AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

2013


Histoire du Bataillon de Français de l’ONU en Corée, 1950-1953

Envoyer

Écrit le 4 sept 2013

Le « Lieutenant-Colonel » Monclar et le Général Douglas McArthur

Chers lecteurs, chères lectrices, le 25 juillet dernier, la Corée du Sud commémorait l’armistice de Panmunjeom qui a marqué la fin de la Guerre de Corée et la séparation du pays à hauteur du 38e parallèle. Séoul honorait aussi la mémoire des soldats de l’ONU tombés au « pays du Matin calme » sous le commandement des Généraux Douglas MacArthur et Matthew B. Ridgway (le second ayant d’ailleurs commandé la 82nd Airborne Division qui fut larguée à Sainte-Mère-Église le 6 juin 1944). Véritable confrontation armée (indirecte) entre l’URSS et le Bloc occidental, la Guerre de Corée a vu le déploiement d’une coalition réunissant soldats américains (les plus nombreux), Sud-Coréens mais aussi Britanniques, Australiens, Canadiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains, Belges, Hollandais, Danois, Norvégiens, Sud-Américains, Turcs, Thaïlandais et bien sûr, Français. Bien entendu, en France cette histoire est largement méconnue. Aucun hommage officiel, aucune émission n’en a fait état. Seuls quelques monuments au morts (celui de Besançon, notamment) et ainsi qu’un jardin du IVe arrondissement de Paris, rappellent l’histoire de ces volontaires français engagés dans une aventure contre le totalitarisme communiste.

Soixante ans après la Guerre de Corée, c’est avec quelque retard que je vous propose donc de leur rendre hommage avec ce résumé de leur histoire.

Lorsque la Guerre de Corée éclate en juin 1950, la France de la IVe République rechigne à y envoyer un contingent sous mandat de l’ONU. D’importantes forces sont déjà déployées dans les rizières d’Indochine. En outre, si depuis 1947, le gouvernement a rompu avec le PCF, la majorité l’opinion publique ne voit guère l’intérêt d’envoyer des soldats dans un pays d’Asie dont on ne connaît strictement rien. Le Gouvernement MRP de Georges Bidault (centre-droit) décide d’abord d’expédier symbolique la frégate La Grandière, avant d’autoriser la levée d’un bataillon exclusivement composé de volontaires. À noter que deux d’entre-eux se nomment Jean Lartéguy et Alfred Sirven.

Or, un monument de la Légion étrangère fait des pieds et des mains pour prendre le commandement de cette unité. Il s’agit du Général de Corps d’Armée Raoul Magrin-Verneret dit Ralph Monclar (1892-1964). Entré très jeune dans la Légion, ce vétéran des tranchées de la Grande Guerre est un ancien commandant de la 13e DBLE à Narvik et en Éthiopie contre les Italiens. Derrière ses aspects de baroudeur et de meneur d’homme hors-pair, Monclar est aussi un homme modeste et cultivé qui parle sept langues et l’auteur d’un Catéchisme de Combat. Si l’état-major juge Monclar trop vieux, le vieux guerrier obtient tout de même l’autorisation de se faire rétrograder au grade de Lieutenant-Colonel pour prendre le commandement du nouveau Bataillon Français de l’ONU.

Aussitôt, proclamée la levée, plusieurs centaines de volontaires affluent. Qui sont-ils ? En très grande majorité d’anciens FFL vétérans de la Seconde Guerre mondiale, des hommes d’active, d’anciens maquisards, quelques Légionnaires ayant acquis la nationalité française et des hommes provenant de la Marine. Selon une légende plus ou moins fondée, on trouve même d’anciens Waffen-SS français (de la 33. SS « Charlemagne »), engagés sur serment de ne pas avoir pris les armes contre d’autres Français pendant le second conflit mondial. Quoiqu’il en soit, à côté d’aventuriers rêvant d’exotisme guerrier et d’autres admiratifs de l’Armée américaine qui a libéré la France, la majorité des volontaires partage un anti-communisme virulent. Ils disent vouloir battre « pour libérer un pays que nous ne connaissons même pas, à l’instar des jeunes Américains venus combattre pour nous pendant les deux guerres mondiales. »

Après une première sélection, 1 017 hommes sont retenus, rassemblés d’abord au camp d’Auvours dans la Sarthe et envoyés à l’entraînement dans le Midi.

L’une des principales forces du Bataillon Français vient de ses soldats qui sont en fait d’anciens sous-officiers expérimentés. Monclar entraîne intensivement son bataillon et lui inculque un esprit de corps qui renforce discipline et cohésion. Après s’être formé au combat, le BF ONU embarque pour la Corée à Marseille le 25 octobre 1950, sur le Skaugum.

Les hommes de Monclar débarquent en Corée, à Pusan, au début de l’hiver. Ils perfectionnent leur entraînement, tout en s’acclimatant à ce rude pays. Monclar est affecté ensuite au 23rd US Infantry Regiment de la 2nd Infantry Division « Indian Head » du Major-General Robert B. McLure (cette division a participé à la Bataille de Normandie). Là, victime du mépris affiché par les états-majors américains pour les Français, le BFONU est baladé d’unité en unité et de cantonnement en cantonnement sans combattre. Toutefois, Monclar conservera de très bonnes relations avec le Colonel Paul Freeman, commandant du 23rd Infantry.

Le Bataillon tire ses premiers coups de feu en janvier 1951 à l’est de Séoul. À ce moment, l’Armée populaire de libération de la Chine communiste est venue prêter main-forte à la NKPA de Kim Il-Sung en traversant le Yalou par vagues, repoussant toutes les forces de l’ONU à hauteur de Séoul.

En janvier 1951, les Français combattent alors par un temps glacial dans les rizières et les monts de Wonju, repoussant tous les assauts des Chinois maoïstes.

Les hommes de Monclar se distinguent en contre-attaquant les Chinois à la baïonnette, ce qui fait dire au General Ridgway (qui a remplacé McArthur rappelé par Truman après avoir proposé d’utiliser l’arme nucléaire contre Pékin) : « Les français nous ont montré que les baïonnettes n’ont pas été inventées pour ouvrir des boîtes de ration mais pour nous battre ! » Et l’un des officiers français de galvaniser ses hommes au cri de « Mort aux cons, il y aura du boulot ! ».

Après les sanglants combats victorieux de Wonju, Monclar dit à ses hommes : « Vous êtes condamnés aux travaux forcés de la Gloire, vous devez continuer à être à la hauteur de votre réputation au cours des batailles à venir. »

À la fin du mois de janvier, les Français participent à la poursuite des forces communistes vers le nord. Dans cette opération, les Français combattent durement sur les hauteurs du carrefour de Chipyong-ni, toujours dans un froid particulièrement mordant (jusqu’à -30°C). Ils doivent aussi repousser les assauts nocturnes des Chinois à la grenade, au poignard et à la baïonnette. La position des Français devient précaire et le dernier assaut des Chinois, qui aurait pu être fatal, est arrêté grâce à l’intervention d’avions F4 Corsair. Les 12-13 janvier, les Français s’enterrent au-dessus de Chipyong-ni et reçoivent du ravitaillement mais les Chinois attaquent encore et chacun de leurs assauts est repoussé. Finalement, le village de Chipyong-ni tombe aux mains des Français au prix de quarante tués et plus de 200 blessés le 16 février, après plus d’un mois de combat.

Ce fait d’arme vaut au BFONU la Presidential Citation Unit décernée par le Président Harry S. Truman.

Au début de mars, le BFONU ouvre la route de Honchon et Chuchon à la 2nd Division et franchir le 38e Parallèle le 6 avril 1951. En Octobre 1951, Monclar et ses hommes s’emparent de la Cote 851, puis du piton baptisé Crèvecoeur (Heartbreaker Ridge – Cote 931). 200 Français sont encore blessés. Après ce nouveau fait d’armes, les Français se placent en position défensive à Gumhwa pour y affronter les rigueurs de l’hiver 1951-1952, avant d’être placé au repos. Le Bataillon a encore gagné une Presidential Citation Unit, ainsi qu’une Citation Présidentielle de la République de Corée.

Après une période d’accalmie dans la vallée de Yok-Chon-Chon, toutefois troublée par des pluies diluviennes, le combat reprend pour les Français en plein été 1952 dans le fameux « Triangle de fer » White-Horse – T-Bone – Arrow Head, au nord-ouest de Chorwon. Placés alors sous le commandement du Lieutenant-Colonel François Boreill, leur mission est de bloquer une nouvelle grande offensive chinoise. Les hommes de Monclar vont être pilonnés pendant près d’une journée par 25 000 obus en tout genre sur leurs positions. À ce bombardement quasi-titanesque succèdent les charges sanglantes de l’APL. La Section de Pionniers, à cours de munitions, doit se battre à coups de pelles et la section lourde désobéit aux ordres de rester en position défensive pour se porter au soutien du 29e Régiment Sud-Coréen en très mauvaise posture après la prise de White Horse par les Communistes. Cet acte vaudra à son chef, l’Ordre du Mérite Militaire Hrawang avec étoile d’argent, la plus haute distinction dans l’Armée Sud-Coréenne. Le Bataillon Français a mis hors de combat près de 1 500 Chinois et Nord-Coréens et a gagné sa troisième Presidential Citation Unit, sa seconde Citation Présidentielle Coréenne, ainsi qu’une Citation à l’Ordre de l’Armée française.

Après ces durs combats, les Français commandés alors par le Lieutenant-Colonel de Germigny mais toujours placés sous le commandement de la 2nd US Division, sont successivement placés en position défensive à Songgok et Chumgasan (janvier-juin 1953) où ils se contentent de patrouiller dans le secteur ennemi et à repousser des attaques.

Après la signature de l’armistice de Pan-Mun-Jon, les Français embarquent pour l’Indochine où ils combattront contre le Viet-Minh dans la région de Saïgon. 287 d’entre eux ont payé de leur vie la défense de la Corée du Sud et près de 1 350 ont été blessés.

Sources :

- BERGOT Erwann : Bataillon de Corée. Les volontaires français 1950-1953, éd. Presses de la Cité
– KADARI Yannis (Dir) :  Corée. Les volontaires français de l’ONU : Ligne de Front, N°18, Août 2009, éd. Caraktère
– HAMBURGER Kenneth : Le rôle du « bataillon de Corée » dans la guerre de Corée, 2007, http://www.rha.revues.org

 


Don McCullin : un photographe qui a regardé la guerre en face

Envoyer

Publié le 04/09/2013

Don McCullin au National Media Museum, le 8 mai 2009, lors

d’une rétrospective consacrée à ses 50 ans de carrière.

(Flickr / CC / Nat. Media Museum / Paul Thompson)

Depuis plus de cinquante ans, Don McCullin photographie la guerre en face. Il a couvert les principaux conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A Visa pour l’Image, à Perpignan, une rétrospective, La Paix Impossible, revient sur sa carrière.

La photo a été prise au Biafra, territoire nigérian, à la fin des années 60. Don McCullin se tient bien droit dans la jungle. Il a de l’eau jusqu’aux genoux. Entre ses bras, les manches de sa chemise kaki retroussées jusqu’au coude, il protège quelque chose, peut-être un appareil photo. La bouche est légèrement entrouverte, les yeux clairs pétillent. Le photographe est au milieu de la guerre et il est dans son élément.

C’est la première image de la rétrospective de Don McCullin, l’un des temps forts du festival. Elle est signée Gilles Caron.

Don McCullin et Gilles Caron côte à côte : le symbole est fort. Tous deux sont des icônes de la photographie de guerre. Si Gilles Caron a disparu au Cambodge il y a déjà une quarantaine d’années, Don McCullin est toujours là.

En 2012, le démon de la guerre l’a même repris. Il est retourné traîner ses guêtres à Alep, en plein conflit syrien, comme ça, à 77 ans. McCullin a couvert la guerre en Syrie comme tous les principaux conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : Cambodge, Vietnam, Liban.

Des gangs de Londres à la guerre civile libanaise

Ces images glanées au fil des guerres du siècle dernier se retrouvent donc en plein cœur de Perpignan.

Beaucoup d’images de soldats sont accrochées aux murs de l’église des Dominicains. Ici, un GI moustachu, en pleine guerre du Vietnam, lance un regard dans le vide.

Là, des miliciens turcs, pendant la guerre civile chypriote, sortent d’un bâtiment, cagoule sur la tête et fusil à la hanche. Des soldats britanniques en treillis escortent un jeune Nord-Irlandais : La Paix Impossible est une fresque de tous les conflits qu’a couverts McCullin.

Il regarde la misère dans les yeux, toujours en noir et blanc et souvent de face. Son travail est franc, cru.

Sa carrière commence pourtant par une guerre qui n’en porte pas le nom, sans uniforme ni armistice. En rentrant de son service militaire, Don McCullin traîne avec des gangs de rue londoniens.

Pendant ses années sous l’uniforme de la Royal Air Force, il a raté l’examen de photographe mais ramené d’Aden, au Yemen, un appareil photo : en 1959, il vend sa première image de gang à The Observer.

Dans un immeuble en ruine, une demi-douzaine de gangsters en costume regardent méchamment l’objectif : Don McCullin décroche une demi-page dans l’hebdomadaire.

Un enfant de la guerre

Son premier conflit se déroule à Chypre, en 1964. Il assiste à la guerre civile entre Grecs et Turcs. Sa série de photos lui vaut, l’année suivante, un grand prix de la fondation World Press Photo.

A peine rentré de l’île, McCullin enchaîne avec le Congo. Commence alors une succession de conflits qui sera le cœur de sa carrière. Il entre au Sunday Times en 1966 et y restera dix-huit ans.

Au Tchad, en 1970, il croise même son frère Michael, avec qui il jouait dans une Londres en ruines. Il est devenu sergent dans la Légion étrangère.

Si Don McCullin met autant l’accent sur la guerre, c’est peut-être parce qu’il a grandi avec. « Je suis un rejeton d’Adolf Hitler », dit-il dans Risques et périls, sa – bien nommée – autobiographie.

Il raconte son enfance dans la Londres des années 40, celles du Blitz. Ses jeunes années sont faites de nuits interrompues par les bombardements, de descentes en catastrophe dans l’abri de l’arrière-cour de la maison familiale.

Et quand les bombes se taisent, il joue, avec son frère, à « explorer les quartiers bombardés à la recherche de shrapnels (1) et de leurres anti-radar largués par les Allemands ». Trente ans plus tard, le terrain de jeu s’est déplacé vers le Vietnam ou le Liban.

Le camp palestinien de Sabra après le massacre perpétré par les milices chrétiennes, Beyrouth, Liban, 1982 (Don McCullin)

Sensibiliser l’opinion publique

L’objectif est maintenant de ramener des images ; McCullin ne joue plus avec son frère. La fin de la guerre a « laissé toute une génération de jeunes des villes qui, comme moi, ne savaient penser qu’en termes de guerre », dit-il encore.

Pourtant, pour lui, la guerre n’est pas uniquement celle des soldats et des lignes de front. Dans l’église des Dominicains, les images d’enfants faméliques côtoient celles d’hommes en arme. Les portraits de sans-abris jouxtent des photos de miliciens en mouvement.

C’est l’ autre guerre dont parle McCullin : celle de la misère sociale. Il couvre les famines de l’Inde ou du Bangladesh.

Et celle du Biafra, au Nigéria. Une violence insidieuse qui décime tout sur son passage. Don McCullin en ramène l’une de ses plus célèbres images : un enfant albinos qui brandit une boite de conserve vide, un lourd fardeau pour sa silhouette frêle. L’idée est de sensibiliser l’opinion publique à cette détresse qui semble si lointaine.

Photo prise à l’Eglise des Dominicains, perpignan. En arrière-plan, un célèbre cliché de Don McCullin (Sans-abri irlandais, East end, Londres, Grande-Bretagne, 1969)

McCullin voyage, mais il garde encore un œil sur « son » Angleterre. Celle des mines qui ferment et des laissés pour compte, des gamins qui dorment à quatre dans un lit et des sans-abris allongés dans la rue.

En Angleterre, il finit par se dégotter un havre de paix, une maison dans le Somerset. Loin des quartiers défavorisés de son enfance et des théâtres d’horreur qui ont hanté sa vie.

Certaines de ces photos de campagne s’affichent aux murs de l’église des Dominicains. Il ne s’attarde pas sur le charme bucolique des champs qui l’entourent. Plaines enneigées, ciels chargés de lourdes nuances annonciatrices d’orage…

L’ambiance est lugubre. Le noir et blanc accentue chaque nuage, chaque sommet de colline. Comme autant d’autres champs de bataille. La campagne du Somerset lui réussit.

Sur l’image d’Eamonn McCabe, qui illustre un entretien au Monde, McCullin porte beau. L’œil délavé regarde franchement. Comme lui même regarde ses sujets : sans concession ni voyeurisme. Il n’a d’ailleurs « jamais vendu d’image avec un mort dessus », assure-t-il au Monde.


Veteran: „Militär ist Mist und vor allem Krieg ist Mist“

Envoyer

3. September 2013 Von Egon Traxler

Reinhold Konrad zieht bald in den Altersruhesitz der Fremdenlegion.

Reinhold Konrad diente in der französischen Fremdenlegion. In Indochina wurde er erst verwundet und geriet dann in Gefangenschaft.

Krefeld. Lustig blitzt es unter den buschigen Brauen von Reinhold Konrad. „Bald schlafe ich quasi neben Napoleon, der im Invalidendom in Paris begraben liegt.“ Dorthin, an den Altersruhesitz der Fremdenlegion in der französischen Hauptstadt, zieht der 83-jährige Krefelder demnächst. Was er aber sonst über seine fünf Jahre bei der Legion zu erzählen hat, ist weniger lustig.

Rückblende: 1951 meldet sich Reinhold Konrad im französisch besetzten Offenburg für fünf Jahre zur Legion. Deutschland liegt nach dem Krieg demoralisiert in Trümmern und hungert. Der 21-Jährige hatte Konflikte mit seinem Vater, der nach seiner Rückkehr aus dem Krieg das Busunternehmen Weller und Konrad an der Hülser Straße wieder aufbaute. Ein wenig Abenteuerlust kam wohl auch hinzu.

Die Fremdenlegion bildete ihn zum Funker aus

Über Marseille und Sidi-Bel-Abbès in Algerien, dem Hauptsitz der Fremdenlegion, kommt er zur Ausbildung nach Tunesien. Rund die Hälfte der Männer sind Deutsche, zum Teil aus alliierten Gefangenenlagern rekrutiert.

In Indochina (Laos, Kambodscha und Vietnam) tobt seit 1945 der Kolonialkrieg der Franzosen gegen die von General Giap geführten aufständischen Vietminh (später Vietcong). „Die Legionäre starben dort wie die Fliegen“, erzählt Konrad. Deshalb wurden die neuen Rekruten der Legion in nur wenigen Wochen ausgebildet. Reinhold Konrad wurde Funker.

1952 wird die Einheit von Konrad, das 2. Bataillon des 3. Regiments, auf ein 50 Jahre altes Schiff verfrachtet. Die Legionäre kommen nach 32 Tagen auf See halbtot in Saigon (heute Ho-Chi-Minh-Stadt) an. Haiphong im Norden Vietnams und Laos sind die weiteren Einsatzorte.

Nahe der Stadt Xianchuang, erinnert sich Reinhold Konrad, mussten die 450 Männer seines Bataillons zu Einsätzen auf den Ho-Chi-Minh-Pfad, auf dem die Vietminh ihren Nachschub aus dem Norden transportierten. „Die waren wie die Ameisen. General Giap war viel schlauer als der französische Generalstab.“

In der Schlacht um die Festung Dien Bien Phu wird Reinhold Konrad von einer Kugel im rechten Fuß getroffen.

Nach der Niederlage der Franzosen im Mai 1954 geriet der Krefelder in Gefangenschaft. Die Truppe, so erzählt er, musste dafür bezahlen, dass sie bei ihren Vergeltungsschlägen gegen die Dörfer auch deren Nahrungsmittelvorräte verbrannt hatte. Fehlende Medikamente und die klimatischen Bedingungen führten dazu, dass mehr als die Hälfte des Bataillons die Gefangenschaft nicht überlebte.

Aus gesundheitlichen Gründen geht er zurück nach Frankreich

Reinhold Konrad wiegt 45 Kilogramm, als er nach seiner Entlassung nach dem Genfer Abkommen von 1954 zurück nach Europa kommt. Er wird vorzeitig demobilisiert und kehrt nach Krefeld zurück. Dort steigt er in das elterliche Transportunternehmen ein und heiratet seine Sandkastenliebe Irmgard Mellen. Mit ihr hat er zwei Töchter.

Das Busunternehmen an der Hülser Straße mit zwölf Fahrzeugen verkaufte Reinhold Konrad 1990. Es sind in erster Linie gesundheitliche Gründe, aus denen er in diesen Tagen zur Légion Étrangère, den Männern mit dem weißen Käppi (Képi blanc“) zurückkehrt. „Meine Familie“, sagt er. Seine Schusswunde am Bein ist bis heute nicht verheilt. „Militär ist Mist und vor allem Krieg ist Mist“, bilanziert Reinhold Konrad dieses Stück seines Lebens.


Hommage au CBA Hélie de Saint-Marc, Légionnaire-para, écrivain.

Envoyer

02/09/2013

Sans conscience, pas d'honneur.

Sans devoir d'obéir à sa conscience, pas d'honneur.

Honneur brille au drapeau avant Patrie.


Capitaine Magniez, "Sois bon soldat", 1904.

 

 

cba-de-saint-marc-28-11-2011.jpg

Hélie Denoix de Saint-Marc, résistant à 19 ans, arrêté par les nazis sur dénonciation et interné au camp de Buchenwald. Est l’un de 30 survivants d’un convoi de plus de 1000 déportés. Saint-Cyrien. Légionnaire. Guerre d’Indochine avec le 3e REI et le 2e BEP. Guerre d’Algérie avec le 1er REP qu’il commande par intérim. Entre en opposition avec la politique menée par le gouvernement. Refuse d’abandonner les français d’Algérie et les harkis. Passe 5 ans en prison avant d’être gracié. Réhabilité dans ses droits civils et militaires en 1978. Ecrivain. Prix littéraire de l'Armée de Terre Erwan Bergot en 1995 et prix Fémina en 1996 pour « Les champs de braises ». Grand-croix de la Légion d’honneur, Croix de guerre 1939-1945 avec 1 citation, Croix de guerre des TOE avec 8 citations, Croix de la valeur militaire avec 4 citations, Médaille de la résistance, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Croix du combattant, Médaille coloniale avec agrafe « Extrême-Orient », Médaille commémorative de la guerre 1939-1945, Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de Résistance, Médaille commémorative de la campagne d'Indochine, Médaille commémorative des opérations du Moyen-Orient (1956), Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord (1958) avec agrafes « Algérie » et « Tunisie », Insigne des blessés militaires (2), Officier dans l'ordre du mérite civil Taï Sip Hoc Chau. Décède le 26 août 2013.

décorations Hélie.JPG 

Ce soir-là, je regarde le journal de 20h et les chaînes d'information. Combien de secondes accordées  au CBA Hélie de Saint-Marc ? Les avez-vous comptées ?

 

Alors que les tambours de la guerre ne cessent de gronder, Afghanistan, Libye, Mali… Syrie. A quoi est dû ce silence assourdissant des médias ? Est-ce de l’indifférence ? Indifférence des médias seulement, ou indifférence de la France ?

 

Si la France détourne son regard lors du dernier voyage d'un vieux soldat, peut-elle encore regarder dans les yeux les jeunes gens qu’elle envoie combattre, pour elle, au bout du monde ? Peut-elle regarder dans les yeux la maman de Jean-Nicolas Panezyck, mort en Afghanistan ? Peut-elle regarder dans les yeux la fille d’Alexandre van Dooren, mort au Mali ?

 

J'écris cela sans rancœur : Sur le Net, où la parole n'est pas muselée, j'ai vu fleurir des milliers d'hommages. Mots simples de vieux soldats, certes, mais aussi de "ménagères de moins de 50 ans", de jeunes mamans, d'adolescents... Une multitude d'anonymes qui ont salué le Commandant, les yeux dans les yeux. Une France au regard franc. La vraie France.

 

« Reposez en paix Monsieur Hélie Denoix de Saint-Marc...

L’hommage que le journal télé ne vous donne pas, prenez-le de ces quelques lignes.

Merci d’avoir été.

Merci du fond du cœur. » 

Commentaire d’Ha mandaa lectrice de La Plume & L’Epée, sur notre page FaceBook.

Hélie de Saint-Marc - Algérie.jpg 

***

Livres Hélie de Saint Marc.jpg

Œuvres d'Hélie de Saint-Marc

Les Champs de braises. Mémoires avec Laurent Beccaria, Ed. Perrin.

Les Sentinelles du soir, Ed. Les Arènes.

Indochine, notre guerre orpheline, Ed. Les Arènes.

Notre histoire (1922-1945) avec August von Kageneck, conversations recueillies par E. de Montety, Ed. Les Arènes

Toute une vie, en collaboration avec Laurent Beccaria, Ed. Les Arènes.

L’Aventure et l’Espérance, Ed. Les Arènes.

 

*** 

Le CBA de Saint-Marc a été inhumé le 30 août dernier.

Lors de la cérémonie religieuse en la primatiale Saint-Jean de Lyon, devant  plus d'un millier de personnes rassemblées pour un dernier hommage, l'une de ses filles s'est ainsi exprimée :

"Tu as préféré l'honneur aux honneurs".

 

1rep_insigne.jpg

Un homme doit garder la capacité de résister, de s'opposer, de dire "non". Ensuite, il n'a pas à s'excuser. Trop d'hommes agissent selon la direction du vent. Leurs actes disjoints, morcelés, n'ont plus aucun sens. 

CBA Hélie de Saint-Marc

1175735_10151814420746357_1542581238_n.jpg

"Le dernier saut du para"


L'éloge funèbre d'Hélie de Saint-Marc

Envoyer

Publié le dimanche 01 septembre 2013

Voici le texte de l'éloge funèbre, prononcé vendredi à Lyon par le général Bruno Dary, lors des obsèques du commandant de Saint-Marc

 

"Mon commandant, mon ancien,

Ils sont là, ils sont tous présents, qu’ils soient vivants ou disparus, oubliés de l’histoire ou célèbres, croyants, agnostiques ou incroyants, souffrant ou en pleine santé, jeunes soldats ou anciens combattants, civils ou militaires, ils sont tous présents, si ce n’est pas avec leur corps, c’est par leur coeur ou par leur âme ! Tous ceux qui, un jour, ont croisé votre chemin, ou ont fait avec vous une partie de votre route ou plutôt de votre incroyable destinée, sont regroupés autour de vous : les lycéens de Bordeaux, les résistants du réseau Jade-Amicol, les déportés du camp de Langenstein, vos frères d’armes, vos légionnaires que vous avez menés au combat, ceux qui sont morts dans l’anonymat de la jungle ou l’indifférence du pays, les enfants de Talung que vous avez dû laisser derrière vous, les harkis abandonnés puis livrés aux mains du FLN ! Je n’oublie pas vos parents et votre famille, qui ont partagé vos joies et vos épreuves ; il faut ajouter à cette longue liste, les jeunes générations, qui n’ont connu, ni la Guerre de 40, ni l’Indochine, pas plus que l’Algérie, mais qui ont dévoré vos livres, qui vous ont écouté et que vous avez marqués profondément ! Cette liste ne serait pas complète, si n’était pas évoquée la longue cohorte des prisonniers, des déchus, des petits et des sans-grades, les inconnus de l’histoire et des médias, ceux que vous avez croisés, écoutés, respectés, défendus, compris et aimés et dont vous avez été l’avocat. Eux tous s’adressent à vous aujourd’hui, à travers ces quelques mots et, comme nous en étions convenus la dernière fois que nous nous sommes vus et embrassés chez vous, je ne servirai que d’interprète, à la fois fidèle, concis et surtout sobre.
 
Aujourd’hui, Hélie, notre compagnon fidèle, c’est vous qui nous quittez, emportant avec vous vos souvenirs et surtout vos interrogations et vos mystères ; vous laissez chacun de nous, à la fois heureux et fier de vous avoir rencontré, mais triste et orphelin de devoir vous quitter. Vous laissez surtout chacun de nous, seul face à sa conscience et face aux interrogations lancinantes et fondamentales qui ont hanté votre vie, comme elles hantent la vie de tout honnête homme, qui se veut à la fois homme d’action et de réflexion, et qui cherche inlassablement à donner un sens à son geste !
 
Parmi tous ces mystères, l’un d’eux ne vous a jamais quitté. Il a même scandé votre vie ! C’est celui de la vie et de la mort. Car qui d’autres mieux que vous, aurait pu dire, écrire, prédire ou reprendre à son compte ce poème d’Alan Seeger, cet Américain, à la fois légionnaire et poète, disparu à 20 ans dans la tourmente de 1916 : « j’ai rendez-vous avec la mort » ?
 
C’est à 10 ans que vous avez votre premier rendez-vous avec la mort, quand gravement malade, votre maman veille sur vous, nuit et jour ; de cette épreuve, vous vous souviendrez d’elle, tricotant au pied de votre lit et vous disant : « Tu vois Hélie, la vie est ainsi faite comme un tricot : il faut toujours avoir le courage de mettre un pied devant l’autre, de toujours recommencer, de ne jamais s’arrêter, de ne jamais rien lâcher ! » Cette leçon d’humanité vous servira et vous sauvera quelques années plus tard en camp de concentration. Votre père, cet homme juste, droit et indépendant, qui mettait un point d’honneur durant la guerre, à saluer poliment les passants, marqués de l’étoile jaune, participera aussi à votre éducation ; il vous dira notamment de ne jamais accrocher votre idéal, votre ‘‘étoile personnelle’’ à un homme, aussi grand fût-il ! De l’époque de votre jeunesse, vous garderez des principes stricts et respectables, que les aléas de la vie ne vont pourtant pas ménager ; c’est bien là votre premier mystère d’une éducation rigoureuse, fondée sur des règles claires, simples et intangibles, que la vie va vous apprendre à relativiser, dès lors qu’elles sont confrontées à la réalité !
 
Puis, à 20 ans, vous aurez votre deuxième rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, vêtu d’un méchant pyjama rayé, dans le camp de Langenstein. Deux ans de déportation mineront votre santé et votre survie se jouera à quelques jours près, grâce à la libération du camp par les Américains. Mais votre survie se jouera aussi par l’aide fraternelle d’un infirmier français qui volait des médicaments pour vous sauver d’une pneumonie, puis celle d’un mineur letton, qui vous avait pris en affection et qui chapardait de la nourriture pour survivre et vous aider à supporter des conditions de vie et de travail inhumaines. En revanche, vous refuserez toujours de participer à toute forme d’emploi administratif dans la vie ou l’encadrement du camp d’internement, ce qui vous aurait mis à l’abri du dénuement dans lequel vous avez vécu. Vous y connaitrez aussi la fraternité avec ses différentes facettes : d’un côté, celle du compagnon qui partage un quignon de pain en dépit de l’extrême pénurie, du camarade qui se charge d’une partie de votre travail malgré la fatigue, mais de l’autre, les rivalités entre les petites fraternités qui se créaient, les cercles, les réseaux d’influence, les mouvements politiques ou les nationalités…. Mystère, ou plutôt misère, de l’homme confronté à un palier de souffrances tel qu’il ne s’appartient plus ou qu’il perd ses références intellectuelles, humaines et morales !
 
Vous avez encore eu rendez-vous avec la mort à 30 ans, cette fois, à l’autre bout du monde, en Indochine. Vous étiez de ces lieutenants et de ces capitaines, pour lesquels de Lattre s’était engagé jusqu’à l’extrême limite de ses forces, comme sentinelles avancées du monde libre face à l’avancée de la menace communiste. D’abord à Talung, petit village à la frontière de Chine, dont vous avez gardé pieusement une photo aérienne dans votre bureau de Lyon. Si les combats que vous y avez mené n’eurent pas de dimension stratégique, ils vous marquèrent profondément et définitivement par leur fin tragique : contraint d’abandonner la Haute région, vous avez dû le faire à Talung, sans préavis, ni ménagement ; ainsi, vous et vos légionnaires, quittèrent les villageois, en fermant les yeux de douleur et de honte ! Cette interrogation, de l’ordre que l’on exécute en désaccord avec sa conscience, vous hantera longtemps, pour ne pas dire toujours ! Plus tard, à la tête de votre Compagnie du 2° Bataillon étranger de parachutistes, vous avez conduit de durs et longs combats sous les ordres d’un chef d’exception, le chef d’escadron RAFFALLI : Nhia Lo, la Rivière Noire, Hoa Binh, Nassan, la Plaine des Jarres. Au cours de ces combats, à l’instar de vos compagnons d’armes ou de vos aînés, vous vous sentiez invulnérables ; peut-être même, vous sentiez-vous tout permis, parce que la mort était votre plus proche compagne : une balle qui vous effleure à quelques centimètres du coeur, votre chef qui refuse de se baisser devant l’ennemi et qui finit pas être mortellement touché ; Amilakvari et Brunet de Sairigné vous avaient montré le chemin, Segrétain, Hamacek, Raffalli et plus tard Jeanpierre, Violès, Bourgin, autant de camarades qui vous ont quitté en chemin. Parmi cette litanie, on ne peut oublier, votre fidèle adjudant d’unité, l’adjudant Bonnin, qui vous a marqué à tel point, que, plus tard, vous veillerez à évoquer sa personnalité et sa mémoire durant toutes vos conférences ! Et avec lui, se joignent tous vos légionnaires, qui ont servi honnêtes et fidèles, qui sont morts, dans l’anonymat mais face à l’ennemi, et pour lesquels vous n’avez eu le temps de dire qu’une humble prière. Tel est le mystère de la mort au combat, qui au même moment frappe un compagnon à vos côtés et vous épargne, pour quelques centimètres ou une fraction de seconde !
 
10 ans plus tard, vous aurez encore rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, ce ne sera pas d’une balle perdue sur un champ de bataille, mais de 12 balles dans la peau, dans un mauvais fossé du Fort d’Ivry. En effet, vous veniez d’accomplir un acte grave, en vous rebellant contre l’ordre établi et en y entraînant derrière vous une unité d’élite de légionnaires, ces hommes venus servir la France avec honneur et fidélité. Or retourner son arme contre les autorités de son propre pays reste un acte très grave pour un soldat ; en revanche, le jugement qui sera rendu - 10 ans de réclusion pour vous et le sursis pour vos capitaines - montre qu’en dépit de toutes les pressions politiques de l’époque, en dépit des tribunaux d’exception et en dépit de la rapidité du jugement, les circonstances atténuantes vous ont été reconnues. Elles vous seront aussi été reconnues 5 ans après, quand vous serez libéré de prison, comme elles vous seront encore reconnues quelques années plus tard quand vous serez réhabilité dans vos droits ; elles vous seront surtout reconnues par la nation et par les médias à travers le succès éblouissant de vos livres, celui de vos nombreuses conférences et par votre témoignage d’homme d’honneur. Ces circonstances atténuantes se transformeront finalement en circonstances exceptionnelles, lorsque, 50 ans plus tard, en novembre 2011, le Président de la République en personne vous élèvera à la plus haute distinction de l’Ordre de la Légion d’Honneur ; au cours de cette cérémonie émouvante, qui eut lieu dans le Panthéon des soldats, nul ne saura si l’accolade du chef des armées représentait le pardon du pays à l’un de ses grands soldats ou bien la demande de pardon de la République pour avoir tant exigé de ses soldats à l’époque de l’Algérie. Le pardon, par sa puissance, par son exemple et surtout par son mystère, fera le reste de la cérémonie !….Aujourd’hui, vous nous laissez l’exemple d’un soldat qui eut le courage, à la fois fou et réfléchi, de tout sacrifier dans un acte de désespoir pour sauver son honneur ! Mais vous nous quittez en sachant que beaucoup d’officiers ont aussi préservé leur honneur en faisant le choix de la discipline. Le mot de la fin, si une fin il y a, car la tragédie algérienne a fait couler autant d’encre que de sang, revient à l’un de vos contemporains, le général de Pouilly, qui, au cours de l’un des nombreux procès qui suivirent, déclara, de façon magistrale et courageuse, devant le tribunal : « Choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec la Nation française la honte d’un abandon… Et pour ceux qui, n’ayant pas pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira sans doute que leur crime est moins grand que le nôtre » !
 
Et puis, quelque 20 ans plus tard, alors que, depuis votre sortie de prison, vous aviez choisi de garder le silence, comme seul linceul qui convienne après tant de drames vécus, alors que vous aviez reconstruit votre vie, ici même à Lyon, vous êtes agressé un soir dans la rue par deux individus masqués, dont l’un vous crie, une fois que vous êtes à terre : « Tais-toi ! On ne veut plus que tu parles ! » Cette agression survenait après l’une de vos rares interventions de l’époque ; elle agira comme un électrochoc et vous décidera alors à témoigner de ce que vous avez vu et vécu à la pointe de tous les drames qui ont agité la France au cours du XXème siècle. Ainsi, au moment où vous comptiez prendre votre retraite, vous allez alors commencer, une 3° carrière d’écrivain et de conférencier. Alors que le silence que vous aviez choisi de respecter, vous laissait en fait pour mort dans la société française, ce nouvel engagement va vous redonner une raison de vivre et de combattre ! Toujours ce mystère de la vie et de la mort ! Au-delà des faits et des drames que vous évoquerez avec autant d’humilité que de pudeur, vous expliquerez les grandeurs et les servitudes du métier des armes et plus largement de celles de tout homme. A l’égard de ceux qui ont vécu les mêmes guerres, vous apporterez un témoignage simple, vrai, poignant et dépassionné pour expliquer les drames vécus par les soldats, qui, dans leur prérogative exorbitante de gardien des armes de la cité et de la force du pays, sont en permanence confrontés aux impératifs des ordres reçus, aux contraintes de la réalité des conflits et aux exigences de leur propre conscience, notamment quand les circonstances deviennent exceptionnellement dramatiques. A l’égard des jeunes générations, qui n’ont pas connu ces guerres, ni vécu de telles circonstances, mais qui vous ont écouté avec ferveur, vous avez toujours évité de donner des leçons de morale, ayant vous-même trop souffert quand vous étiez jeune, des tribuns qui s’indignaient sans agir, de ceux qui envoyaient les jeunes gens au front en restant confortablement assis ou de notables dont la prudence excessive servait d’alibi à l’absence d’engagement. Vous êtes ainsi devenu une référence morale pour de nombreux jeunes, qu’ils fussent officiers ou sous-officiers ou plus simplement cadres ou homme de réflexion.
 
Puis dans les dernières années de votre vie, vous avez aussi eu plusieurs rendez-vous avec la mort, car votre « carcasse » comme vous nous le disiez souvent, finissait pas vous jouer des tours et le corps médical, avec toute sa compétence, sa patience et son écoute, ne pouvait plus lutter contre les ravages physiques des années de déportation, les maladies contractées dans la jungle indochinoise et les djebels algériens, les conséquences des années de campagnes, d’humiliation ou de stress. Pourtant, vous avez déjoué les pronostics et vous avez tenu bon, alors que vous accompagniez régulièrement bon nombre de vos frères d’armes à leur dernière demeure ! Là encore, le mystère de la vie et de la mort vous collait à la peau.
 
Et puis, aujourd’hui, Hélie, notre ami, vous êtes là au milieu de nous ; vous, l’homme de tous les conflits du XXème siècle, vous vous êtes endormi dans la paix du Seigneur en ce début du XXIème siècle, dans votre maison des Borias que vous aimiez tant, auprès de Manette et de celles et ceux qui ont partagé l’intimité de votre vie.
 
Mais, Hélie, êtes-vous réellement mort ? Bien sûr, nous savons que nous ne croiserons plus vos yeux d’un bleu indéfinissable ! Nous savons que nous n’écouterons plus votre voix calme, posée et déterminée ! Nous savons aussi que, lors de nos prochaines étapes à Lyon, seule Manette nous ouvrira la porte et nous accueillera ! Nous savons aussi que vos écrits sont désormais achevés !
 
Mais, Hélie, à l’instar de tous ceux qui sont ici présents, nous avons envie nous écrier, comme cet écrivain français : « Mort, où est ta victoire ? »
Mort, où est ta victoire, quand on a eu une vie aussi pleine et aussi intense, sans jamais baisser les bras et sans jamais renoncer ?
Mort, où est ta victoire, quand on n’a cessé de frôler la mort, sans jamais chercher à se protéger ?
Mort, où est ta victoire, quand on a toujours été aux avant-gardes de l’histoire, sans jamais manqué à son devoir ?
Mort, où est ta victoire, quand on a su magnifier les valeurs militaires jusqu’à l’extrême limite de leur cohérence, sans jamais défaillir à son honneur ?
Mort, où est ta victoire, quand on s’est toujours battu pour son pays, que celui-ci vous a rejeté et que l’on est toujours resté fidèle à soi-même ?
Mort, où est ta victoire, quand après avoir vécu de telles épreuves, on sait rester humble, mesuré et discret ?
Mort, où est ta victoire, quand son expérience personnelle, militaire et humaine s’affranchit des époques, des circonstances et des passions et sert de guide à ceux qui reprendront le flambeau ?
Mort, où est ta victoire, quand après avoir si souvent évoqué l’absurde et le mystère devant la réalité de la mort, on fait résolument le choix de l’Espérance ?
Hélie, notre frère, toi qui a tant prôné l’Espérance, il me revient maintenant ce vieux chant scout que tu as dû chanter dans ta jeunesse et sans doute plus tard, et que tous ceux qui sont présents pourraient entonner : « Ce n’est qu’un au revoir, mon frère ! Ce n’est qu’un au revoir ! Oui, nous nous reverrons Hélie ! Oui, nous nous reverrons » !
 
Oui, Hélie, oui, nous nous reverrons à l’ombre de Saint Michel et de Saint Antoine, avec tous tes compagnons d’armes, en commençant par les plus humbles, dans un monde sans injure, ni parjure, dans un monde sans trahison, ni abandon, dans un monde sans tromperie, ni mesquinerie, dans un monde de pardon, d’amour et de vérité !
 
A Dieu, Hélie….A Dieu, Hélie et surtout merci ! Merci d’avoir su nous guider au milieu des « champs de braise ! »

A soldier’s tragic beau geste

Envoyer

Zafar Masud Published Sep 01, 2013

JOINING the French Foreign Legion, or Légion Etrangère, is very different from enlisting into the army of one’s own country. Just anyone from any nation can become a soldier here, but the Legion requires some exceptional physical, moral and mental qualities and a very keen sense of camaraderie, rare among us ordinary human beings.

There have been many films on the subject, perhaps the most legendary of all being the 1939 Hollywood classic, ‘Beau Geste’, in which a very young Gary Cooper takes the blame for the theft of family jewels and joins the Légion Etrangère in order to save the honour of his aristocratic kinsfolk, definitively leaving them behind in England.

In the movie Beau Geste is the hero’s name, but it is also a word, both in French and English; the Oxford dictionary describes it as “a graceful, magnanimous gesture”. Currently a Legionnaire of Spanish origin has got the whole of France puzzled over whether to qualify his act as gracious or quite simply heinously criminal.

Let’s begin at the beginning. Francisco Benitez, a tall fellow with wide shoulders, a muscular body and a permanent grin on his bearded face, was much liked by his comrades in the Foreign Legion who affectionately called him Paco.

He apparently lived a peaceful life in the southern French city of Perpignan with his wife Marie-Josée and his pretty teenage daughter Allison, who was elected the local beauty queen earlier this year.

This dreamlike story blows apart when, on July 21, Benitez walks into the neighborhood police station, his ever-present smile missing this time, and reports that he hasn’t seen Marie-Josée and Allison since July 14 and that he is worried for their safety.

Asked why it took him a whole week to report this, Benitez replied he had had a discussion with his wife and that he thought she was hiding some place to punish him; the daughter had simply followed her mother. The inspector recorded the complaint and let Benitez return home.

Later, going through his file, police officials suddenly woke up to the fact that a similar incident had taken place when a young woman named Simone Alves de Oliveira, a Brazilian national who lived in the city of Nimes not far from Perpignan, was reported missing on November 29, 2004. She happened to be Benitez’s mistress.

The Legionnaire was questioned by the police at that time. His explanation was that when he told Simone he couldn’t leave his wife and daughter to come to Nimes and live with her, she decided to go back to Brazil. Investigators scraped a little further, only to discover that Simone never returned to her home country and that no trace of her exists today, either in France or in Brazil or anywhere else.

Benitez was summoned back to the police station the next day and was questioned to find out if there was a connection between the disappearance of Allison and Marie-Josée and that of Simone Alves de Oliveira. He pleaded innocence and denied any wrongdoing.

He returned home in a depressive state of mind and wrote a number of letters and emails to his friends and family members in Spain. He also recorded a video disc that was later telecast by a number of TV networks. In none of his communications did he admit any crime, but at the same time he refrained from a straightforward denial of any kind of wrongdoing. All he said was that he loved his wife and daughter and couldn’t bear being separated from them.

Then, on the evening of July 27, Francisco Benitez committed suicide by hanging himself.

Given the tragic end, it would probably be natural to forgive Benitez. But more and more chilly details are coming to light every day, hinting at his culpability.

Investigators have found traces of DNA belonging to Allison and Marie-Josée in the suspiciously clean and empty deep-freezer of the household, as well as on a recently washed and still humid living room carpet.

Then, the dashboard counter of Benitez’s car shows evidence of a run of 5,000 kilometres between July 14 and 20. The police say 2,500kms is a long distance to go to and come back from within six days, unless Benitez had a special place in mind to get rid of the two bodies.

As more and more facts are fitting themselves into a comprehensible pattern, the investigators say they expect to find, sooner or later, the final proof, and probably the remains of a third corpse hidden in the same place nine years ago. Killing himself was perhaps the idea of a beau geste by the Foreign Legionnaire, but it certainly has missed its point.

The writer is a journalist based in Paris. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.


Entre les lignes

Envoyer

Dimanche 1er Septembre 2013

 

Michel Viala, auteur en résidence

Michel Viala [DR]

L’écrivain, poète et dramaturge Michel Viala a quitté la scène définitivement.

Entre les lignes rend hommage à cette légende du théâtre suisse.
 

A l’automne 2004, Petit-Bois, la pièce de Michel Viala était créée sur la scène du Poche-Genève. Petit-Bois, comme la maison de retraite où l'auteur avait trouvé refuge trois ans auparavant.

Après des années de galère et de colère passées dans la peau d'un clochard derrière la gare de Genève – "c'était de la provocation" dit-il ,  l'auteur devenu septuagénaire était rentré dans le rang en acceptant une vie plus sereine et confortable à la campagne. Dans sa chambre de résident, il poursuivait son incessant travail d'écriture sans rien renier de son passé.

Enfant des quartiers populaires de Genève, ancien légionnaire, anarchiste, dissident et aventurier au long cours, Viala était avant tout un formidable poète, adepte du décasyllabe, ce vers rugueux qu'il préférait de loin à la préciosité de l'alexandrin.

Mais notre homme était aussi un comédien qui aimait dire qu'il était venu au théâtre par hasard. Il est l'auteur d'une cinquantaine de pièces au ton particulièrement caustique, et a exploité son talent de dialoguiste en écrivant de nombreux scénarios de films et téléfilms.

Rencontre impromptue avec un artiste aux mille vies, dans sa chambre de résident, au Petit-Bois.

Par Jean-Marie Félix


Disparues de Perpignan : la Légion étrangère «apporte toute sa contribution à l’enquête»

Envoyer

Le 31 août 2013

PHOTO/AFP

Alors que l’on apprenait que c’est bien dans les locaux de la Légion étrangère qu’a été retrouvé le congélateur portant des traces de l’ADN d’Allison Benitez, les militaires ont expliqué apporter leur entier soutien aux investigations en cours.

«La Légion étrangère, comme l’ensemble de l’armée de terre, apporte toute la contribution possible aux services d’enquête. Une enquête sur laquelle elle ne fera aucun commentaire», expliquait-on vendredi du côté des képis blancs. Les premières informations, parcellaires, avaient fait état de traces de sang découvertes dans le congélateur du domicile de la famille Benitez, suite à la disparition d’Allison, 19ans, et de sa mère Marie-Josée, 53ans. Or, jeudi soir, une source a confirmé à l’AFP que le congélateur avait été transporté par Francisco Benitez, le père de famille, dans ses quartiers au sein de la caserne Joffre. Là même où ont également été retrouvées des traces d’ADN d’Allison et de Marie-Josée, dans un lave-linge. Et là, encore, où il a mis fin à ses jours le 5 août dernier.

Ces informations ont été portées à la connaissance des enquêteurs par un autre légionnaire, qui se serait présenté spontanément afin d’expliquer qu’à la demande de Francisco Benitez, il avait aidé celui-ci à transporter ce congélateur “qui l’encombrait” jusqu’à son logement à la caserne. D’autres sources précisent que le récit de ce nouveau témoin, qui a été mis hors de cause par les enquêteurs, situe le déplacement du congélateur entre le 14 juillet, date de la disparition d’Allison et de Marie-Josée, et le signalement de cette disparition par Francisco, le 22 juillet.


Lavelanet. 60 képis blancs au pied du «pog» à Montségur

Envoyer

Publié le 31/08/2013

Soixante engagés volontaires dans la légion étrangère à Castelnaudary ont reçu le képi blanc au pied du «pog»./Photo DDM.

Sous le regard de touristes visiblement surpris, au pied du «pog», sur quatre rangs, soixante engagés volontaires dans la légion étrangère sont dans un garde-à-vous impeccable. Dans quelques instants, ils vont vivre un moment essentiel dans la vie d’un légionnaire. Ils vont recevoir le képi blanc, signe d’un premier mois de service dans le régiment de légion étrangère de Castelnaudary. Plus que cela, à partir de cet instant, ils vont devenir des légionnaires. L’instant est émouvant. Dans leur dos, haut perchée, la citadelle cathare domine cette cérémonie symbolique et solennelle. «Vous avez pris une décision courageuse et admirable, la plupart d’entre vous avez tout remis en jeu. Aujourd’hui, après cette marche au cours de laquelle je vous ai vus souffrir, serrer les dents, mais toujours motivés, vous méritez votre képi blanc. Mais rien n’est terminé, au contraire tout commence, et le plus difficile, ce sera chaque jour de mériter ce képi blanc et véhiculer les valeurs de la légion étrangère.» Les mots de l’officier résonnent jusqu’en haut de la «citadelle du vertige», ceux, d’une seule voix, des soixante légionnaires tout autant lorsqu’ils promettent de servir leur nouvelle patrie avec honneur et fidélité. Le colonel Marc Lobel, commandant le 4e régiment étranger d’infanterie, à Castelnaudary, félicite le groupe pour cette première phase réussie. «Maintenant, ces légionnaires vont avoir trois mois d’instruction et de formation, règles militaires, code d’honneur du légionnaire. Suivra l’apprentissage de la partie technique du soldat, la spécialisation, comment utiliser une arme…», explique le colonel. Michel François, le maire de Montségur, a vécu cette cérémonie avec toute la sensibilité qui le lie à la légion étrangère. «Ma carrière militaire, longue de trente-huit ans de service, m’a donné l’occasion de vous côtoyer à différentes reprises et en divers endroits du globe, Corse, le 5e RCI dans le Pacifique, le 3e REI en Guyane… Vous qui venez de nombreux pays, vous avez choisi de servir la France avec honneur et fidélité dans la légion étrangère. Devenus fils de France, soyez persuadés que votre nouveau pays d’accueil et votre nouvelle patrie qu’est la légion ne vous décevront pas.»

Michel François remettra la médaille de Montségur au colonel Lobel, alors qu’André Czesky, archéologue, concluait la cérémonie par un bref mais complet résumé de l’histoire de Montségur.

La Dépêche du Midi

Dernier hommage au commandant Hélie de Saint-Marc

Envoyer

Publié le 31/08/2013

Ce sont les légionnaires qui ont porté le cercueil de Hélie de Saint-Marc. Photo Stéphane Guiochon

Frères d’arme, préfet, élus de tous bords, autorités militaires : il y avait plus de 1 000 personnes auprès de la famille d’Hélie Denoix de Saint-Marc ce vendredi aux obsèques du commandant à la primatiale Saint-Jean.

Cette légende du monde combattant est décédée lundi dernier à l’âge de 91 ans.

« Tu as préféré l’honneur aux honneurs » ont témoigné ses quatre filles lors de la cérémonie religieuse. Pour le cardinal Barbarin, quatre mots résumaient Hélie Denoix de Saint-Marc : « honneur, fidélité, courage et responsabilité ».

Le général Bruno Dary, qui a prononcé l’éloge funèbre sur la place Saint-Jean, a mis en avant « l’incroyable destinée » de celui qui a été « l’homme de tous les conflits du XXe siècle ».

Résistant à 19 ans, Hélie Denoix de Saint-Marc a été arrêté puis déporté au camp de Langenstein. Il en sera un des rares survivants. Diplômé de Saint-Cyr, il part en 1948 en Indochine au sein de la Légion Étrangère. Affecté dans un avant-poste à la frontière chinoise, il restera très marqué par l’ordre d’évacuation après 18 mois, qui entraînera l’abandon des partisans vietnamiens sur ordre du haut commandement.

Et c’est ce qui explique que lors de la guerre d’Algérie, en avril 1961 alors qu’il commande le 1er régiment étranger de parachutistes, il se joint au putsch d’Alger.

Condamné à dix ans de réclusion criminelle, il est gracié le jour de Noël 1966 après cinq années passées à Tulle.

Il s’installe alors à Lyon où il fera carrière dans l’industrie.

Auteurs de plusieurs livres de témoignage depuis 1995, Helie Denoix de Saint-Marc avait été fait Grand-Croix de la Légion d’Honneur par le président de la République il y a deux ans lors d’une cérémonie aux Invalides.

Le cercueil recouvert du drapeau tricolore a quitté la place Saint-Jean sous les chants de la Légion et les applaudissements de la foule.

F. Guttin-Lombard


Page 14 sur 43

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui2651
mod_vvisit_counterHier8641
mod_vvisit_counterCette semaine2651
mod_vvisit_counterSemaine dernière61927
mod_vvisit_counterCe mois44267
mod_vvisit_counterMois dernier189579
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0920093182

Qui est en ligne ?

Nous avons 1862 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 43006212
You are here PRESSE XXI° 2013