote Dave qu'avec n'importe quel hétéro chiant. Le mariage pour tous? J'ai toujours trouvé ça très bien... Il n'y a pas de raison qu'on soit les seuls à être emmerdés. Mais je n'aime pas pour autant les hétérophobes. Comme dit Nicolas Bedos: je veux quand même conserver le droit de foutre mes copains pédés en boîte. »

Vous venez d'achever le tournage de « Calomnies » avec Mocky: pas trop de coups de gueule?

« Même pas. Le personnage ne m'a pas interpellé. A vrai dire, je ne l'ai pas compris. »

Votre premier film, « Boulevard du rhum », c'était avec Bardot...

« J'étais devant Bardot comme devant ma Mustang, c'était la finalité, le Saint Graal, la Vénus de Milo, Aphrodite... Vous vous rendez compte: mon premier baiser de cinéma, c'était BB! On a oublié la déesse que c'était! Lino ne voulait pas l'embrasser, moi je ne demandais que ça. Et j'aurais bien passé plus de temps avec elle, mais il m'avait pris sous son aile pour faire mon éducation artistique: tous les musées de Mexico y sont passés. »

"La Passionata" pour la fête de la Légion

Duquel de vos succès êtes-vous le plus fier?

« Le Dernier Bal des GI ou La Passionata, que j'avais écrite pour la fête de la Légion en 1962 . On avait fait un tableau espagnol... Avec des légionnaires habillés en hommes et d'autres en femmes. Cette chanson était un cri de dérision et désespérance. Aujourd'hui, je ne peux plus la faire: c'est dans les aiguës que ça devient grave à mon âge. »

Si vous deviez organiser un dîner idéal, qui serait invité?

« Je ne citerai aucune femme, pour ne pas vexer. Mais il y aurait Lino forcément, Serrault, Galabru, tous mes maîtres. On boirait du vin rouge et on écouterait un bon Barry White ou du Harry Connick. Je ne suis pas sûr que je sortirais un grand cru parce que s'il y a aussi mon Jeannot chéri (ndlr: Jean Carmet), ce n'est pas son truc. Un jour que j'avais sorti un super vin, il m'a dit: "C'est trop bon pour moi. Je bois du mauvais vin en grande quantité." »

Le plus difficile c'est d'écrire sur soi ou de réussir un polar?

« Un écrivain écrit toujours sur lui: qu'il parle de Napoléon ou de n'importe qui, il parle de lui. Quant au polar, pour moi ça n'existe pas: la mort fait partie de la vie. »

Il y a un malentendu avec Guy Marchand: au fond vous êtes un grand sensible.

« Évidemment! J'ai encore toutes mes trouilles d'enfant, c'est pour ça que jouer la comédie correctement ce n'est pas si compliqué pour moi. Ma femme , qui aime dire que je suis son accessoire vintage (il rit) me dit toujours: "Gratte l'acteur: tu vas trouver l'actrice." C'est chanter qui est difficile: il y a un côté technique qu'il faut maîtriser. »

C'est quoi pour vous une journée réussie?

« Toutes les journées sont réussies si on n'a fait de mal à personne, si on a pensé aux siens et un peu à ceux qui sont partis. C'est dans le présent qu'on trouve le bonheur et le présent c'est l'éternité. »

(1) Guy Marchand a servi dans la Légion étrangère puis chez les paras.
(2) Il vient de publier « Calme-toi Werther » chez Ginkgo éditions.
(3) Adelina, 38 ans, originaire de Sibérie, est son épouse depuis dix ans.


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