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2014


Aubervilliers, l'autre empire chinois de la confection

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Par Béatrice Mathieu, publié le 05/03/2014

Aux portes de Paris, un millier de grossistes fournissent l'Europe en articles de mode. Voyage dans ce coin de banlieue, dédale caché d'entrepôts et de showrooms.

Le défilé célébrant le nouvel an chinois, dans le quartier où se succèdent hangars et boutiques de vêtements.

© Jérôme Chatin/L'Expansion

Il s'appelle Qiye Hu, mais, sur sa carte de visite bleu roi, on peut lire en lettres dorées Victor Hu. L'homme n'a pas oublié d'où il vient, un petit village isolé ceinturé de hautes montagnes arides de la province de Wenzhou, à quelque 600 kilomètres au sud de Shanghai. Il n'a pas oublié non plus sa première adresse en France, où il a posé ses maigres valises, au milieu des an nées 80 : un petit appartement insalubre, rue Victor Hugo.  

Cinq années de Légion étrangère et deux décennies de dur labeur plus tard, Victor Hu roule aujourd'hui en 4x4 Mercedes noir aux vitres fumées. Une faim de loup toujours chevillée au corps. Deux à trois fois par semaine, il vient inspecter le chantier de l'immense centre commercial de 55 000 mètres carrés qu'il est en train de commercialiser au nord de Paris, à Aubervilliers.  

Le quartier asiatique s'étale sur des kilomètres

La chemise blanche amidonnée et le costume griffé, il grimpe quatre à quatre les marches des escaliers de secours, interpelle le chef de chantier, s'inquiète de l'avancée des travaux, inspecte le toit végétalisé, et imagine déjà le prix du menu du restaurant de 400 couverts - 12,90 euros, buffet asiatique à volonté -, qui occupera le dernier étage du bâtiment.  

Ce fashion center, comme il l'appelle, ouvrira ses portes en janvier 2015. Rien à voir avec les grands centres commerciaux qui ont poussé comme des champignons, ces dernières années, aux abords de la première couronne parisienne. Ici, pas de Zara, pas de H&M, pas d'enseignes hyperbranchées pour attirer les fashionistas de la capitale. Les trois étages du bâtiment seront uniquement réservés aux acheteurs des centrales d'achat de la grande distribution et des enseignes de mode. Quelque 300 grossistes chinois triés sur le volet vont ici présenter leurs modèles dans des boutiques au design soigneusement étudié, une sorte de vitrine de luxe du made in China.  

Un projet qui fera d'Aubervilliers la plus grande plateforme d'importations de produits chinois en Europe. Au pied du chantier, le quartier asiatique s'étale déjà sur des kilomètres, dans cette commune déshéritée de la Seine-Saint-Denis. On pénètre dans un écheveau d'allées, d'impasses, de rues encombrées, où se succèdent et s'empilent boutiques, showrooms et entrepôts. Plus d'un millier de grossistes sont installés à Aubervilliers, et quelque 5 000 salariés - presque tous chinois ou d'origine chinoise - y travaillent.

Aubervilliers chantier du "fashion Le chantier du "fashion center", où 300 grossistes chinois présenteront leurs créations dans des boutiques design.

© Jérôme Chatin/L'Expansion

Les enseignes lumineuses des magasins Miss Charm, Lucy & Co ou Linda Fashion clignotent sous un ciel ardoise, comme autant de lucioles pour guider le visiteur perdu dans ce dédale. On traverse le marché Cifa 1 puis le Cifa 2 pour rejoindre le LEM 888, et déboucher enfin dans un lacis d'allées bordées par les entrepôts en brique rouge des anciens magasins généraux, non loin du canal Saint-Denis.  

Une fourmilière humaine s'active ici dès le lever du soleil. Mode femme-homme-enfant, spécialistes du jean ou des sweats à capuche, bijoux, maroquinerie, chaussures, lunettes, enseignes spécialisées pour la clientèle musulmane... On trouve tout, à Aubervilliers. Au rendez-vous des camionneurs, un café aux murs décrépis qui jouxte le quartier, le menu sur l'ardoise fatiguée est écrit dans une dizaine de langues - français, anglais, allemand, néerlandais, espagnol et même russe. Il faut dire que toute l'Europe s'approvisionne ici.  

Le rendez-vous des enseignes du prêt-à-porter

Dans une des allées principales, tandis qu'un colosse grec hurle dans son portable, une sculpturale blonde juchée sur des talons aiguilles d'au moins 15 centimètres fait ses emplettes : elle tient une petite boutique à Munich et repartira le soir même, le coffre de sa camionnette rempli de cartons soigneusement empilés. Cami, elle, est israélienne et vient par avion en France tous les quinze jours.  

La jeune femme revend les marchandises achetées à Aubervilliers deux à trois fois leur prix dans des boutiques de mode de Tel-Aviv. "Je viens ici car c'est le seul endroit en Europe où je peux tout trouver sur place", explique-t-elle, en sortant de son portefeuille une liasse de billets de 500 euros.  

Dans un coin du magasin, deux Anglaises, acheteuses pour la marque New Look - une institution, de l'autre côté de la Manche -, assistent sagement à la présentation de quelques pièces phares de la nouvelle collection printemps-été par une vendeuse aux faux airs de Gong Li. Dans une autre boutique, la directrice des achats d'une grande enseigne française de prêt-à-porter féminin furète à la recherche de nouvelles pépites, effleurant les tissus, jugeant les finitions... "Ma direction ne tient pas à faire savoir qu'on s'approvisionne ici, chez les Chinois d'Aubervilliers", glisse-t-elle dans un souffle, avant de s'enfuir...  

Le mètre carré est désormais loué au prix fort

Difficile d'imaginer qu'il y a encore une quinzaine d'années cet eldorado du business chinois n'était qu'une suite de friches industrielles et de terrains abandonnés. Aujourd'hui, le moindre mètre carré d'entrepôt ou de local commercial vaut de l'or. Au minimum 10 000 euros de loyer mensuel pour un magasin d'à peine 100 mètres carrés. "Le pas-de-porte qu'il faut verser pour ouvrir une boutique ici peut atteindre près de 250 000 euros, trois fois plus qu'il y a dix ans", confie un jeune avocat franco-chinois spécialisé en droit des affaires, et qui travaille pour la plupart des grossistes d'Aubervilliers.  

Lorsqu'il raconte la méta-morphose de ce coin de banlieue pauvre et délaissé, Robert Bensoussan est intarissable. Il pourrait même sillonner les yeux fermés ce labyrinthe d'entrepôts ! Avec son père, grossiste en articles de bazar dans le Sentier, il est venu s'installer à Aubervilliers à la fin des années 70. "Tout était possible, c'était le Far West, ici. Puis les Chinois ont débarqué, dans les années 90. On s'est vite rendu compte qu'on ne pouvait pas s'aligner. Ce qu'on achetait 5 euros en Chine, ils l'obtenaient pour 1 euro", explique-t-il, le verbe chantant - il a tenu son propre rôle dans le film La vérité si je mens 3. "Alors, on a liquidé l'affaire et on a conservé une partie des terrains et des entrepôts qu'on loue aujourd'hui."  

Le quartier compte plus d'un millier de grossistes. Près de 5 000 salariés, la plupart chinois ou d'origine chinoise, y travaillent.

© Jérôme Chatin/L'Expansion

La réussite incroyable de cette communauté chinoise, Richard Beraha, chercheur et auteur d'une étude pour l'EHESS ("La Chine à Paris"), l'a décortiquée pendant près de dix ans. "Plus de 90 % des Chinois d'Aubervilliers viennent de la province de Wenzhou, une région pauvre, qui a vécu dans une misère noire pendant toutes les années Mao. Du coup, des millions de Wenzhounais ont émigré, essaimant une diaspora extrêmement active, efficace et solidaire."  

Un petit bout de Chine qui vit en vase clos

Une diaspora aussi très secrète, aux liens opaques. Au fil des années, ce réseau familial et villageois s'est transformé en réseau capitalistique. Tontines, dons, prêts en nature... En une dizaine d'années, en travaillant d'arrache-pied et en économisant le moindre euro gagné, une bonne partie de ces migrants chinois sont devenus chefs d'entreprise. Certains ont même fait fortune.  

Les mauvaises langues parlent de mafia, et il faut bien reconnaître que ce petit bout de Chine vit en vase clos. Hsueh Sheng Wang, lui, préfère parler de solidarité familiale, de code d'honneur. L'homme est l'un des Chinois les plus in fluents de France. A la tête d'Eurasia - une entreprise cotée qui a réalisé l'an passé près de 28 millions d'euros de chiffre d'affaires -, Hsueh Sheng Wang est propriétaire de 300 000 mètres carrés d'entrepôts à Aubervilliers. Il a mis la main en 2012 sur une partie du port du Havre, s'est lancé dans l'immobilier, vient d'acheter un golf en banlieue parisienne, et a reçu l'accord du Conseil supérieur de l'audiovisuel pour lancer, au printemps, sa propre chaîne de télévision, Eurasia TV. A Aubervilliers, il fait un peu figure de parrain, et joue les guides pour les visiteurs.  

"Pour survivre, il faut être meilleur que les autres, plus inventif. Dans un univers hyperconcurrentiel, il faut monter en gamme", assène-t-il, en avalant un bouillon parfumé à la coriandre servi dans un des petits restaurants du quartier.  

La montée en gamme, nouveau code des grossistes chinois

La montée en gamme, voilà le nouveau code des grossistes d'Aubervilliers ! Une stratégie appliquée à la lettre par la jeune génération, les enfants de ceux qui se sont installés ici, dans les années 90. Certains sont passés par les meilleures écoles de commerce françaises, et sont bardés de MBA obtenus en Angleterre ou aux Etats-Unis.  

Christian Zhu, lui, a bien retenu la leçon. Le visage poupin et studieux, il fait visiter son magasin : parquet en bois blond, agencement dernier cri, lustres en cristal coloré... Pour un peu, on se croirait dans une de ces petites boutiques hyperbranchées de Saint-Germain-des-Prés, au coeur de Paris. D'ailleurs, Christian Zhu ne se présente pas comme importateur, mais comme créateur de la marque K-Zell.  

"Tout le monde, ici, vend globalement la même chose. Alors, pour éviter une guerre des prix suicidaire, il faut se démarquer", explique-t-il posément. Il y a une poignée d'années, il a donc embauché deux stylistes françaises, qui hantent les défi-lés des grandes maisons. Les modèles créés en France sont façonnés et fabriqués en Chine. Tissus soigneusement choisis, coupe impeccable, doublure soignée, on est très loin de la fripe chinoise. 

De fait, Christian Zhu se porte bien. Il travaille en "marque blanche" pour des enseignes, comme Jacqueline Riu ou Cache-Cache, affiche un chiffre d'affaires qui avoisine les 3 millions d'euros et une marge nette de 15 %. Surtout, il a déjà réservé un des meilleurs emplacements dans le futur fashion center de son copain Victor Hu, promettant de créer deux ou trois jobs supplémentaires.  

Des cours de mandarin dans les écoles de la ville

Des emplois, beaucoup d'emplois... Voilà évidemment ce qui fait rêver Jacques Salvator, le maire socialiste de la ville, qui ne tarit pas d'éloges sur le "dynamisme incroyable de la communauté chinoise". A Aubervilliers - la deuxième ville la plus pauvre de France -, le taux de chômage flirte avec les 25 %, et un foyer sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.  

De fait, cet édile joue à fond la carte chinoise. "Quand j'étais jeune, j'étais maoïste", plaisante Jacques Salvator. Dans les écoles de la ville, on dispense des cours de mandarin, et un institut Confucius est en projet. Lors de l'Exposition universelle de 2010 à Shanghai, la mairie et la communauté d'agglomération de la Plaine-Saint-Denis ont financé le déplacement de 130 personnes, l'une des plus grosses délégations françaises.  

Reste que les retombées économiques de ce pari sont pour l'instant minces. Les rentrées fiscales sont saupoudrées sur l'ensemble de la communauté d'agglomération, même si le fashion center pourrait rapporter jusqu'à 500 000 euros de taxes foncières. Et les jobs créés n'ont guère profité aux chômeurs de la ville. "Ils m'ont promis que la moitié des emplois du centre commercial seraient confiés à des non-Chinois", se rassure Jacques Salvator.  

"Nous sommes dans la situation des juifs dans les années 30"

En attendant, le visage sociologique de la ville change rapidement. Dans les programmes neufs qui fleurissent un peu partout, les Franco-Chinois représentent près de la moitié des acquéreurs. Une population qui travaille, paie des impôts, vote, et que tous les partis politiques courtisent.  

"Aux municipales, chacune des listes présentera un candidat d'origine chinoise", confirme Fayçal Ménia, tête de liste UMP aux prochaines élections. Mais dans cette ville, véritable melting-pot culturel où 97 nationalités sont représentées et où le communautarisme fait rage, la réussite des Chinois agace et alimente toutes les rumeurs. Certes, une poignée de salles de jeu clandestines ouvrent, la nuit tombée, dans certaines arrière-boutiques.  

"On nous jalouse. Nous sommes dans la situation des juifs dans les années 30", s'emballe un jeune chef d'entreprise, témoignant du sentiment de persécution qui gagne la communauté chinoise. De fait, les agressions de salariés que certains imaginent transporter beaucoup d'argent liquide sont fréquentes. A tel point que le quartier est désormais truffé de caméras de surveillance. "Les femmes, surtout, ont peur de venir chercher leurs enfants à l'école", confirme Qian Chen, médiatrice socioculturelle de l'association Pierre Ducerf.  

La mairie tente bien de renouer le dialogue entre les communautés, et même l’Église s'en mêle. Le diocèse a dépêché l'an passé le père Tanneguy Viellard, un prêtre sinophone. "La providence fait bien les choses", commente-t-il, laconiquement. Depuis le début de l'année, tous les dimanches matin, à l'église Sainte-Clotilde, la messe est désormais dite en chinois...


Il y a dix ans, Nougaro nous quittait (portrait)

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mardi 4 mars 2014

Claude Nougaro est décédé il y a dix ans. Il avait 74 ans. Voici le portrait hommage au jazzman, publié dans le Soir au lendemain de sa disparition.

Nougaro est vivant. Il ne peut qu’être vivant. Debout, sur un ring qui s’appelait scène. Avec des mots pour punching-ball. Une arène pour le taureau écumant sa poésie française rythmée par le jazz. Voilà résumé en quelques mots un homme volubile qui a chanté les couleurs qu’on retrouve chez un Christian Lacroix. Nougaro, c’est la Méditerranée qui monte jusqu’à Toulouse. Nougaro-Nougaronne, un « Monsieur Claude », comme le rappelait encore récemment, et de fort belle façon, un de ses enfants spirituels : Art Mengo, l’autre Toulousain, plus calme celui-là. Sans oublier Maurane, sa fille spirituelle qui n’a pas voulu s’exprimer, hier, sur cette perte.

Nougaro, c’était Trenet pour le phrasé jazz adapté à la tradition française, c’est Gainsbourg pour les allitérations et les jeux de mots, c’est Charlie Mingus et Eddy Louiss pour l’authenticité et l’amour de la musique, c’est l’enfant-phare (titre de son disque paru en 1997) éclairant à lui tout seul tout un pan de la chanson française.

Assidu au jazz plus qu’à l’école

Né à Toulouse, la Ville rose qu’il immortalisera lui-même plus tard, le 9 septembre 1929, le petit Claude était prédestiné : son papa, Pierre, est premier baryton à l’Opéra de Paris et sa maman, Liette, est, professeur de piano. Mais l’un comme l’autre sillonnent les routes du monde lyrique et donc confient le petit à ses grands-parents. Il se retrouve dans un état d’exil affectif, nous dit-il en 2000. En guise de refuge, Claude découvre la vie et sa future passion, à la radio, en écoutant notamment le critique Hugues Panassié qui retrace l’histoire du jazz sur Radio-Toulouse. Armstrong, Ellington, Basie… Le petit Nougaro n’en manque pas une miette. Assidu au jazz plus qu’à l’école où il se révèle plutôt cancre. Déjà la tête dans les étoiles et la poésie, son autre passion. Il n’a pas 20 ans qu’il trouve le journalisme pour s’occuper, à Vichy d’abord, en Algérie ensuite, où il s’acquitte de ses obligations militaires, ensuite. L’homme a du caractère puisqu’il s’engagera même à la Légion étrangère, au Maroc.

De retour à Paris, il hante les nuits de Saint-Germain-des-Prés du début des années 50. Il croise le poète Jacques Audiberti et les chanteurs Brassens et Mouloudji. Il écrit ses premières chansons pour Marcel Amont, Philippe Clay et Edith Piaf, avant, en 1955, de faire ses débuts de chanteur au Lapin Agile. En 1959 paraît son premier disque. Henri Salvador dit de lui : Il a en lui ce que Paris demande à un artiste, c’est-à-dire la fougue, la rage, la souffrance…

Une icône de la Rive Gauche des années 60

n’est pas que jazz, même si son adaptation du « Blue rondo à la Turk », de Dave Brubeck et Paul Desmond, restera un sommet de son oeuvre. Il est java (« Le jazz et la java ») mais aussi cinéma (« Le cinéma », « Une petite fille », « A bout de souffle ») et bossa aussi quand il reprend « Bidonville » avec Baden Powell ou traduit Chico Buarque pour « Tu verras ». Il rend hommage à Satchmo (« Armstrong »), Sonny Rollins (« A tes seins ») ou Nat Adderley (« Sing Sing song ») et fond comme un père face à sa fille dans « Cécile ma fille », une Cécile qui le reliera à tout jamais à Bruxelles, la ville où il fit ses débuts en première partie de Piaf, à l’Ancienne Belgique.

Il continue de personnifier la Rive Gauche dans les années 60, avant de se mobiliser pour la Révolution de 68 dans « Paris Mai ». L’homme est insoumis, un sanguin. En 1974, il chante Trenet, Brel, Ferré, Gainsbourg. Le jazz continue de l’obséder. Il forme un trio avec Maurice Vander mais les années 80 sont de moins en moins sensibles aux artistes et de plus en plus aux chiffres. Barclay, la firme, le vide comme un malpropre. Nougaro se retrouve sur la touche. Mais il n’est pas dans son caractère, entre le rouge et le noir, de se laisser faire sans réagir. En 1987, il ose New York et le rock pour un « Nougayork » qui est la plus belle des leçons adressée à ceux qui le croyaient fini. Comme aujourd’hui Henri Salvador, Nougaro touche les nouvelles générations. Il remet ça en 1989 avec « Pacifique » enregistré à Los Angeles cette fois mais refuse de tomber dans le piège de la facilité et revient à Toulouse (« Toulouse to win ») et au jazz d’« Une voix et dix doigts » en compagnie de Maurice Vander.

Des problèmes cardiaques lui imposent de ralentir son rythme de vie mais c’est plus fort que lui, l’homme ne cesse de sortir des disques et de se produire sur scène, comme encore récemment au Théâtre 140 pour dire « Les Fables de ma fontaine ».

Gourmand de la vie

L’homme peint et dessine aussi. Luttant contre la maladie, il n’avait pas moins lancé un formidable projet pour Blue Note, avec des grands du jazz. Le disque restera inachevé.

Dans son nouveau havre des Corbières, sa femme Hélène lui apporte réconfort et inspiration (en plus de lui servir d’infirmière et de secrétaire). Après les femmes de sa vie, Nougaro l’appelait « la femme de ma mort ». Il lui écrira « L’île Hélène ».

Nougaro, c’est un gourmand de la vie. Pour ses interviews, il ne tenait pas en place. On se souvient de lui tournant autour de la table qu’il martelait de temps en temps. La vie, comme la musique, était un combat pour défendre ses idées. Il finissait par parler comme il chantait : en rythme. Le regard pétillant comme un bon vin dont il raffolait, les mots roulants sur la table comme un verre vide en fin de repas. Rabelaisien et seigneur, il s’est donné à fond jusqu’à son dernier souffle. On gardera de lui le souvenir d’un homme entier, tout de noir vêtu. D’ailleurs, il l’a chanté : il était un Noir blanc de peau…


Ukraine : à Donetsk, des manifestants prorusses occupent l'assemblée régionale

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Par Benoît Hopquin 03.03.2014

Tandis qu'à cinquante mètres de là les badauds continuaient de se promener comme si de rien n'était sur l'avenue Arkema, la confusion régnait au palais du gouverneur, à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, lundi 3 mars. Depuis le début de l'après-midi, des militants prorusses occupent les locaux sur lequel flotte le drapeau du voisin russe.

Ils exigent, comme le relaye leur représentant, Pavel Goubarev, un référendum, « soit sur un rattachement de la région du Donbass à la Russie, soit sur une plus grande autonomie par rapport à Kiev ». Le jeune entrepreneur estime également que le nouveau gouvernement et le Parlement ukrainiens sont « illégitimes » et exige « des élections claires et transparentes ». Il dit par ailleurs son estime pour Marine Le Pen.

A l'intérieur, quelques centaines de manifestants occupaient les couloirs du bâtiment dans une ambiance électrique. Ils se sont installés dans la salle de réunion du Parlement local, où des orateurs se relayaient à la tribune sous les salves d'applaudissements de personnes de tous âges et de toutes conditions, qui s'étaient assises sur les sièges capitonnés de rouge, frémissant de cette transgression.

Les tribuns dénonçaient pêle-mêle les agissements des « fascistes » de Maïdan à Kiev, l'omnipotence des oligarques qui ont confisqué la démocratie ukrainienne, leur attachement à la Russie et leur souhait de conserver la langue russe, qu'ils jugent en péril. Au journaliste français, jeunes gens et vieilles babouchkas brandissaient leurs passeports ukrainiens, accusant les médias locaux de désinformer en les faisant passer pour des Russes déguisés. Dans les escaliers ou les couloirs, plusieurs dizaines de berkouts, l'équivalent des CRS français, laissaient faire, assis par terre, leur casque et leur bouclier à côté d'eux.

LES « PROFITEURS » DE L'OUEST

Oleg Bokov, 36 ans, un ancien légionnaire qui a passé cinq ans dans l'armée française et participé à des opérations en ex-Yougoslavie ou à Djibouti, organisait le service d'ordre des manifestants, avec son treillis français sur lequel il avait enfilé une doudoune de l'armée ukrainienne. Il dirigeait une équipe de costauds qui filtraient les entrées et les sorties.

« Depuis l'indépendance, cela fait vingt ans que notre région travaille et que Kiev et Lviv [dans l'ouest du pays] en profitent, dit-il. Cela suffit ! Nous voulons désormais être avec les Russes. » Il reprend là une des complaintes de cette région sidérurgique et minière, qui assure une notable partie du produit national brut, mais estime ne pas être payée en retour.

Carte économique de l'Ukraine avec le PIB par habitant et par régions en 2011 en euros. | Le Monde

Des Ukrainiens prorusses devant la mairie de Donetsk, le 2 mars. | AP/SERGEI VAGANOV

Lundi matin devait être investi le nouveau gouverneur choisi par le pouvoir à Kiev, l'oligarque Sergueï Tarouta. Mais l'assemblée régionale a refusé d'entériner cette nomination, arguant qu'elle devait choisir elle-même la personne qui occuperait cette fonction essentielle. Elle a voté largement pour Andreï Chichatsky, le gouverneur destitué ce week-end par la capitale.

Mais cet homme ne faisait pas non plus l'affaire des manifestants qui attendaient autour du bâtiment en brandissant des drapeaux russes. Ils le trouvent en effet trop conciliant avec Kiev. Les protestataires exigeaient donc la désignation de leur favori, Pavel Goubarev, et la décision d'organiser un référendum sur l'avenir de la région. N'ayant pu obtenir gain de cause, les personnes présentes, non armées, ont donc forcé la porte d'entrée et envahi sans heurts le palais pourtant solidement gardé.

En début de soirée, les manifestants exprimaient leur souhait de rester sur place jusqu'à ce qu'ils obtiennent gain de cause. Reste à connaître l'attitude de la grande majorité de la population, qui partage une partie des revendications mais n'adhère pas forcément à ce coup de force. Sur Arkema, lundi soir, les badauds continuaient de se promener.


Toulouse: les vieux immigrés se disent "oubliés"

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Publié le 03.03.2014

Les candidats de la liste "Toulouse en " aux municipales, qui insistent sur "l'urgence sociale dans les quartiers populaires", y ont dénoncé lundi l'absence de lieux dédiés aux anciens travailleurs migrants en inaugurant symboliquement une "place des chibanis oubliés", a constaté l'AFP.
A La Reynerie, un quartier du Mirail à neuf stations de du Capitole, une fausse plaque "Place des chibanis oubliés" a été scotchée place Abbal.

Une trentaine de personnes participaient, dans le froid, à ce rassemblement, dont quelques anciens travailleurs migrants venus en pendant les Trente Glorieuses (1945-1973) ou leurs enfants.
"Quand on passe ici l'après-midi, on trouve des chibanis ("vieux" en arabe) éparpillés un peu partout sur la place, même en hiver, parce qu'ils n'ont nulle part où se réunir", a fait valoir Ahmed Chouki, conseiller en entreprise de 33 ans et tête de liste de "Toulouse en marche" qui réunit différents mouvements associatifs et syndicaux et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
Fils d'un ancien maçon marocain, Ahmed Chouki a dit bien connaître les difficultés de vie auxquelles sont confrontés les vieux migrants. Il a réclamé au moins "la construction d'une maison des seniors" à la Reynerie et de maisons de santé dans chaque quartier.
"Il y a eu tellement de problèmes avec les jeunes des quartiers qu'on en a oublié les vieux!", a lancé en riant Mohamed Izzahraoui, 67 ans, arrivé du Maroc à l'âge de 19 ans. "On n'est pas maltraités en France, on est bien... mais il n'y a rien pour les vieux dans notre quartier, rien! Il y a toujours une réticence à nous accepter entièrement", dit l'homme ayant passé huit ans dans la Légion étrangère avant de travailler "chez EDF comme monteur-câbleur".
"Il y a des rénovations de bâtiments qui sont menées dans les quartiers, mais on fait de l'urbain sans faire de l'humain", reproche M. Chouki à la mairie dirigée depuis 2008 par le socialiste Pierre Cohen, candidat à sa propre succession.
Dans le cadre du Grand projet de ville (GPV), un équipement culturel d'excellence dédié aux arts visuels et numériques, la Maison de l'lmage, doit voir le jour Place Abbal. Mais les candidats de "Toulouse en marche" estiment que les souhaits réels des habitants ne sont pas écoutés, telle la création d'une simple "maison de quartier" réclamée depuis des années.

L'Amicale des anciens de la Légion Etrangère a tenu son assemblée générale

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02/03/2014

La table de la présidence
Les membres de l'Amicale
Le dépôt de gerbes
Le salut aux monuments aux morts du régiment

Les amicalistes au dépôt de gerbes

L'assemblée générale de l'Amicale des Anciens de la Légion Etrangère s'est déroulée sous l'autorité de son président fondateur Manfred Holzhauser

C’est au Quartier Général Rollet du 1er Régiment étranger de Génie que s’est tenue l’assemblée générale ordinaire de l’Amicale des Anciens de la Légion étrangère, ce samedi 1er mars 2014.

Sous la présidence de Manfred Holzhauser, cette réunion s’est déroulée dans la salle des caporaux chefs du régiment, en présence du général Philippe Houbron, ancien chef de corps du 1er REG et du colonel Alexandre Coulet, chef de corps du régiment. Le général Roland Petersheim, délégué départemental des Amicales de la Légion étrangère, ancien chef de corps et président d’honneur de l’Amicale du 1er REG de Laudun, absent excusé, a transmis un message de félicitations et de solidarité à tous les membres de l’Amicale. 

A la table de la présidence, on notait la présence du député maire Patrice Prat et dans la nombreuses assistance les présidents des amicales du sud est de la France, et les différents portes drapeaux des amicalistes.
Après avoir souhaité le bienvenue à tous les participants, le président Manfred Holzhauser a donné lecture du rapport moral alors que le vice président Michel Spinhirny celui du rapport d’activité.

Avec la lecture du bilan financier tous les comptes rendus ont été votés à l’unanimité. Le député maire a tenu a adressé au chef de corps et au président de l’Amicale les remerciements de la municipalité pour les actions de solidarité, d’aide et d’assistance apportées à la population laudunoise, par les militaires du quartier général Rollet dans les moments difficiles qu’à traversé la commune (inondations, secours à la population 2002 et 2003.), en précisant que c’était son dernier mandat de maire depuis 1995

Le dépôt de gerbe au monument aux morts du Régiment a été effectué par Manfred Holzhauser, entouré du général Philippe Houbron et du colonel Alexandre Coulet, chef de corps. Une section de légionnaires du 1er REG et son clairon rendait les honneurs. Un apéritif d’honneur a précédé le repas servi au Mess

Castelnaudary: Stéphane Linou dévoile le nom de ses colistiers

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Le 28 février

Hier soir, Stéphane Linou et ses colistiers face à la presse. PHOTO/© D.R

Dans le cadre des élections municipales, le candidat Stéphane Linou de la "Liste citoyenne sans étiquette", dénommée "Agir local autrement", dévoilait, hier au soir dans son local de campagne, les noms des personnes inscrites sur sa liste. Une liste sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine édition... Les noms des colistiers sont indiqués de la tête de liste à la fin de liste : Stéphane Linou, 39 ans, conseiller général, pompier volontaire, conseiller en développement local. Hélène Thomas-Daide, 56 ans, professeur d'économie et de gestion. Michel Bruketa, 62 ans, commandant de la Légion Étrangère à la retraite. Stéphanie Tonon, 45 ans, directrice Office de Tourisme. Christian Paillon, 58 ans, ancien médecin anesthésiste, pépiniériste. Frédérique Malis, 41 ans, professeur en lycée agricole. Luc Wendling, 74 ans, ingénieur céramique industrielle à la retraite. Djamilla Chaoucha, 46 ans, auxiliaire de vie scolaire. Georges Dhers, 62 ans, Dr en économie à la retraite. 27 Amélie Sender, 27 ans, commerciale. Daniel Lamarque, 55 ans, cadre formateur. Sandrine Rastouil, 27 ans, employée de commerce. André Nouvel, 60 ans, éducateur technique spécialisé à la retraite. Marie-Claude Henry de la Motte, 71 ans, auto entrepreneur, agent artistique. Philippe Morillas, 40 ans, pompier volontaire, fonctionnaire territorial. Lauriane Villa, 37 ans, commerçante. Raphaël Bernabel, 55 ans, maraîcher. Brigitte Dalmayrac, 54 ans, aide administrative à domicile. Jean Juve, 59 ans, ancien moniteur d'auto-école, retraité. Laëtitia Pasquet, 40 ans, costumière. Mimoun Bounjoua, 41 ans, commerçant Danielle Millo, 70 ans, infirmière à la retraite. Bruno Lecoq, 49 ans, agent de sécurité, ancien légionnaire. Catherine Mercier, 45 ans, professeur des écoles. Anthony Calvairac, 34 ans, pompier volontaire, chef de production. Tita Vahinenoea, 50 ans, salariée agricole. Jean-Sébastien Ostaschewski, 33 ans, chef d'entreprise Karine Capelle, 38 ans, employée en cours de création d'entreprise. Mato Uzarevic, 53 ans, ancien légionnaire chaudronnier. Nadine Cauquil, 48 ans, ancienne agricultrice, demandeuse d'emploi. Smiri Larbi, 62 ans, légionnaire à la retraite, mécanicien. Ghislaine Turchetto Ghislaine, 63 ans, retraitée de l'agriculture, ancienne élue et Marc Trinquelle, aubergiste, retraité de l'agriculture.


Castelnaudary. «Agir local» et Stéphane Linou en lice

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Publié le 28/02/2014

La liste Linou, avec quelques absences, présentée officiellement hier soir devant le local de campagne./ Photo DDM

Le conseiller général Vert, Stéphane Linou y est arrivé : hier soir, il présentait sa liste qui affiche l’intention d’agir localement et autrement. Ce n’était apparemment pas gagné d’avance et c’est lui qui le dit quand il entame, hier soir dans son local de campagne, son discours d’ouverture en remerciant chaleureusement «ceux qui y ont cru, alors que nous n’avons pas d’appareil politique derrière nous». Suivra un discours sur la méthode au cours duquel le candidat rappellera la démarche qui a débuté avec une large consultation des électeurs, la constitution d’ateliers d’échanges et pour finir le croisement de ces questionnaires avec les réflexions des ateliers. Restait cependant à trouver 33 noms, moitié hommes, moitié femmes, c’est la loi, et là encore le conseiller général rappellera que c’est une liste sans étiquette qu’il conduit. «Si on se balade avec une étiquette, questionne-t-il, est-ce que ça donne envie de faire des choses ensemble ? Mais sans étiquettes, rectifie l’orateur, ça ne veut pas dire sans idées, sans principes, sans bornes.» Une liste mosaïque donc mais «sans idées extrémistes, excluante, au niveau de la méthode on a déjà gagné triomphe-t-il». Parlant sans notes Stéphane Linou tracera les grandes lignes des engagements qu’il prend avec ses colistiers. Comme celui par exemple de baisser les indemnités des élus de 10 %. Une rente estimée à 15 000 euros, de quoi amorcer le projet de maison des savoirs et des savoir-faire. Ses critiques, il les réservera en priorité au maire sortant socialiste, Patrick Maugard et d’ailleurs pas une seule fois il ne fera allusion à son autre concurrent, le candidat UMP Emmanuel Bresson. Sur le rétablissement d’un service d’urgences médicales mobile, sur la mise à l’étude de la remunicipalisation du service des eaux, sur la préférence locale dans les marchés publics, «c’est permis et c’est légal», assure-t-il, égrènera son avant programme sans omettre aucun des grands secteurs de la gestion municipale. «Agir local» est en lice et veut faire campagne, autrement.


Les 33 colistiers

1. Stéphane Linou, 39 ans, conseiller général, conseiller en développement local, pompier volontaire ; 2. Hélène Thomas-Daide, 56 ans, professeur d’économie et de gestion ; 3. Michel Brujeta, 62 ans, commandant de la Légion étrangère retraité ; 4. Stéphanie Tonon, 45 ans, directrice d’office de tourisme ; 5. Christian Paillon, ancien médecin anesthésiste, pépiniériste ; 6. Frédérique Malis, 41 ans, professeur de lycée agricole, consultante ; 7. Luc Wendling, 74 ans, ingénieur céramiste retraité ; 8. Djamila Chaoucha, 46 ans, auxiliaire de vie scolaire ; 9. Georges Dhers, 62 ans, docteur en économie retraité ; 10. Amélie Sender, 27 ans, commerciale ; 11. Daniel Lamarque, 55 ans, cadre formateur ; 12. Sandrine Rastouil, 27 ans, employée de commerce ; 13. André Nouvel, 60 ans, éducateur technique retraité ; 14. Marie-Claude Henry de la Motte, 71 ans, autoentrepreneur, agent artistique ; 15. Philippe Morillas, 40 ans, fonctionnaire territorial, pompier volontaire ; 16. Lauriane Villa, 37 ans, commerçante ; 17. Raphaël Bernabel, 55 ans, maraîcher ; 18. Brigitte Dalmayrac, 54 ans, aide administrative à domicile ; 19. Jean Juve, 59 ans, moniteur d’auto-école retraité ; 20. Laëtitia Pasquet, 40 ans, costumière ; 21. Mimoun Bounjoua, 41 ans, commerçant ; 22. Danielle Millo, 70 ans, infirmière retraitée ; 23. Bruno Lecoq, 49 ans, agent de sécurité, ancien légionnaire ; 24. Catherine Mercier, 45 ans, professeur des écoles ; 25. Anthony Calvairac, 34 ans, chef de production, pompier volontaire ; 26. Tita Vahinenoea, 50 ans, salariée agricole ; 27. Jean-Sébastien Ostaschewski, 33 ans, chef d’entreprise ; 28. Karine Capelle, 38 ans, employée en cours de création d’entreprise ; 29. Mato Uzarevic, 53 ans, chaudronnier, ancien légionnaire ; 30. Nadine Cauquil, 48 ans, acienne agricultrice, demandeuse d’emploi ; 31. Smiri Labri, 62 ans, mécanicien retraité, ancien légionnaire ; 32. Ghislaine Turchetto, 63 ans, retraitée de l’agriculture, ancienne élue ; 33. Marc Trinquelle, aubergiste, retraité de l’agriculture.

D. B.

Une rencontre-débat sur le traumatisme de guerre

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Publié le 28/02/2014

Demain à 15 heures au foyer rural, la médiathèque de Gaillères organise une rencontre-débat avec André Fournier. Neuropsychiatre en retraite et auteur du livre « Baroud d'Honneur ? ». Le docteur Fournier évoquera la résurgence d'une blessure psychique de guerre.

Expériences de guerre

Il était alors médecin d'un bataillon de la Légion Étrangère. Devenu par la suite psychiatre durant trente années, cet ancien combattant des guerres d'Indochine et d'Algérie a longtemps refoulé ses expériences de guerre.

Jusqu'à ce jour de 2011 où, invité au Val-de-Grâce pour évoquer ses souvenirs, André Fournier est de nouveau confronté à de cruelles réminiscences. Il tente alors de parler, de raconter, d'évacuer. Son témoignage se heurte cependant à un mur de silence et de mépris, aggravant ainsi sa blessure psychique.

Une écoute nécessaire

En cette année où se multiplieront les célébrations du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Indochine, qui se résoudra enfin à écouter la réalité du vécu des derniers survivants de guerre ?

Par cette rencontre-débat, la médiathèque de Gaillères a initié une possibilité d'écoute et d'échange à partir du récit difficile mais néanmoins nécessaire d'un des derniers survivants des conflits marquants du XXe siècle.

Sabine Darré


Des objets «flambeaux de la mémoire»

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Publié le 27/02/2014

Casques, armes, uniformes, autant de témoins des grands événements militaires de l’histoire française. Témoins pour lesquels se passionnent des centaines d’aficionados. Et pour la 38e année consécutive, l’association «Au souvenir de Camerone 1 863» organise une bourse militaria-armes dimanche, dans la salle des fêtes du stadium. Jean Rubia, président de l’association détaille cette bourse consacrée cette année au centenaire de la grande guerre (1914-1918).

Expliquez-nous ce qu’est une bourse militaria-armes...

On appelle militaria tous les accessoires d’une armée et plus largement tout ce qui se rapporte au souvenir militaire. Il s’agit donc d’une bourse certes d’armes anciennes, mais on trouve également des casques, des uniformes, des médailles militaires, des livres, etc. Collectionneurs, associations, professionnels, dimache il y aura une trentaine d’exposants. Cette année est particulière puisque c’est le centenaire de 1914-1918. Tout ce qui a trait à cette période sera donc précisément mis à l’honneur.

Qui sont aujourd’hui les passionnés de militaria ?

On attend environ 700 entrées. Le public est essentiellement masculin, mais depuis quatre ou cinq ans, des femmes s’y intéressent aussi. Il s’agit souvent de militaires. On trouve également des étudiants d’histoire. Une bourse comme celle-là, c’est le rassemblement de tous les passionnés de la région. Certains viennent même de Paris.

Qu’est ce qui est particulièrement recherché ?

Dans l’armée de l’air, en 1917, les escadrilles étaient représentées par des cigognes. Aujourd’hui, un écusson peut se vendre 1 000 €. Il n’y a pas de tarif fixé, c’est la rareté et le coup de cœur qui font le prix. D’autres articles, plus anciens, comme un casque en bon état datant du IIe Empire peut se vendre 9 000 euros. Ce sont des vraies reliques.

Êtes-vous aussi collectionneur ?

Je suis un ancien militaire. Après la légion étrangère j’ai intégré le régiment de chasseurs parachutistes à Pamiers. Je suis collectionneur depuis 40 ans. Lorsque je ne serai plus là, j’ai décidé de tout donner au musée de Verdun. Il faut transmettre la mémoire…

Bourse militaria-armes, salle des fêtes du stadium, Hall 8. Ouvert de 8 h 30 à 16 heures. Entrée 5 €, gratuit pour les enfants et les anciens combattants.

Ch.D.

L’ultime combat du légionnaire

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par Nicolas Roquejeoffre, publiée le 25/02/2014

Mostapha Allal : « La lenteur de l’administration judiciaire m’a placé dans une situation matérielle difficile alors que je n’ai jamais manqué à mes devoirs militaires ». Photo DNA – laurent habersetzer

Ancien sous-officier de la Légion étrangère, Mostapha Allal a engagé un bras de fer judiciaire avec une institution qu’il a pourtant servie durant 28 ans. « Un combat pour l’honneur » souligne le quinquagénaire.


Originaire du Maroc, Mostapha Allal est arrivé en France, à Colmar, à l’âge de 4 ans. Rien ne prédestinait ce petit gabarit à intégrer la Légion étrangère.

Et pourtant, après avoir traîné ses guêtres au quartier Lecourbe de Strasbourg, lieu de recrutement de ce corps d’élite de l’armée française, il s’engage, le 26 avril 1982. « Je voulais partir à l’aventure », résume le père de famille.

Incorporé à Aubagne, la maison-mère de la Légion, il se retrouve dans une promotion où il côtoie « pas mal d’anglophones et quelques Allemands ». Après sa période d’instruction, il rejoint les rangs du seul régiment parachutiste de la Légion, le 2e REP à Calvi.

« L’armée m’a beaucoup apporté et je ne veux pas la salir. En revanche, je déplore le comportement de certains officiers dans cette affaire »

C’est avec lui qu’il connaît ses premières missions, l’opération Manta notamment, dont l’objectif est de repousser les forces libyennes qui viennent d’envahir le Tchad. Dans une carrière riche de 28 ans de service, Mostapha Allal va effectuer plusieurs séjours à Djibouti au sein de la 13e DBLE, va se retrouver en Polynésie avec le 5e RE et va multiplier les opérations extérieures, notamment en ex-Yougoslavie.

Ses ennuis avec l’administration militaire remontent au printemps 2006, alors qu’il est en garnison à Laudun (Gard) où est implanté le 1er régiment étranger de génie.

Cela fait un quart de siècle que Mostapha Allal, alors adjudant, porte l’uniforme. « Mon contrat devait théoriquement s’achever le 25 avril 2009. La direction des ressources humaines m’a proposé d’en signer un nouveau avec une carotte : avoir mon nom inscrit au tableau d’avancement. Ce qui m’a heurté. Il était hors de question d’avoir une promotion si ce n’est par mes mérites ».

Ce refus marque, selon lui, le début de ses soucis. Alors chef de section, l’adjudant ne part pas, comme il était prévu, en mission de coopération de défense à Djibouti. Et puis il apprend qu’il ne sera pas promu au grade supérieur.

En 2008, il est arrêté et placé en position statuaire hors activité pour congé de longue durée pour maladie. Son contrat est alors automatiquement prolongé jusqu’au 21 décembre 2010.

Début octobre 2010, il rencontre le médecin chef du service de psychiatrie qui le déclare apte à reprendre du service. « Moi, je voulais terminer mon parcours ».

Le 29 décembre 2010, le commandement de la Légion étrangère transmet à l’intéressé une proposition de renouvellement du contrat d’engagement pour six mois et une proposition de non-renouvellement. « Elles m’ont été adressées alors que j’aurais dû en prendre connaissance avant la fin de mon contrat précédent », insiste Mostapha Allal. Il assure par ailleurs que la Légion a introduit un faux document administratif dans ce dossier. « J’ai demandé des explications au commandement. Sans réponse et il a été décidé que ma demande de précisions valait renoncement ».

Fin 2010, il se retrouve « sans solde, sans papier, sans aucun document évoquant son passé de militaire ». « Et comme je suis Marocain, je me suis retrouvé en situation irrégulière ! » Sans ressource, il trouve refuge dans un centre d’hébergement d’urgence avec son fils alors âgé de 10 ans. Le 30 mars 2011, il est radié des contrôles d’office. L’homme décide alors d’engager un bras de fer judiciaire avec l’armée.

Une procédure est actuellement en cours devant la cour administrative d’appel de Paris, Mostapha Allal ayant été débouté en première instance. Au plan, pénal, il a porté plainte pour faux et usage de faux auprès du procureur de la République du TGI de Marseille. « Mon client estime qu’un document volontairement antidaté a été introduit dans son dossier et il conteste ainsi sa radiation des contrôles », résume Me D’Acqui, avocat au barreau de Toulon. « Il met un point d’honneur à aller jusqu’au bout ».

« Je suis entièrement conscient que c’est le combat de David contre Goliath »

« Je suis entièrement conscient que c’est le combat de David contre Goliath mais je réclame simplement que la Justice oblige l’armée à respecter sa part du contrat. Quand on quitte l’armée, on suit un circuit de départ dont je n’ai pas bénéficié. Je ne suis pas déçu par l’institution que j’ai servie 28 ans. Au contraire, cela reste de formidables souvenirs. L’armée m’a beaucoup apporté et je ne veux pas la salir. En revanche, je déplore le comportement de certains officiers dans cette affaire ».

Ce n’est que fin 2012 que l’ancien adjudant a pu toucher sa solde de 1 600 € par mois sans paiement des arriérés. « Pendant plus d’un an, j’ai vécu sans allocations chômage, sans RMI ou RSA. J’ai évidemment accumulé beaucoup de dettes ». Sa situation reste précaire d’autant plus qu’il a en charge son fils, adolescent. Il a, en début d’année, écrit au maire de Colmar, au préfet du Haut-Rhin, au président de la République.

« Ce dossier me paraît revêtir quelques aspects nébuleux », insiste le maire, Gilbert Meyer, dans un courrier adressé au ministre de la Défense. « J’ai aussitôt prescrit un examen particulièrement attentif de votre correspondance », lui a répondu le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.


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