AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

2015


Nîmes : le 2e REI blinde un peu plus sa capacité opérationnelle

Envoyer

31 janvier 2015

Les véhicules réceptionnés samedi 31 janvier au quai de Grézan. Photos L. T.

Un peu Noël après l'heure pour tous les légionnaires du 2e Régiment étranger d'infanterie (REI). Le colonel Putz a réceptionné dix-sept véhicules nouvelle génération.

C'était un peu Noël après l'heure pour le colonel Valery Putz et tous les légionnaires du 2e Régiment étranger d'infanterie ( REI ). Samedi matin, ils sont allés au quai de Grézan pour réceptionner dix-sept nouveaux véhicules blindés de combat d'infanterie, les fameux VBCI dédiés au transport, à la protection et à l'appui-feu des groupes d'infanterie. C'est le huitième (et dernier) régiment de l'armée française à recevoir ce véhicule nouvelle génération,...

PIERRE ET HENRY chavancy. Le général de Lyon et le soldat du Racing

Envoyer

Publié le 31/01/2015

Du rugby à l’armée, il n’y a qu’un pas que franchissent le général Pierre Chavancy, gouverneur militaire de Lyon, et son fils, Henry, centre du Racing, qui affronte ce soir le LOU.

Le gouverneur militaire de Lyon, Pierre Chavancy, est un passionné de rugby. Son fils, Henri (en médaillon, AFP),

défend les couleurs du Racing. Un vrai dilemme pour le père, fervent supporter du Lou. Photo Philippe Juste

«Sur le terrain, je suis un soldat ! » Dans la bouche du centre du Racing, Henry Chavancy, cette phrase prend une signification particulière. En effet, il est le fils du général de corps d’armée, Pierre Chavancy, gouverneur militaire de Lyon, depuis le 1er août dernier.

Un père supporter du Lou

Dans la famille Chavancy, le rugby est une passion. Judoka de formation au Racing Club de France, le général Chavancy confie avoir toujours été attiré par ce sport. « Où la stratégie du jeu et les valeurs des joueurs sont proches de celles que connaissent les soldats de l’armée de terre », précise-t-il. Si sa fille, Hortense (20 ans), pratique l’équitation, ses deux fils, Henry (26 ans) et Louis-Mathieu (24 ans), 3e ligne à Versailles en Fédérale 3, sont des enfants de la balle. « Petit, Henry était remuant et aimait se rouler dans la boue avec ses copains. On l’a donc mis naturellement à l’école de rugby de Nîmes, où j’étais alors stationné », précise Pierre Chavancy. Mais c’est à Djibouti, où le général commande la 13e demi-brigade de légion étrangère, que l’adolescent va s’endurcir ballon en mains. « Il n’y avait pas de garçon de son âge pour jouer au rugby, explique son papa.

Il devait se frotter aux adultes sur un terrain en sable concassé. Ça forge le caractère », martèle le général Chavancy. « On jouait entre nous, mais on affrontait aussi les Marines américains ou les équipages des bateaux qui débarquaient, se souvient Henry. Il fallait être vaillant ! C’est une formation rugbystique atypique, mais que je ne renie pas. Elle m’a apporté beaucoup sur le plan physique et m’a servi pour atteindre le haut niveau, même si cela me coûte aujourd’hui quelques lacunes techniques que j’essaie de gommer. » Avec une telle formation et sa filiation, est-il utile de préciser que ses qualités premières sont la discipline et la défense ? « J’adore plaquer et défendre. J’aime aussi la solidarité et le sens des responsabilités qui se dégagent d’une ligne de front défensive, où chaque coéquipier a un rôle important à jouer. On s’entre-aide pour ne rien lâcher », explique Henry.

« Abnégation, sens du sacrifice, combat. Même s’il faut en relativiser leur portée, ce sont des mots qu’on utilise aussi bien dans l’armée que dans le rugby, un sport stratégique par excellence », souligne le général Chavancy, avant d’ajouter: « Comme chez nous, (sic) le vainqueur est souvent le plus intelligent et le plus lucide dans les moments clés. » Ce soir, en revanche, il espère un résultat nul entre le Racing, où joue son fils, et le LOU, dont il est devenu un fervent supporter. « Dans la famille, on ne prend pas partie. Mon épouse, Florence, arborera une écharpe « ciel et blanc » autour du cou et moi j’aurai l’écharpe « rouge et noir » du LOU autour du cou », glisse-t-il en souriant.

Yves Billet


Le « centre officiel du monde » a deux habitants, Jacques-André et sa femme

Envoyer

30/01/2015

L’église de Felicity, en Californie (Mike Towber/Flickr/CC)

Un matin de la fin du mois de janvier, Jacques-André Istel se réveilla dans sa villa de Felicity, en Californie. Après une série de 100 pompes et de 125 flexions, il fit quelques longueurs dans sa piscine, luxueusement éclairée, puis remonta à l’étage où il déjeuna au lit comme il en avait pris l’habitude depuis son enfance à Paris.

Dans la foulée, il enfila une chemise bleue et noua un foulard ascot autour de son cou, avant de se rendre à son bureau sis au 1, place du Centre du Monde.

C’était le jour de son 85e anniversaire.

Père fondateur de Felicity, Istel avait été élu maire de la ville il y a de cela trente ans, et il le resterait probablement jusqu’à la fin de sa vie. Il avait été élu à l’unanimité : Istel avait naturellement voté pour lui, tout comme sa femme Felicia, la seule autre personne résidant alors à Felicity.

Inaugurée en 1986, la ville comptait en son sein la villa des Istel ainsi qu’une demi-douzaine d’autres bâtiments construits par le couple sur 1 040 hectares de terrain au beau milieu du désert, à proximité de Yuma en Arizona, en bordure de l’autoroute I-8.

Au centre de tout, une drôle de pyramide

Tout au nord de la ville, en haut des marches d’un escalier massif, se dressait l’église qu’Istel avait fait bâtir en 2007, inspirée d’une petite chapelle bretonne. C’est une église somptueuse dont il émane une grande sérénité, bien qu’elle semble étrangement décalée dans le paysage. Mais ce n’est rien en comparaison de la pyramide de pierre et de verre qui culmine à plus de six mètres de haut, à l’autre bout de la ville. Et pour cause : la pyramide marque l’emplacement exact du centre du monde.

Techniquement, la Terre formant une sphère quasi-parfaite, n’importe quel endroit de la planète pourrait être considéré comme le centre du monde. Cela, Istel ne le discute pas. « Le centre du monde pourrait se trouver dans votre poche ! », m’a-t-il dit.

Malgré cela, il était parvenu à faire de son centre du monde le centre du monde officiel : en 1985, il avait persuadé les membres du conseil du comté d’Imperial de prendre part à son absurde farce, désignant la pyramide comme le centre de tout.

Une plaque a été posée pour marquer le point, et en échange de trois dollars, les visiteurs peuvent pénétrer dans la pyramide pour se tenir au centre du monde.

La pyramide de Felicity (Kirs10/Wikimedia Commons/CC)

Un mur du souvenir

Au cœur de Felicity, entre la pyramide et l’église sur la colline, s’étend une série de monuments triangulaires. La plupart d’entre eux mesurent 30 mètres de long, sont aussi hauts qu’un homme et se composent de 62 plaques de granit, chacune d’elles pesant 216 kilos. Elles sont la matérialisation d’une idée simple qu’Istel avait eu 25 ans plus tôt : « Ne pourrait-on pas graver les noms de nos êtres chers sur un mur du souvenir ? » (« Les gens qu’on aime », dit-il, « on ne veut pas les oublier. »).

Il engagea donc un graveur sur pierre et, un projet en entraînant un autre, il s’offrit les services d’un jeune artiste virtuose pour fixer dans le granit des portraits et des scènes historiques.

Ces monuments retracent notamment l’histoire de l’aviation française, de la légion étrangère, de la Californie, de l’Arizona ou des Etats-Unis. Une variante encyclopédique et sophistiquée de l’art rupestre, dont les fondations en béton armé sont ancrées dans le sol à un mètre de profondeur. Istel a pris soin de spécifier à ses ingénieurs que ces derniers devraient résister à l’usure de quatre millénaires.

Bien vite, il réalisa que son musée d’histoire en granit consumait son existence. Istel effectuait lui-même toutes les recherches et écrivait chacun des textes, réalisant parfois 50 ou 60 brouillons pour une seule plaque. Felicia, quant à elle, s’occupait de corriger ce qu’il écrivait – c’est une ancienne rédactrice de Sports Illustrated.

Felicity vue par satellite (Google Images)

Du Big Bang aux vikings

En 2004, il se rendit compte qu’il pouvait donner encore davantage de sa personne. Il entama la construction d’une série de huit monuments – pour un total de 461 plaques – disposés en cercle autour d’une plaque ronde. A l’épicentre, il disposa une pierre de Rosette multilingue. Son projet consistait à retracer « l’histoire de l’humanité ». A l’heure où j’écris ces lignes, le quart de l’objectif est atteint : la frise commence avec une gravure du Big Bang et s’étend jusqu’aux rituels funéraires des vikings.

Ces gravures au cœur de la ville constituent un ensemble stupéfiant et impossible à résumer d’évocations des triomphes, des folies, de la singularité et des violences de l’humanité. On y recense, pêle-mêle, « La Nuit étoilée » de Van Gogh, la juge Sandra Day O’Connor, le premier jeu de polo en 600 avant Jésus-Christ, la diffusion de l’islam, l’écrivain H. G. Wells, Lao Tseu, le hamburger, ou encore une caricature politique du XIXe siècle tournant en ridicule Thomas Jefferson – un chien de prairie attaché, vomissant de l’argent. Une ancienne croyance grecque y figure aussi, selon laquelle les diamants seraient des éclats d’étoiles tombés du ciel, ou encore un conseil de la cuisinière Julia Child : « Si vous redoutez le beurre, mettez de la crème. »

Comme il ne peut savoir à l’avance de qui ou de quoi sera constituée son public dans 4000 ans, Istel a conçu ce cadeau, qui vise à transmettre des vérités humaines fondamentales, écrites comme si elles étaient découvertes pour la première fois :

« Belle et romantique, notre Lune influence profondément les êtres humains. »

« Quel est l’intérêt de tout ça ? »

Je suis arrivé à Felicity le jour de l’anniversaire de Jacques-André. J’ai été invité à séjourner dans l’un des douze appartements de style motel construits par le couple sur la face est du musée. Aux dernières nouvelles, ils éprouvaient toutes les peines du monde pour trouver des locataires.

L’un des appartements était occupé par un inspecteur des produits d’Ocean Spray, qui séjournait ici pour visiter des usines de transformation de légumes dans la région. Un ancien patrouilleur des autoroutes californiennes vivait là depuis déjà onze ans, alors que ce dernier avait signé initialement un bail d’un mois.

Sur le bureau de ma chambre se trouvait une invitation écrite à la main sur le papier à lettres officiel de la mairie. J’étais convié à une fête d’anniversaire dans un bar sans prétention appelé le Jimmie Dee, suivie d’un dîner dans un casino indien. Le départ pour Yuma était fixé à 17h30 ce jeudi 28 janvier 2014.

Donn et Norma Gaebelein se trouvaient également à Felicity. Le mari, ancien directeur d’une école privée, était un homme puritain à l’apparence guindée. Il était aussi le plus vieil ami d’Istel. Les deux hommes s’étaient rencontrés près de 75 ans plus tôt en classe de quatrième.

Au départ, il pensait que Felicity n’avait aucun sens : « Quel est l’intérêt de tout ça ? Pourquoi ce fou de Français s’obstine-t-il à bâtir des choses, encore et encore ? », disait Gaebelein.

Ressentir la « portée du pouvoir » de Felicity

Prenez l’église, par exemple. Non seulement Istel n’est pas quelqu’un de religieux, mais en outre, sa mère était juive. Mais cela ne l’a pas empêché de se donner un mal de chien pour construire cette magnifique petite chapelle sur la colline. Colline qu’il a elle aussi créée en faisant appel à d’imposantes machines pour faire surgir du sol désertique un trapèze de plus de dix mètres de hauteur, conçu avec le plus grand soin et à l’épreuve des séismes.

D’après Gaebelein, Istel peut parfaitement expliquer pourquoi il s’est senti obligé d’ériger cette colline pour construire son église. « Je suis assez conservateur, j’ai le respect des convenances et du protocole. Si vous construisez un édifice dédié à une puissance supérieure telle que Dieu, il doit être placé plus haut que le reste », m’a confié l’intéressé. Mais pourquoi a-t-il voulu construire une église, cela, il n’en sait rien. Gaebelein affirme :

« Jacques mourra sans connaître la raison qui l’a poussé à construire cette chapelle, mais convaincu cependant qu’il en avait le devoir. D’ailleurs, très franchement, on pourrait dire la même chose de tout ce qui se trouve ici. »

C’était le quinzième séjour de Donn et sa femme à Felicity. Un moyen pour eux d’échapper aux rudes hivers new-yorkais.

Au bout du compte, ce qui s’apparentait au départ à un ouvrage absurde avait acquis une signification profonde. « Il faut vivre dans cet endroit, dormir sur place, pour ressentir la portée de son pouvoir », conclut Gaebelein.

Découvrez la suite de l’histoire (payante) sur Ulyces.


Budget des armées : les rustines du gouvernement

Envoyer

Le Point - Publié le 29/01/2015

7 % du budget militaire 2015 ne sont pas financés. Un amendement à la loi Macron propose une solution provisoire, qui fait grincer les dents des militaires.

L'amendement prévoit que le ministre de la Défense puisse céder des biens de l'armée alors qu'ils continuent à être utilisés par ses services. © Loic Venance / AFP
Par

Les sociétés de projets (de droit privé) qui pourront acheter à la défense des matériels dont elle est actuellement propriétaire ou dont l'acquisition est prévue font l'objet, comme annoncé à l'issue du Conseil de défense du 21 janvier, du dépôt d'un amendement à la loi Macron. Cet amendement gouvernemental n° 2812 a été déposé le 23 janvier et peut être lu ici sur le site de l'Assemblée nationale. Il apporte des précisions importantes sur les intentions du gouvernement - à tout le moins de Jean-Yves Le Drian et d'Emmanuel Macron - soutenues par l'Élysée. Rappelons qu'il s'agit de trouver en urgence 2,2 milliards d'euros nécessaires pour boucler le budget 2015, soit environ 7 % de son montant "sanctuarisé" par la loi de programmation militaire. Ce budget 2015 devait être abondé par des ressources exceptionnelles produites par la vente de fréquences radio aux opérateurs télécoms. Mais celle-ci ne pourra sans doute pas se réaliser avant 2017. Or il faut que l'argent prévu soit parvenu aux armées avant la fin de l'été prochain.

Mécanismes de protection

Grâce à cet amendement à l'article 50 de la loi Macron, "le ministre de la Défense peut décider de procéder à l'aliénation de biens et droits mobiliers (...), alors qu'ils continuent à être utilisés par ses services ou ont vocation à l'être, dans le cadre d'un contrat de location avec une société à participation publique majoritaire." Le texte a pour objectif "à la fois" d"'assurer la sécurité juridique des opérations de cession-relocation" et de "prévoir des mécanismes efficaces de protection des biens cédés afin de garantir la continuité du service public de la défense", notamment en maintenant l'insaisissabilité des équipements cédés à la société de projet et en soumettant à l'accord préalable de l'État tout acte de cession, apport ou création de sûreté portant sur les biens cédés.

Éclaircissements

Les armées, qui préféreraient de très loin que le Trésor public assume les engagements gouvernementaux et parlementaires, sont officiellement indifférentes à la manière dont leur budget 2015 sera abondé. Mais, dans la réalité, un sous-amendement déposé le 26 janvier par le député UMP Jean-François Lamour révèle leurs préoccupations. Il demande en particulier que le gouvernement produise un rapport éclaircissant trois points essentiels : "la liste exhaustive des matériels potentiellement concernés (...) en précisant l'échéance envisagée pour le rachat en pleine propriété de chacun de ces matériels par l'État". Il sollicite en outre de connaître "les conditions posées à la participation d'investisseurs privés au capital des sociétés de projets ainsi que les garanties qui permettront d'y prévenir la présence d'investisseurs étrangers". Enfin, il réclame des détails sur "les modalités de rémunération des sociétés de projets ainsi que l'impact prévisible du dispositif sur l'endettement public".

Ce qui fâche les militaires

On sait déjà que le projet de vente et de location de matériels porte à ce stade sur des avions de transport A400M Atlas et sur des frégates FREMM. Jean-François Lamour se félicite que "les équipements touchant directement à la souveraineté nationale, tel l'A330 MRTT qui participe dans sa fonction de ravitailleur en vol à la dissuasion nucléaire aéroportée, ne soient pas concernés par la mesure". Et il conclut sur le fait qui heurte le plus les militaires, bien qu'ils ne s'expriment pas publiquement sur ce point : "Compte tenu de l'aléa inhérent aux recettes exceptionnelles, et ce, quelle qu'en soit l'origine, le budget du ministère de la Défense, sur lequel repose plus que jamais en cette période de grande tension sur le plan sécuritaire la protection de la sécurité des Français et des intérêts vitaux de la nation, devrait être intégralement financé par des ressources dont la survenance est certaine, c'est-à-dire par des crédits budgétaires."


En France, la cyberguerre est déclarée

Envoyer

Le 29 janvier 2015

La cellule de crise mise en place au lendemain des attentats contre « Charlie Hebdo », au ministère de la Défense, jeudi 22 janvier. A sa tête, le vice-amiral Arnaud Coustillière

(à dr.) est équipé d’un téléphone sécurisé pour communiquer avec les hautes autorités civiles et militaires. © Baptiste Giroudon

Alors que, de la Corée du Nord à la Syrie, partout les hackeurs attaquent l’Occident, la France mobilise ses forces.

On est passé de l’attaque à la pioche à l’attaque au rouleau compresseur… Dès l’attentat contre “Charlie Hebdo”, les hackings ont quintuplé de puissance. » Le vice-amiral Arnaud Coustillière ­supervise un petit salon plein à craquer, qu’il a transformé en cellule de crise. Pour faire face aux suites virtuelles des attentats de janvier, le ­chef du Commandement opérationnel de cyber­défense (Coc) a réuni dans l’urgence une équipe qui veille sur l’ensemble des menaces stratégiques d’Internet 24 heures sur 24.

Ces derniers jours, la méthode des hackeurs est relativement simple, mais très efficace. Ils concentrent au même instant des dizaines de milliers de connexions, ou « requêtes », sur un seul site Web, jusqu’à le saturer. Des heures durant, les militaires de la cyberdéfense doivent donc « reboucher » les trous. Les cibles ­récentes n’avaient guère d’intérêt stratégique, expliquent les militaires. Le but des pirates semblait n’être que de se faire mousser. Mais, dans l’ombre, se préparait une attaque beaucoup plus grave. Fait sans précédent, le Web français s’est ­retrouvé littéralement pris d’assaut par des hackeurs islamistes, solidaires des frères Kouachi. « Pour l’instant, affirme le vice-amiral Coustillière, on ne peut pas les décrire comme des terroristes car ils ne font pas vraiment de dégâts. Ce sont plutôt des cyber-hooligans, qui cherchent à montrer leur sympathie pour la cause du djihad, notamment en faisant la promotion de Daech. » On pirate la page d’accueil d’un site pour y placer, par exemple, le sigle islamiste noir sur fond blanc. Ainsi, sur l’emplacement du palais de l’Elysée, dans Google Maps, figure brièvement le drapeau islamiste. Des ­dizaines de mairies, dans le Val-d’Oise et en Seine-Saint-­Denis, mais aussi des écoles, des pizzerias ou des discothèques se sont vues affublées sur Internet ou Twitter de l’étendard du djihad.
« C’est après la grande marche du 11 janvier que nous sommes devenus le cœur de cœur de cible, assure ­Coustillière. On estime qu’environ 19 000 sites Web français ont été “défacés” par des ­pro-islamistes dans la semaine qui a suivi les attentats ! » Sans parler d’autres attaques d’opportunité, comme celle opérée contre le journal « Le Monde » par la Syrian Electronic Army, un groupe de hackeurs proches de la ­dictature ­syrienne…

Cette armée de l’ombre patrouille en permanence sur  le web pour y détecter des « flux noirs » et malveillants

Dans la cellule de crise, au cœur même de la cyberdéfense française, les uniformes se mélangent sans distinction : marine, aviation, armée de terre. On puise les compétences où elles se trouvent. Il y a même un officier de la Légion étrangère et quelques civils de l’Agence nationale de la sécurité informatique (Ansi), directement rattachée au Premier ministre pour gérer les aspects non militaires de la sécurité Internet. Là se coordonnent toutes les actions de surveillance des différents réseaux militaires, tant dans l’Hexagone que pour les forces en ­déploiement. « On a même un groupement d’intervention rapide embarqué sur le “Charles-de-Gaulle” [le porte-avions qui vogue vers le golfe Persique pour contribuer aux frappes aériennes contre Daech] », explique le colonel Laurent qui commande les opérations. Mais depuis les attentats contre « Charlie Hebdo », c’est sur la France que se concentrent les plus gros efforts.

SC_AC7A8499
Une adresse top secret dans Paris : celle du Calid, le Centre d’analyse de lutte informatique défensive. A sa tête, le lieutenant-colonel Dupuy (à g.). © Baptiste Giroudon

Les informaticiens de la cyber­défense ont pu pister nombre d’adresses IP des hackeurs, pour tenter de remonter jusqu’aux ordinateurs de ces nouveaux cyberdjihadistes. Bon nombre proviennent du Maghreb, notamment de cellules qui se font appeler « Mauritanian » et « Anonym-Ghost », émanant de la ­périphérie d’Alger. Mais un nombre ­important de « défacements » islamistes paraissent aussi originaires de France. « En soi, ça n’est pas une preuve catégorique, explique le lieutenant-colonel William Dupuy. Tout hackeur d’un certain niveau va chercher à faire passer son attaque par un serveur à proximité de sa cible. » Installé dans un immeuble anonyme sur la rive gauche de Paris, Dupuy dirige le Centre d’analyse de lutte informatique défensive (Calid), véritable bras armé de la cyberdéfense française. Ses hommes patrouillent en permanence sur le Web pour y détecter des « flux noirs », c’est-à-dire des lignes de codage inconnues, et donc certainement malveillantes.

19 000 sites français ont été « défacés »  par des pro-islamistes après les attentats

L’officier explique qu’on dénombre trois grands types de hacking. D’abord, le vandalisme, comme les « défacements » de ces derniers jours, essentiellement des actions psychologiques ou de propagande qui ne menacent en rien la ­sécurité informatique nationale. Ensuite l’espionnage. Et, enfin, le sabotage. Il ne s’agit plus ici de ralentir le fonctionnement d’un site Internet ni d’y planter quelques heures un drapeau. L’objectif consiste à se glisser dans un serveur pour en piller les données ou encore le ­détruire. Voire en prendre le contrôle à distance sans que ses propriétaires légitimes puissent ­résister. Cela ressemble à des jeux de rôle d’adolescents devant une console, mais les enjeux sont vitaux. Imaginez des comptes en banque qui se ­vident, des centrales nucléaires qui partent en surchauffe ou le courant électrique qui se dérègle sans qu’on puisse accéder aux ordinateurs de contrôle… « Mais tout cela demande de très grosses capacités informatiques que n’ont pas les cyber-vandales et les criminels, tempère Dupuy. Notre vrai défi, ce sont les Etats, ou les proto-Etats. » Comme Daech qui, depuis les territoires contrôlés en Syrie et en Irak, commencent à développer une réelle menace Internet. « On les voit se structurer, recruter et mettre en place une organisation du travail, assure le commandant du Calid. Là, on entre dans la véritable cyberguerre. »

Pour contrer cette menace, la France se dote actuellement – dans la plus grande discrétion – d’une « compagnie de combat cyber-électronique » qui éperonnera les activités offensives sur les réseaux, et pourra même se déployer avec les forces de combat dans différents pays. Pendant ce temps, le Calid fonctionne déjà en liaison avec direction générale de l’armement (DGA-MI), un centre basé en Bretagne qui travaille sur les menaces informatiques de pointe. Ils sont ainsi plus de 200 ingénieurs et mathématiciens doctorants à pratiquer la « crypto-analyse » pour déchiffrer les lignes de code hostiles, ou le « retro-engineering » pour démonter les mécanismes de virus détectés derrière les lignes de défense. Ces attaques et coups fourrés connaissent une croissance exponentielle. En Europe, le premier cas majeur remonte à 2007, quand des hackeurs russes ont paralysé la distribution de gaz et le secteur bancaire de la petite Estonie voisine. La même année, les ­Israéliens neutralisaient à distance un radar syrien avant un raid aérien. Puis le Mossad, probablement aidé par la CIA et les Allemands, est parvenu à implanter le ver informatique Stuxnet pour détraquer quelque 30 000 centrifugeuses nucléaires en Iran. Les Iraniens se sont vengés en 2013, avec une attaque contre le système informatique de l’entreprise Aramco qui a failli mettre à ­genoux l’ensemble de l’industrie pétrolière d’Arabie saoudite…

La Chine est l’un des pays les plus agressifs en matière de guerre électronique

En France, la cyberdéfense affirme avoir contré plus de 110 attaques « significatives » au cours de l’année 2014. Mais secret-défense. Seules deux grandes ­incursions sont connues : contre l’entreprise nucléaire Areva et contre le ministère de l’Economie et des ­Finances, en 2011. Avec Israël et la Russie, la Chine compte parmi les pays les plus agressifs en matière de guerre électronique. ­L’armée chinoise a même formé une unité de hackeurs basée à Shanghai, la « 613-98 », pour espionner l’ensemble des industries stratégiques occidentales. « Pendant un moment, c’était assez ­facile de les détecter : leurs attaques avaient toujours lieu avec le même décalage ­horaire, précise le lieutenant-­colonel Dupuy. Mais, maintenant, leurs ­méthodes se sont redoutablement affinées… » Au niveau stratégique, ces ­attaques d’espionnage émanant d’Etats puissants ­inquiètent beaucoup plus les militaires français que les actions de bas niveau dont sont capables les cyberdjihadistes et autres activistes du Net. « Il faut réaliser qu’on peut parler d’un véritable pillage commercial des entreprises ­industrielles européennes et françaises », avertit le vice-amiral Coustillière.

La nouvelle guerre numérique est donc tous azimuts. Elle peut être l’œuvre de groupes criminels motivés par le butin. Ou encore de groupes terroristes qui chercheraient à déstabiliser un pays, non plus en posant des bombes mais en ­minant ses réseaux informatiques… Elle peut venir d’Etats « voyous » comme d’Etats amis qui espionnent sans ­vergogne. Dans les profondeurs du Net, il n’y a ni allié ni ennemi. Une métaphore de l’ancien monde sert au vice-amiral Coustillière pour décrire les enjeux de cette nouvelle guerre invisible, celle de la forteresse : « On a 150 000 postes informatiques protégés par un mur d’enceinte, explique-t-il. Notre mission est de ­défendre ce périmètre. »


Henri Steiner, le Viennois miraculé

Envoyer

Publié le 27/01/2015

Comme ces enfants, Henri Steiner se retrouve à 16 ans à Drancy, avant d'être conduit dans un camp complémentaire, près d'Auschwitz.

Henri Steiner ou l'incroyable destin d'un enfant de 16 ans né à Vienne et qui fuit l'Autriche en mars 1938 au moment de l'invasion allemande. Sa mère, Sophie, issue d'une famille de sept enfants, a été arrêtée et tuée au camp de Belzec, le premier des camps d'extermination ouvert par les nazis. Son père Rudolf, originaire d'une famille de huit enfants, est décédé peu après avoir été lui-même déporté. «Quand j'ai vu les premières croix gammées défiler dans les rues de Vienne, j'ai décidé de partir. J'étais encore trop jeune pour réaliser ce que m'avaient dit mes parents : nous nous séparons aujourd'hui et sans doute ne nous retrouverons-nous plus jamais…»

Henri choisit donc de fuir. Avec son meilleur ami âgé de 14 ans à peine, ils prennent le train pour l'Allemagne, puis pour la Belgique, avant de traverser la France et d'être plusieurs fois arrêtés par les gendarmes. Le 3 septembre 1939, la guerre est déclarée. Entre-temps, Henri s'était engagé dans la Légion étrangère et se retrouve à Carcassonne. Puis, l'armée ayant été dissoute, il est démobilisé à Toulouse et finit par travailler dans une ferme du Tarn comme ouvrier agricole. «C'était tellement formidable que j'en ignorais presque que c'était la guerre», raconte Henri qui a rencontré à Tanus celle qui deviendra plus tard sa femme. Mais surviennent les grandes rafles d'août 1942 alors que le Sud-ouest est encore en zone libre. «Le 26 août, un policier est venu m'arrêter. J'ai été conduit au camp de Saint-Sulpice où j'ai retrouvé des gens que je connaissais. Le 2 septembre, j'ai pris un train en direction de Vierzon avec 223 personnes, dont des enfants de 2 à 3 ans. Tout le long du trajet, la rame embarquait de nouveaux voyageurs, en fait des personnes qui venaient d'être raflées. On a été pris en charge par des soldats allemands secondés par la gendarmerie française. Je me souviens qu'à Cahors, j'ai jeté sur le quai une lettre que je venais d'écrire à ma femme, espérant que quelqu'un la ramasserait pour la lui poster. Je lui disais que je ne la reverrai peut-être plus… Après Vierzon, nous sommes partis pour Drancy. Je faisais partie du convoi 31. Mais 30 ou 40 km avant Auschwitz, ils ont stoppé le train qui contenait un millier de personnes. Plus de neuf cents d'entre elles ont fini dans les chambres à gaz, les autres, dont moi, ont rejoint des chantiers de chemin de fer. Si je devais résumer ma vie, je dirais qu'elle a toujours été placée sous le signe de la chance. Dans l'équipe réquisitionnée pour entretenir les voies, les trois-quart ont attrapé le typhus. Alités en permanence, ils étaient condamnés à boire l'urine des autres car ils ne pouvaient plus se lever. Ce fut terrible, je ne pesais plus que 38 kg, mais je m'en suis sorti. J'ai fini par retrouver ma femme. Je suis un miraculé, je le sais.»

J.-M.D.

Les souvenirs de guerre de Lanot

Envoyer

26/01/2015

Frank Lanot livre un roman fort  qui ravira les passionnés d’histoire.
Frank Lanot livre un roman fort qui ravira les passionnés d’histoire.

L’histoire

Lorsque Bruneau décède, sa fille et son gendre, Antoine, hé-ritent d’une étrange mission. Dans son coffre-fort : un colt, une balle, une liste de onze noms et un petit carnet…

Antoine mène seul ses investigations et rencontre un à un les anciens frères d’armes de son beau-père. Cet ancien de la Légion étrangère a vécu plusieurs conflits de l’intérieur, des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale au Vietnam, en passant par l’Algérie.

À Hô Chi Minh, il a croisé la route d’un certain Georges Boudarel qui a tenté d’endoctriner certains soldats mais qui a surtout humilié et brisé plusieurs d’entre eux.

L’avis de Sophie

Image-165.png

 

« Homo ho-mini lupus est », « l’homme est un loup pour l’homme ». Cette locution latine illustre parfaitement le texte de Frank Lanot. Via le personnage d’Antoine, il recueille les souvenirs de la guerre à travers les confidences de ceux qui l’on vécu.

L’immersion est forte, portée par un récit à la première personne, qui nous plonge même dans la tête du persécuteur. Son roman est une réflexion sur la violence et le mal. L’auteur met sa passion de la littérature au service du récit.

Antoine va se plonger dans les livres d’histoire et savourer aussi les précieux ouvrages qui se trouvent dans le bureau de Bruneau.

Cet ouvrage a les saveurs d’un roman policier où le héros remonte la piste des indices précieusement déposés par le disparu. Mais le crime sera-t-il au rendez-vous ? Un tel acte engendrerait forcément des conséquences. L’auto-justice peut-elle être légitime dans certains cas ? Cette fiction permet aussi de mieux comprendre le conflit en Indochine.

Et les Caennais apprécieront l’apparition de leur ville en filagramme dans le roman.

L’auteur

Frank Lanot est professeur de Lettres à Caen. Il est également modérateur de débat littéraire notamment pendant le festival Les Boréales. Après La Clef (1996), ce livre est son deuxième roman.


Les anciens de la Légion Étrangère se sont retrouvés

Envoyer

26/01/2015

Les anciens de la Légion Étrangère de la Vienne. 

A l'occasion de l'assemblée générale de leur amicale, une vingtaine d'anciens de la Légion Étrangère résidant dans la Vienne se sont réunis près de l'aéroport de Poitiers-Biard, avec le plaisir évident d'être ensemble, d'entretenir leurs souvenirs et leur amitié.

L'amicale des anciens de la Légion Étrangère est affiliée à la fédération des sociétés d'anciens de la Légion Étrangère. Elle compte environ 40 adhérents et invite chaleureusement tous les anciens à prendre contact et, s'ils le souhaitent, à adhérer. Son siège est à la mairie de Ligugé.
La commémoration de Camerone aura lieu à Tercé le samedi 25 avril. Un repas champêtre aura lieu en septembre.

Siège : mairie de Ligugé
Contact secrétaire : AALE 86
Tél. 05.49.47.17.52
Mail. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
Cotisations : 20 € (10 € pour les veuves).


Arash donne aux affamés les invendus des magasins

Envoyer

Publié le samedi 24 janvier 2015

La distribution des chariots d'Arash Derambarsh, élu de Courbevoie, se fait  en deux temps. Ici, devant le supermarché, avec les gens modestes,  bénéficiaires et donateurs mélangés. Puis, les bénévoles partent en  maraude approvisionner les SDF.
La distribution des chariots d'Arash Derambarsh, élu de Courbevoie, se fait en deux temps. Ici, devant le supermarché, avec les gens modestes,
bénéficiaires et donateurs mélangés. Puis, les bénévoles partent en maraude approvisionner les SDF. © Daniel Fouray

C'est dingue et rageant : un tiers de la nourriture produite dans le monde est gaspillé. Et un tiers du monde, le tiers-monde, a le ventre creux. À Courbevoie, sous les tours scintillantes du quartier huppé de la Défense, trois soirs la semaine, Arash Derambarsh récupère les invendus et fait sa tournée.

20 h 30. Les grilles du magasin descendent en couinant. Les caisses du Carrefour Market sont fermées. Et Arash Derambarsh est, ce vendredi soir, comme tous les lundis et les mardis, le dernier client. Enfin, client ce n'est pas vraiment le mot qui convient.

Le chariot qu'il pousse est gratuit. Qui est Arash ? « Je suis un labo national », sourit-il, en saluant Regina, la responsable du magasin, étonnée par ce feu follet qui embrasse tout le monde ici et se promène dans le quartier de la Défense comme un paysan prend l'air dans sa campagne natale. Regina est ravie : « Nous, on lui prépare son chariot et on lui donne. Sinon, on jetterait 20 kg de nourriture tous les soirs. Et ce serait absurde ».

Voilà, on a la réponse à notre question : Arash Derambarsh est un discret combattant de l'absurde, un modeste chevalier du non-sens. Pedigree ? 35 ans, remonté comme une pendule, directeur de collection aux éditions du Cherche Midi, il a été élu conseiller municipal UMP de Courbevoie (90 000 habitants) avec une idée derrière la tête. Une idée tenace comme l'enfance : « Mes parents ont fui la dictature iranienne islamique. Je suis né Français en France en 1979 et j'ai dû me débrouiller seul à partir de mes 16 ans. À 20 ans, j'ai eu faim. Et comme ceux qui ont eu faim, j'ai eu honte. J'aurais bien aimé trouver quelqu'un qui fait ce que je fais ce soir. Voilà, c'est tout. C'est simple ».

Est-ce si simple ? « Non hélas. La loi impose aux supermarchés de ne pas rompre la chaîne du froid. Si des yaourts périmés sont retirés des rayons, ils doivent être jetés. Fort bien : je les récupère donc comme si j'étais un client, avec mon chariot. Je les redistribue tout de suite. La loi, je la respecte mais je la contourne. Et ça marche ».

Fameuse idée. En le regardant faire, ce soir, Sammy (17 ans) et Amram (18 ans), se souviennent de leurs jeunes encouragements : « Le jour de son élection municipale, on lui a twitté : sois concret ! » Concret, il semble l'être. La preuve par la première tournée de cette soirée. Des gens de Courbevoie sont au rendez-vous des chariots de nuit. Des gens discrets, aux budgets au taquet, « ceux qui ont la tête sous l'eau dès le 10 du mois ».

« Ce soir, on a soulagé entre 50 et 100 personnes »

Des gens comme Vanessa, l'habituée, dont le pochon se remplit de mâche nantaise, de pommes de terre, d'oignons, de chocolat et de chaleur humaine : « La première fois que je suis venue, je n'avais plus rien à manger. Maintenant, j'aide ceux qui n'osent pas, qui restent dehors et ne se rapprochent pas du chariot ».

Qui vient donner, qui vient recevoir ? C'est impossible à voir car Arash embarque du monde avec lui. Ce soir, un rappeur de Paris, un correcteur professionnel, une comédienne, Malamine Kone, le PDG de la marque Airness et Teaki Dupont, la Morbihanaise de Ploemeur, conseillère régionale de Bretagne ont pris le sillage de la maraude : « Il y a des élus curieux, des amis, des gens qui cherchent des idées et qui viennent de loin. Je voudrais que les dons de nourriture aux associations soient étendus aux magasins de moins de 1 000 m2. Parce que ces petites surfaces, il y en a partout en France. Si on y arrive, on peut éradiquer la faim ».

Et de la faim, on est loin d'en voir la fin. Elle est là, sous nos pieds, dans tous les seconds sous-sols de la maison France, 5e puissance mondiale. Perçant la nuit de la Défense, Arash achève sa tournée dans les parkings, les caches impensables, les passages sombres. Là, où il sait que les SDF dorment sous les cartons, enveloppés de froid et de misère du monde.

Ce soir, il faut consoler Jean-Louis, le vieux légionnaire de 80 ans qui hurle son désespoir : « On m'a volé mes papiers avec tout mon argent. Dedans, j'avais les photos de ma femme et de ma fille. Et ma bible et ma croix ! » On serre la main aux allongés épuisés, aux gamins perdus qui boivent à s'en noyer l'âme. Aux deux Polonais et un Russe qui ont construit un univers organisé de bric et de broc dans un local poubelle presque douillet. Aux invisibles de chair et d'os qui existent.

Au-dessus de nos têtes, les bureaux vides et illuminés du plus grand quartier d'affaires d'Europe après la City de Londres brilleront toute la nuit. Il est 23 h. La tournée a pris un peu de retard. Arash serre les bénévoles sur son coeur, leur tape dans le dos : « Ce soir, on a soulagé entre 50 et 100 personnes ».

Ce fut une belle soirée. Peut-être même un grand soir, allez savoir. Rendez-vous lundi.

François Simon


Le cimetière militaire français de Cap Diégo réhabilité

Envoyer

Semaines du 21 janvier au 3 février 2015

Plus de 1 400 tombeaux longtemps laissés à l’abandon sont actuellement rénovés dans l’ancien cimetière Français de Cap Diego

Plus de 1 400 tombeaux longtemps laissés à l’abandon sont actuellement réhabilités dans l’ancien cimetière Français de Cap Diego. Cette rénovation s’incrit dans le cadre d’une démarche générale de préservation mise en place par la France

On recense dans le monde les tombes de 197 000 « morts pour la France », et Madagascar compte plus de 70 cimetières militaires français, dont 8 en région Nord. L’entretien de ces cimetières est à la charge de la France, par le biais des ambassades (attachés militaires) ou des consulats ; le budget pour le pays avoisine les 15 000 euros annuels.
Depuis une dizaine d’années, des anciens militaires s’investissent, sur fonds personnels, pour tenter de sauver les cimetières, en particulier dans la région DIANA  ; ces dernières années (depuis 2012) l’Ambassade a interpellé Paris pour obtenir des crédits, et l’action a abouti, puisque les cimetières de Ramena (en quelque sorte filleul du DLEM de Mayotte), Diego Suarez centre, Sakaramy, Joffreville et désormais le plus grand cimetière de l’île, celui de Cap Diégo (1 416 tombes qui disparaissaient) ont été réhabilités et correspondent maintenant aux critères suivants : chaque cimetière doit arborer un mât portant les couleurs nationales, il doit contenir un monument commémoratif, être doté d’une clôture dont l’entrée n’est jamais fermée à clef pour permettre à tout visiteur de venir se recueillir, et les tombes sont matérialisées par des croix, utilisées comme symbole de la mort, sans connotation religieuse.
Le budget nécessaire à ces rénovations a dépassé les 40 000 euros. L’Association des anciens combattants français résidant à Madagascar, Maginot, solidement implantée à Diego Suarez, se propose de pérenniser ces actions en prenant en charge l’entretien et le gardiennage de ces cimetières rénovés comme le prévoit le Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre. Des représentants des sociétés d’anciens de la Légion Étrangère sont également sur place (ex : à Tananarive, l’association « les enfants du soleil » s’occupe régulièrement d’entretien). Ces associations auront alors la charge de réfléchir à l’intégration des cimetières dans le paysage historique et culturel, touristique , du secteur comme cela a été fait pour le cimetière militaire français de Nosy Komba.


Page 32 sur 34

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui9871
mod_vvisit_counterHier13987
mod_vvisit_counterCette semaine39959
mod_vvisit_counterSemaine dernière40850
mod_vvisit_counterCe mois116923
mod_vvisit_counterMois dernier119907
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919976259

Qui est en ligne ?

Nous avons 2157 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42851491
You are here PRESSE XXI° 2015