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Légionnaire toujours...

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2013


Le Medef se met en position de combat pour son université d'été

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20.08.2013

Christophe de Saint Chamas, général de division commandant la Légion étrangère, a été invité à

disserter de l'art de la guerre devant les patrons du Medef lors de son université d'été du 28 au 31 août.

| AFP/BORIS HORVAT

A chaque patron du Medef, son université d'été. Celle de 2013, organisée du 28 au 31 août à Jouy-en-Josas (Yvelines), a une tonalité combattante, voire guerrière. Pour aider la France à "regarder la réalité en face" et les Français à "partager le goût du combat" des entrepreneurs, Pierre Gattaz a demandé à plusieurs spécialistes du renseignement et à des militaires de haut rang de venir partager leurs expériences.

On ne savait pas le nouveau patron des patrons, qui a succédé le 3 juillet à Laurence Parisot, "fana-mili" au point d'inviter Christophe de Saint Chamas, général de division commandant la Légion étrangère, à disserter de l'esprit d'équipe et de l'art de la guerre…

Mais c'est ainsi : M. Gattaz, qui a fait campagne en faveur d'un Medef recentré sur l'économie, veut une France qui passe "à l'offensive", une France réconciliée avec le ca...


Les combats du 18 août 1944 ont été commémorés ce dimanche

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Publiée le 18/08/2013

Marie-Jo Auclair (Anacr) et René Giraud, adjoint, ont déposé des gerbes au cimetière, où est enterré Elie Vieux, sous préfet de Roanne de 1944 à 1946/  Photo Andre Colombat
Dépôt de gerbe par la famille Roberton.
Jean Filotto, 98 ans, (au centre) est revenu sur les lieux du combat, 69 ans après.  Photos André Colombat

Ce dimanche, a eu lieu la commémoration des combats qui ont opposé le 18 août 1944 un groupe de résistants à un convoi de l’armée allemande. Ce combat a fait 17 morts dans la commune. Une commémoration a été faite à St-Symphorien-de-Lay dans la matinée. Puis, des gerbes ont été déposées par la famille Roberton et la municipalité, devant la stèle Roberton – Vacheron – David, au lieu-dit « Burnichon ».

Une cérémonie a ensuite eu lieu au monument aux morts, érigé sur la RN7 près des Etiveaux, à la mémoire des résistants tués lors de ce combat. Des gerbes ont été déposées par le maire, Jean-Noël Cimetière, l’Anacr (Association nationale des anciens combattants et résistants) de Saint-Germain Laval, Serge Navarro, président de l’Ufac de Roanne, et Marie-Jo Auclair, présidente de l’Anacr de Roanne et du comité commémoratif du Roannais.

Des porte-drapeaux des associations d’anciens combattants étaient aussi sur place ainsi que le maire de Neaux et ses adjoints, des adjoints de Saint-Symphorien-de-Lay, de Michel Chartier, conseiller général et de Jean-Claude Frécon, sénateur. L’ Amicale des anciens de la Légion étrangère, Pierre Defond, ancien maire d’Arcon, et Jean Filotto complétaient la liste de personnes présentes.


Castelnaudary. Deux engins explosifs découverts dans la benne

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Publié le 17/08/20

La présence des spécialistes de la Légion a permis une identification rapide des engins./Photo DDM

Une inquiétante découverte a eu lieu hier à la déchetterie chaurienne. L’employé du Smictom a découvert deux engins explosifs jetés dans la benne.

Hier matin, une drôle d’effervescence régnait à la déchetterie de la zone d’En Tourré à Castelnaudary. L’employé du Smictom de l’Ouest audois a eu le réflexe qui convenait lorsqu’il s’est rendu compte que deux engins explosifs avaient été négligemment «balancés» dans la benne réservée à la ferraille. Ce dernier n’a touché à rien, a préservé les lieux puis à fait appel à la police municipale. Parmi les agents de la PM se trouvait un ancien légionnaire, lequel, fort heureusement, a rapidement identifié les engins se trouvant dans la benne comme étant deux engins d’exercice et donc inerte. Par précaution et afin d’obtenir une identification ferme et définitive, l’officier de prévention et de sécurité du 4e régiment étranger s’est déplacé sur les lieux, et après examen, a confirmé les dires du policier municipal. Pour ces deux spécialistes, le premier serait une grenade à fusil et le second un obus de mortier, les deux étant des munitions dites «d’exercice». S’agissant d’engins assez anciens, toutes les hypothèses sont possibles quant à leur provenance. Militaire de carrière ou appelé du contingent qui les aurait récupérées en souvenir et qui s’en serait débarrassé ? Munitions découvertes lors de travaux après l’achat d’une maison ? Les solutions sont multiples et l’identification de ces engins est quasi impossible. Le capitaine de police Escudier et le maire de Castelnaudary Patrick Maugard, étaient présents sur les lieux. Les consignes de la préfecture audoise furent simples : par pure précaution, la benne où ont été trouvés les deux engins et qui contient encore quelques kilos de ferraille, sera mise hors-service, le temps nécessaire pour finir de la fouiller, afin de s’assurer que la grenade à fusil et l’obus étaient bien seuls, et surtout qu’ils n’étaient pas accompagnés d’un autre engin bien plus dangereux.

La Dépêche du Midi

Un militaire français retrouvé mort à Kaboul

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Publié le 14/08/2013

Un sous-officier de l'armée de l'air française a été retrouvé mort le 5 août dernier à Kaboul, a indiqué mercredi l'état-major des armées.

Le contingent français présent en Afghanistan déplore une 89e victime.

Le corps d'un militaire français, dont la mort n'est pas liée à une opération de combat ou à une attaque, a été découvert dans la zone militaire sous contrôle français de l'aéroport de la capitale afghane, a dit un porte-parole de l'état-major. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de sa mort, a-t-il ajouté sans plus de précision.

Selon le blog du quotidien Ouest-France spécialisé dans les questions de défense, Lignes de défense, il s'agirait d'un sous-officier de l'armée de l'air, Gwénaël Thomas, qui aurait été tué par balle et serait décédé dans l'exercice de ses fonctions.

89 soldats morts depuis 1981

Natif de Redon, âgé de 39 ans, il était spécialiste des transits aériens et avait participé à des missions au Mali, en Côte d'Ivoire et au Liban, ajoute le blog, qui précise que ses obsèques seront célébrées vendredi prochain à Redon (Ille-et-Vilaine). Son décès porte à 89 le nombre de soldats français morts en Afghanistan depuis le début de la présence française en 2001.

Les dernières troupes combattantes françaises ont quitté le pays en décembre dernier, conformément au calendrier de retrait accéléré décidé par François Hollande. Il reste quelque 500 militaires français sur place. Ils sont chargés principalement d'assurer la formation de l'armée afghane ainsi que la sécurité de l'aéroport et de l'hôpital militaire de Kaboul. Le retrait de la totalité des troupes étrangères d'Afghanistan est prévu pour fin 2014. Les forces armées et de police afghanes prendront le relais


L'ex-instructeur de Benitez : "Dans la légion, on fonce et on réfléchit après"

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RECUEILLI PAR SOPHIE GUIRAUD 13/08/2013
Aliksey Kent : "Le foulard n’a aucune signification dans la légion". (CHRISTOPHE FORTIN)

Ex-légionnaire, Aliksey Kent, restaurateur à Bagnols-sur-Cèze (Gard), a été instructeur de Francisco Benitez. Ce dernier renvoyait, jusqu’à son suicide lundi dernier, l’image d’un militaire sociable. Il était , le mari et le père de Marie-Josée et Allison, les deux disparues de Perpignan.
 

Vous connaissiez Francisco Benitez, vous l’avez eu comme élève à Castelnaudary.

J’ai été son instructeur pendant trois mois et demi en 1994 ou 1995, nous n’étions pas amis. Quand l’affaire a éclaté, je me suis souvenu de lui. Je n’ai rien à dire sur les faits, sinon que pour l’instant, il est présumé innocent.

Vous connaissez le fonctionnement de la légion et vous réagissez aux rumeurs qui circulent sur l’usage du foulard (Ndlr : Francisco Benitez s’est pendu avec un foulard noir cachant son visage).

Ce geste n’a aucune signification, ni officiellement, ni officieusement. Je suis révolté de lire qu’il s’agirait d’une pratique pour éliminer l’ennemi. L’ennemi, c’est un homme qui se bat contre nous, pour une cause. On n’apprend pas à lui mettre un foulard sur le visage pour l’éliminer. J’ai été formé pour le combat, et j’ai formé des combattants. Cette pratique n’existe pas.

Comment, personnellement, interprétez-vous ce geste ?

Peut-être Francisco Benitez a-t-il voulu éviter que des photos de son visage ne circulent.

Autre point d’interrogation : y a-t-il, chez les légionnaires, un “savoir-faire” pour tuer sans traces, et faire disparaître un corps ?

Non, on ne nous apprend pas à faire disparaître les corps. Le code d’honneur de la légion dit qu’on doit respecter l’ennemi vaincu. Le corps est rendu à sa famille. Par ailleurs, tuer quelqu’un reste exceptionnel. Je n’ai jamais tué personne.

Mais avez-vous appris à tuer “proprement” ?

Non. On apprend à attaquer une sentinelle, à conduire un assaut en prenant les gens par surprise... mais un footballeur ou un boxeur apprennent aussi à surprendre l’adversaire. On n’apprend pas à tuer une personne non armée, ni à éliminer quelqu’un. On apprend à faire la guerre.

Et à garder son sang-froid ?

Oui. Celui qui n’y parvient pas ne reste pas à la légion.

Comment, selon vous, un homme qui a appris à garder son sang-froid en arrive à de telles extrémités, alors qu’on a encore espoir de retrouver ses proches ?

La séparation d’une famille est très compliquée. Dans la légion, la famille est sacrée. Le sourire de sa femme quand on rentre est une consolation exceptionnelle. Francisco Benitez était aussi très attaché à sa fille.

Peut-on imaginer que Benitez ait fait des confidences à des légionnaires qui se taisent ?

Il n’y a aucune consigne pour garder le silence vis-à-vis d’enquêteurs. J’ai déjà été interrogé dans le cadre d’enquêtes sur des légionnaires, et j’ai répondu. On collabore avec la police.

Quelle est votre intime conviction ?

Je ne défends pas Benitez, je ne l’accuse pas. Oui, il y a l’enchaînement de deux affaires similaires. Mais il faut il faut faire attention aux coïncidences. S’il a tué ces femmes, il n’est pas le premier homme à l’avoir fait. Il était peut-être très méchant, ou très gentil. Les légionnaires sont des êtres humains. Ils ne sont pas tous issus d’un même “programme”.

Quel trait de caractère vous reste-t-il de votre passé ?

Comme tous les légionnaires, je fonce d’abord, je réfléchis après.

Etats de service
Aliksey Kent, 59 ans, tient le restaurant “La grignotte des 5 continents”, à Bagnols-sur-Cèze. Il a pris sa retraite il y a huit ans, après une carrière qui l’a amené au Kosovo, en Erythrée, en Côte d’Ivoire. Dans la région, il a été chef de la police militaire à Castelnaudary, et a fini sa carrière avec le grade d’adjudant chef, chef de la section transport de la légion à Laudun.

14-18 : le fantôme des Éparges

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10 août 2013

TOUR DU FRONT - Ils gardent les lieux. Veillent sur les disparus que l'on retrouve parfois. Accueillent les pèlerins qui viennent encore. Entretiennent les pierres érigées là par les survivants. Fauchent les herbes qui repoussent sans cesse. Ce sont les "veilleurs du front". Aux Éparges, sur cette crête aux 50.000 morts au sud de Verdun, Maurice Genevoix a montré le chemin. L'académicien, disparu en 1980, a monté la garde sa vie durant pour que ces lieux témoignent de "la farce démente" qui s'est jouée là. Son livre Ceux de 14 restera le grand récit français de la guerre. Son équivalent allemand, Orages d'acier d'Ernst Jünger, a été écrit de l'autre côté de la même crête. Robert Porchon, l'ami de Genevoix, mort en février 1915, est enterré là, au cimetière du Trottoir. Sa tombe est toujours fleurie. Le colonel Pierson, un ancien légionnaire, et son épouse, Patricia, ont pris le relais. Ici, ce sont eux les derniers "veilleurs". 

"Nous sommes des manants, cela veut dire ceux qui restent." Le colonel Xavier Pierson reste. Sa terre est là. Aux Éparges, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Verdun. Chez les Pierson, sont nées cinq générations de militaires. Un aïeul dans la vieille garde de Napoléon, revenu de la campagne de Russie. Un arrière-grand-père blessé à Verdun. Un père para en Indochine. Un frère blessé au Tchad. Un fils saint-cyrien en Afghanistan. Un gendre dans la Légion. Xavier Pierson, lui, a vingt ans de Légion, dont quatre ans au 2e REP de Calvi et a ensuite été gouverneur de la place militaire de Verdun. Un pur "para". La gouaille, la poignée de main virile et un air de malice qui vont avec.

Depuis 2005, le voilà revenu aux Éparges. Les époux Pierson ont vendu la vieille ferme familiale, dans la rue principale, malcommode, et ont construit à l'entrée du village une villa vite appelée "le château" par les gens du coin. Le colonel, grand amateur de livres, a son aile avec sa bibliothèque de récits de guerre. "Il y avait cinq obus non déminés sur le terrain", dit-il. Avec sa femme, Patricia, onze fois grands-parents, ils "restent". Et à eux aussi, dans ce vallon des Éparges, le vallon de Maurice Genevoix, les derniers poilus leur parlent. "On ne comprendra jamais pourquoi ici, en 14, ils ont tenu, pourquoi ils ont fait tout cela…", admet le colonel, depuis le jardin de sa maison face à la crête. Pas de doute pourtant, lui aussi aurait chargé à la tête de ses hommes. Un pistolet à la main, et la tête nue, comme l'officier sculpté sur le monument du fameux point X, du nom de l'extrémité est de cette crête que les Français n'ont jamais pu prendre. Coupe militaire, sourire communicatif, le colonel Pierson est adulé ou détesté dans sa région. Ce légionnaire, catholique fervent, aux convictions bien trempées à droite, ne laisse guère indifférent. Ami ou ennemi. Adoré pour son dynamisme ou raillé pour ses positions radicales. Quoi qu'il en soit, Pierson a le mérite d'être là. Comme partout ailleurs sur le front, qu'ils soient de droite ou de gauche, croyants ou athées, il fait partie de ces gardiens des lieux. Des veilleurs. Ici, dans ce vallon des Éparges, Pierson veille sur un gigantesque cimetière.

50.000 pertes françaises, 14 morts par mètre

Février 1915. Maurice Genevoix et le 106e régiment d'infanterie déboulent du chemin de la relève. Il est encore là, à l'identique, ce petit chemin de bocage, qui descend en pente douce depuis la tranchée de Calonne et s'ouvre sur le vallon des Éparges. En février 1915, quand Genevoix débouche des bois depuis le chemin de la relève, le village est déjà en ruine, au milieu du vallon. En face, la crête des Éparges, que tiennent les Allemands depuis 1914. Sur la gauche, la crête tenue par les Français. Le 106e RI cantonne dans le village en ruine. Les hommes se cachent comme des taupes. "Les Allemands avaient eu tort de bombarder le village, les Français ont pu se terrer dans les gravats", explique Pierson. Puis le 17 février, toute la masse française agglutinée dans ses tranchées reçoit l'ordre de se lancer à l'assaut des positions allemandes sur la crête de droite… Celle des Éparges. "Aujourd'hui, on a tendance à croire que c'était une idée de général français, un matin, d'envoyer ses hommes se faire trouer la peau, que cet assaut n'était qu'une lubie de gradé, raconte Pierson. En fait, c'était une idée stratégique, il fallait déloger les Allemands de là et déboucher, derrière, sur la vallée de la Woëvre…" Les poilus se font faucher en nombre avant d'atteindre le pied du massif allemand. "Le ciel craque, se lézarde et croule. Le sol martelé pantelle. Nous ne voyons plus rien, qu'une poudre rousse qui flambe et qui saigne", écrit Genevoix. Son compagnon d'armes, Robert Porchon, est blessé le 19 février. Il descend se faire soigner et c'est là qu'un obus allemand le fauche.

Le colonel Xavier Pierson, au sommet de la crête des Éparges. (Crédit : Bernard Bisson/JDD)

Les survivants du 106e RI tiendront des débris de tranchées, à flanc de crête, pendant cinq jours. À en devenir fous. Ils ne seront que 20 en descendant. Des miettes de régiment : 50.000 pertes françaises au total sur ce petit monticule… long de 1,4 km et large de 500 m. Autant de pertes allemandes. Quatorze morts par mètre. Aujourd'hui encore, ce massif, même si des gamins du coin font du VTT dans les entonnoirs, reste un cimetière tant le nombre de "disparus" y a été important. Sur celui dit du Trottoir, à ses pieds, 3.000 poilus dorment pour l'éternité. La tombe de Robert Porchon, que Genevoix est venu fleurir toute sa vie durant, l'est encore. C'est la seule avec ses deux fleurs. "Dans une nécropole militaire, normalement, c'est interdit, tous les morts doivent être égaux, précise Xavier Pierson, mais pour celle-là, il y a une exception." Une croix blanche comme toutes les autres. "Mort pour la France". Robert Porchon avait 21 ans. Maurice Genevoix l'a pleuré jusqu'au bout. "J'ai vu M. Genevoix deux fois, c'était dans les années 1940, se souvient Bernard Pancher, l'actuel maire des Éparges, un ancien policier, petit-fils du maire de 1919. Après je suis parti des Éparges, mais l'académicien est venu souvent", dit-il. Notamment des soirs de 10 novembre, quand avec une flamme allumée à Paris, sous l'Arc de triomphe, puis à Verdun, les anciens des Éparges remontaient la crête à pied, des flambeaux à la main.

Mina a porté toute sa vie la bague de son fiancé disparu

"Après-guerre, seulement cinq familles sont revenues dans le village, alors qu'ils étaient plus de 300 en 1914…", raconte Patricia Pierson. Cette Provençale, épouse du colonel, a fait de cette terre de Meuse sa terre d'adoption. Élue au conseil municipal en 2008, avec son mari, Patricia Pierson garde, elle aussi, des lieux. "Les gens d'ici n'ont rien dit pendant des années, rien raconté, comme si une grande chape de plomb s'était abattue que cette vallée." Sa première découverte, en 2008, en se plongeant dans les archives du conseil municipal, est de tomber sur le rôle d'Andries Van Wezel. Une vielle plaque de remerciement rouillée à son nom dormait dans le grenier de la mairie. "C'était un juif hollandais qui n'avait pas d'enfant et dont le fils de ses meilleurs amis, Robert Dreyfus, était mort ici. Il a fait un don de 500.000 francs or de l'époque pour reconstruire le village. Sans lui, tout aurait été laissé en ruine. Grâce à lui, les maisons ont été remontées."

(Crédit : Bernard Bisson/JDD)

En 1921, en venant inaugurer la première pierre de la mairie des Éparges, Andries Van Wezel décède d'une crise cardiaque sur le bateau qui l'amène de Hollande. La plaque à son nom, restaurée, est désormais apposée sur le mur de la mairie. Patricia Pierson découvre aussi le rôle de la comtesse de Cugnac. Une belle histoire… Mina, future comtesse de Cugnac, quitte son fiancé, René, en septembre 1914. Il sera porté disparu sur la crête des Éparges le 20 février 1915 mais son décès ne sera officialisé qu'en 1923. Elle non plus ne l'oubliera jamais, et portera, sa vie durant, sa bague de ce dernier printemps. Mina, infirmière pendant la guerre, épouse un grand blessé, le comte de Cugnac, en 1925. En souvenir de René, elle sculptera le petit monument "À tous les morts sans tombe", installé au point X. Au centre de la fresque, le visage d'officier, à la tête de ses hommes, est celui de René. Son corps ne sera retrouvé qu'en… 1935. Tous les dimanches de Pentecôte, toute la famille de Mina, décédée en 1983, vient encore en pèlerinage.

L'abbé cherchera des corps à la pelle pendant des années

Patricia Pierson n'oublie pas non plus l'abbé Henri Triped, l'ancien curé des Éparges. En 1914, il est parti avec ses paroissiens, en exode en Savoie, puis il est revenu… Pendant des années, dans les ruines du village et des environs, l'abbé part chaque matin avec une toile de tente et une pelle, à la recherche de corps. Il tiendra un guide, à l'usage des familles des 10.000 disparus de la crête. Dans l'église des Éparges, reconstruite dans les années 1920, une petite chapelle, et ses 57 ex-voto, témoigne de ses recherches. Parmi eux, le capitaine Louis de Poulpiquet de Brescanvel, du 51e RI… "tué au ravin de Sonvaux".

L'abbé a disparu depuis longtemps, et aujourd'hui, les familles ne cherchent plus leurs morts, mais le site des Éparges accueille encore du monde. "Trois mille personnes par an, je dirais, impossible de savoir", admet le colonel. Sa femme a entrepris d'aménager l'ancienne salle d'école, fermée depuis 1963, pour installer un premier lieu d'accueil. Les travaux sont en cours. Avec sa poignée de bénévoles, elle édite Le Petit Journal de l'Esparge, trait d'union entre l'histoire et la vie d'aujourd'hui. L'association propose des visites des lieux, avec guide. Des panneaux signalétiques, sept au total, doivent être installés sur la crête dans les mois qui viennent. Et pour le centenaire, un buste de Maurice Genevoix, commandé à un sculpteur, devrait être installé devant la mairie, sur la place qui porte déjà son nom. Depuis 1980, Maurice Genevoix, lui non plus, ne vient plus. Il ne réserve plus sa chambre au Coq hardi, l'hôtel de Verdun, qui n'a guère pris une ride depuis la guerre. "M. Genevoix avait toujours la même chambre, indique la propriétaire. Il s'installait là, à côté de la grande cheminée derrière vous et passait des heures à écrire." L'académicien a été enterré au cimetière de Passy, à Paris. Si François Hollande le décide, il entrera au Panthéon l'an prochain. Et avec lui, quelques-uns des fantômes de cette terre des Éparges.

Le fantôme des Eparges, raconté en vidéo :

Laurent Valdiguié, envoyé spécial aux éparges (Meuse) - Le Journal du Dimanche


Avons-nous trop de généraux ?

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Vendredi 09 Août 2013

Armées. Il y a une volonté d’en finir avec la spécificité de l’institution militaire et la place de ses chefs dans l’organigramme des responsabilités étatiques. Valeurs d'avenir.

Par le général de corps d’armée (2S) Jean-Claude Thomann*

La Cour des comptes a ouvert le feu en fustigeant l’accroissement de la masse salariale des armées alors même que celles-ci subissent une drastique déflation de leurs effectifs. Elle a ainsi oublié que la complexité des opérations modernes et la nécessité de participer aux prises de responsabilités dans les organisations internationales impliquent de disposer d’un corps étoffé d’officiers expérimentés et qualifiés.

Cette critique a créé l’environnement psychologique voulu par les petits marquis du cabinet du ministre de la Défense et leurs affidés de la haute administration civile, assistés par le Contrôle général des armées, caste militaire dérogatoire qui, au lieu de contrôler, s’est érigée en “docteur ès réformes”, avec d’ailleurs le succès que l’on sait pour le logiciel Louvois. Il s’agit en fait d’éliminer les chefs militaires de toutes les responsabilités non directement opérationnelles et, par exemple, de confier la gestion et l’administration du personnel militaire comme celles du soutien et de la logistique des armées à des fonctionnaires civils. La finalité est double : d’une part, cantonner les militaires dans un statut de purs techniciens de l’affrontement armé, non autorisés à participer à la prise de décision et encore moins à se prononcer sur les grandes orientations stratégiques de notre défense ; d’autre part, sous prétexte de “redonner le pouvoir au politique”, mettre en place un encadrement civil qui contribuera à la momification d’un corps dont on souhaite qu’il soit inexistant sur la scène politico-médiatique. Cette volonté s’accompagne d’un profond mépris pour la fonction militaire que ne sauraient masquer les démonstrations compassionnelles organisées lorsque nos forces subissent des pertes au combat.

Quelle est la vérité concernant les généraux ? En fait, l’appellation de “généraux” recouvre une grande diversité de corps : outre les contrôleurs généraux, les ingénieurs généraux de l’armement, les médecins généraux, les ingénieurs généraux du service des essences des armées, ceux de l’infrastructure, ou encore les commissaires généraux chargés du soutien et enfin les généraux de gendarmerie, qui relèvent du ministère de l’Intérieur.

Le total des “généraux” en activité est de 641 postes (données de décembre 2012), dont un peu plus de la moitié (330 postes) sont des officiers des “forces”. Cela n’a rien d’excessif pour un outil de défense de 225 000 hommes, hautement professionnel et sophistiqué. Ces généraux des “forces” sont très “contrôlés” puisque l’organigramme nous révèle qu’il y a un contrôleur général pour cinq d’entre eux…

Quant à la “nuée” des officiers généraux en retraite, il convient de faire deux observations : 1. Le statut de 2e section des généraux est bien une position de retraite, avec une pension qui, à la différence de certaines administrations, n’inclut aucune des primes qui constituent près de 40 % du salaire des militaires en activité. Ce statut a pour fonction de permettre au ministre de la Défense de rappeler provisoirement à l’activité, pour des missions ponctuelles, quelques généraux en retraite. 2. Sur les 5 724 généraux en retraite, 3 419 relèvent des “forces” au sens précité. Un général ayant le droit de vivre aussi longtemps que ses concitoyens, soit dix à quinze années après sa mise à la retraite, on ne peut décemment affirmer qu’il y a trop de généraux en retraite, d’autant plus que nombre d’entre eux ont exercé quand les effectifs de nos armées étaient bien plus conséquents.

On pourrait utilement comparer les ratios d’encadrement supérieur des armées avec ceux des différents corps de la fonction publique et constater ainsi que le pourcentage de bénéficiaires d’une rémunération hors échelle indiciaire dans ces corps est très supérieur à celui attribué aux armées où les responsabilités de commandement ne sont pas moindres.

Il faut donc cesser de parler d’armée “mexicaine”, car c’est adhérer à une démagogie entretenue à des fins idéologiques mâtinées d’antimilitarisme. Cela dit, alors que nos armées vont subir une nouvelle cure d’amaigrissement et alors qu’on achève bien les chevaux… pourquoi pas les généraux ?

* Ancien commandant de la force d’action terrestre.


Un légionnaire énergique

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Publié le 06/08/2013

Francisco Benitez Alexandre Durand  /  AFP/Archives

À cinquante ans, ce sous-officier était l’un des piliers de l’équipe de recrutement de la Légion Étrangère à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il avait rejoint avec enthousiasme cette nouvelle affectation en juin 2010 après avoir été légionnaire à Mayotte, à Nîmes, pendant pratiquement dix ans et sur le plateau d’Albion.

Ceux qui l’ont côtoyé décrivent un homme serviable et souriant, un homme solide et énergique apprécié dans ses différentes affectations et qui avait reçu la médaille militaire en 2006. Dans le quartier du Moyen-Vernet de Perpignan, où il vivait en famille depuis une dizaine de mois, c’est un autre portrait que les jeunes dressent de cet adjudant-chef qui portait fièrement l’uniforme. «Le militaire ? Il n’était vraiment pas commode. Quand on garait notre voiture devant son garage, il sortait. Il ne rigolait pas vraiment», explique un voisin du quartier pour dire, avec ses mots à lui le choc de société que l’on peut imaginer entre un militaire de carrière à cheval sur les principes et des jeunes qui empruntent constamment en sens interdit la rue Jean Richepin où les Benitez vivaient depuis une dizaine de mois, sans s’être liés particulièrement avec le voisinage.

Les occupants du deuxième étage ont appris la nouvelle de son suicide hier à la mi-journée. Abasourdis, ils n’ont livré aucun commentaire comme ils le font depuis leur retour de vacances. À l’évidence, la relation de cage d’escalier était cordiale.

«Une famille normale»

Eux n’ont jamais relevé le moindre événement particulier dans ce couple à la dérive qui promettait de se séparer à la rentrée de septembre, par consentement mutuel, alors qu’à ce jour aucune procédure de divorce n’était encore engagée auprès du tribunal. «Nous n’avons relevé aucun fait de violences sur Mme Benitez du fait de son mari, ces dernières semaines et même ces derniers mois. Mais il est clair que le couple battait de l’aile» indique Luc André Lenormand, vice-procureur de la République de

Perpignan. Dans son enregistrement vidéo, Francisco Benitez, homme discret, souvent silencieux mais charmeur a beaucoup insisté sur le battage autour de la disparition de sa femme et de sa fille et surtout sur les commentaires des internautes à réaction aux différents articles.

« Le plus dur pour nous a été de lire des choses que les gens ont commenté sans savoir que c’était notre vie privée… Nous sommes une famille normale avec un père, une mère et des enfants. Ce n’est pas une histoire de légionnaire. C’est une histoire de cœur»

La Dépêche du Midi

Retrouvé pendu, Francisco Benitez a-t-il emporté son secret ?

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Le 06 août 2013

Un légionnaire dévoué à sa mission de recrutement.
Un légionnaire dévoué à sa mission de recrutement.

Le père d’Allison, candidate à Miss Roussillon mystérieusement disparue avec sa mère depuis le 14 juillet, s’est suicidé au sein de sa caserne. Avec la mort de ce témoin capital, l’enquête se complique et le doute s’épaissit.

L’affaire des disparues de Perpignan a connu hier matin un rebondissement tragique. Francisco Benitez, 50 ans, le père et mari d’Allison et Marie-Josée, introuvables depuis trois semaines, a été retrouvé mort à la caserne Joffre, rue Vielledent, à Perpignan. Vers 7h, un de ses subordonnés a découvert le corps de cet adjudant-chef, chargé du recrutement dans la légion étrangère. Pendu dans les sanitaires au moyen d’un système assez élaboré constitué d’une corde et d’un anneau d’alpiniste, vêtu de son uniforme, de ses rangers et le visage dissimulé sous un voile noir. Ultime geste symbolique ? Référence au foulard des condamnés à mort ? Nul ne le sait.

L’alerte a été donnée auprès des gendarmes. Mais ces derniers, dès qu’ils ont appris l’identité de la victime, ont aussitôt informé les services de police judiciaire de l’antenne de Perpignan et de Montpellier, conjointement chargés de l’enquête pour “recherches des causes de la disparition” de la mère de 53 ans et de sa fille de 19 ans. Les policiers se sont rendus en urgence sur les lieux pour procéder aux constatations, rejoints par un médecin légiste, en présence d’un magistrat du parquet.

Un ultime courrier

«L’enquête immédiate a permis d’établir que ce légionnaire s’est donné la mort. Des traces de rangers ont été retrouvées sur les murs. Il ne fait aucun doute qu’il s’agisse d’un suicide, a précisé hier Luc-André Lenormand, procureur adjoint. Pour preuve, un courrier qui a été retrouvé sur place, dans lequel il indique qu’il met volontairement fin à ses jours. Il livre ses dernières recommandations, qu’il souhaite être incinéré, et il fournit les numéros des personnes à joindre pour procéder aux dernières formalités. Mise à part cette lettre nous n’avons aucun autre élément, si ce n’est une vidéo postée à Paris Match (lire ci-dessous) ».

Mais dans son écrit, le légionnaire clame surtout son innocence. «Il dit qu’il n’est pour rien dans la disparition d’Allison et de sa mère. Il pense qu’il est considéré comme le coupable idéal. Selon lui, c’est le geste désespéré d’un homme qui ne supporte plus les accusations et les commentaires qui fleurissent à travers les médias et sur internet ».

Une autre information judiciaire sera ouverte aujourd’hui pour “recherches des causes de la mort” du militaire. En outre, une autopsie de son corps sera pratiquée mercredi à l’institut médico-légal de Montpellier afin de déterminer les circonstances exactes de son décès. Car plusieurs interrogations demeurent. Et la première: quand s’est-il tué ? Est-il arrivé à la caserne dimanche dans la journée ? Est-il entré au contraire dans la nuit ? Quelqu’un l’a-t-il aperçu dans cette enceinte particulièrement surveillée ? Les investigations sont en cours. Les militaires et soldats de la caserne Joffre seront auditionnés pour retracer l’emploi du temps de Francisco Benitez et les vidéos des caméras de surveillance seront visionnées.

Un militaire «ouvert vers les autres»

Né en Espagne, de nationalité française, Francisco Benitez avait intégré la légion étrangère en 1986 et y avait fait carrière. Sa dernière promotion remonte à avril 2005 et il avait été cité par décret en avril 2006 afin d’être décoré de la médaille militaire pour services rendus. Il était connu en outre pour s’occuper de la crèche pour les enfants de militaires. Un légionnaire « ouvert vers les autres» et « très impliqué dans le milieu associatif » ajoute Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan. «Il participait beaucoup aux actions sociales de la mairie. Je ne le connaissais pas personnellement mais on le voyait souvent dans les manifestations et commémorations. La dernière fois c’était pour les voeux aux anciens combattants ». «S’il avait un secret, conclut le procureur adjoint, il l’a emporté avec lui ».


14-18 : Verdun, chronique d'un fiasco annoncé

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3 août 2013

Ils ne sont pas passés. Verdun. La capitale des poilus. L'épicentre du front. Un champ de bataille inviolé depuis un siècle, un rectangle de forêt de 10 km sur 20. Mais en cent ans, rien n'a bougé. Ou presque. À part les arbres qui poussent en silence, seuls les monuments érigés après-guerre par les poilus eux-mêmes témoignent encore. Le petit musée de Fleury, construit pour le cinquantenaire, en 1967, va fermer en septembre pour travaux, et il manque encore des fonds pour financer son extension. Ici, en Meuse, conseil général et mairie de Verdun se chicanent. Personne n'a voulu racheter la collection de Jean-Pierre Verney… qui a permis à Meaux de faire un musée. Pourtant, Verdun mérite mieux que cet immobilisme de clocher. À quand un grand musée d'État, une plate-forme d'accueil digne de ce nom, pour guider les visiteurs dans ce grand théâtre du front à ciel ouvert ? Les poilus attendront encore. 

10.000 hectares de champs d'honneur intacts. Huit villages engloutis. 6 kilos d'obus au mètre carré. 20.000 tombes devant l'ossuaire de Douaumont. Un site pour l'éternité, où des milliers de poilus français et de feldgrau inconnus reposent encore, sous les grands arbres qui repoussent lentement. Un vaste cimetière, et un lieu de mémoire comme aucun autre en France. Verdun. Six lettres qui sonnent encore comme un coup de canon. Et pourtant, à un an du centenaire de 1914… rien n'est prêt. Ou quasi rien, tellement les querelles picrocholines entre élus, associations, territoires locaux et guerre d'ego de pacotille font encore rage dans l'envers du décor de cette "terre sacrée", comme disaient les poilus. Rien n'est prêt parce que depuis toujours, le site est divisé en chapelles et en pré carrés.

Déjà en 1967, un an après le cinquantenaire, les associations d'anciens combattants ont dû batailler pour avoir leur mémorial. Aucun musée n'avait été installé en cinquante ans. Presque un demi-siècle plus tard, rien ne semble avoir changé. L'évêché et une association d'adhérents d'un certain âge tiennent les rênes de l'ossuaire de Douaumont et veillent sur les tombes. Le ministère de la Défense est propriétaire des deux forts qui se visitent encore, Douaumont et Vaux, mais a cédé la concession au conseil général de la Meuse. La tranchée des baïonnettes, une escroquerie historique, puisque aucun poilu n'est mort enseveli à cet endroit, fait figure de haut lieu de la visite… Un comble. Ici, un dédale d'organismes, d'associations, d'amicales se partage les entretiens des monuments épars. Un seul restaurant pour "pèlerins", hors d'âge, lui aussi. Aucun passe ne permet de visiter d'un coup l'ensemble. Aucun panneau – ceux de 1997 ne sont plus lisibles –ne permet de suivre un chemin de découverte dans la forêt. Et puis, de toute façon, depuis la ville de Verdun, en contrebas, il faut un GPS pour être sûr de rejoindre les champs de bataille tellement les panneaux indicateurs sont rares. Poussivement, 300.000 visiteurs par an arpentent les lieux ; 125.000 visitent le mémorial, un petit musée usé et fatigué. Un chiffre de fréquentation dérisoire pour ce haut lieu de la mémoire française. Pourtant, en 1916, 70 % des poilus sont passés en roulement par les tranchées de Verdun. Toutes les familles françaises ont versé du sang ici.

Pendant 300 jours et 300 nuits le front tiendra

Les Allemands attaquent le 21 février par un assaut de 1.000 canons dans le bois des Caures. En face d'eux, les chasseurs du colonel Driant. Le premier héros de Verdun. Après le déluge de feu, sur ses 1.200 hommes, 400 sont encore en état de combattre. Terrés dans des trous d'obus. Driant les galvanise depuis son PC, un bunker à côté de la route, à 100 mètres de sa tombe actuelle, un monument mal installé aujourd'hui dans un virage dangereux. Driant et ses hommes tiendront deux jours. Et permettront aux troupes françaises, surprises par l'attaque allemande, de colmater le front. Verdun tiendra. Pendant 300 jours et 300 nuits, le front tiendra. Dans cette forêt, chaque débris de casemate, chaque barbelé en témoignent encore.

Comment commémorer ces lieux ? À un an du centenaire de 14, et à trois ans de l'anniversaire du début des combats… le site ne bouillonne pas de projets concrets. Quand, dans la Somme, terre de combats anglaise, tous les gîtes sont réservés pour les cinq ans qui viennent et ou deux élèves de toutes les classes britanniques se rendront sur les traces de leurs héros… Ici, à Verdun, rien n'est encore totalement décidé. Ou presque. "Le conseil général vient de voter une délibération pour une nouvelle signalisation", promet le colonel Alain Artisson, le Monsieur Mission histoire du conseil général. "Nous serons prêts", promet ce militaire surtout soucieux de ne froisser personne. Prêts pour quoi ? Une cérémonie franco-allemande en 2016 avec François Hollande et le chancelier du moment. Assurément. Toutes les années en "6", depuis cent ans, chaque président français fait le pèlerinage de Douaumont. Des cérémonies militaires ? Assurément. Sur le plateau de Verdun, il y en a 60 par an, tous les ans. Et puis quoi d'autre, pour ce centenaire de l'enfer de Verdun ? Qui décidera enfin de mettre en place un unique organisme en charge de gérer l'ensemble des lieux ? Et de concevoir un accueil du public digne de ce nom ? "Tout est paralysé depuis longtemps, reconnaît sous couvert d'anonymat, un acteur local. Et puis le président du conseil général, à Bar-le-Duc, est en guerre ouverte avec le maire de Verdun… Tout est toujours bloqué." Signe de cette guérilla interminable, il y a dans la ville de Verdun en contrebas, face à face, un office et une maison du tourisme, l'un géré par le conseil général, l'autre par la ville…

Pour preuve aussi, les travaux du mémorial, qui doivent commencer en octobre 2013, ne sont pas encore totalement financés. Il manque un bon million d'euros au colonel Xavier Pierson, qui gère l'endroit, pour boucler un chantier de 12 millions. Le seul musée actuel du champ de bataille va donc fermer ses portes en septembre 2013. Si tout va bien, le nouveau mémorial, avec 750 m² supplémentaires, sera prêt pour 2016. Si tout va bien… Xavier Pierson promet que le futur musée proposera un hall d'accueil sur tout le plateau de Verdun pour orienter les visiteurs, leur proposer des guides, des parcours ou des visites adaptés à leur temps sur place. En aura-t-il les moyens ? "On essaye de faire exempter les travaux de TVA… En 1967, lors de la construction, Giscard, ministre des Finances, l'avait fait", espère le colonel, un ancien légionnaire, habitué "à faire avec les moyens du bord". Mais en bon militaire, pas question de le faire parler sur les querelles de clocher des environs. "Motus"

Des pins d'Autriche au titre des réparations de guerre

En attendant, une demi-douzaine d'hommes en vert de l'ONF (Office national des forêts) gèrent la vie qui continue sur ces terres calcaires. Joël Day est de ceux-là. Agent de l'office national des forêts depuis 32 ans, en poste à Verdun, cet arrière-petit-fils de poilu mort devant Douaumont connaît tous les arbres de son secteur comme sa poche. Il gère à lui seul, autour du fort de Vaux, 2.000 hectares de forêt. Joël Day a déjà planté des milliers d'arbres (jusqu'à 4.000 à l'hectare) et à terme, quand ils seront tous à maturité, il veillera sur 250 arbres à l'hectare, soit 500.000 arbres à lui tout seul. "Après-guerre, les anciens combattants ont souhaité planter des résineux, parce que sous eux rien ne pousse et pour que l'on continue à voir le sol bouleversé. Des pins noirs d'Autriche sont venus par wagons entiers d'Allemagne, au titre des réparations de guerre", explique-t-il. Cent ans plus tard, ces pins meurent doucement. Les épicéas qui leur ont succédé sont de plus en plus souvent foudroyés par un insecte l'Ips typographus, qui creuse des galeries en forme d'écriture et tue un arbre en moins de deux mois. Les hêtres et les frênes ont pris le relais. Les érables aussi. Avec les bouleaux, la forêt de Verdun fournit Ikea. Avec ses meilleurs frênes, de la pâte à papier pour les billets de la Banque de France. Certains érables finissent en violoncelle. "À l'ONF, nous comblons les interstices entre tous les autres organismes du site, explique Frédéric Hinschberger. Nous avons pour projet de faire classer ce site “forêt d'exception”, ce qui permettra de coordonner les chantiers." Le dossier sera ficelé en septembre. L'ONF devrait, ensuite, proposer des parcours de découverte dans les bois.

En forêt de Verdun, les arbres parlent. Par exemple, ce poirier, surgit de nulle part, derrière un cantonnement des lignes arrière françaises. "Il a presque 100 ans, s'émerveille Joël Day. Sûrement un pépin de poire d'un poilu." Plus loin, un pommier, fils de trognon de poilu. À d'autres endroits, de vieux chênes, mitraillés, coupés en deux par les obus, sont repartis tout seul. "Les arbres d'époque sont de moins en moins nombreux", confie Frédéric Hinschberger. Dans les recoins de son secteur, Joël Day bichonne les siens. Un triangle inversé sur un hêtre veut dire "qu'on ne le touchera pas parce qu'avec ses trous, il permet aux oiseaux de nicher". Un grand R en rouge sur un frêne le sauvera aussi : "Cela veut dire réservé. On le laissera mourir ici de sa belle mort. On laisse un arbre à l'hectare mort sans y toucher. Aussi bien pour permettre aux insectes de s'y loger qu'aux pics de se faire le bec."

La forêt réserve aussi d'autres trésors : les crapauds sonneurs, au ventre jaune, qui adorent les trous d'obus remplis d'eau. Espèce protégée. Une quinzaine de variétés d'orchidées sauvages, venues, elles aussi, sur les talus des bombes, sont aussi protégées. Comme les chauves-souris qui vivent encore dans les abris. La vie a repris son cours. La forêt nivelle lentement le terrain lunaire du champ de bataille d'autrefois. Encore une centaine d'années et les cratères ne se verront plus guère. Resteront les tombes, les restes de béton et de ferraille, disséminés ici et là, et les forts en ruine. Restera aussi la bêtise des hommes. Intacte cent ans après, à voir les désaccords pour aménager les lieux. Celle-là, au moins, ne tue plus personne.


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